Un auteur qui se trouve dans mon petit Panthéon personnel depuis mes
débuts de libraire et par le biais d'un éditeur que j'affectionne depuis tout
ce temps, éditeur de cet écrivain-ethnologue- photographe: "Le Temps qu'il fait"...
Dans mes lectures lointaines de cet écrivain atypique les souvenirs de :
"
L'Homme des haies", "
Neige sur la forge", et "
L'Amitié des abeilles"...
Ce bel ouvrage sur les anciens objets de la campagne et de la terre...
je l'ai déniché et emprunté à la médiathèque... Une belle réussite entre
la description minutieuse [jusqu'aux dimensions des objets décrits !!]
des outils, le vocabulaire ancien "restitué", la poésie du texte, par
fulgurances, et de très belles photographies de
Jean-Loup Trassard, qui
accompagnent le corps du texte, divisé, selon les familles d'objets.
Parmi les perles ... de la description, je trouve cette phrase d'une poésie
et d'un condensé irrésistibles !
"Les laveuses titrées de la commune retrouvaient là des femmes venues rincer leur propre buée, et ces langues ensemble savonnaient la vie de quelques absents."
Le Bémol que je mettrai, au vu de ma première curiosité instinctive, c'est
la contemplation de ces outils et ces objets du quotidien des gens de la terre... qui manquaient !!!
J'aurais très nettement préféré qu'aux lieux des paysages, même très beaux...
J.L. Trassard nous donne à voir toujours par des clichés en noir et blanc, ces "messagers" faussement inanimés...Cela reste, en dépit de cette
forte frustration de "lecteur-voyeur"une très belle découverte ... qui
a , en plus alimenté, et donné une impulsion à une thématique que
j'avais depuis un très long moment sous le coude , "Ces objets qui
racontent une histoire"...!!
J'achève ce billet succinct par un extrait, afin qu'il vous donne le ton, la musique du texte !
"La Poignée de marmite, le rouet & les coffins
Quand la marmite suspendue à la crémaillère est au milieu des flammes, son anse métallique devient brûlante : on ne saurait la décrocher sans protéger la main par un chiffon. Les femmes souvent préféraient une sorte de crochet en forme de poignée, ou "main de fer". (...)
Nombre d'objets usuels par quoi l'homme s'entoure (...) portent évidemment la marque, la mesure, de son corps. Ainsi parler de tels objets n'est pas, comme on a pu le croire, choisir l'inanimé, mais parfois chercher la silhouette qu'ils dessinent en creux de l'homme ou de la femme occupés à les faire mouvoir. (p. 87)