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EAN : 9791021039384
192 pages
Tallandier (02/05/2019)
3.79/5   7 notes
Résumé :
Sentiment de déclassement, blocage de l'ascenseur social, taxation fiscale alourdie : la République a failli dans sa promesse de justice et de réussite par le mérite. En deux générations, l'héritage gaullien a été dilapidé conduisant à une grave crise de confiance des Français envers leurs élites. Fin observateur de notre société, l'historien Pierre Vermeren ausculte l'échec des politiques publiques, économiques et d'éducation depuis la fin des années 1970 : la dési... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il ne s'agit pas ici d'un ouvrage sur la crise les gilets jaunes, mais plutôt d'une analyse de quels événements, de quelle situation, de quelles impasses, elle est le dénouement.

Pierre Vermeren nous expose ici comment, en une quarantaine d'années environ, nous sommes passés d'une économie productive, c'est-à-dire basée pour l'essentiel sur la production de biens matériels, industriels, agricoles, miniers,… à une économie tertiarisée (et en partie mondialisée). Comment, à un moment donné, nos élites pour des raisons idéologiques, économiques, financières ont décrété ce modèle obsolète et organisé la fin de l'industrie, de l'emploi, de l'agriculture, la fin de la classe ouvrière, la fin des campagne, etc. une économie sans production matériel, une « France sans usine », et quelles ont été les conséquences de ces choix en terme de recomposition sociale et territoriale et bien sûr en terme économique.

Cette amputation du capital productif du pays (au profit des sociétés financières disons-le) est pour lui la première des impasses où les dernières générations politiques ont conduit la France, et il cite à cet égard l'étude de Laurent Izard, dans son livre « La France vendue à la découpe ».

S'y ajoutent l'endettement, à la hauteur de son PIB « 99% en 2018 » et des dégâts environnementaux et humains catastrophiques pour les générations encours et futures.

Une étude convaincante, qui fourmille de cas concrets et d'exemples dans de très nombreux domaines, navrants hélas, assortie de nombreuses sources intéressantes.
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Je suis en pleine lecture de cet ouvrage, et historien de formation, je peux affirmer que ce livre est un livre d'opinion, et de constats, et non un livre purement historique. Si il raconte quelques faits intéressants (RN10..), ceux-ci servent à étayer l'opinion de son auteur. Dommage. D'autant que certains points rapidement survolés auraient mérités un traitement beaucoup plus conséquent. Pour le dire autrement, l'opinion de l'auteur semble l'emporter sur les faits qu'il décrit sans que celui-ci ne chercher à expliquer ou à comprendre les causes de ces phénomènes
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Or, derrière le maire, toute une économie fait pression sur les collectivités locales dont il est le premier maillon : les aménageurs et les services techniques communaux, qui pèsent bien plus que le conseil municipal dans les grandes villes, où ils sont les vrais donneurs d’ordre, eux-mêmes sous la tutelle des opérateurs privés ; les grandes entreprises de services aux collectivités (eau, gaz, propreté, recyclage, réseaux de transport, mobilier urbain, publicité, BTP, téléphonie, logement social) ; les opérateurs financiers publics et privés ; les grands distributeurs, qui négocient leur implantation avec
des moyens considérables ; et les promoteurs chargés de dégager du foncier et d’assurer le bâti, logements sociaux compris.

Face à cette armée mexicaine au cœur de l’économie française depuis sa désindustrialisation, le maire ne pèse pas lourd, et la tentation est omniprésente de céder à des avantages matériels ou immatériels. Un promoteur de mes connaissances disait qu’il n’avait jamais vu de sa longue carrière un marché public se terminer sans une valise.
L’inflation des services aux collectivités locales nourrit le déficit budgétaire par excès de dépense publique, et le déficit commercial par la désindustrialisation.
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Cette dérive a plongé des secteurs artisanaux entiers dans le chômage, tout en accélérant la déqualification des métiers d’artisans et d’ouvriers du bâtiment. Celle-ci a été portée à un si haut niveau que la langue française n’est plus exigible sur un chantier du bâtiment (pourtant très dangereux et a priori très technique), ce qui fait immanquablement penser au travail des bêtes de somme. L’absence de la clause linguistique traduit une sorte d’animalisation du travail ouvrier réduit à sa seule force brute.
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La métropolisation oppose une douzaine de grandes métropoles françaises aux ambitions européennes et mondiales, dont Paris en premier lieu, au reste du territoire, promis à des activités de second rang (activités productives, circulation, tourisme, villégiature des retraités, etc.) et au déclassement. Elle oppose la France des métropoles, marquée du sceau de la réussite, de l’ouverture au monde et de la haute technologique, aux territoires de la France périphérique.

Dans la rhétorique macronienne de la campagne de 2017, c’est le «nouveau monde » contre « l’ancien ».
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Parmi les impasses majeures dans lesquelles la dernière génération politique a jeté la France, lesquelles conduisent à l’actuelle crise politique et sociale, citons d’abord l’amputation du capital productif de la France, réalisée en une génération au profit des sociétés financières.
Cette liquidation est révélée par l’étude de Laurent Izard, « La France vendue à la découpe ». Citons ensuite l’endettement de la France à la hauteur de son PIB (99 % en 2018), réalisé avec constance depuis 1975, en l’absence de toute guerre. Citons enfin la destruction du capital naturel de la France, dont le symptôme est l’effondrement de la faune et de la flore sauvages, dans des proportions telles qu’elles obèrent l’avenir. On ne traite pas ici d’écologie, mais les racines écologiques de la crise en cours sont imbriquées dans la crise globale.

Selon une étude de l’OCDE parue en janvier 2019, en dix ans – bien qu’un million de jeunes Français aient quitté leur pays – la France compte trois millions de jeunes de 15 à 34 ans inactifs, soit un jeune sur cinq : ils ne sont ni en emploi, ni en stage, ni en études.

Cette situation inédite résulte de la destruction de 6 millions d’emplois agricoles depuis la guerre, suivie par celle de 3,5 millions d’emplois industriels directs et indirects depuis 1984.
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Par étapes, « l’instruction publique », terme abandonné dès les années 1930, est vraiment devenue « l’éducation nationale ». La sphère privée de l’éducation, autrefois dévolue à la famille et à l’Église, a été investie par l’école : à charge pour elle d’éduquer, au sens de redresser le peuple (comme on «élève » un enfant), en vertu d’une vieille tradition révolutionnaire. Mais elle a du même coup relégué l’instruction au second plan.
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Les résultats du classement PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) en 2016 placent la France au 26e rang sur 70 pays. En 2001, elle était 12e sur 32.
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La France qui déclasse [Pierre Vermeren]
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