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4,07

sur 3446 notes
« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je viens vous parler de Quand sort la recluse, signé Fred Vargas.

-Et elle sort quand, la recluse ?

-Hein ?

-T'as dit qu'on parlerait de quand sort la recluse, alors je te demande : elle sort quand ?

-Mais non, ce n'est pas ça ! le titre sous-entend « ce qu'il se passe » quand sort la recluse.

-Aaaaah ! Ben, c'est pas simple, la littérature...

-Non, en effet.

Or donc le commissaire Adamsberg est rappelé de ses vacances pour résoudre une brève affaire. Il apprend que des personnes âgées sont mortes tuées par des recluses, des araignées discrètes et peureuses, et se met aussitôt sur l'affaire alors que rien, a priori, ne démontre que ce sont des assassinats.

-Tuer avec des araignées ? Mais comment ? Et pourquoi ?

-Ce sont là tous les enjeux, sans compter les autres, de cette affaire. Je m'attendais à sentir mon petit coeur palpiter d'impatience (« Rhââââh, je veux savoir qui est le coupable, lis plus vite, lis plus vite, allez, tourne-moi cette page, ça fait déjà 45 secondes que tu es dessus ») et mon cerveau bouillonner sous l'effet de folles hypothèses échafaudées en cours de lecture (« Et si c'était le chat ? »), hélas, rien de tout cela ne se produisit.

-Ah bon ?

-Non. J'ai gardé tout le long du roman une désagréable sensation de flou. Soyons clairs : je lis très peu de policiers, voire pas du tout. J'ai pu regarder (ou regarde encore pour certains) des séries policières grand public comme NCIS, Lie to me ou Sherlock. Je suis donc habituée à entendre les héros assembler le puzzle méticuleusement, à voir des flèches pointer vers les faits.

Adamsberg, lui, avance par intuitions, en méditant. Il s'exprime souvent par métaphores ou propos décalés, ce qui donne un ton surréaliste pas déplaisant au personnage. J'ai été décontenancée aussi par une chronologie peu détaillée, j'ai eu du mal à me retrouver dans le temps au début de l'affaire des recluses. J'ai gardé la sensation d'évoluer dans un brouillard quasi constant.

-C'a dû être super dur de le finir alors !

-Bizarrement, non. Je n'ai pas éprouvé de déplaisir excessif, parce que le texte est très bien écrit ; l'humour, discret, se montre efficace, et, sous la noirceur, sous les horreurs, j'ai perçu beaucoup de tendresse pour les personnages. Sans compter que je ne peux pas détester un livre dont les héros mangent souvent des spécialités régionales. J'ai également trouvé le travail sur les mots et le langage très beau.

Cependant, je n'ai pas pleinement apprécié cet ouvrage, peut-être parce que je suis trop formatée par les séries télé, sans doute parce que je m'attendais à vibrer davantage, terrassée par un suspense insoutenable. En bref, c'est bon, mais je n'aime pas.

-C'est vraiment pas simple, la littérature.

-Non. Pas simple. »

Challenge multi-défis 2018 (pour une fois, j'oublie pas de l'ajouter!)
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Je l'ai lu d'un trait, ce n'est pas parce que le rythme a été autant accéléré mais c'est simplement qu'on prend plaisir aux dialogues entre les personnages, les dialogues entre le commissaire Adamsberg et sa brigade où chacun a son petit secret, et chacun connait les défauts de chacun. Ils se connaissent des habitudes et s'acceptent tant bien que mal, mais entre tous, Adamsberg est le seul maitre, il connait tout le monde, il sait anticiper sur leurs réactions, il sait comment les faire travailler sans en arriver à la frustration. Entre recluses vengeresses, des viols sordides et des guerres empoisonneuses entre des vieux timbrés depuis leur enfance, des théories affluent, des déductions fourmillent à la Sherlock Holmes, j'ai eu un réel plaisir à suivre les enquêtes du commissaire Adamsberg avec sa brigade!
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Quand Sort La Recluse, dernier roman de Fred Vargas, reine du polar ou plus précisément du « rompol » comme elle désigne l'ensemble de son oeuvre, débarque dans nos librairies, pour ceux qui ne l'aurait pas remarqué ou qui aurait loupé la vague de service de presse qui a déferlé sur les multiples supports médiatiques. Après la déception de Temps Glaciaires qui marque l'essouflement de la série Adamsberg, je mesure tout de même l'attachement (l'addiction ?) pour l'ensemble de ces personnages puisque me voici plongé, malgré tout, dans une nouvelle enquête de ce commissaire emblématique de la littérature policière française. Signes d'un succès qui ne se dément pas, on évoque désormais Fred Vargas par le truchement de son classement dans les meilleures ventes de livres ainsi que par le biais du tirage initial et du nombre d'exemplaires vendus alors que les recensions sur l'ouvrage ne font état que d'éléments qui ont déjà été évoqués à de multiples reprises lors de la parution de ces précédents romans.

