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EAN : 9782714493996
432 pages
Belfond (03/06/2021)
3.84/5   29 notes
Résumé :
Dans le décor agité de l'Indochine des années 1930, Karin Tanabe tisse une superbe fresque, pleine de passions et de drames, pour conter un pan méconnu de l'histoire coloniale française.

Héritiers de la riche famille Michelin, Victor Lesage et sa femme Jessie sont envoyés à Hanoï pour reprendre en main les exploitations d'hévéas, ces arbres au caoutchouc naturel si convoité, au centre des tensions anticoloniales.
Tandis que Victor s'investit da... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Belle découverte que ce roman ! J'ai beaucoup aimé l'époque et le décor dans lesquels l'histoire se déroulait. L'auteure nous emmène en 1933 en Indochine, colonie de la France à l'époque.

Nous y découvrons également plus en détails la compagnie Michelin et ses plantations de caoutchouc, mais aussi les mauvais traitements subis par les coolies et surtout la montée du communisme présent un peu partout dans le pays.
Nous y suivons aussi les expatriés à l'existence dorée dans ces colonies dont le quotidien est fait de soirées, de cocktail, de grandes maisons avec du personnel local, mais aussi d'opium qui est très présent, de corruption (tout peut s'obtenir quand on a de l'argent).

Outre ce contexte, venons-en à l'intrigue en elle-même et aux personnages. Nous rencontrons deux femmes fortes, mais très différentes dans leurs idéaux et leurs méthodes.
Jessie est une jeune femme ayant eu une enfance difficile et ne rêvant que d'une ascension sociale depuis son plus jeune âge. Marcelle, quant à elle, est une femme passionnée qui réclame justice.

J'ai trouvé très intéressant le fait que ces personnages ne soient ni tout blanc ni tout noir, mais un mélange de plusieurs couleurs, avec leurs failles et leurs défauts, leur côté sombre, leurs méthodes criticables.

L'auteure a bien su montrer l'importance de la famille et de la fidélité, le fait d'être prêt à tout pour se créer un cocon protecteur, un cocon doré, quitte à mettre d'autres personnes en colère (le titre a d'ailleurs été choisi avec beaucoup de justesse).

J'ai des avis partagés sur ces personnages mais il est possible de les comprendre, de comprendre leur façon d'agir même si nous ne les cautionnons pas.

J'ai aimé que l'auteure intègre quelques termes vietnamiens, ce qui donne une couleur encore plus locale (certains diraient peut-être exotique même si ce terme devient maintenant un peu péjoratif). Elle a su donner une vision qui semble assez authentique de l'époque, du joug français sur la population et des agissements de Michelin.

L'histoire était prenante, notamment avec cette première scène du roman très marquante et qui a fait monter la tension dès le départ. La narration avait un bon rythme, sans temps mort, et j'ai aimé l'alternance des points de vue.

Bon roman qui nous dépayse le temps d'une lecture !
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L'auteure nous entraîne de France en Indochine, de Hanoï à Saïgon. 1933 en Indochine, colonie française. Victor et Jessie Lesage arrivent à Hanoï pour superviser la gestion des plantations d'hévéa, propriétés de la famille Michelin, industriels de la fabrique de caoutchouc pour les pneumatiques.

Via les retours dans le passé, le roman permet de découvrir aussi le Paris des années 20, de la grande bourgeoisie, des inégalités, de la vie estudiantine, de l'opposition politique, de la montée du communisme. On y découvre aussi la vie compliquée de la communauté des enfants de grandes familles des colonies dont celles d'Indochine venus étudier en France.

A Hanoi, les Français vivent une vie légère entre eux, les hommes mènent les plantations ou leurs affaires tandis que leurs épouses se retrouvent chez elles ou au club français.
Les Indochinois eux, et plus particulièrement les ouvriers des plantations vivent sous le joug des “maîtres”, dans des conditions parfois misérables. Et toute rébellion est violemment réprimée. le roman aborde en ce sens les prémices de la montée du communisme parmi la population Indochinoise et ce qui conduira plus tard à la révolte contre le colonialisme français.

Jessie, héroïne du roman, est américaine. Elle épouse Victor Lesage en prenant soin de lui cacher ses origines très modestes et une famille qui ne cadrerait pas avec le monde de la bourgeoisie française des années 30. Ce secret donne au personnage une aura de mystère voire une image un peu trouble qu'elle va garder selon moi durant tout le roman, sa personnalité et ses motivations se floutant peu à peu au fil des pages.
Jessie c'est la femme murée dans la peur d'être découverte, d'être rejetée, reniée. Si elle réagit à ce qu'elle découvre du traitement fait aux ouvriers des plantations qui osent braver l'autorité française, elle ferme les yeux. J'ai trouvé que Jessie, dans son obsession d'effacer ses origines, son histoire, son vrai moi, finissait par effacer ce qu'elle est vraiment, faisant d'elle un personnage plat et peu attirant.

