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EAN : 9782749127316
348 pages
Le Cherche midi (11/04/2013)
3.5/5   7 notes
Résumé :
Dans une Amérique parallèle au bord de l'explosion, Della, jeune paléontologue éprouvée par la vie, cherche refuge dans d'étranges activités : elle collectionne des photos d'immolations célèbres, joue avec des rats morts, déclenche de fausses alertes à la bombe. La réalité se met à imiter ses fictions le jour où un attentat frappe le centre commercial voisin. La ville s?enfonce alors peu à peu dans un climat de violence urbaine et de répression policière, et Della d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Fille d'anciens gauchistes qui ont éduqué leurs enfants pour les préparer à une révolution qu'ils ne déclencheront jamais, Della Mylinek, spécialiste de géologie et de paléontologie, travaille comme serveuse dans un resto végétalien de Portland au nom comme un miroir aux alouettes : "Si on chantait".

L'Américaine dystopique de "Zazen" bascule dans le chaos, et Della elle aussi est en pleine confusion, traversée de courants d'incertitude et de sensations fortes, vagues qui la submergent dans ce monde absurde, avec trop de choix pour consommer et trop peu de sens pour vivre. Alors Della essaie de comprendre, de donner un sens au monde en le cartographiant : «Des cartes de Pangea et de Gondwana, avant que les coutures ne craquent […] carte du Sentier des larmes, carte des pistes cyclables, plan de métro et un croquis que j'ai fait à douze ans et que j'ai intitulé "Le monde de Della", titre inscrit au feutre parfumé en haut de la feuille.»

Cette vie déstructurée, avec ses fulgurances poétiques, comme des fragments éclatants de beauté avant la dissolution du monde, est le parfait miroir d'une civilisation vide de sens.

«Les télévisions sont allumées jour et nuit à présent jour et nuit. Les lumières baissent ; tous se meuvent dans l'ambre et tremblent comme des bougies à la veillée. Un jour, nous en serons tous là, insectes dans la sève, étranges joyaux.»

Il faut dire que cette Amérique est en état de décomposition avancée. Marchandises et nouvelles églises ont fusionné, peur des attentats et présence policière recouvrent la ville d'un nuage plus opaque que les fumées des attentats eux-mêmes, et des conflits larvés attendent leur embrasement. Reste-t-il quelque chose à sauver dans ce monde ? La plupart des Américains pensent que non, et préfèrent quitter le pays s'ils le peuvent, pour partir sous des cieux moins brouillés, Bali, la Thaïlande ou le Honduras.

Sur place, la contre-culture, digérée par la société de consommation, est devenue la norme, et les anarchistes de bac à sable sont aussi inoffensifs qu'inefficaces pour enrayer, ou même retarder, la décomposition du cadavre américain.

«Devant moi, le batholite, le Wal-Mart. le parking était parsemé de véhicules ; les vigiles patrouillaient sur les voies d'accès. Je n'y étais pas revenue depuis la fin de la campagne et notre échec cinglant. Nous avions assisté à l'inauguration comme on regarde un accident de la circulation. Ultime initiative de Credence : nous devions convaincre les futurs clients de signer une pétition exigeant que "la compagnie respecte des conditions équitables pour les communautés locales." Il aimait ça, Credence : conditions équitables pour les communautés locales. Pour un travailleur social, c'est comme deux seins nus, ces mots. Comme si tout le monde allait signer son torchon et découvrir soudain sa vraie place dans la constellation de l'oppression sociale. Petites étoiles ! Petites étoiles ! Blanchies et tremblantes, égayez-vous – et chaque pétition est un feu de prairie et toutes les signatures de précieux oiseaux tombés, affaiblis, du misérable nid et transportés tendrement jusqu'à la maison. Tenir la main aux mourants. Voilà ce que nous faisions.»

