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EAN : 9782221127032
456 pages
Robert Laffont (22/09/2011)
4.56/5   17 notes
Résumé :
Paru en 1970, le premier grand livre-témoignage sur la Shoah à l’Est est publié aujourd’hui dans une version revue et corrigée.
Emouvant et sincère à la liberté de conscience, face aux tragédies du XXe siècle.

Anatole Kouznetsov avait 12 ans lorsque l’armée allemande occupa Kiev en 1941. Il habitait un faubourg situé à proximité du ravin de Babi Yar, lieu sinistrement célèbre, où des dizaines de milliers de personnes ont été massacrées par les... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Dix-neuf lecteurs et deux critiques seulement sur Babelio...
Je ne comprends pas et j'en suis indigné !

Ce livre mérite mieux que cela, vous devez le lire ! C'est un véritable plaidoyer que je voudrais faire !

Babi Yar est un grand ravin à la périphérie de Kiev en Ukraine. Il fut le théâtre du plus important holocauste par balles de l'histoire. Entre le 29 et la 30 septembre 1941, 33.771 juifs y furent fusillés et enterrés. Par la suite et jusqu'à l'abandon de la ville par les Nazis, y furent fusillés également des Roms, des partisans soviétiques, des nationalistes ukrainiens.

Anatoli Kouznetsov vivait à Kiev lors de son occupation par les nazis en 1941. Il avait douze ans. Devant la découverte de ce qui se passait, à quatorze ans, il prit la décision de noter ses observations sur papier.

En 1966 , alors pourtant que le Stalinisme était dénoncé , il présenta son livre à un éditeur en Russie. le roman sortit mais avec de très nombreuses coupures (un quart du livre) ce qu'il finit par accepter, valant mieux être publié que pas du tout.
Ce fut un grand succès.
Après avoir quitté son pays pour la Grande Bretagne, avec son manuscrit original dissimulé sous forme de microfilms, il y fit paraître la version originale.

La version actuelle comprend trois strates : la version publiée en URSS en caractères habituels, les parties expurgées par la censure en caractères italiques , et les ajouts faits depuis par l'auteur signalés par des crochets.

C'est pour moi, l'un des intérêts de ce livre, il nous permet de saisir tant la large censure opérée par les instances soviétiques alors pourtant que les crimes de Staline étaient mis au grand jour, que de comprendre ce que le régime ne pouvait accepter : citons, mais la liste est loin d'être exhaustive :
- l'accueil favorable et la collaboration de nombreux Ukrainiens avec les Allemands tant ils avaient souffert sous le bolchevisme,
- la grande famine des paysans dans les années trente,
- toute référence aux juifs ou à d'autres minorités (en vertu de la fiction de la grande amitié entres les peuples de l'Union Soviétiques),
- l'attentat orchestré par le NKVD à la rue Krechtchatik,
- le parallélisme opère par l'auteur entre les atrocités d'Hitler et de Staline
- les tentatives du régime soviétique après la guerre de rayer Babi Yar de l'histoire,
- etc, etc...

Le livre, et l'auteur le souligne à plusieurs reprises, s'adressant directement au lecteur, raconte des faits réels, basés d'abord sur les carnets où il consignait ce qu'il avait observé, mais aussi sur de nombreux témoignages qui lui ont été rapportés, et sur des documents de première main. Je retiens particulièrement le récit de Dina Mironovna Pronitcheva, actrice du théâtre de marionnettes de Kiev, qui échappa miraculeusement à la mort en feignant celle-ci, entourée de cadavres.

Rappelons aussi qu'il s'agit des observations d'un jeune garçon, son âge lui a permis de ne pas attirer l'attention sur lui et donc de voir.

On est loin d'un récit de batailles ou de faits d'armes, ici on suit la vie d'Anatoli Kouznetsov durant l'occupation allemande, la description de sa famille, de son chat, son instinct de survie et les moyens utilisés pour manger à sa faim (vente de papier à cigarettes, aide apportée à un individu qui fait du saucisson avec des chevaux, vols,...).

