L'histoire de
Stella se confond avec la grande Histoire, elle est une tache qu'on ne peut effacer, elle rappelle tout ce qu'on est capable de faire pour survivre, même le plus abject.
Stella Goldstacht, juive dans l'Allemagne nazie, fait partie de ceux qui comme elle, ont fait le choix (mais en est-ce vraiment un quand vous avez été torturée, que la vie de vos parents tient à vos performances ?) de dénoncer des membres de sa communauté pour continuer à vivre le plus longtemps possible.
Cette jeune femme blonde porte le beau nom de
Stella et elle est aussi étincelante qu'une d'entre elles : elle veut être libre, devenir une vedette de la chanson, mais nous sommes à Berlin, le régime nazi est au pouvoir et elle est juive. Prétendant s'appeler Kristin, elle chante dans des cabarets, pose dans les ateliers ... Sa vie va croiser celle d'un jeune homme suisse, Friedrich Grüezi, qui arrive à Berlin en 1942 et s'installe à l'hôtel Adlon.
Stella va être arrêtée par la Gestapo, torturée et devenir l'un de leurs agents de renseignements. Et bien que sachant ce qu'elle fait, Friedrich va l'aimer, la soutenir, le plus possible jusqu'au jour où les actes de
Stella lui seront trop insupportables pour continuer. Car Friedrich n'est pas comme les autres hommes. Issu d'une famille aisée (son père de Friedrich importe du velours), il se sent terriblement seul, pas à sa place. Sa mère, alcoolique, se prétend peintre, mais aucune de ses toiles n'est visible. Elle est une grande fan d'
Adolf Hitler et du parti nazi. En 1929, Friedrich a été défiguré par un conducteur de traîneau qui ne supportait pas qu'on lui lance des boules de neige. Il ne voit plus les couleurs, ce qui contrarie sa mère, qui veut qu'il fasse les Beaux Arts. En 1942, la mère de Friedrich part avec un officier allemand, Friedrich part pour Berlin tandis que son père va à Istanbul attendre la fin de la guerre.
Chaque chapitre commence par l'énumération de différents événements qui ont lieu de par le monde au même moment et à l'intérieur de chaque chapitre, on trouve des notes extraites du procès de
Stella Goldstadt, détaillant les noms, le moment et la façon dont elle a manoeuvré pour dénoncer des personnes de confession hébraïque.
Le livre a été très contreversé en Allemagne, comme si il remuait une boue nauséabonde que personne ne veut revoir. Je trouve au contraire qu'il est particulièrement intéressant et nécessaire de conserver le souvenir de ce que cette jeune femme a fait : qui sommes-nous des années après pour juger, qu'aurions-nous fait à sa place ? Nous nous pensons tous des héros, mais la vérité est que nous n'en savons rien.
Stella ne voulait plus être juive si ça l'empêchait d'être une jeune femme libre et de réaliser ses rêves.
Après la victoire des alliés,
Stella a été condamnée et a fait de la prison. Elle a eu 5 maris qu'elle a tous quitté et s'est suicidée dans les années 1990. Son histoire avec Friedrich la rend juste terriblement semblable à n'importe quel autre d'entre nous dans notre ensemble. Cet amour partagé est peut être la seule belle chose de son histoire (même si c'est un roman) et Friedrich est son pendant masculin : quand il devra regarder la vérité en face, il s'enfuira. Un roman à lire pour ne pas oublier.