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sur 217 notes



Aux confins des Cévennes en l'an 1884, une maison d'éducation surveillée ferma ses portes, libérant des adolescents décharnés. Il quittent ce lieu maudit sous les regards des paysans qui furent leurs geôliers. 

Dix-sept ans plus tard, sur cette terre reculée et oubliée de tous, une succession d'étranges événements se produit. Des chèvres meurent décimées par une étrange maladie, des meules de foin prennent feu, la mort rôde et s'apprête à faire d'autres victimes. Une rumeur prends racine et commence à s'étendre.





– Les enfants se vengent, souffle l'homme. 

(...) 
Ils angoissent tous. S'affolent. Paniquent. 
– Rien n'arrêtera le feu vengeur. Il prendra tout ce qu'il y'a à prendre. Et chacun espère qu'il brûlera chez le voisin plutôt que chez lui. Par ici, les gens sont comme ça. Ils se serrent les coudes pour braver l'hiver et les catastrophes car ils ont peur d'avoir faim s'ils perdent leurs récoltes ou si leurs troupeaux crèvent. Mais quand vient une malédiction, c'est chacun pour soi ! le malheur des uns n'attire que la méfiance et fait fuir les autres. Ils croient tous que la colère du ciel ou des entrailles de la terre est toujours méritée. Alors... “ 




Et si c'était les fantômes du passé qui venaient régler leurs comptes ? 





” Comme autant de silhouettes, autant de petits bagnards qu'ils obligeaient à rester dehors des heures durant dans la nuit glacée, en une file silencieuse et parfaite, rouant de coups le premier qui bougeait ou manifestait le moindre signe d'épuisement. Au nom de la discipline, au nom de l'ordre, au nom de l'idée que pour leur retirer le mal, la brutalité permettait de faire entrer ces notions dans leurs caboches su dures. “ 



Ce que j'en dis :

Happée dès les premières pages par ce roman habité d'une extrême noirceur, j'ai fait la connaissance d'une plume fabuleuse qui m'a embarquée dans le confins des Cévennes à une époque où l'on envoyait les enfants délinquants au bagne. 

En incluant dans ce récit au début de chaque chapitre des billets d'écrous des pensionnaires, on découvre avec stupéfaction la dureté de l'époque. 

Porté par une plume hypnotique qui n'a pas été sans me rappeler l'univers de Zola, de Victor Hugo et même de Franck Bouysse, Jean- Christophe Tixier nous offre une galerie de personnages habités par la culpabilité, rongés par les non-dits au coeur de la campagne où même la foi ne sauvera pas toutes les âmes perdues

. 
Inspirée de faits réels du passé, l'auteur raconte l'horreur des bagnes, la misère du monde rural, la violence incestueuse dans certains foyers, la honte qui entache tout un village sans espoir de rédemption. 




Après avoir conquis la jeunesse, Jean-Christophe Tixier fait une entrée remarquable à travers ce premier roman sombre, bouleversant qui va briser plus d'un coeur. 
Un énorme coup de coeur que je vous recommande vivement. 


