AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782260017608
342 pages
Julliard (16/10/2008)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Laissons à Alexandre Vialatte, inégalable observateur des moeurs de son temps, le soin de clore avec sa sagesse et son irrévérence coutumières, les célébrations de Mai 68. Le millésime 1968 des chroniques réunies dans ce volume est un grand cru. On y apprendra mille détails essentiels sur "les plus vastes choses et les plus hauts sujets" – océans, fleuves et îles; montagnes, plaines et continents – qui tous "remontent à la plus haute Antiquité". On y croisera surtou... >Voir plus
Que lire après Chroniques 1968Voir plus
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
ET C’EST AINSI QU’ALLAH EST GRAND



Extrait 3

    La Hollande est parmi les plaines les plus célèbres. Elle se situe dix mètres au-dessous du niveau de la mer, si bien que les épaves qui, partout, viennent d’en bas à la marée haute, tombent ici sur la plage de dix mètres de haut, menaçant la vie des promeneurs. C’est pourquoi il est interdit au large des côtes de Hollande, de jeter des bouteilles à la mer. Derrière les digues habitent de vieux hommes étonnés habillés en poupées de bazar, et des jeunes filles vêtues de costumes folkloriques avec toutes sortes de dorures, notamment des œillères en cuivre. Ils ont des visages ronds, des yeux bleus et naïfs et habitent des moulins à vent d’où ils sortent à bicyclette pour parcourir des champs de tulipes. Les meuniers ont dix-neuf enfants qui tiennent difficilement dans l’enceinte du moulin et dont plusieurs dépassent plus ou moins par les fenêtres. Les Hollandais peignent leurs fromages au ripolin et les lavent tous les soirs à la lance d’arrosage avec le reste du magasin. Le « Comte des Digues », personnage important, se promène constamment sur les digues et bouche les trous avec du mastic. Sans ce travail de fourmi, la Hollande, en une heure ne serait plus qu’un fond de mer plein de pieuvres et de poissons-chats. Les habitants se réfugieraient sur les clochers. Le zèle des comtes des digues a permis, au contraire, à des artistes comme Rembrandt de produire une œuvre complète sans jamais s’être mouillé les pieds. Rien n’est plus beau que de voir bâtir une digue. Le dernier jour, lorsqu’il n’y a plus à boucher que le centre (on la commence par les deux bouts), elle plie comme un jonc quand la mer se retire (il n’y a qu’à voir les photos d’avion). C’est un incroyable spectacle qui angoisse tous les Ponts et Chaussées.
Commenter  J’apprécie          30
ET C’EST AINSI QU’ALLAH EST GRAND
Extrait 2
     […]
    La plaine Monceau se trouverait dans l’enceinte de Paris. Des voyageurs m’ont parlé d’elle avec beaucoup de considération. Ils en disent des choses étonnantes. Elle serait bâtie sur l’emplacement d’un ancien cimetière protestant, ornée d’une naumachie et même d’un obélisque, et peuplée par des chats sauvages. Ou tout au moins à demi sauvages. Soit que, sauvages à l’origine, ils se soient à demi apprivoisés ; soit que, domestiqués pour commencer, ils aient fui la maison de leurs maîtres. Ils se réunissent dans un parc, le parc Monceau, qui fut fréquenté à l’époque des pantalons rouges par les soldats et les nourrices, et qui est orné de l’obélisque dont je parlais, et qui servit en 1793, avec bien d’autres, de point de triangulation pour mesurer la longueur du mètre sur la route Paris-Perpignan. (On a établi depuis que le mètre était un peu plus long que lui-même, mais l’obélisque n’a pas changé.) Jeanne d’Arc dormit dans un château de la plaine Monceau et nos rois y chassaient le lapin ; peut-être même, le chat sauvage. Où est la tour de Jeanne d’Arc ? (Où sont les neiges d’antan ?) Les tours passent, les chats envahissent.
Commenter  J’apprécie          10
ET C’EST AINSI QU’ALLAH EST GRAND



