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EAN : 9782221111987
378 pages
Robert Laffont (02/10/2008)
3.57/5   124 notes
Résumé :
Une petite anthropologie intellectuelle et sentimentale.

Dans "Qu’ai-je donc fait ? " Jean d’Ormesson révèle sur lui et sur les siens des pans entiers d’existence qu’il a longtemps gommés. Sur les différents milieux auxquels il a appartenu, sur leur langage, sur leurs croyances, et leurs modes de vie, il jette avec précision et humour une lumière nouvelle. Il passe à quelques aveux et donne de lui-même une image nouvelle. Et du monde où nous vivons un... >Voir plus
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Difficile. Difficile d'écrire ce qu'a été sa vie quand on a vécu avec fougue, avec passion, oui, mais sans lignes directrices claires, sans objectif à atteindre, sans projet ou mission. Quand on a été saisi très tôt par ce que Jean appelle “ le vertige du monde” : la faim de vivre, un immense appétit de vie, mais aussi une anxiété devant l'immensité sans cesse changeante des possibles. Peut-on être presque trop doué, peut-on être ébloui par l'éventail des richesses qui semblent être à portée de main ? Sans doute.

Alors on vit avec fougue, mais aussi avec prudence. On s'aventure, on se lance, mais on ne s' engage pas, ou pas trop. Surtout, on ne se claquemure pas dans un truc dont on ne pourra plus sortir. On travaille fièvreusement, et en même temps l'on ménage ses options. On explique tout cela en mettant en avant l'humour, l'indifférence, souvent feinte, le relativisme, une sophistication bien réelle... On s'enveloppera des incertitudes de son temps, et on choisira l'opposé de ce que l'on vous propose, qu'il s'agisse du trotskisme des profs de la rue d'Ulm ou du catholicisme du père. L'on veut garder ouvert l'espace du choix, l'espace de la liberté.Non pas par hypocrisie, mais parce que l'on estime que c'est la meilleure chose à faire. J'aime la vie, mais je garde – dans le mesure du possible – je garde mes distances, je préserve ma liberté de choix.

Alors plus tard, beaucoup plus tard, l'on veut sans doute faire un point. Qu'ai je donc fait ? Qu'a été ma vie ? Qu'ai je fait tout en voulant ne pas trop en faire ? Et l'on écrit un délicieux petit livre, dont les pages se dégustent une à une, telles des pralines ou des petits-fours. Beaucoup de bonheurs, pas mal d'anecdotes amusantes, et quelques malheurs, toujours enrobés de ce charme et de cette distinction dont il ne se departageait jamais. Bien qu'aggregé de philosophie, Jean était surtout un conteur, un homme qui savait créer tout une fresque avec seulement quelques mots . Un magicien du verbe. Un amoureux de la vie. Un homme un peu perdu, aussi, ébloui par la vie, qui observait et qui cherchait. Un être merveilleux, qui a commencé à nous manquer. Heureusement, ses livres nous restent.
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Qu'ai-je donc fait ? Eh bien, je viens de lire avec beaucoup d'intérêt et de plaisir le livre de Jean d'Ormesson : « Qu'ai-je donc fait ? »...

Je dis « le livre » car c'est assez difficile à classer :
Ce n'est pas un roman, c'est plutôt une biographie, mais pas très détaillée, pas très centrée sur les faits vécus par l'auteur. Il donne plutôt ses impressions, ses valeurs, ses manières de se comporter face aux joies et aux vicissitudes. Il narre avec humour et sincérité son éducation aristocratique (« Mon grand-père maternel avait une soeur : Mme de la Faulotte. C'était une vieille sorcière qui nous faisait grand-peur et que nous comparions volontiers, mon frère et moi, à Mme Fichini ou à Mme Popofski dans les romans de la comtesse de Ségur. Elle était, comme son frère, à la tête d'une fortune qui ne prêtait pas à rire »), sa jeunesse insouciante et paresseuse (« La paresse, rien de plus clair, est la mère des chefs-d'oeuvre »), et ose parler de son grand amour qui est à la fois sa grande honte due à son comportement lâche et irresponsable (« Cette page que vous êtes en train de tourner et que vous vous apprêtez maintenant à lire, je dois l'arracher à moi-même avec beaucoup d'efforts et de peine. J'aimais C. Non seulement j'ai fait tout ce que je pouvais pour lui plaire, mais je n'avais dès le départ, pas la moindre intention de faire ma vie avec elle. Voilà que nous glissons, je le crains, dans les pires poncifs de la littérature au niveau le plus bas. Je l'ai détruite, j'ai détruit tout un pan de cette famille à laquelle j'étais attaché et je me suis détruit moi-même. Puisque je l'aimais, je n'avais qu'à partir avec elle, à m'établir ailleurs à ses côtés, à construire ensemble quelque chose de durable. Je suis parti. Avec elle. Et je suis revenu. Chez mes parents, abreuvés de larmes et changés en personnages de Greuze devant un vase cassé. »)

