Quel Capharnaüm ! J'ai lu ce livre rapidement et avec intérêt. Il m'a amusé par moments et j'y ai appris des choses (futiles pour la plupart). Mais c'est totalement désorganisé.
L'auteur, ancien grimpeur de haut niveau semble voir l'alpinisme comme un emboîtement de compétitions : germaniques contre les autres, français contre le reste du monde, parisiens contre chamoniards, XVIe arrondissement contre le VIIIe, haute bourgeoisie contre classes moyennes, CAF contre FSGT... En outre ce guide se concentre sur le massif du Mont Blanc (excluant même les aiguilles rouges de l'autre côté de la vallée), le reste (Cervin, Eiger, Yosemite... voire Himalaya) n'est considéré que comme préparation ou méritant tout juste une mention en passant. J'exagère un peu, mais ce n'est pas un guide historique de l'alpinisme.
En dix chapitres, nommés selon des sommets du massif,
Jean-Paul Walch raconte les progrès des grimpeurs et de la technique, mais seul le dernier chapitre décrit en détail l'évolution du matériel (crampons et piolets). Les autres chapitres parlent du matériel et de l'entraînement mais ne constituent pas un guide technique de l'alpinisme.
A part son titre complètement injustifié, ce livre est écrit n'importe comment. Les chapitres sont classés par date, mais dans chaque partie il y a des retours en arrière permanents, l'auteur nous raconte parfois trois fois la même chose en dix pages, semble avoir oublié après une digression le fil de sa pensée... Au fond il veut trop en faire, parler de technique, d'entraînement, d'éthique, de volonté, de sociologie, retracer les petites querelles de ce petit monde et il nous y perd.
Quand à la hiérarchie des grimpeurs, c'est simple : Pierre Allain, grimpeur PARISIEN, était bien meilleur que tous les autres ou presque. Ignorer certains sommets permet de glisser vite sur d'autres grimpeurs d'exception, mais réussir à laisser autant dans l'ombre
Walter Bonatti et
Reinhold Messner demande une sacrée mauvaise foi.
Armand Charlet est évoqué pour ses échecs dans les grandes Jorasses et son blocage des progrès techniques en glace,
Gaston Rébuffat pour avoir plafonné au troisième degré lors de son passage à Fontainebleau, etc. Eh eh, je suis d'aussi mauvaise foi que lui !
Et pourtant, ancien bleausard et actuel cafiste et lecteur de récits de montagne, je me suis amusé à retrouver
Lucien Devies,
Yves Ballu et
Sylvain Jouty, quitte à ce que ce soit à propose de querelles un peu ridicules.
Ceci n'est donc pas un guide pour débutants, mais c'est quand même un petit morceau d'histoire de l'alpinisme, que les passionnés de ce microcosme liront volontiers.