Extrait 1

    Ayant chanté les océans, la viande de cheval et les larges trottoirs des avenues fréquentées, et décidé à ne plus chanter que les choses les plus vastes du monde, je chanterai aujourd’hui les plaines et leur horizontalité.
    Les plaines remontent à la plus haute antiquité. Les principales sont la Hollande, la plaine Monceau et le désert égyptien. Elles sont nées de l’absence de montagnes et se distinguent, suivant les spécialistes, par leur horizontalité. Aussi la vue y porte-t-elle très loin, jusqu’à l’endroit où l’horizon n’a plus de couleur, où se confondent le ciel et la terre. On en éprouve une sorte de vertige, le vertige de l’horizontale, sauf en Beauce où le cycliste est pris entre deux murailles de blé qui ne lui laissent voir qu’un ruban de ciel et qui l’étouffent dans leur chaleur touffue, confite, épaisse, obscure et poussiéreuse, très dangereuse pour les asthmatiques. L’homme s’y sent confiné dans un cachot brûlant. Enfermé dans ce four de paille, il cherche l’air, il se ratatine, il souffre de claustrophobie.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Alexandre Vialatte (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Vialatte
Emmanuelle Bayamack-Tam et son invité, Frédéric Boyer.
À l'occasion d'une grande journée dominicale qui célèbre à La Criée les 40 ans des éditions P.O.L, Oh les beaux jours ! a convié l'un des grands noms de ce catalogue, Emmanuelle Bayamack-Tam, qui publie aussi des romans noirs sous le nom de Rebecca Lighieri, et dont l'oeuvre, dense et d'une folle liberté, échappe à toute tentative de classification. Récemment couronnée par le prix Médicis pour La Treizième Heure, l'écrivaine reviendra sur les thèmes récurrents de ses romans : la métamorphose, qui parcourt son oeuvre, mais aussi le rapport au corps – notamment lorsqu'il se transforme à l'adolescence –, la famille et le nécessaire requestionnement du rôle qu'on lui alloue dans nos sociétés, la religion et l'appartenance à une communauté, la question du genre et des identités multiples…
L'entretien explorera également le style Bayamack-Tam, sa capacité à mêler les voix en explorant les genres littéraires (poésie, récit, chanson…) jusqu'à les renouveler, son art singulier et assumé de laisser infuser dans ses romans toutes les lectures qui l'ont «enfantée» en littérature. La conversation portera également sur une pièce de théâtre en cours d'écriture, dont nous sommes allés filmer les répétitions, et sur son goût pour le cinéma, en particulier pour les films de Pedro Almodóvar. Il sera aussi question du roman graphique qu'elle a écrit avec Jean-Marc Pontier, et bien sûr de Marseille, ville de ses origines présente dans nombre de ses romans, avec une interview exclusive d'une patronne de bar bien connue des Marseillais…
À ses côtés, pour évoquer la richesse de son travail et sa double identité littéraire, son éditeur, Frédéric Boyer, apportera un éclairage sur cette oeuvre sans pareille.

À lire (bibliographie sélective) — Emmanuelle Bayamack-Tam, « La Treizième Heure », P.O.L., 2022 (prix Médicis 2022). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Arcadie », P.O.L, 2018 (prix du Livre Inter 2019). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Je viens », P.O.L, 2015. — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Si tout n'a pas péri avec mon innocence », P.O.L, 2013 (Prix Alexandre-Vialatte). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Une fille du feu », P.O.L, 2008. — Rebecca Lighieri, « Il est des hommes qui se perdront toujours », P.O.L, 2020. — Rebecca Lighieri, « Les Garçons de l'été », P.O.L, 2017. — Rebecca Lighieri, « Husbands », P.O.L, 2013. — Rebecca Lihieri et Jean-Marc Pontier, « Que dire ? », Les Enfants Rouges, 2019.
Un grand entretien animé par Chloë Cambreling et enregistré en public le 28 mai 2023 au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
+ Lire la suite
autres livres classés : humourVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20235 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}