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EAN : 9782330027353
378 pages
Actes Sud (12/02/2014)
4/5   4 notes
Résumé :
Invitation au voyage, chronique subjective et piquante, déclaration d’amour insolente et bravache, exercice d’autodérision joyeuse, les carnets de Benny Ziffer sont tout cela à la fois. Écrits d’une plume de poète voyou nourri de ce français chantant jadis indissociable du Levant, ils nous entraînent du Caire à Paris, en passant par Istanbul, Athènes et Amman, avec l’art des détours et des rencontres, dans la fréquentation des marges et la contemplation des multiple... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pour ne pas rater l'occasion de rencontrer le rêve, je dois me montrer prêt à voyager à tout instant

Le Caire, Port-Saïd, Alexandrie, Amman, Jérusalem, Istanbul, Athènes et Paris.

Moi qui voyage plus souvent dans les livres que sur les chemins du monde, je perçoit néanmoins ce que veut dire Benny Ziffer dans « je n'ai voyagé que dans des endroits que je connaissais déjà… ».

Des livres, des boutiques, des bibliothèques, des marchés aux livres. Peut-on commencer autrement des carnets de voyage ?

Des livres, des carnets à feuilleter, voyages et littérature. « La littérature de voyage n'est pas une recherche sociologique ou politique. Elle contemple le monde à travers une vitre. Son plaisir est de regarder pour apercevoir dans la vitre le reflet de soi-même. Elle a quelque chose d'insensible, voire de sadique. Mais sa nature, c'est exactement cela ». Qu'importe alors les désaccords, quelquefois, avec les positionnements politiques de l'auteur, qu'importe ses regards partiels. Benny Ziffer croise des individu-e-s, relié-e-s souvent par les imaginaires juifs, il anime ses voyages, promenades, rencontres, sourires, des couleurs de l'espoir…

Les paysages révèlent les traces profondes de longues cohabitations, d cultures métissées.

Et comment mieux rendre compte de ce livre, que d'en extraire des passages, des sensations, d'assumer la subjectivité d'un lecteur promené, dans l'espace et le temps, invité à croiser Naguib Mahfouz, Constantin Cavafy, Gustave Flaubert, Mark Twain et des hommes et des femmes plus anonymes, dans des cheminements aléatoires, des errances, des rues ou des devantures bigarrées…

Une certaine unité du pourtour méditerranéen, lieu de rencontres, de migrations, d'invasions, de colonisations…

Le Caire. « Toutes les théories s'évaporent devant le désir de se tenir au milieu d'un pont et de contempler le courant au-dessous de moi, la ville entassée autour de ses flots, superflue et nécessaire comme un décor du Nil, ou comme devant exister pour se refléter dans le Nil, et pour que l'être humain comprenne combien il est laid, inutile et stupide ».

Les carnets. « au milieu de minuscules humiliations qui, au fil du temps, se sont accumulées, ont enflé en moi et ont fait que je remplirais plus tard des carnets, des cahiers et des bouts de papier de mots, de mots, de mots, dont chacun, et même les espaces entre eux, incarne les revanches tardives sur toutes les discriminations pédagogiques mineures ».

Les marchés. « Au marché du vendredi de Bassatine, on ne foule pas le sol, mais les restes préhistoriques des marchés du vendredi d'antan, et de ceux qui les ont précédés, et ainsi de suite à l'infini : des jambes de poupées et des pièces d'outils, des clous et des vis, des lambeaux de cartables et des pages de cahier déchirées ».

Khan al-Khalili. « C'est là le véritable théâtre national du Caire : l'occasion de notre vie d'être à la fois spectateurs et acteurs d'une représentation permanente dans laquelle nous sommes censés nous laisser tenter par l'achat des mensonges d'autrui et la vente des nôtres ».

Alexandrie. « Alexandrie m'a appris à ne pas croire un mot de ce qu'on raconte à son sujet. Et donc, ne croyez pas un mot des histoires que je colporte sur son compte avant de la visiter par vous-mêmes, et, à votre tour, vous rapporterez de merveilleux bobards, et vous tenterez d'autres personnes pour qu'elles constatent ses prodiges, déambulent sous le charme, et reviennent raconter ses merveilles. Et ainsi de suite ».