C'est plutôt aussi un essai, une exposition de ses idées principales sur la Vie, qui est pour lui la littérature : « D'une façon ou d'une autre, pour le meilleur ou pour le pire, succès ou échec, j'étais entré en littérature. », mais aussi, en vrac, sur l'argent, la politique, le fait de suivre la mode, les valeurs, anciennes et nouvelles, la Science, la Philosophie, l'Histoire (« La question est de savoir si le monde n'a pas toujours été en train de se découdre et de se défaire. Depuis les temps reculés, chaque génération a eu le sentiment que ses valeurs disparaissaient et que l'avenir était lourd de menaces. A plusieurs reprises, la crise de découragement et de méfiance à l'égard de l'avenir semble avoir été aussi forte qu'aujourd'hui »)...

Et une interrogation surtout sur le sens de la vie. D'où venons-nous ? Que faisons-nous sur Terre ? Qu'est-ce que le Temps ? Qu'y a-t-il après la mort ? Dieu existe-t-il ? (« Je n'aime pas tellement ceux qui savent qu'il existe et qui en profitent pour me donner des leçons. J'aime encore moins ces esprits soi-disant libres qui savent avec certitude et qui répètent à tout vent qu'il n'existe pas. Tout ce qu'on peut faire avec Dieu, ce n'est pas de le connaître ni d'accumuler des arguments pour ou contre son existence. Ce n'est même pas de parler de lui. C'est d'espérer qu'il existe. »)

Et finalement, il en ressort un optimisme fondamental : Jean d'Ormesson aime la vie plus que tout et lui rend grâce, et c'est pour cela qu'il me plait. Je termine donc par cette ultime citation, parce que je me rends compte avec effroi que je ne parviens pas à clore ce billet, tellement il y aurait des choses à dire, tellement D Ormesson a suscité en moi bien des acquiescements, bien des interrogations aussi, et quelquefois quelques agacements :

