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EAN : 9782900265321
86 pages
Télérama (18/09/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
Ce hors-série de Télérama, accompagnant l'exposition du musée d'Orsay - la première à présenter la quasi-intégralité de ses dernières oeuvres-, propose de marcher dans les traces de ce créateur phénoménal, finalement rattrapé par sa souffrance un soir d'été.
"Ces toiles vous diront ce que je ne sais dire en paroles."
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
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Il ne me sera pas possible de me rendre à l'exposition du musée d'Orsay « Van Gogh à Auvers-sur-Oise – Les derniers jours » qui se termine le 4 février prochain, venant après son passage au musée van Gogh d'Amsterdam. Cela me chagrine d'autant plus que cette exposition fait référence à la même période de la vie du peintre que celle que j'ai contée dans mon livre « Que les blés sont beaux - L'ultime voyage de Vincent van Gogh ».

J'ai tenu à me procurer le superbe Télérama hors-série de l'exposition. Une réussite ! Certaines des 74 toiles peintes par Vincent à Auvers-sur-Oise, parmi les plus belles, y sont présentées dans un grand format de qualité, digne du catalogue de l'exposition. Il ne s'agit pas seulement d'une simple description illustrée des deux derniers mois du peintre à Auvers-sur-Oise dont la narration est relativement condensée.
Plusieurs articles complémentaires sont d'un grand intérêt sur la perception de l'homme artistiquement et intellectuellement, ses échanges avec ses contemporains. Van Gogh est un grand admirateur des écrivains naturalistes, en particulier d'Émile Zola. Il cherche dans son art à « faire vrai » par des sujets simples de la vie naturelle. Son expression picturale est personnelle, radicale et singulière. Il affirme que « les formes et les couleurs mêlées en harmonie créent une forme de poésie en soi ». À son ami Émile Bernard, il se confie : « Mon ambition se borne à quelques mottes de terre, du blé qui germe, un jardin d'oliviers, un cyprès… ». Pour lui, la nature dégage une vie étrange, un grand être mouvant : « Je vois dans la nature tout entière, par exemple dans les arbres, de l'expression, et véritablement une âme. Une rangée de saules têtards a parfois quelque chose d'une procession d'hommes orphelins. le jeune blé peut avoir quelque chose d'inexplicablement pur et doux qui suscite la même émotion que l'expression d'un petit enfant endormi… ».
Le très beau film de Maurice Pialat en 1990, dont Jacques Dutronc interprète superbement le peintre, est décrit : le cinéaste a choisi de montrer l'homme, sa souffrance, sa solitude.

J'ai pensé qu'il serait intéressant pour les lecteurs qui n'auront pas la chance de voir l'exposition ou de lire ce Télérama que je leur commente huit des magnifiques tableaux réalisés pendant cette période qui sont dans l'exposition. Vincent peignait plus d'un tableau par jour. À chaque toile correspondra un court extrait sur l'oeuvre pioché dans mon livre :

Marronniers en fleurs : « Les marronniers roses occupaient les trois quarts de la toile. Leurs cimes s'enfonçaient dans un ciel cobalt s'assombrissant par endroit. Les branches noires écrasaient la frêle auberge Ravoux. Bavardant gaiement, trois femmes aux robes chatoyantes marchaient sous l'ombre des arbres, lorgnées par un type circulant au milieu de la route. »

Marguerite Gachet dans son jardin à Auvers-sur-Oise : « J'eus vite fait de croquer sa mince silhouette blanche égarée au milieu de la verdure, la tête penchée vers une fleur. Son large chapeau jaune pâle allumait des flammèches claires dans sa chevelure. Par instant, elle abandonnait la pose, un timide sourire dans ma direction éclairait son regard. »

Portrait du docteur Gachet avec branche de digitale : « Une curieuse casquette blanche surmontait son visage couleur brique laissant dépasser de chaque côté quelques touffes de cheveux roux. Les mains, des mains d'accoucheur, étaient plus pâles que le visage. Je lui avais fait une tête moderne, de notre temps, avec son expression habituelle mélancolique. »

L'église d'Auvers : « La pâte molle s'enroula en grands cercles déformés, comme des griffes, autour du clocher. le ciel devint presque noir. Avec le mauve restant sur la palette, additionné de vert, je couvris de virgules le devant ombré de l'église qui parut envahi de larves rampantes, grouillantes, s'élançant à l'assaut des murs. »

Portrait d'Adeline Ravoux : « Des bâtonnets bleu cobalt lacérèrent la robe. Les volumes étaient suggérés uniquement par l'inflexion de ces bâtonnets : verticaux dans l'épaisseur de la jupe, incurvés sur la pliure du bras, courbés sur la poitrine. Des traits arrondis terminèrent l'ondulation des cheveux. »

Marguerite Gachet au piano : « Les mains, esquissées à peine, paraissaient plus légères sur le clavier. La qualité des mains dans mes portraits était essentielle. « Elles sont aussi importantes que l'ovale du visage ou l'expression d'un regard, elles causent, disais-je souvent à Théo » ».

Champ de blés aux corbeaux : « le ciel sombre, lourd, terrifiant, écrasait le champ de tout son poids. J'allais terminer mon travail lorsqu'un vol de corbeaux avait surgi au-dessus des blés et s'était enfoncé en coin dans le ciel. Les petits triangles ailés noirs dont j'avais zébré le champ et le ciel donnaient au paysage un aspect hallucinant. »

Racines d'arbres : « j'errais sur les pentes raides qui séparent la plaine d'Auvers et la vallée de l'Oise quand mon attention fut attirée par des arbres dont le ruissellement de l'eau avait découvert les racines. Inspiré par ce spectacle original, je n'avais pas hésité à immortaliser sur une toile des racines nues, seules, dans une étrange abstraction aux teintes bigarrées. »

Peu de peintres ont l'aura de Vincent van Gogh dans le monde. Ma passion pour ce peintre m'avait incité, il y a quelques années, à lire les plus de 800 lettres qu'il avait écrites, essentiellement à son frère Théo, des années 1872 jusqu'à son décès en juillet 1890 à Auvers-sur-Oise. Ces lettres, d'une sincérité désarmante, décrivaient un homme très différent de l'être tourmenté et malade qui nous est montré trop souvent, intelligent, passionné, sensible, très cultivé, avec beaucoup d'humour.
Je me réjouis de constater qu'aujourd'hui la thèse d'un assassinat présumé présenté dans de trop nombreux livres est contestée de manière irréfutable par tous les meilleurs spécialistes du peintre, dont le musée Van Gogh à Amsterdam et le musée d'Orsay. Leurs arguments étayent la conviction personnelle sur documents que j'avais avancée dans une étude faite dans mon blog en 2017.

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