Merci tout d'abord à Babelio pour sa dernière opération Masse Critique et aux Presses Universitaires du Midi pour la découverte de Un peu de calme avant la Tempête.
Le thème de cette pièce de théâtre : peut-on incarner Hitler sur scène?
Voilà l'accroche de la 4ème de couverture et du résumé de l'éditeur.
Tout un programme me suis-je dit en me mettant sur la liste des éventuels futurs "chroniqueurs".
En réalité, même si effectivement il s'agit bien d'un dialogue entre 3 comédiens qui vont être amenés à jouer Hitler, 2 l'ayant déjà fait, il s'agit plus d'un prétexte pour faire un petit traité sur la liberté artistique de la mise en scène.
Les échanges entre les 3 comédiens ne sont pas toujours simples à suivre. le texte étant également en allemand, langue maternelle de l'auteure, Theresia Walser, les germanophones trouveront peut être un plaisir plus grand à lire cette pièce dans le texte.
Car oui, il faut le préciser, Theresa Walser est reconnue comme l'une des figures majeures du théâtre contemporain" avec plus de 20 pièces à son actif.
Cette pièce, première publiée en France, met en avant de façon très intéressante la complexité de la nature humaine et surtout les arcanes de la comédie humaine, du narcissisme de certains comédiens.
Au delà de la question de savoir si jouer Hitler est possible, car être un comédien digne de ce nom nécessite de se mettre dans la peau du personnage, l'auteure pose une question de fond "peut-on tout jouer?" ou "doit-on accepter de tout jouer" sans se perdre un peu, rester marquer par le rôle tant soi même que vis à vis du public.
La question et le thème du type de mise en scène sont traités avec drôlerie, ironie, voire parfois perfidie et loufoquerie.
Les dialogues sont denses, la relecture parfois nécessaire du fait du report de certaines réponses plusieurs pages plus loin, à des questions que les comédiens se posent.
Un regret : une conversation in fine assez éloignée de l'idée que la 4ème de couv nous laisse entendre mais cela dépassé, un sujet traité avec force et sans concession.
Un mot particulier concernant la préface de l'universitaire Catherine Mazellier-Lajarrige. Elle met en avant la position que nous allons avoir tout au cours de la lecture, celle de "lecteur-spectateur". La posture des trois comédiens y est parfaitement décrite tout comme les mécaniques totalitaires,
En soulignant que cette pièce représente le premier volet d'une réflexion sur la représentation du mal et les moyens du comique pour aborder l'inhumanité, cette universitaire nous donne des clés indispensables pour aborder l'œuvre de Theresa Walser.
Cette partie de l'ouvrage a contribué aux 4****
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(dans le dialogue à 3 de cette pièce de théâtre, description de Dieter Fels, metteur en scène de théâtre)
Un texte ce n'était jamais pour Dieter Fels seulement un texte.
Un texte, c'était aussi toujours pour Dieter Fels une partition qu'il s'agissait de faire sonner.
Une partition dont il réveillait, comme un chef d'orchestre, les aigus, les basses, les variations, le chuchotement, le susurement, le chuintement, murmure et gloussement, sans oublier les silences, qui ne sont pas des silences, mais une suspension, une absence de son, une ignorance de la suite, une écoute à l'intérieur de soi, un rassemblement de forces pour d'autres batailles