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Émile Burnouf (Traducteur)H Bornecque (Traducteur)
EAN : 9782080700711
492 pages
Flammarion (04/01/1999)
4.32/5   44 notes
Résumé :
Dans les Annales, on trouve d'abord un siècle d'histoire romaine - le plus grand - d'Auguste à Néron.
Les scènes dramatiques ou sanglantes, les catastrophes y abondent, comme les personnages complexes, les figures hors série, du philosophe Sénèque au monstrueux Néron. Par-delà, Tacite propose une théorie du pouvoir politique : comment devient-on dictateur ? Comment une démocratie se soumet-elle à un pouvoir totalitaire ? comment se comporter dans ces situatio... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tacite est un véritable historien et un analyste-chroniqueur au verbe très bien structuré.Son travail était ambitieux mais malheureusement 4 livres n'ont pas été conservés , des passages de certains autres sont perdus, alors que de surcroit sa mort l'a empêché de finir sa synthèse sur la première dynastie impériale de l'empire romain, la dynastie Julio-claudienne (deux règnes manquent). Il n'a aussi pas eu le temps de coucher sur le papyrus son récit sur Auguste le premier des empereurs .
Le style de Tacite est plaisant et riche. Son récit est ample et les détails en général sont souvent touffus. Les informations de Tacite sont systématiquement à questionner évidemment , maïs elles sont toujours bien pesées et évaluées par l'auteur. le récit des annales est donc tout en nuances et les faits y sont énumérés avec éloquence, clarté et retenue.Après des années je me souviens par exemple toujours d'un passage, (mémorisé dans une première lecture), concernant Germanicus dans sa geôle et affamé. C'est un passage terrible d'où la pudeur est absente et la retenue faible , mais la sobriété et la dignité y éclatent malgré tout. Ce passage est circonstancié et intensément habité comme la plus grande partie des annales quand c'est nécessaire.Le texte est donc motivant à lire et il fournit allègrement une foule d'informations sur les personnages, sur des fonctionnements variés avec des anecdotes et des conclusions plus vastes. Enfin, l'auteur livre, des éléments de compréhension sur la vie politique à Rome pendant les premiers règnes de l'empire. Tacite est un soutient motivé du régime impérial. Il est convaincu qu'il n'y pas d'autre régime politique capable de permettre à Rome de transcender les siècles. Mais il a aussi parfaitement conscience du Fatum qui pèse et qui nuit à certains des différents règnes impériaux (folie, caractères, malchance, rivalité morbide) .Ces problématiques qui tout en menaçant ou en terrifiant les contemporains ,mirent surtout en péril ,la pérennité de l'état et du régime, Cependant l'état comme le régime démontrèrent qu'ils reposaient sur des bases sociales, idéologiques et institutionnelles solides. L'empire fut incontestablement fonctionnel au milieu des embruns de toutes sortes.
Une petite information sympathique pour le plaisir, quand vous montez sur le Palatin à Rome ,vous voyez encore debout , un atrium planté de fleurs et d'arbustes avec trois salles bien conservées en élévation qui donnent sur cet atrium .L'ambiance est magiquement antique. Dans ces pièces se trouvent de superbes fresques de l'époque augustéenne . Ces ruines sont ce qui reste de la véritable maison d'auguste ..Une partie du récit de Tacite se tient sur cette colline du Palatin ,.C'est le nom de cette colline qui a donné le mots palais dans beaucoup de langues et Auguste de nom est devenu un titre et un adjectif laudatif de prestige intense.
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On apprend énormément en lisant ce livre. Oui, mais quoi de plus qu'un autre livre d'Historien romain me demanderez-vous ? Ce à quoi je répondrai qu'il est toujours intéressant de comparer. Et puis, on découvre des choses qui sont uniques à chacun. Ainsi, dans Les Annales de Tacite, je me suis rendue compte qu'un peuple mentionné avait un nom particulier : "les Chattes". Il s'agit d'un peuple germanique ancien ayant joué un rôle important dans la fin de l'expansion romaine au-delà du Rhin. Ils sont à l'origine de la Hesse actuelle. Quand je vous disais qu'on était toujours surpris ! Ah, relire des classiques, ça a quand même du bon !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Encore une passionnante leçon d'histoire romaine, celle de l'Empire,en suivant les règnes successifs d'Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron.

