Pour ce solstice d'hiver, il me fallait partir, loin ! Arpenter des paysages enneigés, me perdre dans une blancheur infinie et un silence assourdissant, avec l'espoir de flairer une piste qui réaliserait mon souhait de m'emporter dans un ailleurs saisissant...
Et comme un sérac venu s'écraser sur mon chemin, ce roman a surgi devant moi !
« Un fil du destin se brise. Un autre se renforce. »
Se fondre dans ce récit de fantasy, c'est comme...
S'enfoncer dans un huis-clos de givre, emprisonnant les 30 strophes d'une ode initiatique sculptée dans la glace, et dont l'emprise de marbre se resserre dès les premiers vers.
Explorer un lieu hors du temps, y attendre la nuit la plus longue de l'année - celle qui dure plus, bien plus que le jour - dans une tension croissante et un sentiment de froide inexorabilité.
Marcher dans une neige rougie de sang et sous un ciel plombé de mauvais augures. Y voir la vapeur de son souffle balayée par un vent chargé de cendres funestes, où le sel des larmes se cristallise avant d'atteindre le sol.
Se tenir aux aguets dans cette ambiance cotonneuse et immobile, où chaque flocon tourbillonne dans l'attente du prochain secret, ou cadavre à recouvrir.
Etre à la croisée d'un monde dont l'avenir se tisse au bord de la montagne du destin, sur lequel souffle la bise polaire d'une tragédie en devenir, et assister au drame qui se noue, impuissante et transie.
« Un fil se brise, un autre se renforce. »
Rejoindre ses personnages, c'est un peu...
Se perdre dans le regard noir et abyssal d'un roi impressionnant, aux bois de cerf immenses, et souverain d'une clairière légendaire sur laquelle le glas pourrait bien sonner.
Identifier quatre clans, venus des quatre points cardinaux, tous détenteurs de pouvoirs particuliers, et s'inquiéter de leur loyauté et des plans qu'ils pourraient ourdir tandis qu'ils s'observent en chien de faïence.
Scruter les prophétesses à la peau marquée de runes, et les augures inscrits dans les nuages et le cri des loups, avec un sombre pressentiment.
Apercevoir des créatures et esprits venus de derrière le voile, et ne pas s'en approcher sans crainte.
Mais surtout accompagner un jeune homme à sa première cérémonie du solstice. S'attrister de le voir rejeté par son père, seigneur d'un clan qui possède le don de se métamorphoser en animal. le suivre lors de ses envolées au-dessus des cimes immaculées. Sentir l'air pur s'engouffrer dans son bec, et le sentiment de paix qui l'étreint, lorsqu'il prend sa forme de corbeau. L'aimer tel qu'il est, placer beaucoup d'espoirs en lui, et espérer qu'il en réchappera. Mais aussi voir grandir sa désillusion, sa peur et son chagrin, à mesure que la célébration du solstice approche, que la mort rôde de plus en plus près, et...
« Que certains fils du destin s'effilochent, quand d'autres se consolident. »
Que passe l'hiver... oui, mais pas le souvenir de cette lecture ❤