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sur 218 notes
Les mal-aimés... Un euphémisme au regard des horreurs décrites. Dans un hameau des Cévennes, au début du XXème siècle, une petite communauté vit à l'ombre du bagne pour enfants qui a fermé 17 ans plus tôt. Chaque adulte y a travaillé : cantinière, lingère, gardiens, tous ont participé aux sévices et autres maltraitantes infligés au nom de l'ordre, de l'éducation et du redressement. Des hommes et des femmes qui ont cautionné un système, espérant se sortir de leur propre misère, en accumulant quelques pièces. Une terre aride et peu généreuse,l'isolement, la défiance, une croyance primitive en Dieu et surtout dans le Diable... Alors lorsque une mule meurt, que des chèvres tombent malades, les villageois y voient l'empreinte du malin, une vengeance des petites âmes égarées, enterrées à la va vite dans un cimetière que tout le monde évite.
C'est un roman sombre, glaçant, au style un peu aride, dont les personnages ne génèrent aucune empathie peut-être parce que l'auteur a fait un excès de zèle dans la noirceur : la nourrice est pire que les Thenardier, le paysan est incestueux, le père adoptif violent, le médecin alcoolique et peu à cheval sur l'éthique, le curé s'arrange avec la morale, ... Tout semble pourri, sans espoir, sans retour jusqu'à la fin. Certes, l'environnement est rude, le contexte est celui de la fin du XIX et la place de l'enfant dans la famille et dans la société était bien différente d'aujourd'hui. Cela me fait penser au magnifique essai de Philippe Ariès, L'enfant et sa famille sous l'ancien régime. Pour avoir également un grand-père qui était - comme on disait alors - de « l'assistance », élevé dans le haut-pays dans des fermes, je sais bien quel sort était réservé à ces enfants.
Pour autant, Tixier en ne donnant aucun supplément d'âme à ces personnages nous empêche d'entrer dans l'histoire, nous maintient toujours à l'écart de ce qui se joue. le propos est de dénoncer les bagnes pour enfants et tous les chapitres débutent par l'évocation d'un dossier d'enfant accueilli (le terme est ici bien mal utilisé, d'accueil il n'y en avait pas), dont le motif de sortie est immanquablement le décès. Dans ces quelques lignes, tout y est : le motif d'incarcération, la durée de la peine, quelques éléments sur le comportement de l'enfant et ses origines familiales. Répression excessive - il faut redresser au sens de Michel Foucault, jugement moral, disqualification des familles - la pauvreté est facteur aggravant - des générations d'enfants sont ainsi sacrifiées jusqu'en 1945 et l'avènement de la protection de l'enfance.
Plutôt que de traiter directement le thème des pénitentiaires pour enfants, l'auteur choisit d'évoquer les personnes qui y ont travaillé. C'était plutôt intéressant comme parti pris, mais il manque un petit quelque chose pour que l'émotion survienne. Soulagée d'avoir achevé ce roman. Je vais essayer une lecture plus légère à présent !
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Je connaissais Jean Christophe Tixier pour ces romans noirs destinés aux adolescents, que je trouve très bien écrits tant au niveau de la langue utilisée que de l'intrigue. J'ai donc été ravie de pouvoir lire en avant-première son premier roman noir destiné aux adultes. le thème m'a paru alléchant : les enfants retenus au bagne au XIXème siècle. le prologue s'ouvre d'ailleurs sur la sortie du bagne situé au fin fond des Cévennes d'une cohorte d'enfants faméliques sous le regard des paysans qui vivent dans le coin, on le saura un peu plus tard, qui auront participé aux mauvais traitements qui leur auront été infligés.

Chaque chapitre du roman s'ouvre sur un extrait des archives départementales de l'Hérault décrivant l'âge, le méfait, les conditions sociales de chaque enfant délinquant incarcéré à la maison d'éducation surveillée de Vailhauquès, ainsi que la date de sa mort. le calcul est vite fait : la majorité d'entre eux décèdent avant leur quinzième année. Cette réalité dérangeante sert de support à la fiction de Jean Christophe Tixier : les enfants du bagne sont partis mais leurs fantômes reviennent roder dans les landes entourant le hameau où vivent Léon, Jeanne, Angèle « la Cruere », Alphonse, Ernest, Blanche et Etienne. Une jument meure d'une étrange maladie, le troupeau de chèvre est décimé, des meules de foin s'embrasent… « le diable. Les gens de la campagne ont toujours eu besoin d'attacher un mot ou une présence à chaque acte qui leur échappe. »
Vite, on cherche un responsable. Les tensions montent entre ces quelques personnes qui ne connaissent que la violence des propos et des actes… et le curé n'y pourra rien.