Victor représente le Français sûr de son fait et de son bon droit. On ressent un personnage qui a conscience de son rang et d'une certaine “supériorité”. C'est un garçon de bonne famille qui a été façonné, c'est un produit d'une certaine classe de la société française. A aucun moment, il ne remet en question le traitement fait aux Indochinois. Je m'interroge encore sur sa véritable relation avec son épouse Jessie, véritable amour ou tout autre chose, je ne sais pas ce qui tient ce couple.

On trouve dans ce roman un autre couple : Marcelle, une Française et Khôi, fils d'une grande famille Indochinoise ayant étudié à Paris, sont le couple secret, les amants impossibles. Il représente en quelque sorte le contre-pouvoir colonial, la révolution. Ils vivent un grand et vrai amour. Comme deux âmes soeurs qui se sont trouvées. Il y a chez Marcelle une forme de fascination pour Khoi. Marcelle qui représente pour moi la femme forte de ce roman, de conviction, la guerrière passionnée. C'est d'une certaine façon une idéaliste passionnée, parfois excessive, un personnage charismatique.

Les deux couples nous montrent finalement les deux faces d'une même histoire.

Les personnages sont finement dessinés. Ils sont complexes autant que peut l'être la colonisation. Chacun a sa part d'ombre, ils intriguent et interrogent le lecteur.

Les deux femmes, Jessie et Marcelle, sont en quête de quelque chose bien difficile à identifier, l'amour, la sécurité, la passion, l'aventure … Cette quête qu'elles mènent l'une et l'autre est pour moi leur faiblesse tant on sent parfois qu'elles n'auront jamais vraiment le sentiment d'être aller au bout de la quête. Leur force en revanche, c'est leur persévérance, cette force qu'elles détiennent, cette conviction que leur quête est juste.
Elles ont pour moi une évolution opposée au fil des pages. Mais dans les deux cas, je les ai laissées à la fin du roman avec une image différente de celle que j'avais en les rencontrant.

J'ai beaucoup apprécié ce roman à deux voix. Cela permet selon moi de créer l'intrigue par petites touches, une femme apportant des éléments de compréhension sur l'autre et inversement, l'une et l'autre apportant leur vision personnelle sur les événements. C'est ce choix des deux voix qui rend aussi la complexité dans le sens subtilité, des personnages et du contexte historique.

Karin Tanabe sait remarquablement nous raconter ce pan de l'Histoire. C'est une fresque romanesque puissante qu'elle nous livre où chaque personnage a finalement une place bien précise dans la photographie qu'elle souhaite nous donner du contexte de l'Indochine à cette époque. le roman a le mérite de nous montrer tous les ingrédients qui ont participé à la montée du communisme et à la guerre d'Indochine et du Vietnam. C'est aussi, hélas, l'histoire du colonialisme en général.

Au-delà, elle sait au travers les pages de ce roman nous emmener dans un voyage vers le Vietnam, ses paysages magiques, ses couleurs, ses senteurs.
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Je ne connais que très peu ce pan de notre histoire et j'ai pris un grand plaisir à lire cette fresque romanesque - bien documentée - sur les annėes 1930 en Indochine.
L'intrigue se met en place dès le premier chapitre et est très bien menée. le mystère reste entier jusqu'à la quasi toute fin du roman. L'auteure a réussi à mêler L Histoire, la vie d'une grande famille industrielle française, celle de nos expatriés dans ces colonies, celle très difficile des locaux travaillant dans les plantations, la montėe du communisme, la corruption de la police locale et une vengeance, un brin diabolique. On suit deux femmes, totalement différentes, toutes deux au caractère fort et déterminées à agir. le roman alterne ainsi selon le point de vue de chacune d'elles. On ressent beaucoup d'émotions, beaucoup d'amour. Je ne peux que vous recommander de lire ce roman qui vous fera voyager en Indochine et en apprendre un peu plus sur ce magnifique pays.
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Un roman qui nous entraîne de Paris à Hanoï puis à Saigon, dans la communauté des étudiants indochinois à Paris des années 20 puis dans le Hanoi des années 30 où riches expatriés et riches vietnamiens partagent alcools et opium dans de luxueuses maisons au personnel annamite pléthorique. 

Victor et Jessie Lesage, membres de la famille Michelin, arrivent à Hanoï pour superviser la gestion des plantations d'hévéa, indispensable pour la production du caoutchouc, et donc des pneus !

Jessie est américaine et est issue d'une famille de fermiers pauvres de Virginie. Elle a caché son passé trop douloureux à Victor.

Marcelle de Fabry a fréquenté à Paris les étudiants indochinois - aux sentiments communistes - à Paris. Lorsque l'un d'eux est tué par la police dès son retour à Hanoi, l'engagement politique de Marcelle se renforce. Persuadée que la famille Michelin qui ne voulait pas d'une mésalliance est à l'origine de l'assassinat de son amie, Marcelle voue a cette famille une haine farouche qui aura Jessie pour cible.