Spiritualité. « Les chants entonnés par les voix en solo des hommes assis par terre étaient tristes et monocordes. Quiconque rencontrerait ces hommes dans la vie quotidienne ne soupçonnerait peut-être pas leur voix intérieure. C'est là que s'exprime le doux pouvoir si séduisant de la religion en général, et de l'islam en particulier, le pouvoir de l'homme pauvre qui ne se distingue pas au-dessus de la masse ».

Istanbul. « Ce n'est pas à la recherche du temps perdu que je me suis rendu à Istanbul mais pour me plonger, yeux clos, dans le parfum de ses armoires où m'attend, justement, le temps à venir, un temps tyrannique qui me fait signe du doigt ».

Rue Istiklal. « déambuler au crépuscule au milieu de la cohue de la rue Istiklal, et les rumeurs nous attirent, nous enveloppent et nous expédient, dans une coquille mélodieuse, vers les temps à venir dans lesquels nous aurons, nous aussi, notre part dans ce qui s'efface, puis revient puis s'efface, jusqu'à la fin des temps ».

Poète. « En somme, quelqu'un qui ne laisse aucune trace dans la mémoire des hommes et dont toute l'oeuvre poétique n'est que la manifestation de l'instant, un souffle d'air, un sillage blanc qu'une barque dessine fugacement sur l'onde ».

Des films, des cinéastes, des commerçant-e-s, des tableaux et des peintres, des rues et des immeubles, des noms de lieu, des nuits et des jours, le sel de la mer, la poussière, les terres calcinées, les cafés, la fabrication du miel de la mélancolie, les bateaux, ne faites pas attention où vous mettez les pieds…

Déambuler sous les charmes, enfiler ses sandales, raconter des merveilles, surmonter les pensées de l'injustice, et, pas à pas, s'en aller, « ne croyez pas un mot des histoires que je colporte ».
Lien : https://entreleslignesentrel..
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J'ai de plus en plus de mal à rédiger des avis qui me satisfassent – mais je crois qu'en rédigeant celui-ci, je ressens une véritable impuissance, un peu comme si j'étais une alpiniste sans aucun équipement face à l'ascension qui m'attend.
Entre nous, les levantins est un récit de voyage au coeur des pays qui entourent la Méditerranée. le voyage débute au Caire, se poursuit à Amman, Alexandrie, pour atteindre Jérusalem avant de gagner Istanbul, Athènes puis Paris. Plus que des monuments – et ce sera le cas à chaque étape du voyage -, Benny Ziffer nous invite à découvrir des lieux intimistes et à partager ses rencontres. Elles sont importantes, qu'il s'agisse d'amis (Niemand) ou d'auteurs comme Naguib Mahfouz. La littérature est essentielle dans ce récit. Il rend hommage à Flaubert et à son style. Il marche sur les pas de Mark Twain. Il m'a donné envie de découvrir les romans d'Alaa El Aswany. Il règle aussi son compte à la littérature de voyage, option tourisme en disant son admiration pour Théodore Monod : "L'égo de l'auteur est si absent de son écriture que nous lisons, en fait, un texte mystique qui ne s'autorise pas à se nommer ainsi. "
Benny Ziffler part aussi à la recherche de l'histoire, la grande, la petite, qu'elle soit vécue par ceux qu'il croise au cours de son périple, qu'elle est laissée des traces sur les villes, au coeur des quartiers, ou qu'elle se soit inscrite dans la mémoire collective de ces Levantins. La musique, les arts, et même le cinéma ont des résonances inattendues – voir la projection du film Caramel de Nadine Labaki.
Plus qu'une lecture d'une traite, j'ai vraiment effectué des allers-retours entre les différents chapitres de ce récit de voyage, qui m'a fait découvrir bien des faits, des lieux, que j'ignorai complètement.
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Benny Ziffer est un journaliste israélien. Il se revendique aussi comme "levantin" - d'un Levant qui s'étendait d'Athènes au Caire, Istanbul pour métropole, la littérature francophone pour culture.

Ses carnets de voyage nous emmènent successivement au Caire, à Amman et dans ses environs, à Jérusalem, sur les pas de mark Twain en Galilée, à Istanbul, à Athènes et même à Paris.

