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Corinne Atlan (Traducteur)
EAN : 9782268067698
283 pages
Les Editions du Rocher (12/03/2009)
3.25/5   6 notes
Résumé :

Il n'y a rien de plus précieux, de plus beau, de plus pur qu'un être humain. En même temps, rien n'est plus abject, plus infâme, plus stupide, plus pervers, plus avide et plus cruel.

Ainsi s'exprime le médecin des pauvres Kyojô Niide, surnommé Barberousse, personnage bourru et haut en couleur, qui dirige son dispensaire d'une main de fer et prodigue des soins aux plus démunis des bas quartiers d'Edo.

Pour lui, la maladie e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
820, Edo (Tokyo) - Japon.
Fraichement sorti d'une école de médecine hollandaise à Nagasaki, Noboru Yasumoto espère une carrière prestigieuse auprès du Shogun, grace à ses appuis. Pourtant à sa grande déception, il est affecté dans un dispensaire qui soigne gratuitement les indigents, auprès de Kyojo Niide, surnommé Barberousse.
Le jeune ambitieux refuse de s'impliquer et se plaint des conditions de vie.

" Il n'avait aucune intention de rejoindre l'équipe de médecins stagiaires. Il suffisait d'ouvrir les yeux pour se rendre compte que travailler dans ce cadre était salissant et peu stimulant, pour ne pas dire fort ennuyeux."

" On a beau être dans un établissement de soins gratuits, la moindre des choses serait de nous faire dormir sur des tatamis comme tout le monde."

Barberousse, autoritaire et bourru, ne dit rien et décide d'emmener Noboru avec lui dans ses consultations. Peu à peu, le jeune homme découvre des cas divers de maladies souvent liés à des difficultés sociales ou financières. Sa révolte s'assouplit et il devient admiratif devant le travail de son mentor.

Ce roman est une formidable approche de la basse société japonaise de l'époque. A travers les portraits des différents patients, on découvrela misère humaine des petites gens : des jeunes filles exploitées pour la prostitution au détriment de leur santé, Oyumi la nymphomane qui tue ses amants suite à différents traumatismes, un garçon de ans qui vole pour nourrir sa famille, le suicide d'une famille entière pour échapper à la honte et à la misère, un homme qui fait des demandes de mariage compulsives, un vieil homme qui sacrifie sa vie et sa santé pour expier une ancienne faute, ...

Les situations sont dramatiques et on ne peut rester indiférent devant tant de détresse.
Noburu s'éveille à la compassion et finit par adhérer aux réflexions humanistes du médecin.

"Il n'y a rien de plus précieux, de plus beau, de plus pur qu'un être humain. En même temps, rien n'est plus abject, plus infâme, plus stupide, plus pervers, plus avide et plus cruel."

"Pour moi, l'humanité authentique se trouve plutôt chez ceux qui souffrent de la pauvreté et de l'ignorance que chez ceux qui s'enrichissent et mènent des vies prospères ; ce sont les premiers et non les seconds qui ont véritablement espoir en l'avenir."

On y découvrira aussi une critique des politiques de l'époque qui vont réduire les "subventions" du dispensaire pour vivre plus largement, signifiant ainsi la mort de nombreuses personnes, qui ne peuvent payer les consultations.

"- Ce que nous pouvons faire actuellement, ce que nous devons commencer à faire, c'est lutter contre la misère et l'ignorance pour pallier les insuffisances de la médecine, tu comprends ? […] Tu peux toujours dire que c'est un problème politique, c'est la façon habituelle de se débarrasser de la question ! Mais qu'est-ce que la politique a fait jusqu'à présent pour éradiquer la misère et l'ignorance, hein ? Prends la misère, simplement : depuis le début du gouvernement d'Edo, il y a eu je ne sais combien de lois et d'ordonnances, mais peux-tu me citer un seul article interdisant de laisser les êtres humains vivre dans le dénuement ? "

Des réflexions qu'on pourrait encore ressortir aujourd'hui....
Le style du roman est simple, sans fioritures mais Yamamoto se reclame du genre de "littérature populaire" et refuse que ses écrits soient considérés comme de la littérature.
Il est à noter que ce roman a été adapté par le célèbre Akira Kurosawa sous le même titre en 1965 avec le légendaire Toshiro Mifune dans le rôle titre. Kurosawa a d'ailleurs repris d'autres titres (non-traduits) pour les films : Sanjuro et Dode's Kaden.

