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4,1

sur 1291 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Satirique à souhait, ce classique de Trevanian, auteur insaisissable s'il en est, est réédité en 2020 et agrémenté d'illustrations de Qu Lan. Ces dernières viennent tantôt souligner la poésie de certaines scènes tantôt leur humour noir. Audacieuse, bravache même, cette oeuvre est une critique du capitalisme, un pastiche de roman d'espionnage brillamment mené malgré quelques longueurs (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/11/06/shibumi-trevanian-qu-lan/).
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Shibumi est un roman inclassable. On peut le considérer comme un roman d'espionnage puisqu'il évoque les affaires douteuses de la CIA et les attentats de l'OLP dans les années 70. Cependant, il prend les allures d'un roman initiatique pour conter les jeunes années du héros – Nicholaï Hel – et son éducation japonaise. Il se situe aussi dans la lignée des romans d'aventures puisqu'il nous emmène à Shangai au moment de la guerre sino-japonaise, au Japon pendant la seconde guerre mondiale et le protectorat américain et, comble de l'exotisme, au pays basque avec quelques détours par les États-Unis et l'Angleterre. Trevanian qui a préservé son anonymat pendant plusieurs décennies, centre son intrigue sur un personnage mystérieux, joueur de Go, expert en arts martiaux, polyglotte et esthète, poussé vers le métier de tueur à gages par les manoeuvres impitoyables de la CIA. Nous découvrons Nicholaï quand la redoutable Mother Company, en cheville avec l'OPEP, a étendu sa toile sur la plupart des pays occidentaux et voit l'un de ses projets contrecarrés par une équipe maladroite de justiciers israéliens. En raison d'une vieille dette, Nicholaï – pourtant à la retraite – va reprendre du service pour sortir une jeune fille, Hannah Stern, du guêpier dans lequel elle s'est fourrée.
Trevanian tisse adroitement le passé et le présent de son héros, dénonce la cruauté et le cynisme des services secrets et mène la charge contre les États-Unis gangrenés par le profit et leur volonté de puissance. En revanche, la culture japonaise est présentée sous un jour flatteur frisant souvent le dithyrambe. L'auteur n'est pas avare de préjugés culturels qui feront sourire. La description des Basques est un concentré de folklore et d'images d'Épinal, ce qui surprend quand on sait que Trevanian, de son vrai nom Rodney Whitaker, s'était établi au pays basque. Faut-il y voir du second degré ? Un détournement humoristique d'une culture qu'il appréciait ? Peut-être, mais entre poivrots, mémés confites en dévotion, militant aux allures de Tartarin de Tarascon et population superstitieuse et méfiante, la sympathie est vacharde et la caricature jamais loin.
Il faut apprécier Shibumi pour ce qu'il est : un roman de genre foisonnant au suspense efficace.
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Ce vrai-faux thriller est un pur divertissement très réussi. Sans se prendre trop au sérieux, Trevanian, alias Rodney Whitaker, utilise son intrigue principale comme prétexte à de nombreuses considérations sur le jeu de go, la culture et la pensée japonaises, la spéléologie et sa technique, les paysages et le climat basques, la gastronomie et j'en passe. Tout ça est fort bien documenté sans pédantisme. On y ajoutera une saine vision des relations consanguines entre capitalisme et violence d'état et leur influence sur la vacuité du jeu diplomatique, mais toujours sans trop se prendre au sérieux, sans dénonciation démonstrative ou trop lourde. Un peu comme le personnage de Beñat le Cagot -- nom qu'il a aussi utilisé comme pseudonyme, ce qui n'est surement pas un hasard -- Trevanian dissimule ses qualités par l'outrance : ici, c'est une vraie érudition qui, systématiquement déformée car placée sur le devant de la scène, permet d'éviter un côté trop didactique et de masquer une belle finesse. Je finirai par évoquer cet ouvrage, écrit par le héros, Nicolaï, sur le jeu de go, en apparence sérieux, profond, poétique et cryptique, encensé par les "connaisseurs", mais que les vrais initiés reconnaîtront comme un canular élaboré. le message me semble clair, et nous ramène à ma première phrase...

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J'ai adoré ce roman, il m'a fait rire de nombreuses fois malgré la dureté du propos. J'ai aimé le mystérieux personnage japonisant de Hel, les critiques acerbes sur les habitants des différentes nations, les analyses politiques et la découverte du pays basque. Aventure, espionnage, enquête policière, spiritualité, sexe, fait réels tout y est pour passer un bon moment. Et pour une fois pas de langue de bois, ce qui est totalement jubilatoire. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants et certains m'ont fait penser à la série de mon enfance « Les mystères de l'ouest ».