Tout autant roman d'amour entre Marcelle et Khôi qu'entre Jessie et Victor, ce roman est aussi le roman d'une vengeance sur fond de colonisation de l'Indochine et de la montée lente mais bien ancrée du communisme dans les populations asservies par les planteurs européens.

Une vision de l'Indochine que je connaissais peu et qui complète bien les autres romans que j'ai lus sur ce sujet.

Une écriture vive qui donne du plaisir de lecture. 

Un premier roman qui en appelle d'autres :) 

Je remercie NetGalley et les éditions Belfond qui m'ont offert cet ouvrage 

#Doretdecolère #NetGalleyFrance


Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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20 novembre 1933. Jessie Lesage est en Indochine depuis plus de deux mois. Alors qu'elle se rend à la gare d'Hanoï avec son mari et sa fille, elle est prise d'un malaise. Fugace, certes, mais assez pour qu'à son réveil, sa fille et son mari ne soient plus dans la gare. Pourquoi sont-ils partis sans l'attendre ? Où sont-ils ? Un événement d'autant plus bizarre que le chef de gare lui assure qu'elle est venue seule…

Retour en septembre 1933. Jessie et Victor viennent d'arriver en Indochine où une mission attend ce dernier. Maintenir à flot les plantations de caoutchouc dans le pays. Car Victor n'est pas n'importe qui. Il fait partie de la célèbre famille Michelin. Tenu à l'écart de Clermont-Ferrand, fief de la dynastie, Victor souhaite que cette mutation soit l'opportunité de prouver, que bien qu'étant Michelin de par sa mère, il est tout à fait capable de briguer une haute place dans la société.

Une idée que lui a soumise la brillante Jessie. Américaine d'origine, elle est venue à Paris après ses études et a vite rencontré celui qui allait devenir son futur mari. Voulant à tout prix être éloignée de sa belle-mère, c'est elle qui a l'idée de partir pour l'Indochine. Car Jessie veut aussi et surtout échapper à son passé…

Et ce n'est pas grâce à Marcelle de Fabry, une française expatriée, qu'elle va pouvoir oublier ce passé obscur. Car derrière la mine avenante de cette dernière, se cache une femme prête à tout pour faire tomber les Michelin.

Cette plongée dans l'Indochine des années 30 m'a ravie. Bien qu'ayant trouvé le début un peu long, j'ai vite été prise dans ce récit qui mêle colonialisme, indépendance et communisme. J'ai d'ailleurs beaucoup appris sur ce pan de l'Histoire que je connais au fond assez peu. À travers le récit des couples Michelin et Marcelle/Khoi, nous observons la dualité d'un pays colonisé. La dominance française s'encline à calmer et canaliser la montée du communisme mais l'indépendance gronde.

Car beaucoup sont prêts à s'insurger du traitement qu'impose le magnat français aux opposants. Victor et Jessie découvrent le pays, ses coutumes mais également les plantations Michelin et le sort des travailleurs.

J'ai beaucoup aimé ce traitement de l'histoire. A travers le prisme de ces deux couples antagonistes et ambivalents, nous observons deux manières de voir l'Indochine. Mais pas que. Car l'histoire de Jessie (que j'ai adoré) prouve qu'il est facile de juger sans connaître…

Je conseille?

Mêlant l'histoire à l'Histoire, Karin Tanabe donne à réfléchir et soulève des interrogations avec cette fresque romanesque. Elle n'oppose pas un monde manichéen. Au contraire, ce récit montre que tout n'est pas aussi tranché. Bien loin de prendre parti, elle laisse au lecteur le soin de se forger sa propre opinion. Un récit puissant et intelligent.
Lien : https://ladybookss.wordpress..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Quelle tenue aurais-je portée à cet instant précis si je n’avais pas quitté l’Amérique et échappé à la pauvreté qui s’était abattue sur le monde ? Quand nous discutions des répercussions de cette peste financière, Victor me garantissait que les Michelin, même s’ils étaient affectés par la crise, ne couleraient jamais. Ils étaient aussi increvables que leurs pneus. En revanche, elle avait sans doute submergé le peu de famille qu’il me restait à Blacksburg ; les récessions, même limitées à certaines parties de l’Amérique, s’y faisaient toujours sentir. Je n’aimais pas repenser à la ferme et aux bois sauvages qui l’entouraient. Je n’y mettrais plus jamais les pieds. Même Paris me semblait trop proche.
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Tu crois qu’il n’existe pas de pire sort que la mort? La plus grande cruauté, ce sont les maltraitances que les hommes et les femmes subissent, ces attaques incessantes contre leur corps et leur esprit qui finissent par avoir raison d’eux. Tu as vu la mort, mais pas ce qu’ils endurent chaque jour.
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