Autant le premier est un homme d'état véritable, le pendant un peu plus paternaliste et autocratique de Périclès en Grèce- autant les suivants (et après Néron, les choses ne sont pas allées en s'améliorant!) sont des figures inquiétantes, terribles ou carrément des fous furieux à enfermer!

Une petite prédilection pour les fous furieux, peut-être? C'est en tous les cas en lisant les annales que Racine a puisé les traits de son Néron, de sa redoutable mère et de leur billard à deux bandes: tu ne m'écoutes plus, je chouchoute Britannicus, tu chouchoutes Britannicus, j'empoisonne ce petit con...

La tragédie et ses ingrédients de choc: sexe, pouvoir, inceste et poison- les 12 Césars à des doses variables ont de quoi satisfaire Corneille, Racine, Shakespeare et leurs héritiers..

Le coup d'état de Néron après le meurtre enfin réussi de sa mère -il avait fait quelques tentatives infructueuses, dure à occire, la vieille...- est un vrai modèle de prise de pouvoir fasciste: on occupe les instances religieuses et le sénat par des prières publiques et des voeux de prompt rétablissement, on fait monter la garde prétorienne, on nomme quelques séides aux postes-clés...et pendant que la vieille impératrice rend son dernier souffle sous des couvertures, on fait proclamer le trop jeune Néron empereur par des soldats armés jusqu'aux dents..Imparable!

Tacite, comme Thucydide, a une langue acérée et dense, un sens inné de la narration rapide et ciselée, un art de la rhétorique, et une acuité psychologique dans ses portraits qui rendent sa lecture vivante, passionnante, toujours actuelle.Chez lui, rien de vulgaire ou de facile, de crédule ou de racoleur comme c'est souvent le cas chez Suétone, qui a raconté les mêmes règnes troublés, mais sans faire le tri ni imposer de cohérence à son récit.

On lit Tacite comme un historien, un romancier, un dramaturge, un psychologue. Comme un moderne.
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Je voudrais d'abord rendre hommage à la traductrice.L'oeuvre de Tacite est immense,un mélange d'histoire,de remarques et de critiques.L'auteur dépeint les moeurs d'une longue époque,qui peut paraître éloignée,sans l'être vraiment car ces hommes et femmes du passé nous semblent si proches dans leur comportement.Ce sont nos racines,et c'est avec délice que je me replonge dans l'antiquité pendant ces vacances d'été.Cela dit,puisque toutes nos langues européennes ont du latin,pourquoi ne pas utiliser cette noble langue commune en Europe ? Je partage l'avis d'un journaliste italien,reconstruire un pont avec notre prestigieux et instructif passé.
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Pour qui veut comprendre ce que grandeur veut dire.
Le livre somptueux d'un écrivain de génie à la hauteur de son sujet.
Vérité historique? je ne sais pas
Mais la Rome de Tacite me fait rêver depuis toujours.
Époque où la médiocrité n'existait pas.
Ouvrage taillé dans le marbre !
Ouvrage si universel qu'il est immédiatement accessible à tout public
Star War petit bras à côté...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
(Cécina chez les Chattes)
LVI. Germanicus donne à Cécina quatre légions, cinq mille auxiliaires et les milices levées à la hâte parmi les Germains qui habitent en deçà du Rhin. Il prend avec lui le même nombre de légions et le double de troupes alliées, relève sur le mont Taunus (1) un fort que son père y avait jadis établi, et fond avec son armée sans bagages sur le pays des Chattes, laissant derrière lui L. Apronius, chargé d'entretenir les routes et les digues. Une sécheresse, rare dans ces climats, et le peu de hauteur des rivières, lui avaient permis d'avancer sans obstacles ; mais on craignait pour le retour les pluies et la crue des eaux. Son arrivée chez les Chattes fut si imprévue, que tout ce que l'âge et le sexe rendaient incapable de résistance fut pris ou tué dans un instant. Les guerriers avaient traversé l'Éder à la nage et voulaient empêcher les Romains d'y jeter un pont. Repoussés par nos machines et nos flèches, ayant essayé vainement d'entrer en négociation, quelques-uns passèrent du côté de Germanicus ; les autres, abandonnant leurs bourgades et leurs villages, se dispersèrent dans les forêts. César, après avoir brûlé Mattium, chef-lieu de cette nation, et ravagé le plat pays, tourna vers le Rhin. L'ennemi n'osa inquiéter la retraite, comme le font ces peuples lorsqu'ils ont cédé le terrain par ruse plutôt que par crainte. Les Chérusques avaient eu l'intention de secourir les Chattes ; mais Cécina leur fit peur en promenant ses armes par tout le pays. Les Marses eurent l'audace de combattre : une victoire les réprima.

