Comme un défaut ou une qualité,
Gangsters commence exactement là où se terminait
Gentlemen (d'où la nécessité absolue de lire le 1er opus pour comprendre le 2ème, voire même d'enchaîner les deux, ce qui fut ma « chance »).
Avec un recul de 25 ans, que ce soit dans la réalité de l'auteur et dans la fiction, ce roman nous propose une relecture des évènements passés, à la lumière de l'expérience et du temps. Mais il reste toujours axé sur ces thèmes redondants : le réel et l'irréel, la Vérité et le Mensonge ; la vérité vécue comme relative, réduite à l'échelle de l'individu, « à chacun sa vérité » en quelque sorte ; le mensonge dans une palette toute nuancée : diplomate, de tact, pernicieux, manipulateur.
Alors que
Gentlemen se développe comme un air de jazz, jouant sur les humeurs et les émotions,
Gangsters se vit plus dans la réflexion, dans une succession de scènes théâtrales, dans des lieux clos alternativement gris et ternes, ou vifs de couleurs. Sous influence manifeste de la peinture, j'ai adoré les références (entre autres) à
James Ensor et ses masques de carnaval, ou bien à
Francis Bacon et ses portraits du pape Innocent X (support formidable à un chapitre d'anthologie qui me hante encore…).
Roman ardu mais que j'ai hâte de re-lire. Dans 25 ans peut-être...