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EAN : 9782070336395
320 pages
Gallimard (22/06/2006)
3.5/5   6 notes
Résumé :

En 1941- donc sous l'Occupation - une famille de cultivateurs, sept enfants, quitte sa petite ferme pour une grande à cent dix kilomètres de là : préparatifs, voyage sur des charrettes, installation... A l'échelle bocagère, une sorte de Ruée vers l'Ouest ! Maître de champs plus vastes, Victor s'augmente lui-même sous les regards d'autres paysans et sa famille ressemble à celle des pionniers, sans que soit ... >Voir plus
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Ma plus surprenante remarque — je m'intéressais déjà beaucoup aux fleurs des champs — fut que si les talus mayennais étaient tapissés de primevères, ceux de la Sarthe n'en nourrissaient aucune mais étaient fleuris de « coucous », plante que la botanique nomme « primevère officinale ». Elles sont parentes, mais tandis que la primevère, jaune pâle, est de faible parfum, le coucou — grappe sur une seule tige de plusieurs fleurs tombant comme clochettes — a des pétales d'un jaune très chaud et un parfum d'abricot mûr. Je regrettais que ce remplacement ne m'ait paru définitif qu'au bout de quelques kilomètres, je n'avais pu inscrire le point exact d'une ligne de partage ! Quand les charrettes se sont arrêtées, j'ai sauté le fossé pour grimper contre le talus et ramasser vite un bouquet que j'espérais offrir à ma mère, ainsi l'entrée en Sarthe eut odeur de coucou
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« Sur la Mézangerie, dès qu’il a commencé à se sentir installé, malgré la guerre, les restrictions, les prisonniers de Saint-Baudelle (ça, il le savait), les Allemands dans la ville, Victor s’est remis à chanter au labour, d’une façon naturelle, il n’avait aucunement oublié son répertoire et les couplets venaient tout seuls tandis qu’il marchait le long de l’attelée. Le soc grognait contre la terre, les chaînes – toujours nommées chapelets – cliquetaient, tous les pas des juments dans la raie faisaient un froissement continu, sur cette musique sourde Victor aimait chanter, peut-être pas pour exprimer de la joie, non, mais pour s’accorder au travail qui s’accomplissait bien, ou même pour éloigner l’ennui. »
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Il fallait au moins cinq charrettes. Victor aurait voulu mettre son frère, l'homme aux grandes mains. Marguerite faisait remarquer qu'il n'avait ni chârte ni juments. On pouvait lui en faire prêter. La chârte sûrement, mais les juments, dis donc… Et puis il faudra qu'il les ramène, comment s'en retournera-t-il à Bais ? De car en car, il ne sera pas rendu le soir. Et sinon qui ? Cela demandait réflexion. Ils auraient bien voulu, les Fourboué, quelqu'un envers qui ils ne seraient pas trop gênés d'avoir une dette, qui prendrait ça, c'était possible, comme une partie de plaisir. Je sais que mon père envisageait ainsi le voyage. Alors aux alentours, ou parmi les copains de Victor ? Il y aurait bien… avant de sombrer entre les plumes obscures leurs deux voix prononçaient des noms
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Alors furent debout au milieu de la cour la vannette qui nettoie le blé par ventilation, descendue du grenier avec peine, le coupe-racines pour râper les betteraves fourragères (voilà une manivelle — mais nous disions la « neuille » — que j'ai beaucoup tournée !), les civières à fumier, la brouette dont les côtés s'enlèvent, souvent appelée « bersoule », la cuve pour échauder le cochon, le billot, portion de tronc sur trois pattes pour débiter la viande quand on pourciaude et trois ou quatre baquets en douelles de châtaignier cerclées de zinc, le moulin à farine et son entonnoir métallique, la meule, sur quatre pattes, elle, dont la pierre circulaire devait être rose, c'est toujours plus ou moins la couleur, le moulard où écraser les pommes avant de les presser, déboulonné son grand entonnoir de bois rectangulaire, et encore la petite charrue pour renchausser les pommes de terre, même la faucheuse entièrement démontée : barre de coupe et scies, transmission, roues de fer, brancards… Pour une fois ces figures familières sortaient des bâtiments, comme appelées là, réunies, et se tenaient campées, pattes écartées, chacune son ombre sur le plat de la cour
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Parce que Marguerite, forcément, elle aussi se trouvait questionnée, la messe c'était surtout occasion de voir du monde et de faire ses commissions, mais maintenant ce n'était plus qu'aux tickets, leurs commissions étaient vite faites ! Les fermières demandaient la maison. Et tu n'es pas entrée ? « Jeun' n'ai point été à meume, mais les f'nêt' ‘taient ouvertes, on veuyait bin l'dedans ! » Quand encore c'est dans la commune, mais tout ranger sur des chârtes pour aller si loin, ce n'est pas rien. Elle en convient, mais Marguerite garde son blond sourire
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Vidéo de Jean-Loup Trassard
La Fête du Livre de Bron propose chaque année une journée de réflexion sur des enjeux majeurs de la littérature contemporaine. le vendredi 8 mars 2019, nous proposions un focus sur les liens entre littérature, nature sauvage, grands espaces, sciences humaines et environnement. Lors de cette 33ème édition, nous avions la chance d'accueillir Pierre Schoentjes, professeur à l'Université de Gand, spécialiste du « nature writing » en langue française pour un grand entretien exceptionnel, animé par Thierry Guichard, à revivre ici en intégralité.
Dans Ecopoétique, Pierre Schoentjes étudie les spécificités du « nature writing » en langue française – le terroir plus que la terre, le lieu plutôt que le paysage, l'esthétique plutôt que l'éthique – en délimitant un corpus littéraire constitué d'écrivains comme Jean-Loup Trassard, Pierre Gascar, Charles-Ferdinand Ramuz ou Philippe Jaccottet. Mais il explore aussi les oeuvres d'écrivains très contemporains comme Emmanuelle Pagano, Belinda Cannone ou Marie-Hélène Lafon. En partenariat avec l'Université Lyon 2, la Médiathèque Départementale du Rhône et Médiat Rhône-Alpes.
©Garage Productions.
Un grand merci à Stéphane Cayrol, Julien Prudent et David Mamousse.
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