Quelle est rude
La Chute dans le néant ! Rude et vertigineuse.
Encore une fois (pensons par exemple à
Quinzinzinzili de
Régis Messac ou bien à
L'oeil du purgatoire de
Jacques Spitz), les éditions de L'Arbre vengeur nous proposent un auteur tombé dans la méconnaissance générale,
Marc Wersinger, et une oeuvre très particulière,
La Chute dans le néant, datant de 1947. Je multiplie les textes empiriques de la première moitié du XXe siècle : une nouvelle fois, ici, nous partons d'un concept relativement simple, mais exploré vraiment à fond, d'une manière jusqu'au-boutiste.
Robert Murier, ingénieur, se découvre subitement d'étranges pouvoirs physiques et psychiques. Au fur et à mesure, il se retrouve à les tester de plus en plus, mais pour finir coincé dans un corps qu'il contrôle de moins en moins. le mythe du super-héros est balayé dès les premières lignes, puisque le héros ne compte pas spécialement faire le bien, il veut juste vivre sa vie. Pour autant, ses pouvoirs le bouffent inévitablement et la chute est inexorable jusqu'à ce dernier chapitre forcément baptisé « le néant » qui nous laisse immanquablement sur une note très métaphysique.
Les petites illustrations en noir et blanc de la part de Greg Vezon accompagnent notre voyage aussi mystérieux que gênant, car, en partant pourtant d'un concept simple à comprendre, il bouleverse une partie de nos certitudes sur la stabilité des atomes, sur la composition de nos corps, et sur le sens même de notre existence. Moi qui suis assez sensible sur ce dernier sujet, je me retrouve encore une fois à refermer fiévreusement un livre de cette collection, en me demandant ce qu'on peut bien foutre en cet univers.
La Chute dans le néant est le seul roman que nous aurons à lire de
Marc Wersinger, mais il est diablement intéressant et stressant. Sans être un souvenir impérissable ni d'un style parfait, il pose les bonnes questions d'une manière bien tournée, c'est l'essentiel.