Une plongée dans le Japon du 19ème et ses bas fonds à découvrir pour son réalisme et son humanisme.
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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Kyojô Niide est le médecin en chef d'un dispensaire. C'est un homme vieillissant, autoritaire, parfois colérique, mais un homme au grand coeur, surnommé Barberousse : "la barbe de l'homme était en fait d'un gris mêlé de blanc plutôt que rousse, mais l'énergie qui émanait de ses traits justifiait ce surnom".
Même si la tâche semble perdue d'avance, tant la misère est forte, Barberousse se démène sans compter (malgré les restrictions budgétaires que le gouvernement shogunale lui impose) pour soigner les plus démunis, et pour cela, n'hésite pas à faire payer très très cher les consultations ou les médicaments préparés pour les plus riches, pour trouver quelque argent. Il est un peu Robin des bois, ce personnage, qui pense à une sorte d'état-providence avant l'heure. Kyojô est un Humaniste pour qui personne n'est foncièrement mauvais : tout le monde est à plaindre, puissants et pauvres, tous sont ignorants et stupides : "Ce que nous pouvons faire actuellement, ce que nous devons commencer par faire, c'est lutter contre la misère et l'ignorance".
Autre personnage, Noboru Yasumoto, jeune médecin, tout juste sortant de Nagasaki où il a appris la médecine occidentale. Ce jeune homme est arrogant, prétentieux, mais son expérience au dispensaire va le mûrir et il se débarrassera de ses stériles ambitions pour gagner en humanité. Roman d'apprentissage, mais aussi roman des petites gens dont Yamamoto fait de poignants portraits : chaque chapitre apporte une histoire dans l'histoire, car chaque patient donne lieu à un récit en soi : des petites gens souvent aux portes du désespoir, survivant de petits boulots, mal nourris, enfants qu'on met au travail ou qu'on vend.
Yamamoto est un conteur qu'on sent au plus près de ce peuple à qui il donne toute sa dignité.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
La science médicale ! Un nom pompeux pour une chose misérable...Plus les années passent, plus j'exerce ce métier, et plus je le trouve désespérant. Quand une maladie se déclare, un organisme va pouvoir la vaincre tandis qu'un autre s'effondrera. Le médecin peut reconnaître les symptômes, suivre l'évolution, et éventuellement aider un peu un organisme assez fort pour lutter, mais c'est tout. Voilà à quoi se limitent les capacités de la prétendue "science médicale".
Kyojô agita une de ses robustes épaules, comme pour exprimer son autodérision face à cette triste constatation.
- Ce que nous pouvons faire actuellement, ce que nous devons commencer par faire, c'est lutter contre la misère et l'ignorance. Seule la victoire sur la misère et l'ignorance peut pallier les insuffisances de la médecine, tu comprends ?
"C'est un problème politique, ça", songea Noboru. Comme s'il avait entendu Noboru énoncer tout haut sa pensée, Kyojô s'exclama avec véhémence :
- Tu peux toujours dire que c'est un problème politique, c'est la façon habituelle de se débarrasser de la question ! Mais qu'est-ce que la politique a fait jusqu'à présent pour éradiquer la misère et l'ignorance, hein ? Prends la misère, simplement : depuis le début du gouvernement d'Edo, il y a eu je ne sais combien de lois et d'ordonnances, mais peux-tu me citer un seul article interdisant de laisser les êtres humains vivre dans le dénuement ?
Là-dessus, Kyojô se tut et serra hermétiquement les lèvres. Sans doute s'était-il rendu compte du caractère quelque peu puéril de cette tirade débitée sur un ton plein de fureur.
- Pourtant, docteur, répliqua Noboru, ce dispensaire...Le système des centres de soins gratuits, n'a-t-il pas été financé justement par le gouvernement d'Edo ?
Kyojô leva une épaule et la secoua.
- Le dispensaire ? fit-il, les traits de nouveau empreints d'une tristesse mêlée d'autodérision. Si tu restes ici, tu le comprendras : les soins prodigués ici valent mieux que rien, mais la source du mal remonte plus haut : si l'on remédiait tant soit peu à l'ignorance et à la pauvreté, il y aurait déjà plus de la moitié des maladies en moins.
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Un peu avant le début de la saison des pluies, Noboru commença de sa propre initiative à porter l'uniforme des médecins rattachés au dispensaire. La première fois qu'il enfila la veste à manches étroites en coton gris clair et la pantalon large raidis par l'empois, il se sentit assez mal à l'aise sous les regards stupéfaits que lui décochait les membres du personnel.
Kyojô Niide et Handayû Mori se gardèrent de tout commentaire, et firent même mine de ne pas remarquer son changement de tenue. Les autres médecins ne dirent rien non plus, mais leurs regards ironiques et leurs sourires légèrement sarcastiques parlaient pour eux. La seule personne à se réjouir sincèrement de cette modification de comportement chez Noburu et à le lui exprimer ouvertement fut Oyuki, une jeune fille qui travaillait aux cuisines. Chaque fois qu'elle apercevait Noboru dans sa nouvelle tenue, elle joignait les mains en poussant une exclamation de surprise et d'admiration, et se mettait à sourire jusqu'aux oreilles.
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Ce qui nuit à la santé des pauvres, la plupart du temps, c'est le manque de qualité de l'alimentation, dit Kyojô à Noboru ; mais chez les riches et les puissants, la cause principale réside dans l'excès de mets délicats. Je ne connais rien de plus ignoble au monde que de se ruiner la santé en bâfrant.
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