L'auteur, je l'ai déjà souligné, s'adresse de temps en temps directement au lecteur d'abord pour lui préciser qu'il ne s'agit pas d'une fiction, mais également pour lui faire part de l'horreur de la guerre, de l'horreur de tout régime autoritaire et le conjurer d'être attentif !

C'est un document capital !


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La vie auprès du Ravin des Veuves - Baby Yar -

Baby Yar, l'auteur le connaît parfaitement. C'est son terrain de jeu. Il a 12 ans lorsque les Allemands envahissent l'Union Soviétique.

Ils vont transformer son terrain de jeu en un lieu de massacre. En quatre jours, les nazis vont éliminer 70 000 juifs de Kiev et pendant presque deux ans, les tueries vont se perpétuer, que ce soient les communistes, les résistants, les partisans ou bien simplement des personnes raflées sans raison particulière. Les habitants de Kiev vont vivre avec le claquement sec des mitrailleuses au quotidien comme une menace qui participe à entretenir la terreur.

Anatole Kouznetsov nous raconte, évidemment, cette monstruosité que fut Baby Yar mais son livre nous fait surtout le récit, au jour le jour, d'une survie sous l'occupation allemande.

La vie quotidienne était déjà très dure sous le régime communiste mais elle va devenir un enfer. Très vite, les habitants vont vivre dans la peur, celle d'être raflés, pillés car les Allemands volent absolument tout ce qu'ils peuvent et pour cela n'hésitent pas à vous menacer de vous déporter en Allemagne pour travailler, voire pire et tout cela sous le "tac tac tac" quotidien, ce bruit qui vient du ravin.

Mais le pire pour l'auteur, sa famille ainsi que pour tous les habitants, c'est la faim. Il n'y a plus rien à manger et chaque jour est une lutte pour survivre. Les Allemands prennent tout et affament la population. Alors, ce gamin et ses copains vont s'improviser voleurs, chapardeurs et surtout revendeurs de tout ce qu'ils ont pu trouver. Ils vont passer leurs journées dans le froid sur le seul endroit où ils peuvent commercer, un marché, où les paysans des alentours viennent vendre à prix d'or leurs produits. Ce marché, lieu de rafles régulières de la part des occupants, d'où ils rentrent avec quelques morceaux de pain et parfois avec quelques pommes de terre. Quelle fête, ce jour-là, à la maison. Quel bonheur, également, quand la municipalité servira, tous les jours à midi, une soupe à tous les enfants de moins de 12 ans. Ce sera souvent leur seul repas.

C'est cette vie faite de privations, de beaucoup de malheurs mais aussi de quelques instants de joie que nous raconte Anatole Kouznetsov comme lorsque la ville est enfin libérée. Pas de grands faits d'armes, pas de héros, de résistants illustres juste une vision de la guerre et de l'occupation de la part d'un gamin de douze ans qui permit bien souvent à sa famille de survivre, se découvrira des ressources qu'il ne soupçonnait pas, comme tant d'autres de ses compatriotes, une période qui le marqua à jamais et dont il voulut attester pour l'Histoire.


C'est un témoignage fascinant sur cette oppression de tous les jours accentuée par la présence de ce ravin de la mort. Ce ravin, même si les Allemands ont essayé de faire disparaître toute trace de leur extermination, sera finalement comblé par les Russes eux-mêmes sans même un monument commémoratif pour cause d'antisémitisme stalinien.

Est-il besoin de préciser que ce livre fut censuré, au point d'être totalement dénaturé, à sa parution en Union Soviétique mais comme aime à le rappeler l'auteur, il y a longtemps que les Russes ont appris à lire entre les lignes...
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Un livre de témoignages d'une très grande force.
Témoignages avec un S.
Attention le livre est dur et mon avis va évoquer quelques passages d'une horreur absolue.