1. Selon Malte-Brun, le mont Taunus est situé au nord de Francfort, et se nomme aujourd'hui die Hoehe (la hauteur).
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( assassinat de Britannicus par Néron )
Livre XIII , XVI ,
C'était l'usage que les fils des princes mangeassent assis avec les autres nobles de leur âge, sous les yeux de leurs parents, à une table séparée et plus frugale. Britannicus était à l'une de ces tables. Comme il ne mangeait ou ne buvait rien qui n'eût été goûté par un esclave de confiance, et qu'on ne voulait ni manquer à cette coutume, ni déceler le crime par deux morts à la fois, voici la ruse qu'on imagina. Un breuvage encore innocent, et goûté par l'esclave, fut servi à Britannicus ; mais la liqueur était trop chaude, et il ne put la boire. Avec l'eau dont on la rafraîchit, on y versa le poison, qui circula si rapidement dans ses veines qu'il lui ravit en même temps la parole et la vie. Tout se trouble autour de lui : les moins prudents s'enfuient ; ceux dont la vue pénètre plus avant demeurent immobiles, les yeux attachés sur Néron. Le prince, toujours penché sur son lit et feignant de ne rien savoir, dit que c'était un événement ordinaire, causé par l'épilepsie dont Britannicus était attaqué depuis l'enfance ; que peu à peu la vue et le sentiment lui reviendraient. Pour Agrippine, elle composait inutilement son visage : la frayeur et le trouble de son âme éclatèrent si visiblement qu'on la jugea aussi étrangère à ce crime que l'était Octavie, soeur de Britannicus : et en effet, elle voyait dans cette mort la chute de son dernier appui et l’exemple du parricide. Octavie aussi, dans un âge si jeune, avait appris à cacher sa douleur, sa tendresse, tous les mouvements de son âme. Ainsi, après un moment de silence, la gaieté du festin recommença.
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Le Problème des débordements du Tibre ) .
Les Annales de Tacite , livre I ,
LXXIX. Le sénat examina ensuite, sur le rapport d'Arruntius et d'Atéius, si, afin de prévenir les débordements du Tibre, on donnerait un autre écoulement aux lacs et aux rivières qui le grossissent. On entendit les députations des municipes et des colonies. Les Florentins demandaient en grâce que le Clanis ne fût pas détourné de son lit pour être rejeté dans l'Arno, ce qui causerait leur ruine. Ceux de Terni parlèrent dans le même sens : "On allait, disaient-ils, abîmer sous les eaux et changer en des marais stagnants les plus fertiles campagnes de l'Italie, si l'on ne renonçait pas au projet de diviser le Nar en petits ruisseaux." Riétin ne se taisait pas sur le danger de fermer l'issue par où le lac Vélin se décharge dans le Nar : "Bientôt ce lac inonderait les plaines environnantes. La nature avait sagement pourvu aux intérêts des mortels, en marquant aux rivières leurs routes et leurs embouchures, le commencement et la fin de leur cours. Quelque respect aussi était dû à la religion des alliés, chez qui les fleuves de la patrie avaient un culte, des bois sacrés, des autels ; le Tibre lui-même, déshérité du tribut des ondes voisines, s'indignerait de couler moins glorieux." Les prières des villes ou la difficulté des travaux ou enfin la superstition, firent prévaloir l'avis de Pison, qui conseillait de ne rien changer.
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Ségeste et Arminius
LV. Sous le consulat de Drusus César et de C. Norbanus, le triomphe fut décerné à Germanicus, quoique la guerre durât encore. Il se disposait à la pousser vigoureusement pendant l'été ; ce qui n'empêcha pas que, dès les premiers jours du printemps, il ne fît par avance une soudaine incursion chez les Chattes. Il comptait sur les divisions de l'ennemi, partagé entre Ségeste et Arminius, qui avaient tous deux signalé envers nous, l'un sa fidélité, l'autre sa perfidie. Arminius soufflait la révolte parmi les Germains : Ségeste en avait plus d'une fois dénoncé les apprêts. Même au dernier festin, après lequel on courut aux armes, il avait conseillé à Varus de s'emparer de lui Ségeste, d'Arminius et des principaux nobles : "La multitude n'oserait rien, privée de ses chefs ; et le général pourrait à loisir discerner l'innocent du coupable." Mais Varus subit sa destinée, et tomba sous les coups d'Arminius. Ségeste, entraîné à la guerre par le soulèvement général du pays, n'en garda pas moins ses dissentiments, et des motifs personnels achevaient de l'aigrir. Sa fille, promise à un autre, avait été enlevée par Arminius, gendre odieux, qui avait son ennemi pour beau-père ; et ce qui resserre, quand on est d'intelligence, les nœuds de l'amitié, n'était pour ces cœurs divisés par la haine qu'un aiguillon de colère.