Dans la région de Nîmes, la Recluse, une araignée plutôt discrète, est sortie de son trou pour faire trois victimes qui ont succombé à sa morsure qui n'était pourtant, jusqu'à présent, pas signalée comme étant potentiellement mortelle. On évoque bien une mutation liée à l'usage des pesticides, mais le commissaire Adamsberg n'y croit guère. Revenu des brumes islandaises, il percoit, dans le nuage éthéré de ses pensées, un obscur assassin qui officierait afin d'accomplir une sourde et terrible vengeance. Il faut dire que l'image de la Recluse le renvoie vers des terreurs d'enfance enfouies qui ne sont pas forcément en lien avec une banale arachnaphobie mais évoque plutôt une terrible tradition issue de rites obscurs du Moyen Age. Il ne reste plus qu'a convaincre tout le commissariat de se lancer à la poursuite de ce meurtrier. Une tâche qui va se révéler bien plus ardue qu'il n'y paraît, provoquant des scissions au sein d'une équipe qui doute du bien-fondé des certitudes d'Adamsberg. Que fait le capitaine, a-t-il perdu la raison ?

On reprend les mêmes et on recommence. Pour ceux qui souhaitent retrouver l'univers de Fred Vargas sans être troublé par un quelconque changement, Quand Sort La Recluse entame un retour aux sources de la série Adamsberg en reprenant les fondamentaux qui en ont fait son succès. Une tradition médiévale en lien avec des meurtres, un lot de personnages atypiques, des dialogues décalés et une enquête alambiquée qui s'appuie sur le passé du commissaire Adamsberg, on se retrouve ainsi avec un récit correct qui ne brille pas par son originalité. Avec des recettes éprouvées, Fred Vargas signe un nouveau succès en devenir pour des lecteurs en quête de retrouvailles et d'habitudes au gré d'une intrigue aux entournures quelque peu éculées. Ainsi pour les plus avisés et les plus addicts d'entre eux, il faudra bien admettre que l'assassin est aisément identifiable tant il s'inscrit dans une espèce de tradition propre aux récits de l'auteur que je me garderai bien de dévoiler.

Bien que Fred Vargas s'en défende, il y a désormais, derrière la série Adamsberg, une histoire de gros sous qui s'assortit inévitablement avec un manque de créativité et d'originalité. Il s'agit là d'un des revers de la médaille du succès que l'on ne saurait attribuer uniquement à Fred Vargas, puisque toute la chaîne du livre, jusqu'aux lecteurs que nous sommes, doit être mise en cause. Ainsi dans un univers où les publications n'ont jamais été aussi nombreuses, je m'étonne toujours de cette concentration et de mise en lumière sur quelques auteurs « bankables » qui rapportent certainement un revenu conséquent mais qui se fait au détriment de tous ces ouvrages méconnus qui peinent à trouver leur place dans cette course au succès. Un logique qui obéit forcément à un lot de contraintes afin de répondre aux attentes des lecteurs permettant ainsi d'écouler ces fameux tirages de plusieurs milliers d'exemplaires. Fred Vargas ne se dérobe malheureusement pas à la règle, même si elle tente de pimenter le récit en implémentant un conflit au sein de l'équipe du commissaire Adamsberg, comme elle l'avait d'ailleurs fait dans Temps Glaciaire. Au gré de dialogues, certes savoureux, mais désormais terriblement convenus, l'auteur égrène son lot de personnages qui ne sortent pas de leurs rôles. Adamsberg demeure ce personnage toujours aussi flou qui enquête et dirige ses collaborateurs au gré de ses sensations ; Veyrenc débite encore quelques rares alexandrins qui ne font que souligner l'essouflement de cette série ; Danglard dispense son savoir au gré des investigations en cours et Retancourt s'affirme toujours comme étant la femme-vestale, pilier indestructible de la brigade. Tout est donc bien rangé dans ce récit agréablement convenu qui présente l'avantage de se lire rapidement sans pour autant en retirer l'indéfinissable frisson que nous procurait des romans tels que L'Homme A L'Envers, Pars Vite Et Reviens Tard ou L'Armée Furieuse.