# Anatoli 12 ans

Tout d'abord, le témoignage d'Anatoli 12 ans, habitant un faubourg de Kiev près du ravin de Babi Yar.
Il est témoin du massacre de dizaine de milliers de personnes.
D'abord les juifs, puis les tziganes, ensuite les résistants et finalement tous ceux qui étaient au mauvais endroit au mauvais moment.
Le mauvais endroit est vaste : c'est Kiev. le mauvais moment, c'est l'occupation allemande durant la seconde guerre mondiale.

> Un dicton était devenu populaire : « Les Juifs sont kaputt, les Tziganes idem, et vous, les Ukrainiens, votre tour viendra de même. »

Il témoigne des sentiments mitigés de la population vivant dans la misère et la peur des bolchéviks. le livre commence avant l'invasion allemande. Il dit plusieurs fois prendre des notes. Il a déjà la volonté de raconter plus tard.
Anatoli témoigne de la vie de sa famille sous le régime des soviets : les restrictions, la propagande, les purges, la peur.
Il évoque aussi brièvement l'Holodomor.

# La Shoah à l'Est

Anatoli témoigne des juifs massacrés lors de la « Shoah par balle ».
On gaze dans des camions, mais en grande majorité, on fauche des familles entières à la mitrailleuse avant de les enterrer parfois encore vivant dans le vallon.
Anatole ajoutera plus tard le témoignage de gens ayant échappé à ce qu'il qualifie de grande broyeuse d'humains.

Passé l'incrédulité des premiers jours

> Elle ne pouvait pas encore admettre l'idée qu'on fusillait les Juifs. Une telle masse de gens ! Ce n'était pas possible. Et puis, pour quoi faire ?

Il est absolument clair pour l'auteur que les gens savaient

> Ne savait pas uniquement celui qui ne voulait pas savoir.

# L'occupation allemande

La propagande soviétique à la suite du pacte germano-soviétique avait dépeint avec bien trop de bienveillance Hitler et le nazisme.
Ce qui a provoqué une fatale illusion :

> Les vieilles gens disaient : « Il y a toutes sortes d'Allemands, mais dans l'ensemble, ce sont des gens convenables et cultivés. Ce n'est pas la Russie barbare, c'est l'Europe, c'est la civilisation occidentale. »

Illusion qui dure quelques jours. Mais ensuite l'extermination des Juifs commence, puis on confisque presque toute la nourriture… S'ensuit une inexorable descente aux enfers où l'arbitraire, la famine, la mort font partie du quotidien de tout habitant de Kiev.
Une grande partie périra.
Anatoli tente par tous les moyens de survivre : la faim est abominable. le danger est omniprésent.

Il est juste trop jeune pour faire partie des rafles des Ukrainiens envoyés en Allemagne pour travailler comme des forçats.
Il est d'ailleurs conscient de sa chance. Il note à quel point la séparation entre la survie et la mort est mince.

Et avant de quitter Kiev, les nazis essayent de faire disparaitre Baby Yar. Ils ne seront pas les seuls.

# le témoignage d'Anatoli l'écrivain soviétique

Après la guerre et bien après la mort de Staline, Anatoli tentera de publier son récit.
Mais ce livre est absolument impubliable pour le régime soviétique.

> J'ai apporté en 1965 le manuscrit initial de ce livre à la rédaction de la revue Iounost à Moscou. On me l'a aussitôt rendu avec, disons, un empressement épouvanté, en me conseillant de ne le montrer à personne tant que je n'en aurais pas extrait tout le contenu « antisoviétique », qu'on m'avait signalé par des annotations.

Car comme Vassili Grossman dans son chef-d'oeuvre « Vie et Destin », Anatoli établi un parallèle insupportable (pour le régime) entre le paradis des prolétaires et le régime nazi.

> Ils croyaient mourir pour le bonheur universel, et les Allemands les fauchaient avec leurs mitraillettes au nom de ce même bonheur universel

Et il n'hésite pas à témoigner de l'anti-sémitisme florissant après-guerre

> Plus d'une fois, j'ai entendu des communistes de Kiev s'exprimer en ces termes :
> — Babi Yar ? Quel Babi Yar ? L'endroit où on a fusillé quelques Juifs ? Et en quel honneur devrions-nous élever des monuments à des sales Juifs ?

