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EAN : 978B001BOGT7W
Les éditions de France (30/11/-1)
3.3/5   10 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sur bien des points, Titaÿna, de son vrai nom Elisabeth Sauvy, préfigure avec quelque chose d'incroyablement visionnaire le néoféminisme du XXIème siècle : comme ses descendantes, Titaÿna est une femme qui fuit le patriarcat tout en vouant une adulation envieuse à son caractère dominateur. Comme ses descendantes, Titaÿna se veut une femme rebelle et indépendante, mais qui se révèle peu intelligente, poseuse, pétrie de puritanisme américain et de jalousie égoïste. Comme ses descendantes enfin, Titaÿna est un peu nazie et volontiers antisémite, au point d'avoir passé les années de Collaboration à écrire des sottises dans des torchons haineux, qui lui ont d'ailleurs coûté sa carrière. Et comme le feront peut-être quelques unes de ses descendantes, Titaÿna a fini sa vie en exil aux Etats-Unis, en couple avec un Mussolinien en déroute avec lequel, finalement, tout bien considéré, elle se sentait plus en phase qu'avec n'importe quelle soeur féministe.
« Les Ratés de L'Aventure » est le dernier ouvrage de Titaÿna avant son grand plongeon dans la Collaboration, on peut donc juger que la belle est alors au sommet de son art, et l'on se rend vite compte que ce sommet n'a rien de vertigineux. Contant de manière décousue et aléatoire un voyage à travers l'Océanie, Titaÿna, dont le style est le plus souvent médiocre et faussement blasé, alterne les impressions très superficielles d'une touriste de base avec des anecdotes réalistes qui lui ont été racontées, et qui sont diversement éloquentes.
Très vite, on sent que l'auteure cherche à imiter le style fluide et claquant d'Albert Londres. Mais Albert Londres part généralement d'un sujet de base sur lequel il a longuement enquêté, là où Titaÿna enchaîne assez abruptement des idées sans rapports entre elles et d'une inspiration inégale. La jeune femme penche aussi volontiers vers Pierre Loti, qu'elle cite même avec une certaine admiration. Il est vrai que Pierre Loti avait situé son premier roman, « le Monde de Loti » dans ces mêmes îles que parcourt Titaÿna plus d'un demi-siècle plus tard, mais Loti est un sensuel qui savait se fondre avec les territoires qu'il explorait, et en goûter toutes les saveurs jusqu'aux plus érotiques. Titaÿna, hélas, est une puritaine aux sens desséchés, pour laquelle les amours exotiques ne sont troublantes que quand elles sont animales et veules. L'amour et la mort la fascinent par leurs inconvenances aux règles, elle en parle avec froideur et détachement, mais dans le contexte d'une récurrence obsessionnelle et volontiers maladive. On ne la sent véritablement troublée que par le destin des lépreux et par les plaisirs du cannibalisme, autant de considérations déviantes au sujet de la chair qui ne trompent pas sur la profonde inaptitude de Titaÿna à aborder "normalement" les contacts avec l'épiderme des autres, et sans doute aussi avec le sien propre.
Titaÿna parle beaucoup de son ressenti, mais paradoxalement assez peu d'elle-même. Une femme aventurière n'avait rien de banal dans les années 30, mais étrangement, aucune des personnes qu'elle rencontre ne semble étonnée de sa présence ou de son voyage, aucun homme n'ose réellement l'entreprendre, et même le capitaine qui l'a embauchée comme "mousse" (détail peu crédible, Titaÿna étant trop féminine de silhouette pour faire illusion) finit par la regarder comme une sorte de "fils". On sent bien là le fantasme absurde et tenace, doublé de la soif de reconnaissance, d'une féministe qui préfère taire tout ce qui, idéologiquement, ne convient pas à sa vision étriquée des rapports humains. Tout au plus essaye-t-elle de nous faire croire que quelques touches de maquillage et une robe sexy lui ont permis de mater et de mettre à ses pieds - sans contrepartie - une escouade de marins paillards et enivrés qu'elle soupçonnait, dans un hôtel sans verrous, de se risquer sur elle à une tentative de viol nocturne. Inutile là-aussi de dire à quel point on est peu convaincu par cette rodomontade infantile, face à des marins aguerris, sans femmes et peu scrupuleux dans ces endroits isolés où la police ne fait que rarement la loi.
De l'Océanie, d'ailleurs, le lecteur ne découvrira pas grand chose : Titaÿna n'a très probablement guère eu l'occasion de sortir de sa cabine. Peu pédagogue - ou peu instruite -, elle ne nous apprend rien ou presque des îles qu'elle visite, sauf par le biais des rencontres qu'elle y fait et des paysages qui s'offrent à ses yeux. Il faut cependant rendre cette justice à Titaÿna qu'elle nous offre parfois de touchants moments de lyrisme face à certains paysages grandioses ou à des couchers de soleil flamboyants sur des mers scintillantes. C'est de loin ce qui semble le plus authentique et le plus vibrant dans ses anecdotes, même si ces passages descriptifs sont finalement assez rares.
