C'est l'histoire de docteur d'Or et mister Messon.
Avec ce livre on peut légitimement se poser la question,
Jean d'Ormesson souffre t-il d'un dédoublement de la personnalité ? Est-il une variété de caméléon ?
Quel point de rencontre entre l'éditorialiste du Figaro et l'auteur de ces confessions ?
Dans cet exercice, l'auteur s'exprime avec sincérité sur sa vie, ses élans, une sorte d'autobiographie cadencée non pas par une chronologie qui serait vite ennuyeuse mais par de courts chapitres thématiques sur des questions existentielles, artistiques...
Un mélange de gravité, de lucidité et d'humour, d'auto- dérision bref un cocktail qui ne peut que charmer le lecteur.
L'auteur reconnaît qu'il a bénéficié d'une vie hyper privilégiée et dont il a été le porte drapeau sans (trop) le vouloir vraiment mais comme sa position l'y inclinait logiquement .
Mr Messon :
« Je suis installé au coeur même du système » (p.105)
« Il m'est arrivé plus souvent que de raison de hurler avec les loups » (p.106)
Dr d'Or, de l'humilité aux accents de
Montaigne :
« Je pense très peu. Et quand je pense, je ne pense à rien. Je ne suis même plus sur d'avoir des opinions. Je me demande le plus souvent si les autres n'ont pas raison cintre moi. » (p. 158)
Le monde, le modèle de société, les principes qu'il défend avec verve ailleurs se révèlent des chimères. Oubliés les arguments d'autorité à la hache de Mr Messon. le doute radical hyperbolique mais sans secours cartésien :
« Le pire est que nous avons perdu la boussole capable de nous guider dans le labyrinthe de demain. Oui nous voudrions autre chose. Mais nous ne savons pas quoi. » (p. 129)
Quoiqu'il en soit, un livre à lire pour sa profondeur, loin des joutes superficielles.
Dr d'Or l'homme qui devrait murmurer à l'oreille de Mr Messon