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Un bagne pour enfant a fermé ses portes laissant dans le village des âmes perdus.
De lourds secrets inavouables qui pèseront sur l'ambiance du récit tout le long sans réellement savoir où est la vérité avant d'arriver à la fin de l'ouvrage.
Chaque chapitre introduit la fiche administrative d'un jeune bagnard mais cela s'arrête là. Retour au village où les habitants craignent le retour de bâton sur leur attitude du temps du bagne. Un retour de survivants du bagne ou de leur âme torturée avec la crainte d'un châtiment divin... ?
L'histoire du bagne sera peu présente. Seule la mémoire des villageois sera source de ce qui s'y passait.
Assez difficile à lire car l'ambiance est pesante, lourde et l'action peu présente. Toutefois la plume est belle et les personnages intéressants.
Au final il en restera qu'il est difficile d'imaginer que cela a bien existé. Ces bagnes pour enfants, adolescents et l'environnement complice de la maltraitance. Une tragédie commise par l'être humain. Un roman noir sur une réalité bien trop sombre...
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“𝐶'𝑒𝑠𝑡 𝑒𝑙𝑙𝑒 [𝑙𝑎 𝑓𝑎𝑙𝑎𝑖𝑠𝑒] 𝑞𝑢𝑖 𝑟𝑒𝑛𝑑 𝑛𝑜𝑠 ℎ𝑜𝑚𝑚𝑒𝑠 𝑠𝑖𝑙𝑒𝑛𝑐𝑖𝑒𝑢𝑥 𝑒𝑛 𝑙𝑒𝑠 𝑒𝑚𝑝𝑒̂𝑐ℎ𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑣𝑜𝑖𝑟 𝑎𝑢 𝑙𝑜𝑖𝑛. 𝐼𝑙𝑠 𝑛'𝑎𝑖𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑒𝑛𝑡𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑙'𝑒́𝑐ℎ𝑜 𝑑𝑒 𝑙𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠.“

Sachez que si vous n'avez pas le moral, ce n'est absolument pas la lecture qu'il vous faut. Avec ce roman rural noir – vraiment très noir –, l'auteur se base sur un fait réel pour construire sa fiction.

La maison d'éducation surveillée de Vailhauquès faisait partie des « maisons de correction » où étaient envoyés les enfants jugés coupables de petits délits, ou même simplement indisciplinés… Soyons francs : ils y étaient torturés, voire assassinés.

D'ailleurs, Antoine, né à Bayonne le 11 mai 1865, a été jugé pour vol le 16 août 1872. Condamné à la correction jusqu'à ses 18 ans, il mesurait 1m20 à l'entrée. N° d'écrou : 937. Causes de la sortie : Décédé le 17 janvier 1874…

Avec ce roman, J.-C. Tixier raconte les non-dits, la honte d'une communauté pourrie par l'horreur des bagnes pour enfants. Une sublime écriture, poétique et juste, sert le récit.

Blanche, Étienne, Émile Morluc, Angèle Cruere, Alphonse, Géraud, Jeanne, Léon, Ernest… Tous, d'une manière ou d'une autre, sont touchés par cet environnement malsain dans lequel ils vivent et évoluent. le silence les noie. Ils étouffent, et déraillent.

Ces hommes sont hantés par leurs remords, la culpabilité. Ce qu'ils voient, là-haut, cette bâtisse, leur rappelle tout ce qu'ils voudraient oublier. Et la peur de voir ressurgir ces souvenirs… et bien, c'est cette peur qu'ils qualifient de diable. le diable se cache dans les croyances et superstitions qu'ils nourrissent et qui les nourrissent, au contraire de leurs terres si sèches.