Peu d'attraction touristiques, les touristes sont plutôt considérés avec commisération. Au lieu de visiter les sites et les musées, Ziffer flâne dans les marchés avec une prédilection particulière pour les bouquinistes qui vendent à même le trottoir les livres en français ou les suspendent avec des pinces à linge. Il traîne dans les cafés et les lieux nocturnes du Caire en compagnie de son acolyte Niemand - personne - un Ulysse poète juif qui reviendrait à Ithaque/le Caire- improbable personnage, double imaginaire de l'auteur. Il passe une soirée avec Mahfouz. Nous emmène au cinéma....

A Alexandrie il rencontre le sosie de Cavafy, mais il faut se méfier des histoires qu'on colporte sur Alexandrie. j'en ai fait l'expérience personnelle!

C'est sur la piste d'une phrase de Flaubert qu'il traverse la Jordanie et nous en apprendrons lus sur le verre peint d'Hébron vendu par un arménien que sur le musée d'Amman.

J'ai été étonnée de la porosité des frontières. Ziffer ne se cache nullement d'être israélien. Au contraire, sa carte de presse lui ouvre certaines portes fermées. Et chaque fois, il souligne les parentés, les ressemblances entre les Levantins. Quant aux religions, elles offrent de surprenantes découvertes, Ziffer va à la synagogue au Caire et dans un monastère à Jérusalem. C'est en Israël, qu'il assiste à une cérémonie mystique soufie de derviches tourneurs.

Son récit à Istanbul est plus personnel, il touche de près ses origines familiales, la maison de ses parents, leurs amis. Plus politique aussi, le rapport au sionisme, politique turque aussi.

Et si le Moyen Orient oubliait ses différences pour ne vivre que ce qui rassemble?

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Lorsqu'il [Théodore Monod] ne réussissait pas à expliquer avec des mots, il le faisait avec des dessins, et c'est ce qui confère à ses journaux une qualité littéraire supérieure à toutes les rognures de ceux qui se proclament écrivains et s'échinent dans leurs cabinets de travail. Décrit-il une insolation mortelle et ses effets sur l'organisme du cavalier du désert, et l'on comprend que nous avons affaire à un écrivain de la précision absolue. Et ses descriptions de paysages monotones ne le sont pas pour qui saisit les nuances des couleurs du sol et des formes rocheuses, elles nous offrent un poème de mille hymnes à l'amour. L'égo de l'auteur est si absent de son écriture que nous lisons, en fait, un texte mystique qui ne s'autorise pas à se nommer ainsi.
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Toutes les théories s’évaporent devant le désir de se tenir au milieu d’un pont et de contempler le courant au-dessous de moi, la ville entassée autour de ses flots, superflue et nécessaire comme un décor du Nil, ou comme devant exister pour se refléter dans le Nil, et pour que l’être humain comprenne combien il est laid, inutile et stupide
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Alexandrie m’a appris à ne pas croire un mot de ce qu’on raconte à son sujet. Et donc, ne croyez pas un mot des histoires que je colporte sur son compte avant de la visiter par vous-mêmes, et, à votre tour, vous rapporterez de merveilleux bobards, et vous tenterez d’autres personnes pour qu’elles constatent ses prodiges, déambulent sous le charme, et reviennent raconter ses merveilles. Et ainsi de suite
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Les chants entonnés par les voix en solo des hommes assis par terre étaient tristes et monocordes. Quiconque rencontrerait ces hommes dans la vie quotidienne ne soupçonnerait peut-être pas leur voix intérieure. C’est là que s’exprime le doux pouvoir si séduisant de la religion en général, et de l’islam en particulier, le pouvoir de l’homme pauvre qui ne se distingue pas au-dessus de la masse
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Au marché du vendredi de Bassatine, on ne foule pas le sol, mais les restes préhistoriques des marchés du vendredi d’antan, et de ceux qui les ont précédés, et ainsi de suite à l’infini : des jambes de poupées et des pièces d’outils, des clous et des vis, des lambeaux de cartables et des pages de cahier déchirées
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Video de Benny Ziffer (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Benny Ziffer
Ajoutée le 28 déc. 2014 Rencontre avec Benny Ziffer animée par Dina Dian sur son livre : « Entre nous, les Levantins » aux éditions Actes Sud.
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