L'histoire se recentre sur le quotidien âpre, miséreux et sans morale des paysans du début du XXème siècle ; ce qui m'a un peu déçue car j'espérais qu'elle serait plutôt axée sur le quotidien et le devenir des enfants incarcérés au bagne. Une petite bride de leur histoire sera révélée un peu plus tard dans le livre… Mais si peu.

Le récit est captivant, certes, mais entre deux passages d'action, il y a de longs paragraphes sans queue ni tête, complètement inutiles à l'avancées de l'intrigue. Je soupçonne le fait que mon support de lecture ait été des épreuves non corrigées car j'ai pu relever des phrases à la syntaxe erronée, qui m'empêchaient de comprendre exactement où l'auteur voulait en venir. J'ai été agacée aussi de relire plusieurs fois les mêmes longues phrases allégoriques à divers passages du roman ; comme si l'auteur ou le correcteur ne savait encore où placer celles-ci.

Bref, un roman intéressant mais qui aurait pu avoir plus de saveur… J'espère que ces défauts d'écriture seront corrigés lors de sa parution.

Merci à Masse Critique et aux éditions Albin Michel.
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J'ai été sélectionné lors d'un masse critique privilégiée sur Babelio. Me voici donc, certes très en retard à lire ce roman et cet auteur dont je ne connais rien du tout. Les mal- aimés est un roman extrêmement noir, il touche à l'enfance à une période, fin du 19ème siècle et début du 20ème, et dans un lieu où la noirceur de la campagne semble tout dévorer. L'auteur nous dépeint des personnages durs, sales, peu instruits pour la plupart, ils commettent des actes révoltants, des négligences qui laissent un goût âpre dans la bouche. La peur de la justice divine et de la présence du diable, des âmes vengeresses, les inquiètent davantage que la justice des hommes.
Naître sur ces terres à ce moment vous englue, vous empêche de quitter les lieux. Résignés, alcooliques, violents, tous les tableaux les plus noirs nous sont dressés ici et laissent bien après la fin de cette lecture une étrange sensation. On ne sait pas trop à quoi on vient d'assister, pour ma part je sais juste que je respire l'air frais à nouveau, je me sens moi-même comme si je venais de quitter ce bagne dont il est question tout au long du livre, en toile de fond.
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1901. Dans ce coin perdu des Cévennes, le bagne pour enfants a fermé 17 ans plus tôt. Un terrible destin pour les pauvres gosses qui se sont retrouvés enfermés là. Certains ont pu quitter cet endroit maudit vivants, mais tous n'ont pas eu cette chance.
Les gens d'ici sont rudes et austères, à l'image de la terre sur laquelle ils triment. Des individus qui ont tiré profit de l'existence du bagne, puis se sont tus. Ont refoulés leurs terribles actes.
Mais des événements se produisent. Les âmes des petits bagnards morts sous les coups et les privations seraient-elles venues se venger ?

Ce récit très sombre, au titre tout à fait approprié, se caractérise par une atmosphère lourde, plombée. La peur des esprits des petits disparus vient hanter les vivants. La culpabilité est présente, un poids terrible pour ces petites gens crédules et pieux. Car tous ont des choses à se reprocher...

J'ai pourtant été happé par cette histoire, malgré sa noirceur, par cette petite communauté emplie de défiance et de haine. Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel de m'avoir permis de découvrir ce roman dans le cadre d'une récente opération Masse critique.

Mon seul petit regret est, je dois l'avouer, d'avoir reçu des épreuves non corrigées, j'aurais vraiment aimé avoir le produit final pour mieux le partager, dommage...
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Quelle ne fut pas ma surprise lors de la réception du roman de Jean-Christophe Tixier il y a de ça quelques semaines ! Ce livre je l'avais repéré, caressé au détour d'un rayon, fait de l'oeil à chaque passage...pour le retrouver par magie dans ma boite aux lettres. Miracle ! Sélectionnée en tant qu'Exploratrice du polar sur Lecteurs.com, ma mission était donc de partir à l'assaut de l'étrange roman, gnark, gnark, gnark... Et pour l'étrangeté, on est servi. Ici point de meurtres spectaculaires, d'effusions de sang ou encore d'enquête mené par un moustachu, mais une ambiance noire, poisseuse. Que s'est-il passé dans ce village des Cévennes, marqué par la fermeture du bagne pour enfants en 1884 ? Dix-sept ans plus tard, une série de catastrophes fait remonter le souvenir du spectre de la "maison d'éducation" aux habitants pour qui, Dieu et Diable, régissent leur quotidien. Malgré des thèmes puissants, je n'ai malheureusement pas, ou peu, été sensible à cette lecture en dépit d'un enthousiasme débordant. Personne n'est parfait !