Vous serez hypnotisés par cette histoire. N'y cherchez pas d'intrigue – elle est seulement très légère –, tout réside dans l'ambiance, l'atmosphère. Tout réside dans les âmes de ces hommes. Certains innocents. Pour d'autres, ce n'est pas beau à voir… C'est, par contre, tellement beau à lire !
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Ma première lecture de cet auteur, qui écrit aussi pour la jeunesse, ce roman a eu les prix Transfuge du meilleur polar français 2019. Il est sélectionné pour le prix des lecteurs du Livre de Poche en mars 2021.
L'histoire se passe au début du XXe, aux confins des Cévennes. La terre et ses habitants sont pauvres. On croise des enfants enfermés dans une maison de correction et des paysans superstitieux aux moeurs primitives. Tout cela tourne à une violence inouïe mais hélas réaliste.
Intéressant, dur, difficile à imaginer et pourtant sans doute très proche d'une réalité pas si lointaine. Et bien écrit, ce qui n'est pas négligeable.
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Les mal-aimés de Jean-Christophe Tixier
Chers amis, je n'ai jamais lu un livre aussi poignant que celui-ci. Un livre aussi essentiel démontrant la monstruosité d'un système qui disait vouloir remettre des enfants dans le droit chemin. Système béni aussi bien par les curés que par la République. Nous sommes dit Jean-Tixier en 1884, aux confins des Cévennes. Là dans ce pays aride, on a construit une maison d'éducation surveillée. ( Vous comprendrez pourquoi en lisant la fin de mon propos ).
il s'agit en fait d' un bagne ou l'on enferme des enfants auprès de prédateurs. Ou la violence, la malnutrition et les viols sont monnaie courante. Tout le monde sait ce qui se passe entre ces murs, mais comme chacun pouvait y trouver sa part, personne ne dit rien, ni les paysans harassés par le travail de leur ferme qui obtenaient une main-d'oeuvre que l'on pouvait martyriser à l'envie, ni ceux qui recevaient de l'argent en raison de leurs services rendus à la société.
Les Mal-Aimés de Jean-Christophe Tixier n'est pas un roman comme un autre. Ce qui en fait sa force c'est qu'il démontrer comme le dit Jean-Christophe Tixier, l'horreur des bagnes pour enfants qui furent autant de taches de honte dans notre histoire du XXe siècle, en ayant eu accès aux Archives départementales de l'Hérault et aux registres d'écrou de la maison d'éducation surveillée de Vailhauquès ( côtes 2 Y 792,793,794 . Vous découvrirez toute l'horreur de ce système. «  Pierre Roch Combres, né le 19 août 1859 à Lacostes (Tarn) jugé le 16 février 1872 pour attentat à la pudeur sans violence. Condamné selon l'article 66 de la correction jusqu'à 18 ans. N° d'écrou 795, Taille à l'entrée 1,62 . Causes de la sortie : Décès le 2 mars 1873. »
Condamné à 13 ans, mort à 14 ans ! Voilà un exemple de ce qu'était la justice de notre Pays dans ces maisons de correction mise en oeuvre en 1840. La première étant à Mettray dans le département de l'Indre.
Ils s'appelaient Gilbert Rechonnet, Pierre Olyppe, Jean Duc, Jean Larré, Pierre Cujobère dit Castillon, Antoine Haran, Adrien Joseph Civadier, Clément Monet, Jean-Pierre Lafaye, Louis Dubarry, Emile Doumerc, Auguste Brocas, Louis, Albert Henri, Marius Gustave Moulin, François Barbier, François Vinel, Elie Jacques Bouissy, Henri Adolphe Beltrame, Dominique Véran Reynaud, Jean-Marie Favre, Antoine Joseph Colomer. En les citant ici, et en lisant les annotations accompagnant ces noms vous serez sidéré comme je l'ai été par les motifs de leur condamnation et par leur âge. Vous serez particulièrement ému lorsque vous lirez qu'aucun n'est sorti de cet établissement au terme de leur détention. le motif de leur sortie ? Leurs décès. Ces enfants, Les Mal-Aimés, bon sang que l'on a envie de les aimer.
