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sur 2136 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En Malaisie on appelle Amok celui qui, pris de folie, court un kriss à la main prêt à tuer.
Zweig est allé sur conseil de Rathenau en Asie en 1908. Puis en 1922 il publie ce texte qui met en scène un voyageur revenant par bateau en Europe et qui, à la faveur de la nuit reçoit les confidences d'un autre européen, médecin. Ce médecin qui fuit les autres passagers est visiblement hanté par ce qui lui arrivé en Malaisie. Là-bas il s'est épris soudainement d'une femme belle et hautaine, venue le consulter une fois. Cette visite et cette passion vont l'enchainer au destin de cette femme.
Cette histoire me paraitrait peu crédible en Europe, peut être faut il la chaleur, l'éloignement, l'environnement étranger autour de cet homme qui fréquente peu les autres européens pour que son âme déjà éprouvée s'enflamme de cette façon, passant du désir à l'abnégation.
Le talent de Zweig est toujours là, mais il m'a moins attachée à sa plume que dans d'autres textes.
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Publié pour la première fois en 1922 dans un grand quotidien viennois, ce texte a peut-être été inspiré en partie par un voyage en Asie (Inde, Ceylan, Birmanie) effectué par Zweig en 1908, sur les conseils de Walter Rathenau. le roman a connu plusieurs adaptations cinématographiques.

Un premier narrateur, dont nous ne saurons pour ainsi dire rien, nous livre le récit d'un voyage qu'il fit sur un paquebot pour rentrer en Europe. Mais très vite, il laisse la parole à un autre personnage, un voyageur qu'il croise de nuit sur un pont du navire, et qui lui fait dans l'obscurité le récit d'événements récents qui l'ont obligé à revenir d'urgence en Europe. Il est médecin ; il a été obligé de partir en Malaisie suite à des détournements d'argent. Nommé dans un coin isolé, il reçoit un jour la visite d'une Européenne de la haute société qui voudrait qu'il pratique un avortement. Agacé par cette femme hautaine et méprisante, il exige d'être son amant avant de pratiquer l'intervention. Elle part, dépitée. Il la suit, regrettant ce qu'il a fait, et prêt à accéder à sa demande. Mais elle fait appel à une avorteuse locale et succombe. Entre temps, le médecin est entré dans un état de quasi obsession, totalement fasciné par cette femme, et voulant à n'importe quel prix se mettre à son service. Après sa mort, il est obligé de quitter la Malaisie, son comportement ayant créer un véritable scandale. Mais il reste toujours obsédé par la morte, dont le cercueil se trouve sur le même bateau.

Un récit extraordinairement habile, dans un climat halluciné, où il devient difficile de distinguer le réel de la folie. le second narrateur, est juste une voix, une ombre, qui apparaît de temps en temps, lorsqu'une cigarette s'allume. Pour expliquer son comportement, il évoque l'amok, cet état de possession qui amène aux comportements de violence et d'agression, incontrôlables. Sa rencontre avec la femme venue lui demander de pratiquer l'avortement, l'a dépossédé de lui-même. Mais nous n'avons que sa parole, délivrée la nuit, sous l'emprise de l'alcool, dans un état qui paraît second. Que s'est-il vraiment passé ? Il manque la parole de quelqu'un d'autre, qui ne serait pas sous l'emprise d'une intense émotion. Et le premier narrateur, qui erre la nuit sur le bateau, qui fuit ses compagnons de voyage ordinaires, qui est-il ? A-t-il vraiment croisé cet homme qui lui a raconté son histoire ? A-t-il rêvé ? Imaginé ? Où est-il lui-même un être pris de folie subite ? A chaque lecteur de répondre à ces questions, selon son humeur, ou sa vision du monde.
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Stefan Zweig mon amour ! Comment arrives-tu à toujours être si juste dans tes sentiments ? Une telle profondeur dans tes paroles, dans tes ressentis. Je ne me lasse jamais de découvrir tes nouvelles et je me sentirais bien orpheline de tes textes quand j'en aurais fait le tour.