Titaÿna ne pose pas sur les indigènes un regard colonial, c'est ce qui d'ailleurs lui vaut d'être encore lue et réimprimée. Toutefois, étant une femme très infatuée d'elle-même, ce n'est pas non plus sans condescendance qu'elle considère à la fois les indigènes, dont elle admire le mode de vie simple et insouciant avec - quoiqu'on en dise - un attendrissement un peu hautain, et les hommes brisés qui lui narrent leurs histoires, des aventuriers en situation d'échec dont le parcours et les désillusions intéressent Titaÿna de manière très nombriliste, chacune de ces défaites étant pour elle l'expression à peine esquissée - mais totalement illusoire - d'un triomphe personnel.
Pourtant, ces "ratés de l'aventure" ne sont pas tous des aventuriers en quête de gloire ou de fortune : certains sont juste des hommes qui voulaient gagner leur pitance dans les colonies, et que la vie a malmenés, à l'image du capitaine du navire qui transporte Titaÿna, et qui lui confie le drame de la mort de sa fille. C'est un des portraits les plus bouleversants de ce livre, mais, perfide, Titaÿna se risque à l'idée d'y soupçonner une pédophilie secrète, à partir du simple racontar d'une indigène. Ce passage fait particulièrement écho à certaines attitudes contemporaines sur les réseaux sociaux...
On sent chez Titaÿna ce désir permanent de n'être confrontée qu'à des gens qu'elle veut absolument juger très en dessous d'elle, et dont soi-disant elle perçoit avec évidence toutes les faiblesses, bien qu'aucune preuve n'étaye sérieusement ses suppositions.
De ce fait, « Les Ratés de L'Aventure » apparaît surtout comme la très plate aventure d'une ratée, qui traverse l'Océanie sans en voir grand chose, piégée à l'intérieur de l'aquarium opaque de sa petite satisfaction personnelle, ne s'arrêtant au final qu'à des paysages convenus et à des ragots sordides qui n'ont d'ailleurs rien de particulièrement océaniens.
Malgré le mal qu'elle se donne pour retrouver le talent immersif de reporter tout-terrain d'Albert Londres, aucun des personnages décrits par Titaÿna ne semble plus misérable qu'elle-même, touriste très ordinaire aux intérêts bien bas, qui tente vainement de cacher son voyeurisme tantôt jubilatoire, tantôt frustré, derrière une posture assurément ridicule d'exploratrice blasée et revenue de tout.
Loin d'être l'expression de la sensibilité d'une humaniste, la fascination de Titaÿna pour les peuplades primitives et cannibales ou pour la mort lente de la lèpre ne représente que les fantasmes très malsains d'une Marie-Chantal déphasée qui aurait bu un coup de trop, et pour laquelle la sauvagerie apparaît comme une sorte de phase ultime de la liberté individuelle et du refus de la soumission à la société. Avec une telle philosophie, rien d'étonnant à ce que, deux ans plus tard, la Collaboration ait semblé à Titanÿa une aventure toute aussi transgressive et primitive, mais qui cette fois-ci, lui vaudra tout de même l'indignité nationale, la confiscation de tous ses biens et vingt ans d'exil forcé.
On aimerait trouver à cette femme rebelle et déterminée quelque chose de sulfureux, voire même de maléfique, mais la lecture de cette oeuvre terriblement indigente ne témoigne que d'une âme narcissique bien ordinaire, guère délivrée des tabous dont elle prétend s'être défaite, et dont tout le discours délirant et partiellement fumiste n'obéit qu'au désir parfaitement nombriliste d'être remarquée et adulée à n'importe quel prix.
On ressort de ce livre avec l'impression d'avoir passé trois heures en compagnie d'une femme détestable et toujours contente d'elle-même, et on prend rapidement congé d'elle avec la certitude soulagée de ne jamais la revoir...