« J'ai trouvé la vie très belle et assez longue à mon goût. J'ai eu de la chance. Merci. J'ai commis des fautes et des erreurs. Pardon. le monde est une drôle de machine à faire verser des larmes de sang et à rendre fou de bonheur. Je me retourne encore une fois sur ce temps perdu et gagné et je me dis, je me trompe peut-être, qu'il m'a donné – comme ça, pour rien, avec beaucoup de grâce et de bonne volonté - ce qu'il y a eu de meilleur de toute éternité : la vie d'un homme parmi les autres. »
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Récit en trois parties : la première "Poeta fui e cantai", la deuxième "Nageur entre deux rives" et la troisième "Sur les genoux des dieux". Jean d'Ormesson insiste : "Ne m'accusez pas, je vous prie, de ne m'occuper que de moi. En parlant de moi, je parle de vous." Une enfance, une adolescence, un "milieu" dont il décrit us et coutumes, et... il n'est plus nous. Une accusation de notre société littéraire contemporaine : "J'ai toujours pensé que je serais un des derniers à écrire un livre comme on les écrivait dans les siècles évanouis : avec cette plume ou un crayon sur du papier, dans cette langue millénaire aujourd'hui menacée dont se servaient Chamfort, Mérimée, Giraudoux ou Colette, sans machine d'aucune sorte, sans trop se soucier de la mode ni des lecteurs, dans le sillage des grands anciens dont on s'efforçait de se souvenir au lieu de rompre avec eux." Oui et non! Des interrogations spirituelles où le doute qui l'agite penche cependant plus d'un côté :"Je n'aime pas tellement ceux qui savent qu'il existe (Dieu) et qui en profitent pour donner des leçons. J'aime encore moins ces esprits soi-disant libres qui savent avec certitude et qui répètent à tout vent qu'il n'existe pas. Je ne sais pas si Dieu existe. Les fameuses preuves de son existence ne me paraissent pas décisives. Les efforts, dans l'autre sens, pour démontrer qu'il n'existe pas, me semblent le comble de l'absurde." Des positions sociétales : "Vingt ans plus tard, Mai 68 était un carnaval révolutionnaire joué par des fils de bourgeois et mis en scène par des trotkistes sur une musique surréaliste." Un peu réducteur, non? Tant de citations de "la vie d'un homme parmi les autres" dont il est instructif de parcourir la pensée mais cela s'arrête là... hors la polémique qui remue les "différents milieux" et les ressentis émotionnels de la vie qui avance et mène chacun vers cet ultime "qu'ai-je donc fait".

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Un très joli voyage au coeur de la vie et des sentiments d'un grand homme de notre temps. Une fois de plus, une énorme dose d'humour tout en finesse.

Qu'ai-je donc fait se divise en trois grandes parties. Dans la première il revient sur son parcours d'écrivain, ses désirs et ses attentes vis à vis de la littérature. La seconde partie,contient ses confessions, ses souvenirs de famille, ses amours douloureuses; c'est la partie proprement autobiographique, au sens classique du terme. Enfin, dans la dernière partie, il nous fait part de ses questionnements plus philosophiques sur le temps, l'espace, l'histoire de l'humanité et l'existence de Dieu.

Très sympa à lire je le recommande
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Comme il est dit dans le quatrième de couverture: Jean d'Ormesson nous conte "la vie d'un homme parmi les autres", se retournant sur sa vie, avec sincérité et sans regrets.
J'ai passé un excellent moment en compagnie de Monsieur d'Ormesson. Ce n'est pas la vie d'un héros, mais celle d'un homme qui a vu, lu, appris, beaucoup et avec une curiosité insatiable dans un siècle riche et mouvementé. Ce que j'aime particulièrement chez lui, c'est qu'il semble toujours poser un regard clair et neuf sur le monde, sans préjugés, avec humour et l'oeil pétillant, sans renier les "manières" légèrement surannées, héritées de ses origines aristocratiques.
Cela fait partie de ces gens avec qui on passerait bien une soirée.
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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
S'il y a un Dieu, il est caché, il est ailleurs, il est hors du temps, il n'obéit pas à nos lois et nous ne pouvons rien dire de lui. Nous ne pouvons décréter ni qu'il existe ni qu'il n'existe pas. Nous avons seulement le droit d'espérer qu'il existe. S'il n'existe pas, notre monde est absurde. S'il existe, mourir devient une fête et la vie, un mystère.
Je préfère, de loin, le mystère à l'absurde. J'ai même un faible pour le secret, pour l'énigme, pour un mystère dont la clé nous serait donnée quand nous serons sortis de ce temps qui est notre prison. Kant parle quelque part d'une hirondelle qui s'imagine qu'elle volerait mieux si l'air ne la gênait pas. Il n'est pas impossible que le temps soit pour nous ce que l'air est pour l'hirondelle. Tant pis ! Je prends le risque. Si tout n'est que néant, si les portes de la nuit s'ouvrent et que derrière il n'y a rien, être déçu par ma mort est le dernier de mes soucis puisque je ne serai plus là et que je n'en saurai rien. J'aurai vécu dans un rêve qui m'aura rendu heureux.
Je m'amuse de cette vie qui se réduit à presque rien s'il en existe une autre. Les malheurs , trop réels, les ambitions, les échecs, les grands desseins, et les passions elles-mêmes si douloureuses et si belles, changent un peu de couleurs. Avec souvent quelques larmes, je me mets à rire de presque tout. Les imbéciles et les méchants ont perdu leur venin. Pour un peu, je les aimerais. Une espèce de joie m'envahit. je n'ai plus peur de la mort puisqu'il n'est pas interdit d'en attendre une surprise. Je remercie je ne sais qui de m'avoir jeté dans une histoire dont je ne comprends pas grand-chose mais que je lis comme un roman difficile à quitter et que j'aurai beaucoup aimé.
J'ignore s'il y a un Dieu ailleurs, autre chose après la mort, un sens à cette vie et à l'éternité, mais je fais comme si ces promesses étaient déjà tenues et ces espérances, réalisées. Et je souhaite avec confiance qu'une puissance inconnue veille, de très loin, mais beaucoup mieux que nous, sur ce monde et sur moi.
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Il y a quelque chose de mieux que de s'agiter : c'est de s'ennuyer.
J'écrirais volontiers un éloge de la paresse et de l'ennui.
L'ennui est cet état béni où l'esprit désoccupé aspire à faire sortir du néant quelque chose d'informe et déjà d'idéal qui n'existe pas encore.
L'ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie.

