Première de cordée : Claude Kogan, femme d'audace et de passion

Claude Kogan a été une extraordinaire alpiniste. Un tout petit bout de femme d'un mètre cinquante, mais quelle volonté, quelle énergie !
L'écrivain-journaliste Charlie Buffet a eu l'excellente idée de nous offrir sa biographie.
Née dans un famille pauvre, Claude était couturière et rien ne la prédestinait à devenir la meilleure alpiniste des années cinquante.
Il a suffi d'une fois, lors d'un week-end entre amis, au cours duquel Claude a l'occasion de grimper et découvre la joie enivrante que l'on éprouve dès que l'on s'élève. Sa décision est prise aussitôt : elle sera alpiniste.
Mais tout n'est pas simple, le parcours de Claude n'est pas un long fleuve tranquille.
La guerre d'abord, qui l'oblige à fuir et se cacher avec son fiancé juif traqué par la Gestapo.
Les premières ascensions ensuite, dans lesquelles elle doit batailler pour ne pas être cantonnée, en tant que femme, à des rôles subalternes.
La mort de son mari, inséparable compagnon d'aventures, dont elle ne se remettra jamais tout à fait.
Claude doit sans cesse lutter, sans arrêt batailler pour conquérir sa liberté et vivre sa passion de l'alpinisme et sa vie entière comme elle l'entend.
Claude a fait ses preuves en montagne. Ceux qui ont tutoyé les sommets avec elle ne peuvent qu'en convenir. Mais pour enfoncer le clou, elle monte une expédition internationale entièrement féminine pour s'attaquer au Cho Oyu, sommet himalayen de plus de huit mille mètres. Lucien Devies, président du Club Alpin Français à l'époque aura ces mots méprisants : "Si elles réussissent, cela confirmera mon impression que le Cho Oyu est une montagne à vaches". Quand je disais que Claude Kogan avait dû se battre toute sa vie...
Claude confie à un ami : "Tu sais, ce qui pourrait m'arriver de meilleur, c'est de mourir pas trop vieille et en montagne." Son voeu a été exaucé : elle meurt à quarante ans, emportée par une avalanche à 7 000 mètres d'altitude.
Claude Kogan a vécu en femme libre. Sa vie a été très riche. Elle a connu un amour magnifique avec son mari, elle a participé à des combats féministes pour faire reconnaître les aptitudes des femmes à leur juste valeur. Mais avant tout, elle a vécu une passion folle pour l'alpinisme.
Je lui laisse le mot de la fin :
"La montagne ne s'explique pas, elle se sent. C'est la seule véritable évasion possible d'une vie médiocre, mesquine et intéressée. Elle nous met face à notre propre responsabilité ; elle nous donne la mesure de ce que nous avons de meilleur."