Si vous aimez les bêtes à huit pattes, les mystères moyenâgeux, les cold cases et autres ressorts psychologiques, le tout arrosé à la garbure et au madiran, bienvenue, vous serez chez vous dans «
Quand sort la recluse » !
Dans ce dernier tome (à ce jour) de la série des Adamsberg, on retrouve notre commissaire du sud-ouest préféré de retour à Paris après un séjour islandais provoqué par des soucis professionnels et personnels, rappelé par ses ouailles perdues par le cas d'une femme écrasée par son mari ou son amant, le choix n'est pas vaste mais la résolution compliquée. Compliquée parce que la brigade est fragilisée par la dérive d'Adamsberg, qui ne semble plus trop savoir où il est ni comment diriger ses collaborateurs. Ce qui ne s'arrange pas quand son attention se fixe contre vents et marées sur un fait divers : trois hommes âgés sont morts des suites d'une morsure d'araignée recluse. Celle-ci n'est pas censée mordre, étant très peureuse et retirée dans son abri, et surtout son venin n'est pas censé être mortel à si faible dose… Pour Adamsberg, il y a donc anguille sous roche, ou plutôt murène sous rocher (vous comprendrez le jeu de mots à la lecture), mais avant de mener son enquête, il va falloir motiver son équipe, ce qui n'est franchement pas gagné… une fronde étant menée par Danglard, le vieil adjoint d'Adamsberg.
Fred Vargas réussit encore une fois un très bon polar, malgré un début un peu foutraque pendant lequel je me suis demandée où elle voulait en venir : avant d'attaquer dans le dur, il va falloir assister à une enquête sur un meurtre qui n'a rien à voir, et une série d'actions musclées pour arrêter un violeur qui n'a pas plus de rapport… Mais la dame est une reine de la double lecture, et il y aura un lien assez ténu (du domaine de l'interprétation ceci dit), et il ne faut pas s'arrêter à ces péripéties. Car une fois aspirée dans l'enquête principale, érudite et tortueuse, je n'ai plus pu m'empêcher de tourner les pages pour en savoir plus, sur cette araignée, mais aussi les femmes qui s'emmuraient vivantes pour faire pénitence (ce qui m'a rappelé
Carole Martinez et son très beau «
du domaine des murmures »), jusqu'au rebondissement final, un peu téléphoné toutefois (j'avais deviné et pourtant je ne cherche pas à trouver la solution quand je lis un roman policier). Car c'est ici le seul bémol de l'ouvrage pour moi : certes Adamsberg est brillant, mais les éléments s'enchaînent quand même trop bien, lui ouvrant une autoroute vers la résolution du mystère (les personnages-clés arrivent au bon moment, les informations aussi, et facilement).
«
Quand sort la recluse » est néanmoins un bon polar, de facture classique mais efficace, et permet un bon moment de lecture prenante.