Les nazis ont essayé de faire disparaitre Babi Yar et avec un très grand zèle le régime soviétique a poursuivi cette tâche.

# Des rencontres marquantes

Des enfants
Des voisins
Des membres de sa famille Des lâches
Des ignobles
Des paumés

L'auteur sait décrire avec précision avec justesse et sobriété ceux dont il croise le chemin.

# Un livre témoignage de la censure

Cette édition récente utilise la typographie pour montrer trois sortes de textes

- le texte qui est resté après la censure
- le texte censuré en italique
- le texte ajouté par la suite par l'auteur ayant fui l'union soviétique entre crochets

Cela ne nuit pas à la lecture. Cela éclaire la nature du régime soviétique.

Le livre est en lui-même un témoignage de l'arbitraire, du pouvoir qui a peur de la vérité.
Même si Anatoli Kouznetsov n'a pas l'amplitude d'un Vassili Grossman, les passages ajoutés après l'écriture de son premier manuscrit « soviétique » sont l'occasion d'analyser son époque, la barbarie, la culture.

# Un message venu du XXᵉ siècle :

> Si, au XXᵉ siècle de notre ère, SONT POSSIBLES des épidémies d'ignorance et de cruauté à l'échelle mondiale, si le véritable esclavage, le génocide, la terreur généralisée SONT POSSIBLES, si le monde consacre davantage d'efforts à la production de moyens de destruction massive plutôt qu'à l'instruction et à la santé publique, alors, effectivement, de quel progrès parlons-nous ?

qui nous interpelle au XXIᵉ siècle :

> Il n'existe ici-bas ni bonté, ni paix, ni bon sens. Ce sont de méchants imbéciles qui gouvernent le monde. Et les livres brûlent toujours. La Bibliothèque alexandrine a brûlé, les bûchers de l'Inquisition ont brûlé, on a brûlé le livre de Radichtchev, on a brûlé des livres sous Staline, il y a eu des autodafés de livres sur les places publiques chez Hitler, et cela continuera toujours : il y a davantage d'incendiaires que d'écrivains. Toi, Tolia, qui es encore jeune, rappelle-toi que c'est le premier signe : quand on interdit les livres, c'est que ça va mal. Cela veut dire qu'autour de nous règnent la violence, la peur, l'ignorance. le pouvoir des sauvages.

Un avertissement intemporel :

> Comprendrons-nous un jour qu'il n'y a rien de plus précieux au monde que la vie de l'homme et sa liberté ? Ou bien la barbarie reviendra-t‑elle ?

# Attention

Il me faudrait tant dire dans cet avis.
Évoquer l'équilibre du livre entre le récit d'un enfant de 12 ans et le cadre de l'écrivain adulte qui a pris du recul sur les évènements.
Ce n'est pas qu'un témoignage…

Je vais donner un conseil et un avertissement.

1. le contenu

Comme pour « Les cercueils de zinc », il faut espacer les moments de lecture.
Reposez le livre après un chapitre.
Reprenez la lecture après un moment.