Sombre et rural, "Les mal-aimés" est avant tout le témoin d'une époque et d'une certaine façon de vivre dans une France encore engluée dans la religion. A la veille de la loi de 1905 séparant l'Eglise et l'état, c'est tout un village et ses superstitions qui illustre parfaitement la dualité qui les anime. Ingénieux !

De cette atmosphère lourde et électrique, cette communauté de paysans évolue au son des cloches de l'église et la crainte de Dieu avec pour scène de fond la libération des enfants bagnards dix-sept ans plus tôt. Par de maigres flash-back, l'auteur recontextualise les faits et lève le voile sur les mauvais traitements infligés aux enfants, mais aussi sur la complicité des habitants. Qu'ils aient travaillé au bagne ou simplement détournés le regard, le mutisme fait son oeuvre...

En débutant chaque chapitre par un extrait des registres d'écrou d'une maison d'éducation de l'Hérault et par d'habiles suggestions, le romancier évoque les sévices, mais surtout les conséquences de tels actes qui ont été cautionnés et, même encouragés. Car sous l'accumulation d'étranges phénomènes qui saisissent la bourgade, se conjugue culpabilité et misère sociale.

Vous l'aurez compris, ici point d'actions démesurées, mais un égrènement du temps assez lent où les actions passé se rappellent aux hommes et aux femmes. Alors pourquoi ce rendez-vous manqué me direz-vous ? le rythme ! Trop linéaire pour moi, j'avoue m'être ennuyé malgré une plume riche et un intérêt certain. Ma déception tient surtout du fait que je m'étais fait une idée assez précise du roman qui ne correspond pas du tout à la lecture. La faute à mon imagination débordante ? Certainement !
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En 1884, dans les Cévennes, le bagne pour enfants ferme ses portes. 17 ans plus tard, les villageois vivent une vie difficile et rude lorsque des événements dramatiques font resurgir un terrible secret...
Les mal-aimés est un roman noir à l'atmosphère pesante que j'ai eu du mal à lâcher.
La rudesse des personnages y est palpable à chaque page : entre superstitions et cruauté, seuls Blanche abusée régulièrement par son oncle et Etienne subissant les accès de violence de son "patron", semblent innocents et encore enclins à quelques espoirs en un avenir meilleur.
J'ai été très touchée par cette histoire : un monde rural du début du XX° siècle où il faut trouver à tout prix des coupables lorsque la maladie touche la communauté.
Chaque chapitre débute par un extrait du registre d'écrous de ce bagne où l'on apprend le sort réservé aux enfants qui y étaient internés : tous sont décédés peu après leur entrée. J'ai trouvé cela vraiment émouvant et révoltant à la fois !
Je connais et j'apprécie Jean-Christophe Tixier pour ses romans jeunesse et en particulier pour Traqués sur la lande qui parle là aussi d'un bagne pour adolescents à Belle-Ile-en-Mer, alors lorsque Babelio m'a proposé ce roman adultes dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je n'ai pas hésité et je ne le regrette pas. J'aime son style et les sujets qu'il aborde.
Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel pour ce moment de lecture poignant !
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Auteur essentiellement de littérature de jeunesse, Jean-Christophe Tixier, après quelques nouvelles publiées aux éditions In8, livre avec Les Mal-aimés un roman très sombre sur un sujet – les bagnes pour enfants – qu'il avait par ailleurs déjà abordé dans un de ses écrits à destination des adolescents, Traqués sur la lande. Ce faisant, là où Traqués sur la lande s'intéressait à la fuite d'un groupe d'adolescents, il montre là à ce que le bagne laisse derrière lui.

C'est dans l'arrière-pays héraultais que prend place l'intrigue des Mal-aimés, dans les collines et la garrigue, une terre pauvre et une communauté qui a longtemps pu améliorer son ordinaire grâce à un bagne pour enfants qui offrait à la population du travail mais aussi la possibilité de se livrer à des commerces bien moins avouables. Au tout début du 20ème siècle, des années après la fermeture du bagne, des événements viennent troubler la vie de ce village qui dépérit. Des chèvres tombent malades, un homme se blesse mortellement en réparant sa charrue… Cela n'est au fond que la fatalité du quotidien. Mais pour certains, tout cela pourrait avoir un rapport avec ce qui s'est passé des années auparavant, et pour d'autres, ça pourrait être l'occasion de régler quelques vieux comptes. Au milieu du maelstrom qui se forme, Blanche et Étienne, deux adolescents qui, s'ils n'ont pas connu les affres du bagne vivent sous la coupe d'adultes violents, trouveront peut-être là l'occasion de s'émanciper d'une existence dans laquelle ils semblent destinés à courber l'échine et à endurer en silence.