J'ai un peu moins aimé les pages sur la spéléologie que j'ai trouvé un peu longues. Écrit en 1979 et terriblement d'actualité, je vous le conseille.
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Thriller magnifiquement bien structuré. Trévanian nous tient en haleine du début jusqu'à la fin du livre. Nous proposant parallèlement une sévère critique de la société américaine, cet auteur donne à voir une bonne connaissance du pays basque également.
Quelques épisodes présentent de vrais moments d'humour, ainsi qu'une approche philosophique appréciable.
Best-seller mondial, ce roman d'espionnage protéiforme est inclassable, et souligne l'originalité de son auteur.


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Il faut attendre les deux-tiers du roman pour que s'affrontent pour la première fois, en une sorte de duel feutré l,es principaux protagonistes de ce roman-culte d'espionnage. D'un côté, le représentant de la Mother Company, le frustre Diamond, de l'autre , le raffiné Nicholaï Hel, assassin le plus doué de sa génération (une pièce occidentale contiendrait deux cents objets qu'il pourrait utiliser comme armes), actuellement à la retraite dans son château du Pays basque.
Auparavant, l'auteur aura savamment entretenu le suspense, relatant avec force détails le passé de son héros, Hel bien sûr, qui via des mentors japonais, s'est fixé comme objectif d'atteindre le Shibumi, forme d'excellence personnelle.
Les critiques vis à vis des États-Unis foisonnent sous la plume de Trevanian qui , dans ce texte écrit en 1979 fustige les comportements des américains, en particulier dans le domaine de l'écologie. On aurait aimé aussi qu'il soit précurseur dans les relations de son personnage avec les femmes et un peu moins outrecuidant, mais bon, nul n'est parfait, même pas Nicholaï Hel quoi qu'il puisse en penser...
Il n'en reste pas moins qu'en dépit de quelques longueurs concernant la spéléologie, ce roman est un pur régal de manipulations en tous genres , de remarques acérées : Il doit être bien embarrassant d'être vous, qui entraîne son lecteur dans ses 514 pages sans jamais le lâcher, jusqu'à un final crépusculaire.