Autour de Della, qui voudrait désespérément croire en quelque chose et changer le monde, mais sans faire de dommages, et qui va finalement se jeter dans l'action, portée par ce désir de croire et par ses compétences de doctorante devenues inutiles dans une société dominée par des petits boulots précaires, Vanessa Veselka a écrit un roman ironique et cruel, et sainement dérangeant.
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Un premier roman féroce et drôle face à la question : Comment rester immobile quand on est en feu ?

Publié en 2011 (et traduit en français en 2013 chez Lot 49, au Cherche-Midi, par Anne-Sylvie Homassel), ce premier roman de l'Américaine Vanessa Veselka frappe un grand coup de cymbales qui devrait réveiller le roman de "futur proche" parfois un peu ensommeillé ces temps-ci...

Dans une Amérique subtilement différente de celle que nous connaissons aujourd'hui, minée par deux enlisements guerriers "de basse intensité" outremer, par la désindustrialisation, le chômage et les "petits boulots" permanents, par les bouleversements climatiques inexorables, par ses villes poudrières où la possibilité de la menace terroriste occupe les esprits bien plus sûrement que les bombes elles-mêmes, par son appareil de renseignement et de police croissant chaque jour en importance à défaut de véritable efficacité, Della, une jeune doctorante en paléontologie, fille de deux ex-militants gauchistes endurcis et pas vraiment repentis, survit de jobs occasionnels, toute à une valse-hésitation où elle s'interroge sur son éventuelle intégration à la culture dominante, hybridation d'ultime boboïsme capitaliste et d'écologisme new age ultra-revendicatif, et sur l'opportunité de suivre le mouvement en voie de généralisation, qui entraîne tout un chacun, dès qu'il dispose d'un peu d'argent, à quitter le pays - en cours de lente implosion allant toutefois s'accélérant - pour les cieux plus riants et plus sécurisés d'Amérique Centrale ou d'Asie du Sud-Est.

Jusqu'à ce que, parmi divers quasi-troubles obsessionnels compulsifs qui la hantent, comme la plupart de ses pairs, elle en vienne à étudier minutieusement l'historique des suicides par immolation publique, qu'elle soit taraudée par LA question qui domine l'ensemble du roman : "Comment rester immobile quand on est en feu ?", et qu'à partir de là s'enclenche une incroyable mécanique de complots, de contre-complots, de faux-semblants, de ruses et d'actions, pour au fond, répondre à cette question et savoir si l'existence a toujours un sens... Et dans cette quête, sachez que sa formation de géologue-paléontologue de très haut niveau n'est pas neutre... !

