Mieuzais vit dans les galeries que les taupes ont creusées dans sa tête. Oubliant les retards, les hésitations, les jugements. Quand il dégage la terre avec ses mains, il espère un couloir qui s’agrandisse pour la taille d’un homme et qui le mène à une caverne chaude, une chambre ronde et habitable, avec un plafond bas et des piliers épais. Avec des ramifications étroites comme le dessous des meubles. Il aimerait rentrer dans la terre, tenant son cœur d’étain.
Maud, je t’ai rencontrée dans un bar. Tout ce que j’aime voulait bien m’excuser de ne pas t’avoir rencontrée au soleil... D’ailleurs, il y avait le soleil de ton rire. Et j’ai eu droit, pour moi seul, aux levers et aux couchers de cet astre que j’admirais et qui éclairait ma vie à ce moment-là. J’ai eu droit à ta voix, nouvelle venue de mes musiques, que j’interrogeais et qui, sans le savoir, décidait de ma vie à ce moment-là. Mais finalement tu t’es dérobée par peur d’être dupe.
Jadis, je ne supportais pas d’être seul. Et j’aurais voulu pouvoir vendre ma tendresse comme un autre son art pour s’en débarrasser. La débiter en bonnes livres bien carrées pour un prix pas trop élevé et à grande vitesse, même si j’avais su en crever.
J’attends un être qui d’abord soit touché par le même miracle que moi. J’attends celle qui aura assez de foi pour me tendre la main. Nous descendrons alors vers le bas de la ville, par des rues très en pente aux trottoirs lavés, pour acheter des bouquets de fleurs fraîches.
Je considère Juvigné comme un ami, mais je sais que cet homme-là
vénère une notion très absolue de l’amitié. C’est-à-dire qu’ayant été fils
unique, il a pris une habitude d’intimité avec lui-même qu’il s’est, sans
doute, entêté à chercher ensuite auprès des autres.
Il m’en a parlé. Ce n’est pas qu’il soit bavard, mais il se parle à lui-même
devant moi, en sécurité. D’ailleurs, il pense alors à l’existence en général et
pas à sa propre vie, je le comprends bien.
La Fête du Livre de Bron propose chaque année une journée de réflexion sur des enjeux majeurs de la littérature contemporaine. le vendredi 8 mars 2019, nous proposions un focus sur les liens entre littérature, nature sauvage, grands espaces, sciences humaines et environnement.
Lors de cette 33ème édition, nous avions la chance d'accueillir Pierre Schoentjes, professeur à l'Université de Gand, spécialiste du « nature writing » en langue française pour un grand entretien exceptionnel, animé par Thierry Guichard, à revivre ici en intégralité.
Dans Ecopoétique, Pierre Schoentjes étudie les spécificités du « nature writing » en langue française – le terroir plus que la terre, le lieu plutôt que le paysage, l'esthétique plutôt que l'éthique – en délimitant un corpus littéraire constitué d'écrivains comme Jean-Loup Trassard, Pierre Gascar, Charles-Ferdinand Ramuz ou Philippe Jaccottet. Mais il explore aussi les oeuvres d'écrivains très contemporains comme Emmanuelle Pagano, Belinda Cannone ou Marie-Hélène Lafon.
En partenariat avec l'Université Lyon 2, la Médiathèque Départementale du Rhône et Médiat Rhône-Alpes.
©Garage Productions.
Un grand merci à Stéphane Cayrol, Julien Prudent et David Mamousse.
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