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Ce fut un spectacle tel que nulle autre guerre civile n'en offrit de pareil. Les combattants ne s'avancent point, de deux camps opposés, sur un champ de bataille; c'est au sortir des mêmes lits, après avoir mangé ensemble la veille, goûté ensemble le repos de la nuit, qu'ils se divisent et s'attaquent. Des traits, des cris, du sang, voilà ce qui apparaît; la cause on l'ignore.Le hasard conduit tout; et quelques soldats fidèles périrent comme les autres; quand les coupables; comprenant à qui l'on faisait la guerre, eurent aussi pris les armes. Ni l'état ni tribun n'intervinrent pour modérer le carnage : la vengeance fut laissé à la discrétion du soldat et n'eut de mesure que la satiété. Livre premier LXIX
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Videos de Tacite (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Tacite
Tacite (vers 58-120), l'amour de Rome et le désespoir de l'historien : Une vie, une œuvre (1999 / France Culture). En 1999, dans la collection “Une vie, une œuvre” France Culture proposait un montage d'entretiens sur l'historien romain Tacite, avec Alain Michel, Claude Nicolet, Alain Pons, Jacques Gaillard et Claude Aziza, un documentaire signé Pascale Lismonde. Photographie : Statue de Tacite (Caius Cornelius Tacitus) (vers 58-120), historien romain. Parlement de Vienne, Autriche. • Crédits : Leemage - AFP. Diffusion sur France Culture le 25 mars 1999. Tacite aura-t-il été le premier “spin doctor” ? C'est une image peut-être un peu tirée par les cheveux et surtout anachronique pour évoquer l'historien de l'Antiquité contemporain de Néron... Il reste que Tacite fut tout à la fois haut serviteur de l'état et historien, conseiller du pouvoir et témoin de son temps. Il nous a laissé pour trace la vie politique du premier siècle après Jésus-Christ. Le lecteur curieux de notre histoire qui s'est un jour laissé happer par l'exploration des célèbres “Annales” aura saisi d'emblée l'extraordinaire passion de ces pages enfiévrées où s'entrechoquent l'ambition, le goût du pouvoir, la cupidité, le calcul, mais aussi l'amour. Tacite (en latin Publius Cornelius Tacitus) est un historien et sénateur romain né en 58 et mort vers 120 ap. J.-C. On connaît peu de choses sur la vie de Tacite. Les débuts de sa carrière et son contexte familial sont désormais mieux connus grâce à l'identification quasi certaine d'un fragment d'inscription latine avec son épitaphe. L'historien romain est né probablement en 58, sous Néron. De ce fragment et de son contexte archéologique on peut supposer que le nom complet de Tacite était Publius Cornelius Tacitus Caecina Paetus. D'une des “Lettres” de Pline le Jeune on déduit qu'il était vraisemblablement originaire d'Italie du Nord, ou de Gaule narbonnaise, peut-être de Vaison-la-Romaine. Il était issu d'une famille de l'ordre équestre. On sait grâce à Pline l'Ancien que son père probable, nommé aussi Cornelius Tacitus, fut procurateur de la province de Gaule belgique. En revanche, l'épouse de son père était peut-être issue d'une famille sénatoriale puisqu'elle semble avoir été une Caecina appartenant à une famille sénatoriale originaire d'Étrurie. Premier membre de sa lignée à entrer au sénat, Tacite fut donc un homo novus. Tacite a fort probablement suivi le parcours classique de l'éducation des jeunes aristocrates romains, il a fréquenté le grammaticus, puis le rhetor et il est possible qu'il ait été l'élève de Quintilien. Ses études et ses origines lui ouvrent les portes du forum et c'est ainsi que commence sa carrière vers 75, date à laquelle il situe plus tard son “Dialogue des orateurs” : grâce à Vespasien il entre dans l'ordre sénatorial.
Sources : France Culture et Wikipedia
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