Admirablement traduit par Jean Esch
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Mystérieux écrivain que ce Trevanian dont on ignora longtemps tout de sa vie. Si son premier roman, La Sanction (adapté par Clint Eastwood au cinéma), parait en 1972, ce n'est qu'en 1983 que de premières indiscrétions commencent à filtrer par le Washington Post et qu'en 1998, l'écrivain se livre enfin dans deux entretiens réalisés par fax. Il semble avéré que Trevanian soit le pseudonyme de Rodney Whitaker, né en 1931 dans l'Etat de New York et décédé en 2005 en Angleterre. Au milieu des années 1970, après avoir quitté l'université du Texas (professeur associé à l'université du Texas, à Austin – département cinéma), il quitte définitivement les Etats-Unis et partage son temps entre la France, dans le petit village basque de Mauléon, et l'Angleterre, à Dinden, dans le Somerset, où il passera le reste de sa vie avec sa femme, rencontrée à Paris, et ses quatre enfants. Auteur de sept romans, dont ce Shibumi datant de 1979, il a également écrit des nouvelles sous divers pseudonymes.
Nicholaï Hel est l'homme le plus recherché du monde. Né à Shanghai durant la Première Guerre mondiale, fils d'une aristocrate russe et protégé d'un maître de go japonais, il a survécu à la destruction d'Hiroshima pour en émerger comme l'assassin le plus doué de son époque. Désormais retiré dans sa forteresse du Pays basque au coeur des montagnes, en compagnie de sa délicieuse maîtresse, Nicholaï accueille une jeune étrangère, Hannah Stern, venue lui demander son aide au nom d'une vieille amitié le liant à son oncle. Il se retrouve alors traqué par une organisation internationale, la Mother Company, et doit se préparer à un ultime affrontement.
Si après ce bref résumé je révèle que le récit de « l'ultime affrontement » n'est pas la part la plus importante du roman, ni même la plus intéressante, ne vous méprenez pas, il s'agit-là néanmoins d'un sacré roman ! Thriller, roman d'espionnage, il y a de tout cela mais porté à un très haut niveau de littérature. Ce qui fascine chez Trevanian, ce sont ses connaissances ; documentation élaborée ou savoir personnel, je ne saurais dire, mais quelque soit le sujet abordé, il en parle comme s'il en était un expert. Je l'avais déjà remarqué dans La Sanction, au sujet de l'alpinisme mais ici, c'est plus impressionnant encore car les thèmes sont plus nombreux : la spéléologie, la langue basque, le jeu de go (d'où le titre du livre) et la culture Japonaise au sens le plus large, etc. Ce dernier point étant un élément central du roman. Ca peut paraitre un étalage de savoir mais c'est aussi terriblement intéressant et instructif.
Le roman est dense et semble déborder de tout et plus encore. Tous les chapitres revenant sur la jeunesse, l'éducation et l'objectif spirituel de Nicholaï Hel sont passionnants, car liés aux principes d'honneur et d'éducation à la japonaise ; tout ce passé, riches en détails exotiques, n'est pas sans évoquer le souffle d'un Alexandre Dumas (Alexandra Ivanovna, mère de Hell, semble échappée d'un de ses roman). le texte n'est pas dénué d'humour non plus (voir les talents de conducteur de Pierre le jardinier), qui plus est sous toutes ses formes, car si les dénonciations xénophobes émaillent régulièrement le récit, les Français morflent pas mal mais chaque nation en prend pour son grade aussi à commencer par les Américains, à la longue on réalise qu'il s'agit de second degré (du moins j'espère !).
Si Nicholaï Hel est un tueur (« exterminateur professionnel de terroristes internationaux »), son personnage reste pourtant très attachant et très complexe : polyglotte, adepte des arts martiaux, mystique, un genre de samouraï moderne. Quant à l'intrigue proprement dite, elle mêle le terrorisme international (assassinat des athlètes Israéliens aux J.O. de Munich en 1972) et ses conséquences vengeresses, les saloperies de la real politik dans l'ombre des Etats, la Mother Company qui chapeaute CIA et NSA et une vengeance personnelle. Cette part de l'ouvrage est plus classique, et ne manque pas de détails abracadabrants avec des personnages très caricaturaux, voire raté comme le père Xavier.
Il n'empêche qu'il s'agit d'un très bon roman.
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Un pavé qui démarre de façon directe et assez palpitante. Il y a un tel flux d'information et de technique, on ne peut lire sans forcer la concentration. Evidemment le sujet est sombre entre terrorisme, pouvoir, argent, politique internationale, et moyens douteux pour arriver à ses fins. Malgré tout il y a un courant fluide et cela se lit comme on regarde un film d'action. On aime bien le côté historique et les personnages malgré, pour certains, corrompus et déviants. L'auteur présente ensuite de la plus belle façon le côté japonais de son récit. Excellentes descriptions et analyses, racontées avec prouesse. le principal personnage est mystérieux, on apprécie que le livre lui donne une grande partie. Un curieux livre plutôt long auquel il vaut la peine de s'accrocher au moins pour l'évolution de Mikko et les dédales dans lesquels l'auteur nous balade. Bien aimé mais en même temps ...mitigée.
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Un roman singulier, difficile à classer. Compte-tenu de la thématique choisie, on pourrait penser Espionnage, super héros, aventure... Compte-tenu du style de l'auteur, des nombreux dialogues, des échanges philosophiques constants, ça ne passe pas. Conte philosophique aussi a du mal à coller car je doute que les amateurs d'essais de ce genre adhèrent à l'intrigue et à ses rebondissements. Un peu un OVNI dans ma bibliothèque. J'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire, puis petit à petit je me suis laissé embarquer, notamment par le portrait par touches successives du personnage central. S'appuyer sur la stratégie et le vocabulaire du jeu de Go pour structurer et étaler le récit, j'ai apprécié l'originalité. La longueur de certaines scènes en partie hors récit, la multiplicité des dialogues, souvent savoureux mais parfois un peu trop étirés aussi a tempéré mon enthousiasme. Alors va pour quatre étoiles, avec l'envie de lire d'autres titres de cet auteur. Je l'ai lu assez vite ce qui montre aussi que je ne me suis pas "trop" ennuyé !
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Roman noir classieux, roman d'espionnage à tendance paranoïaque, récit d'une quête philosophique revue et corrigée par Quentin Tarantino ? On retrouve un peu de tout cela dans « Shibumi » et bien d'autres choses encore.
Nicholaï Hel, tueur à gage misanthrope, est forcé de sortir de sa retraite dorée du fin fond de la Soule pour secourir la fille d'un ancien frère d'armes. le lecteur est alors entraîné dans une intrigue diabolique à plusieurs bandes où il rencontrera la très secrète et puissante Mother company, un maître de go japonais ou encore le Cagot, l'accolyte croquignolesque de notre héros et pléthore de figures féminines emblématiques. Il sera question de vengeance, de dénonciation, de manipulation et bien sûr de meurtres. Mais, très vite, les rebondissements passent au second plan. Ils deviennent un prétexte à un règlement de compte géopolitique assez saignant mais savoureux sur fond de choc de civilisations. Trevanian plonge aussi sa plume du côté des romans d'aventure, lors d'un long épisode spéléo dans les grottes du pays basque, ou d'histoire. Les péripéties de Nicholaï nous feront naviguer de Shanghai post Première guerre mondiale à l'Europe des années 1970', théâtre de de nombreux actes de terrorisme, en passant par le Japon réduit en cendres après Hiroshima.
Du coup, « Shibumi » échappe à tous genres tout en les maniant, les triturant dans tous les sens. de ce malström émergent la figure complexe de Hel, un mélange improbable d'anti héros médiéval, de maître zen et de lonesome cowboy, mais aussi l'écriture de Trevanian distanciée, au cordeau, cynique, émaillée humour noir et de sarcasmes. Très grande classe.
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