2. L'édition

Si vous avez entre les mains une ancienne édition sans les chapitres « Aux lecteurs », courte, avec des passages incohérents, alors vous lisez la traduction française tirée de l'édition censurée soviétique éditée par le PCF.
Ne lisez pas cette édition !
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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Ce livre n est pas seulement un témoignage sur les atrocités commises par les nazis sur les juifs au lieu tristement célèbre de Babi Yar.
C est aussi un témoignage d enfant en devenir d d'adolescent sur la guerre,la haine,les fascismes du 20e siècle, la famine et la censure soviétique.
Heureusement pour nous,l auteur a eu le courage de ses opinions et a trouvé le moyen de nous les faire parvenir.
Tres bon témoignage
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Si Anatoli Kouznetsov a donné le nom de ce ravin situé aux environs de Kiev à son livre, il n'aborde pas seulement la tuerie qui y sévit à partir de septembre 1941 et au cours de laquelle plusieurs dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants furent fusillés. Non, il aborde en réalité son enfance et son adolescence d'abord dans la Russie bolchévique qui ouvrait pour le bonheur universel, à grands coups de collectivisations forcées, de déportations massives et d'exécutions, puis à l'occupation allemande. Il parle aussi de la débandade de l'Armée Rouge et l'arrivée des allemands, les rationnements etc...
On y lit la misère et la souffrance de ce peuple, ballottés entre différents fanatismes politiques voire mystiques, quasi religieux, permettant ainsi tous les excès. Anatoli Kouznetsov ne cesse de mettre nazisme et communisme dos à dos, criant dans ses lignes une haine moins de l'Humanité que de l'individu endoctriné par de telles idéologies, ne poussant qu'au fanatisme et donc au pire.
Le texte est fatalement sordide à de nombreux passages, mais comme tout témoignage, déborde de détails qui donnent toute sa valeur à cet ouvrage.
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critiques presse (1)
LaViedesIdees
30 novembre 2012
La réédition de ce témoignage, en version intégrale non censurée, dans une traduction française corrigée et complétée, constitue […] un véritable événement tant pour la littérature que pour l’histoire.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Comprendrons-nous un jour qu’il n’y a rien de plus précieux au monde que la vie de l’homme et sa liberté ? Ou bien la barbarie reviendra-t‑elle ?
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Les journaux annoncèrent l'institution d'une nouvelle fête à la suite d'une proposition de Postychev, un grand compagnon de Staline : le sapin du Nouvel An.
Un jour, on nous ordonna d'ouvrir nos livres à la page où figurait le portrait de Postychev, et d'arracher la page. Postychev était devenu un ennemi du peuple, on le fusilla bien qu'il ait apporté le sapin.

Cela devint une habitude, tantôt on nous ordonnait d'arracher de nouvelles pages, tantôt de biffer à l'encre certains noms...
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Rien n'avait changé depuis des millions d'années ; les cimes des pins bruissaient doucement, et une terre immense s'étendait sous le ciel qui n'était ni aryenne, ni juive, ni tzigane, mais simplement une terre pour les hommes, je dis bien LES HOMMES, mais peut-être n'en existe-t-il pas encore sur le terre...

Cela fait des milliers d'années que l'espèce humaine vit ici-bas, et jusqu'à présent, la seule chose que les hommes aient appris à la perfection, c'est de tuer...
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Grand-mère revint de chez les voisins en racontant qu’un jeune garçon de 14 ans, qui avait réussi à s’enfuir en rampant du ravin, s’était réfugié dans la cour des maraîchers et racontait des choses atroces : là-bas, on déshabillait tout le monde, on alignait les gens au bord du ravin et on tirait dans la nuque du premier de façon à en tuer plusieurs avec une seule balle. On entassait les tués, on les recouvrait d’une couche de terre, et on recommençait l’opération. Mais beaucoup de fusillés étaient encore en vie, si bien que la terre bougeait et certains sortaient en rampant. Alors on les frappait sur la tête et on les poussait à nouveau dans le ravin. Mais lui, on ne l’avait pas vu, il était sorti en rampant et était accouru.
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C’est ce jour-là que fut livré le combat décisif pour la possession de Kiev. Aujourd’hui, en revivant une fois de plus le debut de cette journée, j’ai beau m’efforcer, je n’arrive toujours pas à comprendre comment, sur cette terre admirable, bénie, avec ce ciel et ce soleil, parmi des gens doués d’intelligence et de raison, non pas des animaux mus par l’instinct mais des hommes capables de réfléchir et de comprendre — comment sont possibles des idioties aussi monstrueuses que la guerre, la dictature, la terreur, toutes ces tueries réciproques et toutes ces humiliations sadiques infligees aux uns par les autres.
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