Atom Agency, tome 1 : Les bijoux de la Begum

Jeux de mots et calembours égayent cette histoire de vol de bijoux et de résolution de l'enquête en famille.
le père, les parrains et les oncles , policiers au 36 et le fiston, détective novice vont, chacun de leur côté tenter de résoudre ce vol perpétré sur la Côte d'Azur.
Des planches façon films années50, des dialogues au cordeau pour une aventure rocambolesque; quelques clichés qui datent cette BD dans le temps et l'espace.
Divertissant et nostalgique.

“Ciel mes bijoux !”
Cette petite phrase célèbre doit rappeler quelque chose à beaucoup d'entre vous. Évidemment, l'incontournable “Les bijoux de la Castafiore”. le trait et le dessin d'Olivier Schwarz rend un hommage à la bande dessinée belge des années 50, Hergé bien sûr, mais plus encore Maurice Tillieux, avec les trois héros calqués sur l'équipe de Gil Jourdan, l'agence de détective qui enquête sur de grosses affaires. le trait ‘ligne claire” est élégant, jouant sur le classicisme de la bande dessinée avec une nostalgique maestria.
Mais voilà, pour en revenir à la petite phrase célèbre, voulant vérifier un détail sur internet je suis tombé sur une énorme surprise : cette histoire du vol des bijoux de la Begum est une histoire vraie ! et dans cette histoire vraie, la femme de l'Aga Khan aurait effectivement crié “Ciel mes bijoux !” et cela aurait inspiré Hergé. Donc retour à l'envoyeur avec une pirouette malicieuse.
Certains personnages sont donc bien réels, certains faits aussi, c'est plutôt un bonne idée pour lancer une nouvelle série et cela fonctionne bien : scénario efficace et assez réaliste, même si cela reste assez classique, personnages bien campés, attachants, même les plus secondaires, dialogues pertinents jouant avec les différents argots du milieu, entre Paris et Marseille, ça sonne à l'oreille, Audiard rencontre Pagnol, couleurs naturelles et riches, décors soignés… L'univers du catch qui vient s'immiscer dans le récit apporte une dynamique supplémentaire pourtant déjà bien lancée, l'ambiance fin des années 40 est minutieusement travaillée et le petit plus “mécanique automobile” particulièrement bien soigné est un clin doeil supplémentaire à Maurice Tillieux.
Pour les nostalgiques de Gil Jourdan, cette série démarre très fort, espérons qu'elle n'avortera pas trop tôt, les auteurs jonglent habilement entre rétro et modernité et sont parvenus à créer une atmosphère riche et attrayante. Ils ont pris tout ce qui est bon dans Gil Jourdan tout en modernisant et en améliorant ses faiblesses. Et pour ceux qui ne connaissent pas Gil Jourdan, vous pouvez y aller sans problème, c'est une lecture réjouissante, qui donne vraiment envie de découvrir d'autres aventures d'Atom Vercorian.

France, 1949. Les bijoux de la Bégum ont été volés. La Bégum ?! La femme de l'Aga Khan, l'homme le plus riche du monde, enfin ! La police est sur les dents... et la toute nouvelle agence Atom également !

Une très jolie petite surprise que ce premier volet de l'Atom Agency (finalement dénommée ainsi) ! Récit bien mené, de l'action à gogo, quelques traits d'humour... et une ambiance délicieusement rétro. "Polar" 2018 de la meilleure série au festival polar de Cognac, soit dit en passant. le tome 2 vient de sortir : j'ai franchement hâte de découvrir la suite des aventures d'Atom Vercorian, de la pétillante Mimi-Pinçon et Jojo la Toupie !

Atom Vercorian, le héros de Yann et Schwartz porte des pantalons de golf, comme Tintin. Il a monté une agence de détective qui peine à trouver ses marques. Son associée est délurée. Elle recrute un ancien catcheur et permet ainsi de reconstituer le trio Gil Jourdan / Queue-de-cerise / Libellule. Après avoir échoué à reprendre carrément la série, faute d'un accord avec la fille de Tillieux (Wikipédia dixit) notre duo d'auteurs nous en offre un succédané plutôt sympathique, mais...
Les trois lascars se lancent sur la trace des bijoux de la Bégum, authentiquement dérobés en août 1949. On croise une flopée d'Arméniens, des gangsters sans pitié, des flics empotés, on évoque l'occupation et les amitiés sulfureuses nouées dans la résistance - telle celle qui lia "pour de vrai" le directeur de la Sûreté nationale Pierre Bertaux et le malfrat Paul Leca.
Bref, Yann immerge ses personnages dans une semi-réalité et Schwartz use avec bonheur de la ligne claire. le dessin est exceptionnellement fluide, parfois chargé et les décors d'époque sont soignés. Il y a de la violence, on voit du sang et on entend parler de sexe.
Dommage que le scénario, qui démarre pas mal, ne soit pas plus travaillé : certains ressorts sont prévisibles et certaines ficelles un peu épaisses. Dommage que les dialogues abondants sonnent parfois faux. Dommage que le personnage principal manque d'épaisseur : il parle beaucoup et ne manifeste aucun humour. Alors que Gil l'original était remarquable de sobriété et d'ironie, - notamment dans les premiers albums - Atom la copie s'agite un peu dans tous les sens et s'essouffle rapidement.

Août 1949, La Bégum, la femme de l'Aga Khan se fait dérober ses bijoux en sortant de sa villa du Cannet.

Paris, même date, Atom Vercorian, fils du commissaire Tigran Vercorian, qui souhaite développer une agence de détectives, tente d'obtenir des renseignements sur ce vol, car la récompense substantielle lui permettrait de se faire connaître. Mais papa Vercorian n'est pas de cet avis et veut que son fils fasse du droit et se marie avec une Arménienne qu'on lui a choisie, Sandouie, fille de bonne famille. Atom, veut s'émanciper et aime davantage la compagnie de Mimi, son associée dans l'agence, gouailleuse, futée, débrouillarde.

Une belle et heureuse surprise cette bande dessinée de comédie policière, très fidèle aux années 50, aux films de l'époque. On ne s'étonne pas d'ailleurs de trouver des personnages qui ressemblent à des acteurs : Jojo la Toupie, ex-catcheur et futur associé de l'agence Atom Agency ressemble beaucoup à Jean Gabin, Mimi a des traits le langage et la voix -je l'entends parler- de Danny Carrel... La référence à Tintin est manifeste, dans le titre Les bijoux de la Bégum, ou l'une des premières phrases criée par la Bégum : "Ciel ! Mes bijoux !" : ajoutons les bas de pantalon d'Atom, à la Tintin et le trait du dessin d'Olivier Schwartz.

Tout cela est bien agréable, mené tambour battant, entre mandales, poursuites, coups de feu, méchants très méchants, une famille arménienne très présente et pesante et les conséquences des actes posés et des rencontres faites pendant la guerre qui pourraient bien gêner certains.
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