Sur les eaux bien tranquilles de la notoriété, Fred Vargas nous livre donc, avec Quand Sort la Recluse, un ouvrage qui comblera les attentes des aficionados du commissaire Adamsberg sans pour autant vouloir remettre en question les rouages d'une série qui tourne désormais dans le vide en dispensant tout de même quelques éléments d'intrigues agréables à découvrir. Néamoins La Recluse mord cruellement en distillant son poison létargique qui font que, l'air de rien, l'auteur s'endort tout doucement sur son succès.

Fred Vargas : Quand Sort La Recluse. Editions Flammarion 2017.

A lire en écoutant : le Capitaine de William Sheller. Album : William Sheller & le quatuor Stevens (Live). Mercury 2007.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Dans la série policière du commissaire des brumes et nuages, la force de Fred VARGAS est d'avoir construit un commissaire Adamsberg, fort de toutes ses faiblesses et de l'avoir entouré d'une équipe hétéroclite de haute constitution, chacun ayant ses zones d'ombre, ses forces et les défauts de celles-ci. On pourrait, avec VARGAS, lire le roman pour les seules relations établies au sein de cette équipe, l'intrigue de l'enquête pouvant passer au second plan. Mais, on n'en est pas là car, en plus d'être excellente dans les combinaisons des relations humaines, VARGAS nous emmène toujours dans un ailleurs, un à part, un nouveau monde à découvrir, à craindre, à apprivoiser.

"Quand sort la recluse" (Flammarion 2017) laisse la place aux araignées, aux femmes recluses et à bien d'autres personnages encore, tous reclus dans leurs histoires, leurs passés qu'il leur faut affronter. Et Adamsberg n'est pas le dernier à devoir réagir ! Lire ce roman relève de la jubilation !

Cette fois, encore, le commissaire est en difficulté pour garder une équipe soudée. Les personnalités sont tellement fortes qu'il y a nécessairement affrontement, scission, coalition, recherche et perte de repères ... qu'on pourrait écrire repaires où pouvoir s'installer dans les brumes et se gratter jusqu'à ce que la piqûre ne démange plus! Tout est construit, en finesse, énigmes et tentatives, fructueuses ou non, pour trouver enfin le 52e, passage libérateur rendant, in fine, valeur de succès au périple entrepris.

Vraiment, un très bon VARGAS ... même si j'avais vu la recluse sortir bien avant la lettre. Néanmoins, lire Fred VARGAS, c'est en redemander ! Ne vous privez pas !
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Quand sort la recluse est mon troisième roman de Fred Vargas. Comme le temps passe vite et surtout ma mémoire qui oublie et qui ne se souvient pas des deux premiers ! C'est inquiétant. J'en déduis que les romans de Fred Vargas relatant les enquêtes du commissaire Adamsberg ne sont pas des plus marquants.

Je ne retiendrai pas grand-chose, non plus, de celui-ci. D'abord parce que ce n'est pas toujours captivant. Enormément de disgressions. Ensuite, parce que j'ai découvert au milieu du livre l'assassin, pourtant visible pour le commissaire comme le nez, lui, au milieu de la figure. Tout le monde n'est pas Sherlock !