Vous découvrirez aussi dans ce livre la vie de ceux qui étaient placés. Un oncle qui abuse de sa nièce mineure, comme bon lui semble, «  de sa grossesse, son oncle n'avait rien voulu savoir. Pas un mot, pas un regard. Tout juste avait-il cessé de la grimper durant quelques mois.Mais même lors de ce maigre répit elle avait continué à le servir, à préparer les repas, à la laver son linge à tenir la maison. » Vous découvrirez vous aussi ce qui se passait derrière les murs de cet établissement.
Vous découvrirez comment ils étaient perçus par le Dr Morluc, médecin dans ce petit village. «  Les enfants étaient là pour ne pas traîner dans les rues, des vagabonds, des orphelins, des fortes têtes et tout ceux dont on avait décrété qu'ils avaient agi sans discernement. Ils étaient là pour que l'on leur mette un peu de plomb dans la tête. On était censé leur apprendre un métier. L'État les plaçait et versait une somme pour leur entretien. le propriétaire a vu une main d'oeuvre corvéable à merci qu'il suffisait de battre pour qu'elle travaille et se taise. Il raconte aussi, la soupe claire comme de l'eau. le pain sec les bons jours et la terre que certains mangeaient pour remplir leur ventre. Vous lirez, d'autres destins de ces enfants jugés par un tribunal qui une fois placés en maison de correction n'ont pas atteint l'âge de 13 ans. !
La seconde visite de contrôle effectuée un an après sans l'avoir annoncée du Dr Morluc en dit long des conditions de survie de ces enfants.   Il parle de ces jeunes garçons prêt à offrir leur bouche ou leur corps devenus l'unique moyen pour assouplir leurs conditions de vie pour obtenir un petit morceau de gras ou de pain dans leur soupe ou éviter les corrections des gardiens. Il évoque des corps où la faim ronge les muscles, les fractures mal ressoudées, les cicatrices purulentes. Tout ceux d'ici qui travaillaient au bagne ont vu, ont couvert si ce n'est participé.
Dix sept ans plus tard, la maison d'éducation ferme ses portes et les adolescents décharnés quittent les lieux sous le regard des paysans qui furent leur geôliers. Une succession de phénomène se produit dans cette contrée reculée, des animaux et des personnes meurent, des meules de foins brûlent. Chacun s'accuse mutuellement et comme lorsqu'il y a eu des choses de cachées, celles-ci remontent à la surface. Les vieilles craintes se réveillent ? Ne serait-ce pas les âmes des enfants qui reviendraient, alors que cette maison d'éducation qui n'a pas été détruite, continue à hanter leurs mémoires ?
Pour terminer ce propos voici une citation concernant les colonies agricoles pénitentiaires appelées maisons de correction ouvertes en 1840 par Frédéric-Auguste Demetz , suite au constat que la prison ne peut pas être l'unique solution pour la délinquance des mineurs.
« Il s'agit de fixer en rase campagne, sans autre clé que celle des champs, des enfants sortis de prison et déjà corrompus, les attacher aux travaux du sol, les amener au bien, les rendre honnêtes, reconnaissants, religieux, les soumettre par la persuasion à la discipline la plus sévère et aux travaux les plus rudes, sans recourir à la force armée ou à la force brutale.» Frédéric-Auguste Demetz .Rapport sur les colonies agricoles Ladevèze, Tours, 1855, p.3.
Les Mal-Aimés, de Jean-Christophe Tixier, un livre qui est dès maintenant inscrit dans ma mémoire et là votre j'en suis persuadé lorsque vous aurez lu ce livre. Bien à vous.
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C'est un roman lourd, âpre, épais, dur.
Il ne cesse de vous asséner des coups à chaque fin de chapitre avec quelques lignes. Celles de la nécrologie d'un enfant ou d'un adolescent que l'on a envoyé au bagne.
Cette histoire qui se déroule dans un paysage cévenol que l'on pourrait penser lumineux reflète plutôt ce que les meurs de l'homme ont de plus sombres.