Jean-Christophe Tixier alterne les points de vue, de Blanche à Étienne en passant par quelques figures remarquables du village, Angèle Cruere, éleveuse d'enfants placés par l'assistance sociale, le docteur Émile Morluc, venu s'installer ici comme en exil, désabusé autant par la veulerie des habitants que par sa propre lâcheté, Jeanne la grenouille de bénitier qui ne rachètera jamais les péchés qu'elle a pu laisser commettre, Géraud l'ermite qui fait jaillir la vérité par la crainte diffuse qu'il inspire… Tous ces regards sur les événements dans une communauté où tout le monde s'épie permettent aux pièces du puzzle de s'assembler progressivement en même temps que monte une tension, d'abord sourde, puis de plus en plus prégnante, dont on ne peut que sentir qu'elle mène à une explosion inéluctable. Car les mal-aimés, ici, ce sont autant les enfants et adolescents, ceux qui étaient enfermés dans le bagne dont la silhouette écrase le village, ceux aussi qui sont des années plus tard exploités d'une autre manière, que l'ensemble des habitants. Mal-aimés par eux-mêmes d'abord. Car derrière l'âpreté de leurs caractères et leurs vices souvent profonds, il y a aussi la culpabilité qui ronge certains, et la peur de la révélation de leurs actes passés et présents pour tous. À l'exception notable d'ailleurs d'un curé qui incarne à merveille la façon dont la foi vient parfois soutenir les actes les moins pardonnables.

Tout cela fait déjà des Mal-aimés un roman particulièrement noir et bien plus fins que ce que la violence de ce récit pourrait laisser penser. Mais Jean-Christophe Tixier apporte autre chose encore. Chaque chapitre s'ouvre par un extrait tiré des véritables registres d'écrou de la maison d'éducation surveillée de Vailhauquès, dans l'Hérault, se rapportant à la manière dont un des pensionnaires y est mort. Cette prose froide, sans affect, est certainement ce que l'on trouvera de plus violent dans ce livre et est l'élément essentiel, celui autour duquel tout tourne finalement, de cette histoire tragique. C'est une belle réussite.


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Aïe, aïe aïe. Que de noirceur dans ce roman malgre une écriture très poétique ,nous sommes plongés dans l 'horreur et l'innommable.
Fin du 19 ème ,début du 20ème siècle,les maisons d'éducation surveillée si joliment nommées n'étaient en fait que des bagnes pour enfants où les murs résonnent encore des cris des sévices et tortures faits aux gamins.
En 1884,aux confins des Cévennes, la grande bâtisse de pierres ferme ses portes.Sous le regard anxieux ,mais pas honteux des paysans,des adolescents squelettiques prennent la route ,pour être placés dans d'autres maisons de redressement.
Pourtant ces paysans, qui ,en fait,furent leur geôlier et s'en servirent comme esclave,devraient baisser la tête, aucun remord ne transparaît, mais une angoisse car la plupart d'entre eux travaillait dans cette bâtisse grise,et de plus avait la main d'oeuvre gratuite pour les durs travaux des champs.
17 ans s'écoulent et un matin,le " malin" se réveille
Les meules de foin prennent feu ,une partie du troupeau de chèvres est décimée par la maladie,la jument meurt d'un mal étrange, les gens deviennent fous.Une lourde suspicion s'installe entre voisins.On s'épie,on se toise ,et les mots fusent. de lourds secrets sont prêts d'exploser,des non-dits enfouis au plus profond de leur âme, resurgissent face aux événements incompréhensibles : le diable est bien là, sur la petite pièce de terre où s'érigent des petites croix.
Et si c'était l'âme des enfants qui revenait pour se venger par la main du diable?
Extrait page 179/180.
《Quand les feux de meules pouvaient être interprétés comme le geste de petits malins ou de tel ou tel ayant quelque compte à régler. Mais depuis,il y a eu ses chèvres.Son troupeau en partie décimé. La jument qu'il a fallu enterrer ,et puis la mort de Daniel.
À présent que le diable a l'air d'exister, alors pourquoi pas Dieu? Se dit Léon qui s'est à plusieurs reprises surpris à rechercher les mots des prières apprises dans son enfance.Des mots épars lui sont revenus qui,esperait-il,une fois agrégés formeraient une sorte de supplique sincère, où tout du moins suffisamment humble pour être entendue.》
Dans ce pays reculé,où la terre pauvre,nécessite un labeur pénible, on ne se regarde pas dans le miroir,on préfère accuser même si l'on sait qu'on n'est pas blanc comme neige.
Et les femmes ?Un vie de misère, de soumission à l'homme,de viols aussi.
Que de désespérance un roman d'une extrême noirceur ,à recommander, mais pour les âmes sensibles une vigilance s'impose.⭐⭐⭐⭐