Alors j'ai continué à lire pour m'assurer que l'assassin était bien celui à qui je pensais. Les crimes et surtout les moyens sont peu plausibles. Comme policier, ce n'est pas le meilleur que j'ai lu. Encore un Vargas dont je ne me souviendrai pas. Alors, il faut que je note dans un coin « ne lis plus de roman de Fred Vargas ».
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Ça fait assez longtemps que j'avais envie de lire ce livre. Mais je pensais que c'était la dernière enquête du commissaire Adamsberg, alors sans doute que j'attendais le moment parfait pour en profiter vraiment. Mais voilà, Fred Vargas sort "Sur la dalle", la dixième enquête du commissaire. Je pense que c'est le signe que j'attendais pour me lancer dans "Quand sort la recluse"…
.
Adamsberg est bien là où il est, en Islande, loin de Paris… il en oublie qu'il est le commissaire à la tête de la brigade criminelle de Paris. Et justement, à Paris, sa brigade buche sur un meurtre et ils ont besoin de lui… Quittant à regret ce lieu de retraite, il rentre à Paris, et mue par sa logique unique, il résout l'affaire en une journée. Mais au détour d'un couloir, il aperçoit sur l'écran d'ordinateur de Voisenet une araignée. Pourquoi celui-ci fait-il des recherches sur cette bête ? Dès lors, il sent qu'il ne va pas pouvoir se débarrasser de l'idée qui trotte dans sa tête. Et, malgré les réticences de quelques-uns de ses hommes, toujours septiques quant aux pressentiments de leur chef, il se lance sur une affaire bien plus sombre, bien plus tordue : celle de la recluse.
~
On retrouve la brigade toujours aussi authentique, des personnages vrais et intrigants, travaillés. le commissaire Adamsberg est fidèle à lui-même, rêveur, surprenant, attentif, sa personnalité est unique, et c'est ce qui fait tout, à la fois la réussite de ses affaires, mais aussi ma passion pour la série de ses enquêtes ! Et ses adjoints ont tous leur identité propre, ce sont des personnages singuliers et attachants. Les enquêtes de la brigade me fascinent. Par les plis tordus initiés par leur commissaire, par les dialogues parfois lunaires. Par les savoirs qui sont parsemés par l'autrice. Par ces petits bouts semés par-ci, par-là qui sont en réalité réfléchis et qui s'assemblent si bien. de plus, on sent poindre quelques convictions chez l'autrice. On aime ou on n'aime pas, j'adore.
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Fred Vargas sait indéniablement construire une intrigue complexe, profonde et singulière. Et puis, après huit tomes auprès de la brigade, on connaît un peu l'histoire de chacun et Quand sort la recluse est d'autant plus attrayant en raison de l'implication personnelle des personnages. Je m'explique : le passif des personnages, un bout de leur vie personnelle est impliqué dans l'enquête, et ça, ça amène forcément des réactions humaines supplémentaires, ça a forcément une incidence sur l'intrigue. Adamsberg ne peut pas être détaché, ça lui colle au corps.
~
Je ne peux pas expliquer le « phénomène Adamsberg », faut que vous lisiez pour comprendre ;).
Bref, j'ai dévoré ce roman aussi singulier que captivant.
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Avec ce neuvième épisode des enquêtes du commissaire Adamsberg, Fred Vargas fait un retour réussi.
Ceux qui connaissent l'univers de ce flic qui "lit dans les brumes", auront plaisir à le retrouver lui et son équipe. Quant à ceux qui ne le connaissent pas encore, je me dis que parmi eux, nombreux seront ceux qui auront l'envie et la curiosité de "remonter aux sources".
Nous sommes au pays de Vargas, et dans ce pays encyclopédique, féérique, poétique… polar aussi, se côtoient en parfaite harmonie l'ornithologie, la zoologie, l'entomologie, l'arachnologie, la paléontologie, L Histoire, la littérature, la poésie, la linguistique, la gastronomie, la psychologie, l'écologie (bien présente dans ce neuvième rendez-vous)… et l'humain.
Tout ce que je viens d'énumérer sont quelques uns des ingrédients savamment dosés, qui font de cette dernière recette en date, un plat qui se déguste avec plaisir.
L'énigme est bien conçue, et même s'il n'est pas trop difficile de deviner qui est qui… encore que, on se laisse embarquer avec délice sur le Trinidad, le San Antonio, le Concepción, le Victoria et le Santiago pour passer le 52° et entrer "dans la mer grande et large" ( le Pacifique).
Vargas a de plus une plume agréable ; le tout fait un "polar" original, intelligent, qui mérite lecture.
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J'ai lu tous les romans de Fred Vargas. Depuis dix ans, cela fait partie des intemporels de ma bibliothèque. La recluse attendait son heure, tapie dans un recoin sombre et je la gardais de côté pour les mauvais jours, convaincue que je ne pourrais que l'aimer. Finalement, mon amie Hélène m'a donné envie de m'y plonger plus tôt que prévu.

Quand sort la recluse présente une nouvelle enquête du commissaire Adamsberg : trois morts, des morsures d'araignée, une recluse, et un imbroglio dont personne ne voit le sens profond. Une enquête qui patine et crée une scission au sein de la brigade, une plongée au coeur de l'humain.

Ouvrir ce roman a été une bouffée d'oxygène, un retour dix ans en arrière, sur les traces d'une plume que j'adore, sur les pas de personnages qui me touchent. En deux pages, tout m'est revenu, d'un coup, et l'attendrissement m'a saisie. Adamsberg, Veyrenc, Danglard, Froissy et tous les autres. En un clin d'oeil, leurs manies, leurs habitudes, leurs particularités ont ressurgi, comme un équipage fantôme sortant des eaux après une longue absence. de page en page, ils ont retrouvé leur consistance et leur ampleur… et m'ont une fois de plus séduite.