J'ai eu du mal à lire ce livre. Les vies de ces enfants, de ces femmes que l'on maltraite et que l'on réduit au rôle d'esclaves m'ont sacrément mis mal à l'aise.

Un vrai roman noir, dérangeant à souhait.
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Livre lu dans le cadre du Prix des Lecteurs 2021 Livre de Poche.

« Gilbert Rechonnet, né le 9 juin 1860 à Effiat (Puy-de-Dôme). Jugé le 19 juin 1872 pour vol. Condamné selon l'article 66 à de la correction jusqu'à 18 ans.
N°d'écrou 816. 1,34 m à l'entrée.
Effets personnels : Guenilles.
Antécédents mauvais. Les père et mère sont décédés.
Cause de la sortie : Décès le 28 janvier 1874. »

Voilà de quoi vous donner une idée de l'ambiance de ce livre. Chaque chapitre commence ainsi, avec un extrait des registres d'écrou de la maison d'éducation surveillée de Vailhauquès, tiré des archives départementales de l'Hérault.

L'histoire :
Nous sommes en 1901. Il y a 17 ans, « le bagne », maison de correction, a fermé ses portes. Pendant de nombreuses années, les enfants et adolescents y ayant vécu ont été victimes de mauvais traitements, d'abus et de violences en tout genre. Leurs geôliers sont les habitants du hameau. Ils sont tous complices, de par leurs actes ou leur silence. Tous savent.
Lorsque d'étranges évènements s'enchainent, tout le monde imagine la vengeance des enfants.

Mon avis :
Voici une lecture noire, bien bien noire.
Une lecture éprouvante, étouffante.
J'ai souffert.
4 jours pour lire 200 pages tellement c'est sombre.
Et puis j'ai été happée, comme ensorcelée par la plume de l'auteur et j'ai englouti le dernier tiers en un rien de temps.
Dans ce livre il y a toute la laideur humaine. C'est une histoire de non-dits et de silences qui gangrènent et qui rongent l'âme des habitants de ce hameau. Ils vivent de la terre nourricière et entretiennent tout un tas de superstitions et de croyances.

Les personnages sont fouillés et j'ai été particulièrement touchée par Blanche et Etienne.

Cette histoire fait mal, car l'auteur nous immerge complètement au milieu de cette noirceur. C'est une lecture très marquante, un hommage à tous ces enfants qui ont souffert par le passé, à une époque où ils n'étaient qu'une bouche de plus à nourrir. Mais ce qui fait encore plus mal, c'est de penser que ce genre de chose existe certainement encore de nos jours, quelque part.

Outre l'horreur de cette histoire, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Jean-Christophe TIXIER. C'est une plume envoutante que je découvre avec ce livre.
Lien : https://livrite.fr/les-mal-a..
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Avec « Les mal-aimés », j'ai fait connaissance avec Jean-Christophe Tixier. Je ne le connaissais pas puisqu'il semble se consacrer essentiellement à la littérature jeunesse…Et bien j'espère qu'il va poursuivre sur sa lancée et produire d'autres romans tels que celui-ci !

Pour ma part, je me suis sentie dans l'univers de Franck Bouysse ! Et ce n'est pas un mince compliment.

« Les mal-aimés » brosse un portrait de ce que peut être la vie au début du XX ème siècle au fin fond d'un village des Cevennes. A une époque où les croyances et la religion occupaient une place de choix. Une place primordiale dans notre quotidien.
Des personnages cabossés, pour la plupart tous plus ou moins impliqués dans une affaire de tortures et de crimes sur enfants, sont rattrapés par l'histoire. C'est noir. De la pauvreté, de la crasse, des attitudes odieuses, de l'alcoolisme, des vies rudes et laborieuses, de l'inceste…vraiment noir.
Il y a des non-dits, des mystères sur lesquels le voile ne sera pas complètement levé.