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Dans un village des Cevennes, Blanche s'évertue à survivre dans un quotidien des plus difficiles. Recueillie par son oncle, elle ne lésine pas sur les travaux de la ferme ou la prise en charge de la maison. Elle s'occupe de tout malgré la rudesse de son existence. Qu'il s'agisse de Léon et Jeanne, la "Cruere", le médecin venu de la ville ou encore Étienne, quel avenir ont ils envisagés avec les fantômes du passé qui réapparaissent. Un troupeau malade, une jument qui agonise, un homme en pleine force de l'âge qui succombe, il y a quelque chose dans l'air qui noircit le paysage... Ce paysage qui a en hauteur un ancien bagne pour enfants et adolescents.

Quelle écriture ! En débutant la lecture, c'est ce qui m'a frappé en premier lieu : le rythme que l'auteur a su insuffler à l'histoire. Composé en chapitre traitant à chaque fois d'un personnage, on découvre progressivement les secrets de chacun, la vision du monde rural de ces années 1900, le poids de ce qui est dit ou caché. le poids des secrets également. Une écriture fluide qui emmène le lecteur et lui permet d'entrer dans la noirceur et la rudesse de cette campagne reculée.

Le traitement des personnages à ma préférence. Inutile de faire de grands discours, ils sont décrits dans leur vérité crue, à la fois inimaginable et pesante. Des caractères bien trempés, rude à la tâche et plein de vigueur. Il y a quelque chose de repoussant chez certains qui attise la curiosité, je l'avoue : comment en est-on venu à réagir ainsi ? J'ai apprécié le rythme qu'à donné l'auteur à la révélation de certains secrets ou trait de caractère des personnages. Cela nourrit le suspense.

Le traitement du bagne à présent est étrange à mes yeux et sans doute ce qui m'a le plus questionné, sans toutefois me décevoir. L'auteur traite du bagne dès le début de l'histoire. Il reste en arrière-plan une bonne partie du roman, le temps qu'il faut aussi pour que les histoires des personnages se développent. Il est toujours là en sourdine. Mais on ne finit par l'aborder que plus tard. L'auteur s'attache à montrer les conséquences chez les personnes ayant travaillé au bagne. J'aurais apprécié en découvrir davantage sur ce lieu, savoir ce que chacun cherche à taire.

L'ambiance générale du livre, roman noir et plein de tension, est à la fois agréable dans une expérience de lecture, mais m'a posé question. À plusieurs reprises je me suis rendu compte que j'ai lu le livre les yeux froncés, accablés moi-même parce que je lisais. Non pas par l'horreur des descriptions, mais plutôt de me dire que ces bagnes, ces vies détruites aussi bien enfants qu'adultes ont vraiment existé. le monde recèle encore nombre de noirceurs, son histoire n'est pas entièrement écrite.

En bref :

Une expérience de lecture riche et pleine de tension que j'ai vraiment appréciée, porté par une plume agréable et précise de l'auteur. Une très belle découverte, malgré des questions qui demeurent.
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En février 1884, le bagne situé dans les hauteurs a enfin été vidé de ses occupants. Tristes et pauvres gamins qui ont subit pendant des années les violences répétées des gardiens. Seuls les rescapés de ces terribles années de détention on pu en sortir.
Des années plus tard, de dramatiques incidents se produisent chez les paysans qui furent un temps les geôliers de ces enfants. Incendie, troupeau décimé, accident, morts violente.
Et si les spectres des enfants étaient revenus pour les venger ? Et si le diable avait décidé de reprendre ce qui avait été donné ?

Chaque chapitre s'ouvre sur des extraits véridiques et tous aussi dramatiques les uns que les autres, de registres d'écrou d'enfants incarcérés dans la maison d'éducation surveillée de Vailhauqués, à cette même période.

Une grande tristesse et beaucoup de noirceur se dégagent de ce roman au fil des pages. C'est une lecture addictive qui nous incite à tenter de sonder les âmes de ces paysans silencieux, reclus dans leurs terres que l'on imagine bien, si loin du monde des vivants.

chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/03/23/les-mal-aimes-jean-christophe-tixier/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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