Voyager n'est pas mal. Le succès, c'est très bien. Etre heureux, qui ne le souhaite? S'ennuyer est bien mieux. C'est quand vous êtes perdu que vous commencez à être sauvé.
La vie la plus banale, allumer un feu dans une cheminée, se promener dans les bois - Rousseau avait besoin de marcher pour aiguiser ses idées -, ronger son frein et son coeur parce qu'on n'est bon à rien, maudire le monde autour de soi, s'abandonner aux songes, ou,mieux encore ne rien faire du tout, ou, en tout cas le moins possible - avant, bien sûr de se jeter dans le travail à corps perdu -, peut mener autrement loin.
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En face de l'argent, qu'y a-t-il? Il y a ceux qui n'en ont pas. On dirait que le monde moderne est fait d'argent et de pauvres.
L'argent coule à flots : sur les palais des congrès, sur les aéroports, sur les avions, sur les trains à grande vitesse, sur les autoroutes et leurs échangeurs, sur les porte-avions et sur les sous-marins, sur les centrales nucléaires, sur les usines, sur les laboratoires, sur les hôpitaux qui manquent pourtant cruellement de ressources.
Il ne coule pas sur les pauvres.
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Il paraît que même chez nous, en France, où elle a longtemps prospéré, la vie littéraire, si brillante durant un demi-millénaire, est en train de s'étioler.
Ce n'est pas qu'on n'écrive plus : les manuscrits fleurissent comme jamais. Les gens ne lisent peut-être plus, mais ils écrivent. Mannequins, cyclistes, confiseurs, footballeurs, assureurs, repris de justice y vont de leur production et, en nombre de navets, chaque rentrée littéraire bat les records de l'année précédente.
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Je n'ai jamais cessé d'être un privilégié, peut-être plutôt timoré. Je suis le chroniqueur extérieur des drames de mon époque, le témoin à peine engagé d'un monde en train de changer.

(p.210)

Je n'aime pas l'argent, mais je n'ai pas détesté en avoir. Je sais : on peut sourire. Je me moque aussi des honneurs. Je ne les ai pas refusés.

(p.227)

Je cultivais l'ironie, l'indifférence, la légèreté. Mais ma fragilité m'accablait...
La plupart du temps, j'étais allègre... Plus j'étais heureux, plus je me sentais menacé par la beauté du monde et par l'histoire cuelle des hommes...Le malaise dont je parlais tout à l'heure ... me semblait venir du fond des âges et d'un espace sans bornes.

(p.254-255)
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Vidéo de Jean d' Ormesson
"Une petite merveille ! le seul conte écrit par Jean d'Ormesson et qui ressemble tellement à ses yeux bleus et pétillants ! de 8 à 120 ans !" - Gérard Collard.
Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres...
À retrouver à La Griffe Noire et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/l-enfant-qui-attendait-un-train.html
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