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Il y a 100 ans la journaliste Titaÿna, dans sa vingtaine, parcourait déjà le monde. Dans la France du début du XXe siècle, autant dire qu'elle était une exception. Dans les ratés de l'aventure, elle nous parle de son périple en Océanie, principalement en Polynésie française. Au début, elle vit de rien dans un case à Papeete puis, lassée, elle embarque sur une goélette qui fait halte dans plusieurs îles. Elle écrit joliment, Titaÿna, et décrit magnifiquement bien les paysages qu'elle croise, même si elle abuse un peu de la métaphore. Les anecdotes sur les coutumes autochtones sont très intéressantes et j'ai appris beaucoup de choses, notamment qu'il y avait des lépreux en Polynésie et qu'une île faisant office de léproserie. Elle évoque aussi brièvement les conditions de travail des Annamites sur Makatea, l'île à phosphates : "la façon dont les Annamites étaient traités, au moment de mon passage à Makatea, est une honte. Quelques jours avant mon arrivée, les travailleurs s'étaient révoltés, les blessés étaient encore à l'hôpital. le bagne eût apparu une douceur à ces innocents." On y rencontre des occidentaux qui ont "raté" leur aventure, mais finalement c'est la partie qui m'a le moins intéressée. J'ai beaucoup apprécié ma lecture et j'en ressors enrichie. Un petit bémol pour l'écriture trop métaphorique à mon goût et le caractère désabusé de l'autrice qui semble parfois au bord de la dépression.
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Quiconque a envie de cocotiers, de ciel bleu et de vahinés, passez votre lecture. Avec son style percutant et sans fioritures, l'auteur nous emmène d'île en île dans le Pacifique des années vingt. Ce n'est pas ethniquement correct, les “gentils sauvagesˮ, ça n'existe que chez les idéologues. Cannibalismes, massacre… moeurs que nos écolo qualifieraient sans doute de “naturellesˮ. Dure la vie ! Elle évoque ses rencontres avec les paumés de tous genres, volontaires ou non, une belle brochette de loosers, loin de nos belles âmes se pâmant devant dame nature. Déjà à son époque la publication de tels récits vécus n'allaient pas sans une certaine censure. de nos jours les censeurs de la juste pensée…
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Elle est l'auteur de nombreux ouvrages de voyages et d'exploration très bien écrit et qui hélas ne se trouvent qu'aprés de longues recherches.
Moderne, baroudeuse, qui à ouvert la voie à de nombreuse femmes.
Amateur de vides greniers, bouquinistes et sites en ligne achetez tous ses livres.Un Albert Londres féminin mis au placard qui vous fera voyager.


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Dans le livre, nous suivons Titaÿna, qui part en Océanie dans les années 1920. Cette journaliste nous raconte ses aventures et ses rencontres au sein de ces îles somptueuses.

J'ai adore ce récit de voyage qui a su me transporter et me faire rêver. L'atmosphère du continent est très bien retranscrite, tout comme ses caractéristiques. J'ai apprécié ce moment d'évasion.

La plume de l'auteur est plutôt agréable, son style d'écriture est appréciable.Le saut dans le temps bous permet de voir la différence entre voyager dans années 20 et voyager aujourd'hui.

Cette exploratrice m'a fasciné et est inspirante de par son parcours de jeune femme qui voyage seule.Elle respire la liberté et l'indépendance, j'ai été comblée par cette lecture.
Lien : https://www.instagram.com/el..
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critiques presse (1)
LaCroix
15 mars 2021
Enfin réédité, ce récit de Titaÿna (1897-1966), reporter des années folles, navigue entre rêves et désillusions, dans les îles du Pacifique sud.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Au centre de la forêt se trouve une cuvette de feu où ne parvient jamais le souffle de la mer. Dans ce brasier, un rayon de cire dont les parois sont de roc et les alvéoles emplies de phosphates. Les Annamites en chapeau pointu occupent le chantier et par cinquante-cinq degrés travaillent dans les trous. Les baraquements dans lesquels ils logent avec leurs femmes et leurs enfants sont un peu plus loin. La façon dont les Annamites étaient traités, au moment de mon passage à Makatea, est une honte.
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En ce pays près de la nature, lorsqu'un homme se sent des goûts féminins, il ne s'en cache ni ne s'en vante. Sans susciter la critique, il laisse pousser ses cheveux, enroule son paréo en forme de jupe et prend un métier réservé aux femmes : tressage des chapeaux ou fabrication des colliers. [...] Depuis que l'île de Tahaa a "attrapé un pasteur", les hommes et les femmes ont dû se vêtir à l'européenne et le mahou a pris avec docilité les modes chrétiennes : mais son innocence n'a pas compris qu'il aurait dû s'habiller suivant son sexe : il a donc changé son paréo féminin pour une robe du soir. Grâce au pasteur, un homme en robe perlée erre sur les sables noirs de Tahaa.
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Chaque soir après le bain, les jeunes hommes se réunissent au centre du village et l’un d’eux improvise le récit chanté des événements du jour que le chœur commente.
« Ha ! ha ! ha ! annonce le garçon, une femme blanche, dont le cœur est bon, nous a rendu visite. »
Et le chœur conclut :
« Oui, mais elle va manger le meilleur morceau de notre petit cochon sauvage ! »
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