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L'Avant-scène (01/01/1986)
3.5/5   2 notes
Résumé :
2 août 1914. Empoignant le linge, maniant le battoir et frottant la brosse, rassemblées par le rituel
et le labeur de la lessive, onze lavandières de Picardie libèrent leurs paroles et leurs émotions,
expriment leurs douleurs et leurs espoirs.
Le Lavoir
de Dominique Durvin et Hélène Prévost a
rencontré après sa création en 1986 à Amiens et à Avignon un succès international.
Ce texte donne
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pièce désormais introuvable (éditée à l'Avant-Scène en 1986, elle a complètement disparu du catalogue, à ma connaissance) mais mondialement connue, jouée partout mais jamais par des troupes professionnelles..Un OVNI!

Un groupe de femmes, de lavandières, jeunes et vieilles, se retrouve par une belle et chaude matinée autour d'un lavoir de la campagne picarde.
Nous sommes le 2 août 1914, exactement. A quelques heures de la catastrophe...

Les langues vont bon train, l'eau gicle, le savon frotte, les rires fusent, les grivoiseries aussi, les ragots vont bon train.. mais surtout les tracas et bonheurs de leurs vies d'ouvrières et de femmes.

Parfois, elles chantent. Ou elles se bagarrent à coup de battoirs...La vie, loin des hommes, et toute pleine d'eux pourtant.

Soudain la guerre est annoncée...

Un régal à voir...et à jouer!
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Le Lavoir est un drame naturaliste, un peu sur le modèle des écrits de Zola, qui sans doute a dû être composé à partir d'une collecte de témoignages des femmes qui fréquentaient ce lieu haut lieu de la sociabilité féminine en Picardie avant les années 1960. Ce drame a été représenté en 1986 en Off à Avignon et qui a obtenu le prix spécial pour ce type de programmation et a également été distingué au Festival international d'Edimbourg (Premier prix).

Tout l'intérêt du texte réside dans les échanges sur la vie quotidienne des femmes du peuple au début du vingtième siècle. À la lecture la distance temporelle semble incommensurable tant les réalités décrites sont violentes ; notamment les témoignages concernants la manière dont ces femmes sont traitées par les bourgeois qui les employaient. Ainsi l'une d'entre elle décrit par le menu comment elle fut violée alors qu'elle astiquait le sol. Mais cette pièce n'est pas qu'une simple collection des sévices que subissaient alors les femmes du peuple, les dialogues sont très savoureux par leur vigueur et leur verdeur. le ton général est plutôt tonique voire comique, avec certes des moments graves où se font jours les blessures (psychique et physique) infligées par les conditions de vie brutales.

J'ai eu l'occasion de faire jouer le Lavoir à un groupe d'adolescentes de 12 à 14 ans. Ça été une expérience tout à fait intéressante. D'abord de part les recherches documentaires qu'il nous a fallu mené (le groupe et moi) pour reproduire les conditions des lavandières, et nous concernant c'était dans la région redonnaise (Nord Ouest de la France). Toutefois de mon côté j'avais procédé à une adaptation (suppression des éléments les plus violents) du texte afin qu'il soit tenable pour des jeunes filles ; et pour la même raison gommé les régionalismes picards. Dans ce coin de France il y avait beaucoup de lavoirs, malheureusement ils ne subsistaient qu'à l'état de mares vaseuses. Grâce à l'aide des habitants des villages trois d'entre eux ont retrouvé leur fonctionnalité d'antan. À chacune des représentations étaient présentent des dames qui avaient lavé leur linge à cet endroit. À la suite de la pièce un dialogue s'engageait entre mes comédiennes en herbe et ces vieilles femmes ; échanges qui étaient enrichissants et parfois émouvants.
C'est un très bon texte qui peut permettre dans des conditions de représentations propices, un spectacle qui intègre le public comme élément créateur ou moteur.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
JULIENNE Ah' oui' Donc elle en savait long sur les gens! Sa spécialité, là où elle était imbattable, c'était pour lire dans 1'linge des gens! Ouais ! ouais ! c'est comme j'vous l'dis! Y en a qui lisent dans les cartes, d'autres dans les tarots, le cristal ou l'marc de café. Eh bien, elle, elle lisait dans le linge. Tu lui donnais une chemise et hop, elle la tournait deux fois, et c'était parti! En deux mots, tu connaissais tout de la personne: ses idées, son caractère, ses habitudes, ses manies... Et elle se trompait pas! Moi, j'étais petite alors, mais j'la reverrai toujours, le nez en chasse, les narines papillotant, la lèvre retroussée et les yeux qui vous transpercent. Elle me filait une trouille! Brou…! J'en faisais des cauchemars la nuit, après l'avoir vue.