L'écriture est très soignée, très percutante. J'ai vraiment beaucoup aimé. Mais si vous êtes plutôt « feel good », passez votre chemin car le roman ne vous laissera aucun répit.
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Les Mal aimés, qui sont-ils dans ce roman ? Je crois bien que ce sont tous les personnages. Dans cette histoire, il n'y a pas de place pour l'amour, ni pour la beauté. Juste de la jalousie, de l'envie, de la superstition, de la cupidité, de la culpabilité, de la vengeance. Tout cela est-il l'effet ou la cause d'une cruauté déjà ancienne mais jamais oubliée ? le narrateur nous en rappelle de chapitre en chapitre des horreurs : des enfants condamnés au bagne pour des peccadilles ou pour des forfaits plus graves mais toujours causés par la misère, morts un ou deux ans après leur arrivée : « Jean Marie Favre, date et lieu de naissance inconnus. Jugé le 3 août 1880 pour mendicité. Condamné à la correction jusqu'à ses 20 ans. No d'écrou : 1629. 1,29 m à l'entrée. Causes de la sortie : Décédé le 19 septembre 1881. ».
En cette fin du XIX dans la vallée de Vailhauquès l'humanité semble avoir déserté le monde. le curé rêve de créer un nouveau bagne, l'instituteur confie des bébés indésirés à la Cruere, une immonde marâtre qui n'a rien à envier à la Thenardier et le docteur noie son désespoir dans l'alcool, incapable de sauver qui que ce soit. Si Victor Hugo ne se dresse pas dans sa tombe en lisant cela, c'est qu'il est déjà mort.
Or et c'est le plus grand mérite de ce roman je crois, l'auteur dresse de chaque personnage un portrait si finement ciselé que malgré la monstruosité, il reste doté d'humanité. Comment alors oublier Alphonse, Léon, Ernest même et aussi Jeanne, Morluc, Étienne, Blanche et Gérault ? Même lorsqu'ils sont proches de l'animalité, le narrateur adopte leur point de vue ou les décrit par le regard d'un autre et ils restent des hommes, malmenés et fouettés par la misère. Et on lit ce roman comme hypnotisé sans espoir pourtant de rémission.
Heureusement, quelques belles descriptions de la nature apportent des respirations qui rendent l'horreur plus supportable.

Lien : http://www.lirelire.net/2019..
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Bonjour,

Voici un roman noir que je viens vous chroniquer en retour de lecture : "Les mal-aimés" de Jean-Christophe Tixier aux éditions Albin Michel.

1884. Une maison d'éducation stricte ferme ses portes. des adolescents sortent, sous le regard des habitants du village. Les enfants affichent un spectacle désolant, complètement décharnés, chétifs. Tout le monde savait, tout le monde s'est tu.

1901. Dans ce même village, des faits étranges apparaissent. Les villageois, croyants, pensent que le diable ressurgit et que ce sont ces enfants là qui reviennent. Leurs souvenirs hantent encore les mémoires. Que s'est-il passé dans ce bagne ? Pourquoi autant d'enfants sont morts et surtout par qui ?

J'ai un avis partagé sur ce livre, sachant que j'ai été captivée par l'histoire, mais que je me suis ennuyée à cause de trop nombreuses longueurs qui jalonnent le récit. le récit est sanglant, les atrocités et les violences qu'ont subis ces enfants sont décrites crument.

L'écriture est hypnotique, je reconnais que c'est vrai. Mais l'histoire de ses habitants, et en particulier de Blanche et d'Etienne, qui trainent un peu trop en longueur à mon goût a vite fait de me désenchanter. Des vies qui s'étalent chapitres après chapitres si bien qu'on en oublie l'histoire de ses enfants et de ce bagne. Il n'y à qu'à chaque début de chapitre qu'est rappelé l'avis de décès de chacun d'entre eux.

Les secrets sont révélés sans jamais l'être, il manque cette forme de révélation, à peine suggérée que parfois c'est à se demander si on a bien compris ce qu'il s'était réellement passé dans cette maison de correction. En tout cas, je me suis posée plusieurs fois la question.

Le style d'écriture est bien travaillée, une belle prose certes mais qui devient trop lourde par endroit et qui perd son effet lyrique malheureusement. Pourtant, l'ambiance est malsaine, morose, propre à ce genre de roman noir.

Comme vous voyez, j'ai aimé ce côté sombre et cette atmosphère noire, rurale, qui règne mais j'ai aussi pas mal décroché de l'histoire à cause d'un problème de rythme. A vous de vous faire votre propre idée.

Bonne lecture, amis Lecteurs !
Lien : https://lecture-chronique.bl..
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