Je me suis laissé séduire par la belle photo de Marie Trintignant sur la couverture de la biographie par
Françoise Piazza et un vague souvenir de sa mort si jeune, il y a tout juste vingt ans.
La biographie des stars du cinéma est un genre qui ne m'attire guère et que normalement j'évite, à de très rares exceptions près pour des raisons d'ailleurs en dehors du cinéma. Cela a été le cas de la biographie par
Marie Benedict de l'actrice d'origine autrichienne,
Hedy Lamarr (1914-2000), qui outre une star hollywoodienne a été une inventrice méritoire, comme j'ai pu l'expliquer dans ma critique sur Babelio du 5 novembre 2021.
Françoise Piazza, diplômée en lettres, s'est après une carrière dans l'enseignement, spécialisée dans l'écriture de biographies de vedettes, telles entre autres
Mireille Darc, Petula Clark,
Juliette Gréco et
Francis Huster.
Dans la présente biographie, comme dans ses autres biographies je présume, l'auteure fait preuve de sérieuses recherches sur son sujet et multiplie des témoignages des proches de son héroïne ou héros, ce qui contribue à des hommages de qualité.
Ce qui me gêne cependant dans de tels exercices, ce sont les longues énumérations de titres de films, de performances des réalisateurs, actrices et acteurs et de commentaires dans la presse.
Dans le cas de Marie Trintignant ce qui m'a incité à lire cette biographie, c'est malheureusement sa brutale et triste fin le 1er août 2003, à l'âge de 41 ans.
Dans la nuit du 26 au 27 juillet précédent, elle avait été frappée à mort (23 coups de poing) par son amant avec qui elle voulait rompre, le chanteur
Bertrand Cantat du groupe à succès
Noir Désir.
Cette horrible fin a eu lieu à Vilnius en Lituanie, durant le tournage d'un téléfilm "Colette, une femme libre" dans lequel la victime interprétait le rôle de la grande écrivaine, que sa mère
Nadine Trintignant réalisait pour commémorer Colette à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa mort en août 1954.
Transférée de Vilnius à Paris, il a été impossible de sortir Marie Trintignant de son coma et après son décès, elle a été enterrée au cimetière du Père-Lachaise, entre Gilbert Bécaud et
Daniel Toscan du Plantier.
Bertrand Cantat a été condamné à 8 ans de prison par la justice lituanienne, le 29 mars 2004. le 28 septembre suivant, il a été transféré à la prison de Muret, près de Toulouse. le 5 octobre 2007, il a obtenu une libération conditionnelle et le 29 juillet 2010, son contrôle judiciaire a pris fin.
Le 10 janvier 2010, son épouse Krisztina Rády, une femme de lettres d'origine hongroise et mère de leurs enfants Milo (né en 1997) et Alice (née en 2002), s'est suicidée à Bordeaux, au même âge de 41 ans comme Marie Trintignant.
Bien qu'il s'est bel et bien agi d'un suicide, compte tenu des antécédents violents du bonhomme, une spéculation s'est tot de suite mise en marche sur son rôle éventuel dans ce nouveau drame.
Je comprends
Nadine Trintignant qui s'est insurgée sur France 2, le 13 mars 2018, contre le retour à une carrière publique de
Bertrand Cantat : "Comment ose-t-il ? Je trouve honteux, indécent qu'il aille sur scène se faire applaudir !" (page 254).
Pas plus tard que le 27 juillet dernier, la chanteuse luso-belge Lio, qui était avec Marie en Lituanie, a émis dans une interview accordée à "Libération" un jugement identique.
Marina Vlady, dans son "24 images seconde" de 2005, a noté "Frapper à mort la femme aimée reste un acte impardonnable, quand bien même il n'aurait pas été prémédité... Je plains Nadine et
Jean-Louis Trintignant, qui étaient si fiers de leur fille ; pour eux, la plaie demeurera à jamais ouverte."
Il en va de même, je suppose, pour ses 4 fils : Roman, né en 1986, Paul en 1993, Léon en 1996 et Jules en 1998.
Si à l'époque certains journalistes ont pu parler de "crime passionnel", maintenant il est plutôt question de "féminicide" et le meurtre de Marie Trintignant est devenu un symbole qui indique qu'aucun milieu n'est épargné de la violence des hommes contre les femmes.
Depuis sa mort, plus de 3.000 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints, selon Mathilde Lemaire sur
France Info le 1er août 2023.
Comme lecture supplémentaire sur cette ténébreuse affaire, je conseillerais de
Nadine Trintignant, publié déjà en octobre 2003, un livre fort émouvant "Ma fille, Marie" et de son ex-époux
Samuel Benchetrit "
La nuit avec ma femme" de 2016.