le Patio bleu
De
Denis Tillinac
La sortie d'un livre attendu prend parfois une tournure inédite, éprouve notre sensibilité plus qu'à l'accoutumée, comme la vue d'un chien perdu, sans maître. Après le si bel essai littéraire Elle, l'auteur revient cette fois avec un roman ; il revient : façon de parler, non il ne revient pas, malheureusement, il nous laisse juste avec ce qu'il a toujours voulu faire partager à ses lecteurs son coeur, sa pensée, à travers un nouveau livre, mais cette fois sans lui. Merci l'artiste pour cette suprême élégance.
Bon, près de deux mois ont passé, j'ai maintenant le livre entre les mains. Je le mets pour la lecture directement au dessus de la pile d'attente. Je me souviens encore du premier livre que j'avais lu de lui :
le Bar des palmistes, ça fait bien trente ans. Il y avait un style Tillinac. C'était un authentique écrivain qui faisait de la politique avec le courage de ses opinions. Son discours était vraiment de qualité, j'avais plaisir à l'écouter, c'était un homme qui avait une grande culture, il ne mâchait pas ses mots, il était fidèle en amitié .. Il n'y a pas très longtemps je l'ai vu malmené en croisant le fer avec je ne sais plus quel tricard qui n'avait aucun respect pour lui, pour l'artiste qu'il était, comme un combat de trop. Ca m'avait fait d e la peine pour lui, je l'ai vu passer à côté de sa joute médiatique et arriver à la fin en se demandant encore ce qu'il lui arrivait et ce qu'il était venu faire dans cette galère, non seulement il n'avait pu en placer une, mais surtout il se retrouva avec le sentiment étrange qu'il n'était plus lui-même, que ses belles armes l'abandonnaient. Ce jour là, le bretteur remarquable qu'il était ne fut que l'ombre de lui-même .. du genre à rendre l'âme avec les armes à la main, notre ami
Denis Tillinac.