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EAN : 9789460018671
325 pages
Vrijdag, Uitgeverij (30/04/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
Sarah De Vlam qui habite actuellement à Seu d'Urgell en Catalogne, Espagne, connaît très bien la région des Pyrénées entre la France et l'Espagne.
Dans 'Le passage des Pyrénées', elle rend hommage aux réfugiés belges et juifs qui ont traversé cette région montagneuse pour échapper aux nazis, à partir de 3 personnages : Pola Zandmer, Henriette Hanotte et Jean Martial.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
+++++++ LE PASSAGE DES PYRÉNÉES +++++++

Lors du dernier confit mondial, le fameux passage des Pyrénées de la France en Espagne a été, pour certains un premier volet vers d'autres destinations telles les États-Unis et la Palestine, mais pour toutes et tous un voyage difficile et dangereux vers la liberté, loin d'une Europe sous la botte nazie. Entre 1940 et 1944, à peu près 80.000 Juifs, Français, Belges, Polonais,... ont traversé clandestinement cette chaîne de montagnes qui s'étend sur 430 km.

L'ouvrage ne constitue pas un mémoire, pour cela son auteure Sarah de Vlam est bien trop jeune. Elle est née dans les Flandres en 1977 et est une historienne diplômée de l'université de Gand. Formation qu'elle a combiné avec des études d'Espagnol. Depuis 4 ans Sarah habite les Pyrénées, dans sa partie catalane, à La Seu d'Urgell, pour ne rien vous cacher, soit à une cinquantaine de kilomètres au sud de Toulouse.

J'ai l'impression que son premier voyage en Espagne lui a été fatal. À l'université de Madrid elle a ensuite suivi des cours de l'histoire d'Espagne. Mais elle a aussi parcouru ce beau pays dans tous les sens, faisant, pendant un temps, partie de l'équipe du renommé Cirque du Soleil. Elle y a aussi perdu son coeur, puisque son compagnon, de qui elle a un fils, est Catalan. Elle remercie d'ailleurs le duo pour leur énorme patience pendant ses longues absences dans les Pyrénées en guerre. La bibliographie détaillée prouve que Sarah a passé bon nombre d'heures dans les archives et devant son écran épluchant internet.

Son ouvrage vient de paraître, le 30 avril dernier, en sa langue maternelle, mais cela ne m'étonnerait pas qu'elle en assurera elle-même sous peu une version espagnole. Et une traduction française s'impose vu l'endroit et la qualité.
Sarah a un blog sur WordPress "Lengua y Paisaje" où elle peut être contactée par email. Elle organise également des voyages pour des compatriotes intéressés par cette superbe région.

C'est en 2014 que Sarah de Vlam, en explorant à bord de sa petite Peugeot et à pied systématiquement les Pyrénées, est tombée dans le village de Sort (en Lérida) sur un minuscule musée consacré aux passants illicites des Pyrénées et qu'elle s'est rendu compte qu'il y en a eu pas mal, à en juger par les noms, originaires de chez nous. Par la suite, elle apprend que rien que dans le camp de concentration de Miranda de Ebro (Castille-et-León), aménagé lamentablement par le caudillo Franco, plus de 900 Belges y ont "séjourné" !

Avant de vous présenter les personnages qui ont fait l'objet d'une enquête minutieuse de la part de Sarah, je tiens toutefois à souligner que l'histoire des réfugiés dans cette partie d'Europe et à cette époque m'intéresse beaucoup depuis longtemps. Ici, je me limite à mon grand héros, Varian Fry (1907-1967), le journaliste new-yorkais qui de sa base à Marseille, a sauvé des milliers de personnes en périls, parmi lesquels une bonne partie de l'élite culturelle de l'entre-guerres, tels Heinrich Mann, Hannah Arendt, Koestler, Feuchtwanger, Anna Seghers, Marc Chagall, Claude Lévi-Strauss etc. de son autobiographie j'ai rédigé une chronique le 5 juin 2017, à laquelle je me permets de vous renvoyer.

Sarah de Vlam a choisi 3 protagonistes principaux pour approfondir la question des Belges, qui se sont enfuis par les Pyrénées, à savoir 2 femmes, nées il y a juste un siècle en 1920, et un homme 3 ans après. Il s'agit concrètement de :

1) Pola Zandmer, née en Pologne et émigrée avec sa famille à Anvers lorsqu'elle avait 6 ans ;
2) Henriette Hanotte de Rumes, près de Tournai et de la frontière française où son père est douanier et sa mère, de nationalité française, gère un bistrot ; et
3) Jean Martial, né en 1923 à Mons en Wallonie, mais qui a vécu avec ses parents, comme gosse, au Congo belge.

L'auteure ne se limite évidemment pas exclusivement à ces 3 personnages. En annexe figure une liste de presque cent Belges qui soient passées par là, comme la résistante "Nadine", en fait Andrée Dumon née à Bruxelles en 1922, qui a pu témoigner à Sarah, malgré son très grand âge et qui a publié en 2018 ses mémoires "Je ne vous ai pas oubliés". Andrée de Jongh, nom de code "Dédée", née à Schaerbeek en 1907 et morte à Bruxelles en 2016 à 90 ans est, à mon humble avis, la plus impressionnante héroïne du Royaume. En Belgique elle a été anoblie et est devenue une comtesse en 1985, en Angleterre elle a été promue au rang de lieutenant-colonel. Il est vrai qu'elle a sauvé, grâce à sa filière d'évasion "Comète" plus de 800 pilotes et coéquipiers aériens. Sur ses initiatives et efforts je peux vous recommander l'ouvrage d'Airey Neave "Little Cyclone" et de Marie-Pierre d'Udekem d'Acoz "Andrée de Jongh : Une vie de résistante".

Dans un prologue, où Sarah de Vlam ne mâche pas ses mots, elle regrette que nos historiens n'aient pas fait preuve de grande ambition à mettre en valeur l'histoire de nos réfugiés. Apparemment le phénomène de la collaboration, probablement pour sa connotation politique, a eu leur préférence. Et comme le note l'auteure, c'est un véritable paradoxe que dans un pays où les réfugiés et migrants venus chez nous font constamment la une des journaux, nos propres réfugiés sont scandaleusement ignorés ou oubliés. Ce n'est pas le genre de considérations qui la rendra populaire parmi notre "élite" politique, surtout celle de l'extrême droite et la sois disante droite "modérée". Perso, j'aime son franc-parler.

Pour la franchise et l'ampleur du travail consenti par l'auteure, je mets le maximum d'étoiles.
Et dire que le "Passage des Pyrénées" est son premier livre et qu'elle n'a que 42 ans. Donc, cela promet pour l'avenir !
Outre que l'ouvrage de Sarah de Vlam est exceptionnellement riche du point de vue historique, à cause de nombreux tableaux, statistiques, listes et comparaisons, il reste avant tout un merveilleux document humain, son empathie et les quelque 30 pages de photos en font un véritable plaisir de lecture.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il est curieux qu'une société, si occupée depuis fort longtemps par les courants de migration et de réfugiés vers la Belgique, montre si peu d'intérêt pour sa propre histoire de migrations et de réfugiés.


(page 15)
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" Il y a trop de réfugiés, disent les gens.
Il n'y a pas assez d'humanistes, disent les réfugiés. "

Ernst Ferstl, auteur né en 1955 à Neunkirchen en Autriche

(page 9).
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