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Suzanne V. Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782267008685
444 pages
Christian Bourgois Editeur (31/05/1991)
4.1/5   10 notes
Résumé :
En 1950, un jeune homme, né à Trinidad, île britannique des Caraïbes, s'envole pour la métropole afin de devenir écrivain. Ce roman en partie autobiographique et écrit 30 années plus tard relate le déclin d'un domaine du sud de l'Angleterre, reflétant l'effondrement de la culture coloniale dominante dans les sociétés européennes.

Source : Electre
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un livre étrange, poignant et magnifique, un jalon indispensable dans l'oeuvre de V.S. Naipaul.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J’avais beaucoup écrit, accompli un travail d’une grande difficulté; j’avais travaillé sous pression pratiquement depuis que j’avais quitté l’école. Avant d’écrire, il avait fallu apprendre; l’écriture m’était venue lentement. Avant cela j’avais été à Oxford; encore avant, au collège où je m’étais préparé pour décrocher la bourse d’étude à Oxford. La carrière d’écrivain ne consistait pas en un état – de compétence, de réussite, de notoriété ou de satisfaction – auquel on parviendrait, et dans lequel on demeurerait. Il existait une angoisse particulière liée à cette carrière: quel que fût le labeur à fournir pour chaque œuvre d’écriture, quels qu’en fussent les défis de créativité ou les satisfactions, le temps m’en avait chaque fois éloigné. Et, à mesure que le temps passait, l’œuvre déjà accomplie me donnait l’impression de se rire de moi, elle semblait appartenir à une époque de vigueur, désormais révolue. Le sentiment du vide, l’agitation me reprenaient; et il me fallait une fois de plus, en puisant dans mes seules ressources, entreprendre un nouveau livre, me consacrer à nouveau à ce processus dévorant
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Et, chose incroyable, un vrai cadeau de Noël, ils étaient là, dans la neige. D’habitude, sur fond de forêt, les chevreuils étaient difficiles à repérer ; plus bas, sur les tons de vert et de brun de la pente dénudée, on distinguait la teinte fauve et chaude de leur pelage, mais il fallait les chercher. Aujourd’hui (comme les lapins de ma première semaine, venus quérir leur nourriture sur la pelouse devant mon pavillon), les chevreuils semblaient d’une couleur sale, grise et sombre par contraste avec la blancheur de la neige, et offraient une cible facile à quiconque aurait eu envie de les abattre.

J’espérais qu’ils survivraient. Ils survécurent. Vers la fin de l’hiver, j’en découvris un dans la zone de campagne sauvage derrière chez moi, le marécage près de la rivière. C’était un jeune chevreuil, je l’aperçus un matin, tout en yeux, au milieu des roseaux brunis et couchés. Et je le revis au même endroit de nombreuses matinées de suite. Je me plaçais sur la passerelle pourrissante qui enjambait le ruisseau noir et je regardais. À partir de là, le secret, pour le voir, pour le retenir là où il était, consistait à accrocher son regard et à ne plus bouger soi-même. Tant qu’on le fixait, il vous fixait ; dès qu’on se déplaçait ou qu’on esquissait un geste, il s’enfuyait, en courant d’abord parmi les roseaux et les hautes herbes puis en décrivant le bond ravissant qui lui permettait de franchir sans peine les clôtures et les haies.
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La deuxième ou troisième année de mon séjour dans la vallée, durant un hiver de grandes inondations, où la rivière était sortie de son lit en beaucoup d’endroits et avait ouvert de nouvelles rigoles au courant rapide et bruyant dans les prairies humides d’un bout à l’autre de la vallée, tout ce pré aux grands chênes dans la haie, ayant été noyé, faisait sous certaines lumières l’effet d’un grand lac blanc ; et les cygnes, les poules d’eau, les foulques, les petits canards sauvages et d’autres oiseaux aquatiques, quittant leur territoire familier de la rivière, étaient venus barboter dans ce pré tant qu’avait subsisté le lac, comme si, en plus de la joie de trouver un grand terrain de ravitaillement tout neuf, ils exultaient aussi de se promener sur l’eau à un endroit où il n’y avait normalement que de la terre. En se retirant au bout de quelques jours, l’inondation avait laissé un pré détrempé, avec de petites coulées de boue noire accrochées dans la verdure, et tout ébouriffé, comme si les mouvements de l’eau avaient rebroussé l’herbe. Chaque hiver, depuis lors, dès que je voyais sur le bord de la route la pancarte noir et jaune de la voirie annoncer « inondations », j’avais attendu que se répétât ce spectacle.
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Cette peur étouffait toute plaisanterie. Et le brouillard qui régnait sur la vallée pendant que j’écrivais, la nuit qui tombait tôt dans l’après-midi, le fait de ne rien connaître des lieux où je me trouvais, bref toute l’incertitude qui émanait pour moi de la vallée, je la transposai sur mon Afrique.
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Un jour d’automne – les journées qui raccourcissaient me donnaient des envies de plaisirs hivernaux : flambées, lampes du soir et livres – un jour d’automne, je fus pris d’une sorte de besoin de relire ce qui concernait l’hiver dans Sire Gauvain et le Chevalier Vert, poème que j’avais lu plus de vingt ans auparavant, à Oxford, dans le cadre du cours de littérature anglaise du Moyen Âge. Les baies d’églantier et d’aubépine, fruits rouges de cette saison morte mais encore douce, me donnaient envie de retrouver la description du voyage hivernal dans ce poème ancien. J’en fis la lecture dans le car qui me ramenait de Salisbury, où j’étais allé l’acheter. C’est dire combien j’étais maintenant à l’unisson du paysage, dans ce lieu solitaire, pour la première fois depuis mon arrivée en Angleterre.
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Vidéo de V. S. Naipaul
Discours de V. S. Naipaul à l'occassion de l'obtention du prix Nobel de littérature en 2001.
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