Adamsberg est un commissaire à la saveur particulière. C'est un personnage éthéré, flou, flottant entre deux courants. Sa pensée insaisissable déroute et dérange mais est d'une efficacité sans borne. Lui seul voit des meurtres là où on nous parle de morsures d'araignées, lui seul fait le pont entre des événements décousus et il réassemble le chaos. Dans cet opus, nous découvrons une anecdote sur son enfance, nous découvrons son frère, et cela m'a fait plaisir. J'ai eu l'impression, après une longue absence, de retrouver un ami mais sans le reconnaître entièrement. Dans le roman, il y a un pan de plus de cet homme, une part d'humanité de plus, car ici, Adamsberg doute, s'inquiète, s'agace et nous sommes face à un nouveau commissaire ni tout à fait pareil, ni tout à fait différent. Une variation quasi impalpable de lui-même et pourtant hautement signifiante. Danglard, son fidèle adjoint, est dans le même cas de figure. L'érudit de la brigade nous fait sourire et nous émeut par ses tics… pourtant, pour la première fois en dix ans, il a réussi à m'agacer parce qu'il se méfie d'Adamsberg et parce qu'il fait cavalier seul. Malgré tout, in extremis, il redevient celui que nous adorons. Ces aspérités au sein de personnages connus (et bien connus) permettent de retrouver le charme de ceux que l'on aime mais aussi de rajouter un supplément d'être, et cela ajoute au plaisir de la lecture, annihilant tout risque de déjà vu. L'univers imaginé par Vargas s'approfondit donc par strate, et, avec précision, elle cisèle toujours un peu plus des personnages déjà dotés d'une réelle profondeur. En ce sens, l'autrice nous donne l'illusion de la vie. Les agents de la brigade quittent leur enveloppe de papier et s'installent à nos côtés, évoluant au fil du temps, des rencontres et des événements, à l'instar de tout être humain. Là réside une des vraies forces de ces romans.

L'enquête en elle-même est étonnante. Il y a presque deux voire trois enquêtes en une : la première, vite pliée et classée, puis celle des recluses qui provoque des événements en cascade et qui met en scène des personnages truculents. J'ai aimé plonger avec les policiers au coeur du passé, remonter le temps, revenir à l'après guerre, aux orphelins, à la souffrance, à la rancoeur, découvrir le fin mot de l'histoire et l'inexorable mort de ceux qui croisent la route de la recluse. J'ai aimé aussi voir Adamsberg en butte avec les événements, la logique. J'ai aimé le voir s'obstiner, poursuivre, creuser, recommencer. La métaphore avec Magellan et les explorations avortées, reprises est à ce titre intéressante, en plus d'ajouter encore un clin d'oeil culturel, qui devient presque la signature des romans de Vargas.

Comme toujours chez Fred Vargas, j'ai adoré la documentation qui sous-tend le livre : l'histoire des recluses (non pas les araignées cette fois, mais les femmes qui se condamnaient elles-mêmes à être enfermées), la partie analyse géologique, la partie scientifique sur les araignées… Tous ces éléments apportent du sel, nous enrichissent et enrichissent la narration. Cela donne une épaisseur certaine au livre et nous permet de nous laisser emporter, cela renforce l'adhésion et l'illusion romanesque. S'y s'ajoute une plume singulière, à la fois fluide et recherchée, piquée de beaux mots, de détails précis. Une langue qui donne à voir et à entendre les atermoiements du commissaire.

Ainsi, vous l'aurez compris, je suis une fois de plus séduite. J'ai adoré ma plongée au sein de la bridage, dans l'univers vargassien. C'est un très joli roman policier, à la fois doux et cruel, au tempo singulier amorcé par le commissaire et où la noirceur de l'être humain se déploie sournoisement, tisse sa toile pour mieux frapper à la nuit tombée, un roman aux enquêteurs terriblement humains aussi.
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J'aime retrouver l'atmosphère et l'équipe de flics des romans de Fred Vargas. J'aime aussi son humour et ses connaissances littéraires. Mais là vraiment je n'ai pas du tout aimé cette intrigue, ni le style. Tout est décousu, cela part dans tous les sens, les flics ne sont plus des policiers, mais des professeurs de biologie, de littérature ... Les histoires sont emberlificotées, tirées par les cheveux, absolument pas crédibles. Trop de rebondissements tue le rebondissement. de plus j'avais deviné dès le début qui était l'assassin. Dommage, j'attendrais le prochain ou pas…
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Je suis une fan de Fred Vargas et j'ai commencé ce dernier roman à reculons, plus d'un an après son achat. le lire voulait dire le finir, sans savoir quand il y aurait une nouvelle enquête d'Adamsberg. J'ai voulu le savourer, mais je tournais frénétiquement les pages. Je pensais pouvoir le garder au moins une semaine, mais deux nuits ont suffit. Vite, vite, une suite!
J'aime son écriture, la profondeur des personnages et je ne veux pas les lâcher. Mais qu'arrive t-il a Danglard? J'ai peur d'une implosion au prochain rendez-vous.
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