Virtuose et drôle, cruel et ironique, critique sauvage d'une dérive capitaliste potentiellement finale et des illusions et de l'impuissance des "contre-cultures", ce premier roman s'inscrit d'emblée parmi les grands, lorgnant du côté des meilleurs Vonnegut, Ballard, Aldiss ou Womack.
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J'avoue lorsque je pris ce livre à la bibliothèque, je ne m'attendais à ce genre de science-fiction. Je pourrais le comparer à Obama de Lavie Tidhar que j'avais trouvé passabl. Dans cet univers ou réalité parallèle Della une jeune paléotologue collectionne des photos d'immolation célèbres et pour ce changer les idées provoques de fausses alerte à la bombe. L'auteure Vanessa Veselka à une bonne plume mais je ne me suis pas attaché à la jeune Della car tout au long du roman on parlait de capitalistes, de communisme il ne manquait plus que les socialistes pour ajouter au fun de cet univers noir au possible où parle voyage dans la même phrase que kamikaze c'est à rien comprendre. Je sais que c'est une sorte de futur possible mais ce monde parallèle est fait comme une moitié de château de carte on souffle dessus et il s'effondre. Je vais attendre un peu le prochain roman de Vanessa Veselka espérons que le prochain sera plus abouti niveau complexité des personnages et de celui del l'écrivaine.
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Malgré un résumé prometteur, j'ai été déçue par ce roman. Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, j'ai eu du mal à suivre ce que l'auteure voulait exprimer et l'héroïne n'a pas su éveiller mon intérêt. Quelques paragraphes me semblaient trop obscurs ou incompréhensibles pour moi, sans doute parce que je manque d'intérêt pour ce qui parle de politique. Je suppose que ce livre ne m'était pas destiné, dommage !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Devant moi, le batholite, le Wal-Mart. Le parking était parsemé de véhicules ; les vigiles patrouillaient sur les voies d’accès. Je n’y étais pas revenue depuis la fin de la campagne et notre échec cinglant. Nous avions assisté à l’inauguration comme on regarde un accident de la circulation. Ultime initiative de Credence : nous devions convaincre les futurs clients de signer une pétition exigeant que « la compagnie respecte des conditions équitables pour les communautés locales. » Il aimait ça, Credence : conditions équitables pour les communautés locales. Pour un travailleur social, c’est comme deux seins nus, ces mots. Comme si tout le monde allait signer son torchon et découvrir soudain sa vraie place dans la constellation de l’oppression sociale. Petites étoiles ! Petites étoiles ! Blanchies et tremblantes, égayez-vous – et chaque pétition est un feu de prairie et toutes les signatures de précieux oiseaux tombés, affaiblis, du misérable nid et transportés tendrement jusqu'à la maison. Tenir la main aux mourants. Voilà ce que nous faisions.
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Ce soir-là, j'ai reçu un SMS de Jimmy qui me proposait de la retrouver dans la soirée, vers le fleuve, dans la zone industrielle. Je ne sais pas si l'idée venait d'elle ou si Credence lui avait demandé de garder l'œil sur moi. Bien sûr : un entrepôt plein de hippies citadins et dystopiques, c'est bien plus sûr qu'une cellule capitonnée. Rien de plus sain que le choc mou du zéro contact.
- Allez, disait Jimmy. Tu vas rencontrer du monde. Ça va être bien.

Parce que rencontrer du monde, c'est toujours bien.
La Verrerie était une usine de plain-pied coincée entre deux silos à grain ; dans les années quarante, on y produisait de la verrerie d'art. Deux ans plus tôt, pendant les vacances d'été, j'avais fréquenté les lieux. Surtout pour des concerts de noise. C'était tout près du fleuve, là où les routes ne sont parcourues que par les camions des usines. La plupart des vitres étaient cassées ; l'électricité était installée à la va-comme-je-te-pousse : les câbles de cuivre étaient régulièrement facuhés et revendus. Il y avait sur le fleuve, m'avait-on dit, une flottille de mecs drogués à la meth qui allaient la nuit, sur des barques de fortune sous les docks, dépouiller le cuivre des conduites. Je les voyais bien en train de se construire un palais couleur centime dans les collines, avec des labos qui n'arrêtent pas d'exploser et "Guitar Hero" en boucle.
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Je fais deux cauchemars qui reviennent souvent. Dans le premier, je suis emportée malgré moi par un fleuve rempli de Nike, de Tampax en paquets de douze kilos et de meubles de jardin indonésiens. Dans le second, la Statue remonte ses jupons et quitte son île. Liberté ! Liberté ! Ses épingles à cheveux tombent dans le port comme des bombes à fragmentation ; une rumeur faite de bribes de conversation approche – elle patauge. Et je crois que je supporterais mieux ces rêves si je savais quand j’en serai enfin débarrassée.
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D’après Credence, si la moitié des bourges caucasiennes de mon cours de yoga (en général, des responsables marketing) avait eu le courage de voter pour autre chose que la baisse de leur taxe foncière, il aurait pu y avoir du progrès. J’aurais bien aimé voir ça. Du grand – qui ne fiche pas la trouille. Qui soit simplement beau. Du merveilleux, du surprenant. Genre, les feux d’artifice qu’on voyait gamin. Et là, maintenant, je ne vaux pas mieux qu’un chien.
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