Cela fera ma deuxième chronique sur cet auteur et j'ai un peu peur de me répéter tant j'aime la façon dont il parvient à créer. Stefan Zweig, nous sert dans ses nouvelles des histoires bouleversantes. de part sa simplicité, la profondeur des émotions ou simplement par la beauté des images. Ses histoires rarement joyeuses semblent nous être contées de façon personnelle. La tristesse envahie sa plume pour dérouler une histoire intense. Comme si l'horreur de ses récits renforçait la puissance des mots.

Amok, c'est une maladie qui touche les hommes dans les régions isolées des forêts tropicales. C'est la capacité d'un homme à tout détruire sur son passage, obnubilé par la poursuite de l'objet de son désir. C'est un homme, un médecin qui touché par cette maladie va tout faire pour suivre une femme. Mais cette femme avait besoin de lui en tant que médecin pas en tant qu'homme. Et ce dernier n'a pas su faire la part des choses.

Un homme aveuglé par sa passion, une folie si intense et si rapide qu'il ne peut ni la maitriser, ni la contenir. Il est submergé par celle-ci au point de briser toutes ces convictions de médecins, avec en premier lieu : aider la personne !

En pleine errance, il vide son sac à un étranger. Car rongé par les remords, il doit se livrer et expliquer son geste. C'est toujours avec profondeur que l'auteur arrive à nous parler des événements qu'il met en scène. Mais pouvons-nous calmer une folie et recommencer à vivre ? Ce livre nous en apporte la réponse !

Zweig m'a encore touché avec ses mots, son récit et la puissance qu'il installe. Ces livres semblent posséder des pouvoirs magiques. Tellement ils touchent avec si peu. J'ai hâte de continuer cette découverte toujours plus poussée de cet auteur !
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
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Sous les conseils de plusieurs personnes j'ai décidé de lire Amok. Cependant, j'étais plutôt réticente en connaissance du lieu de l'intrigue: la Malaisie. Je pensais retrouver l'univers raconté dans l'Indochine de Yourcenar, un univers qui m'a plus ennuyé, que dépaysé… Que nenni

Je m'en veux d'avoir douté de la virtuosité de Stephan Zweig. Encore ici, j'ai été happée par l'intrigue. Elle raconte le témoignage, la confession d'un individu tout à fait original, inspirant la curiosité. Elle raconte l'Amok, cette fièvre, cette ivresse, cette passion… mais je ne peux vous en dire trop sans dévoiler l'intrigue.

Je pourrais tout de même faire remarquer que Zweig ne mise pas sur l'originalité dans ses écrits. Là encore, nous retrouvons un narrateur faisant la rencontre d'individus invraisemblables, au passé sombre et tortueux.
Mais l'écriture reste une prouesse, un délice de la littérature. Elle est tout en simplicité et en élégance, au service d'une intrigue bien emmenée.

Si vous n'avez jamais lu du Zweig, foncez dès maintenant!
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Décidément, à chaque fois que je lis un livre de Stefan Zweig, je reste admirative devant le talent de cet auteur. il a vraiment le don d'écrire des histoires courtes, mais puissantes et qui marquent la mémoire du lecteur. Bon d'accord, toute son oeuvre ne se résume pas à des nouvelles, car je pense au moment même ou j'écris ces lignes à l'excellent Marie Stuart que j'ai lu il y fort longtemps . ( Une relecture s'imposerait d'ailleurs, car je ne pense avoir eu plus de quinze ans à l'époque )
Amok ou le fou de Malaisie nous emmene sur un bateau, l'Oceania, en route vers l'Europe. le narrateur de cette histoire va nous relater l'étrange rencontre qu'il a faite sur le bateau. A la faveur de la nuit, il va rencontrer un mystérieux personnage qui va lui raconter son histoire. Une histoire terrible, où la passion et la folie semblent dominer les actes de cet homme.
Ce dernier va donc raconter le drame qu'il a vécu , et on ne peut s'empêcher de plonger avec lui au coeur de la folie humaine. Entrecoupé par les bruits du bateau qui avance inexorablement vers son destin, son récit ira crescendo jusqu'à la conclusion qui sera à la hauteur de toute cette histoire...