ROSINE : Elle se préparait pour le sabbat!

GERVAISE : (par dérision) Une diablesse, quoi! Avec les marques du diable sous le sein droit!

JULIENNE : En tout cas, les histoires de cœur, les coucheries du village, elle les lisait dans l' linge.
Sans tenir aucun calendrier, elle connaissait sur le bout des doigts, le cycle menstruel de toutes les parties femelles du canton. Quelquefois, si y avait une jeunesse qui la gardait avec trop d'effronterie et sans baisser les yeux, l'air de rien, elle lui envoyait ses quatre vérités à la figure jusqu'à ce que l'autre sache plus où c'qu'elle était, et s'prenne, comme ça, devant tout le monde, la honte de sa vie!

SÉQUENCE 1
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JUDITH Mon mari, pour moi, il est toujours là. I’ m'a jamais quittée. J'le garde là, tel qu'il était quand y me l'ont ramené, sur la civière, avec le crâne en sang, et malgré tout, son beau sourire sur le visage. Je prie pour lui tous les jours. C'est peut-être bête, mais pour moi, c'est beaucoup!

EMILIE Arrête! Ça ne fait pas que du bien de parler!

JUDITH T'as raison! Je devrais pas! D'en parler d'mon mari, ça m'redonne pas sa bonne grosse main sur mon visage, sur mes joues quand i’ rentrait l'soir. Alors je me tais; parce que c’est quand je dis rien que je lui parle le mieux, que je lui parle vraiment

HENRIETTE De toutes façons, les accidents, vous savez, ça ne peut que se multiplier, vu que les patrons exigent de plus en plus de rendement!

[DANS LE PREMIER TIERS DU TEXTE (la pièce est d'un seul tenant sans découpe)]
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Gilberte :…. la mère Colin , elle m’abîme tout mon linge avec son chlore, ses brosses et tout son fourniment.
Julienne :ça t’as raison, les blanchisseuses, pour sûr, elles bousillent tout avec leur manie d’mettre un tas d’saloperies dans l’eau. Après ça, l’linge, il est tout rêche, tout cassant, tout usé. Ah ! il est propre, peut-être, mais on dirait qu’on voit clair à travers tellement il est bouffé ! Y a pas à dire, avec tout leur progrès, ça vaut pas une bonne cendrée comme c’est encore la coutume dans ma campagne. Autrefois quand on sortait l’linge eud’l’armoire, c’était un vrai plaisir tellement il sentait bon, tellement il était beau, doux et caressant !
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Julienne : Ben ça alors, un bonhomme, ici !Dans ch’lavoir ! Eh ben ! c’est bien la première fois que j’en vois un ! Et pourtant…à mon âge…. !
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Julienne : Eh ben ça l’a pris comme ça un jour, mal au ventre à s’tordre. Il ne pouvait plus l’endurer tellement que ça faisait mal. Y se cognait la tête dans le bois du lit. On l’entendait hurler dans tout St Leu. Eul mal d’miserere qu’y z’ont dit !
Rosine : Cont’ ça y a rien à faire !
Julienne : Bien sûr, sa femme, la pauvre, elle a appelé l’docteur. Il a dit….attendez…que c’était l’appencite ou un nom comme ça ! Ca lui a fait une belle jambe eu d’le savoir. Deux semaines après, y avait plus personne ! Son ventre avait gonflé, et puis crevé d’un coup. Peutt !
Gilberte : Un homme si costaud !
Julienne : Paraît pourtant qu’ça peut se soigner ! On enlève el’morceau qu’est plus bon et tu t’requinques, plus gaillard qu’avant ! mais ça c’est des miracles qui sont pas pour nous. L’opération, comme ils disent, c’est pour les riches ! Nous , on est juste bon à crever !
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