Challenge ABC 2016/2017

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En cette période angoissante de confinement, je peine à trouver mon refuge habituel dans les livres. Je me demande quoi lire, ma concentration n'y est pas, et alors que j'emprunte généralement une tonne de romans policiers à la bibliothèque que je n'ai jamais le temps de lire, je ne l'avais pas fait cette fois-ci. Puis j'ai pensé à Stefan Zweig, peut-être du fait de son livre-témoignage, « Le Monde d'hier »... le narrateur d'Amok embarque sur l'Océania, un transatlantique qui doit le ramener en Europe. Il sort la nuit sur le pont pour échapper à sa cabine et aux autres voyageurs, et y fait bientôt la rencontre d'un homme visiblement troublé, et désireux de se décharger d'une tension interne, d'un secret qui l'étouffe. « Je compris que cet homme voulait parler, qu'il fallait qu'il parlât. Et je savais que je devais me taire pour l'aider (p. 35). » Il y a quelque chose de la posture du thérapeute dans cette phrase, ce qui n'est pas surprenant, Zweig étant un fin psychologue des tourments de l'âme. Cet homme lui demande s'il sait ce qu'est l'amok, un état de folie meurtrière, de décompensation brutale, s'étant retrouvé lui-même subitement dans un état obsessionnel enfiévré, suivant la rencontre d'une femme suscitant en lui des désirs pervers de l'ordre de la domination, malaise qu'il nous donne à ressentir à travers son récit. Proprement exotique et impressionnant.
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Une nouvelle dans laquelle on retrouve le style de Zweig : une narration à la première personne dans un contexte plutôt sombre. Pour autant, Amok m'a beaucoup moins séduite que d'autres de ses nouvelles. L'histoire en elle-même est intéressante : un médecin des Indes néerlandaises raconte à bord d'un navire sa transformation en amok, une sorte de folie meurtrière. Pour autant, je trouvais que l'ambiance du livre n'allait pas avec les faits. Peut-être aurais-je dû le lire la nuit? :)
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Ma deuxième lecture de Stefan Zweig. J'ai beaucoup aimé l'étrangeté de cette nouvelle : le voyage à bord du transatlantique, le récit de nuit entre le deux hommes, le monde colonial, la folie du médecin... Un seul petit regret, que l'auteur n'est pas poussé encore plus loin la folie et l'étrangeté.
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Un voyageur embarqué à Calcutta, à la faveur d'une nuit, fait une étrange rencontre avec un homme, visiblement agité et pris d'alcool, qui se met à lui narrer une histoire troublante.
Mais revenons au titre de la nouvelle, Amok, terme malais désignant une rage incontrôlée, une forme de folie criminelle, entraînant finalement la personne qui en est victime à une mort violente. le personnage que rencontre le voyageur, semble lui aussi pris d'une forme de frénésie. Il conte sa vie de médecin, isolé de tout, sans relation sociale pendant de nombreuses années, que l'arrivée, inopinée en pleine jungle, d'une femme blanche résolue, froide et impérieuse, plonge dans un chaos psychologique. La demande qu'elle lui soumet sans réplique, comme un défi, d'un avortement, illégal à l'époque; son refus, suivit immédiatement par un repentir humiliant; créent une forme de décompensation, se manifestant par une fuite en avant, monomaniaque, tel un Amok, du patricien vers la perte conjuguée des deux protagonistes.
L'analyse clinique d'une monomanie, issue d'une pulsion sexuelle frustrée; la touffeur d'une atmosphère tropicale, propice à tous les dérèglements; le dénouement inéluctablement tragique mais qui reste néanmoins habilement conduit; sont les éléments-clés de l'engrenage diaboliquement monté par un auteur passé maître en vivisection du psychisme humain.
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Ce qu'il y a de bien avec Stefan Zweig, c'est que l'on est jamais déçu.
Il s'instaure au fil des lectures de ses nombreux romans ou nouvelles une sorte de jeu :découvrir le moment où l'intrigue bascule dans un tourbillon infernal de sentiments incontrôlables.
Amok représente à merveille cette impression: la nuit sur un pont de navire revenant de Malaisie, le récit d'une passion au delà de la raison, l'Amok et on se laisse emporter dans les flots avec d'autant plus de plaisir que dans cet Audio- livre c'est la voix profonde de Michael Lonsdale qui la raconte .
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