Charles Exbrayat - Jules Matrat - 1975 : La première guerre mondiale a entraîné dans la mort des millions de soldats, mutilant dans leur chair beaucoup d'autres et maintenant les survivants et leurs entourages dans les affres sans fin d'un mal de vivre qui détruisit bien des familles et des couples. Exbrayat auteur à succès de livres policiers qui mirent en scène les enquêtes d'Imogène prouvait ici un talent d'écriture qui le plaçait sans doute parmi les meilleurs écrivains français de sa génération. Car dans ce roman loin des facilités supposées qu'on prête à la littérature policière populaire l'homme étalait une écriture aérée et passionnante qui exprimait en peu de mots les émotions les plus profondes. L'histoire de Jules Matrat était toute simple et sans doute identique à celles de milliers d'autres pendant cette période : un homme heureux dans sa vie, amoureux de sa compagne, apprécié par sa famille et par son entourage qui partait au front résolu à faire son devoir sans briller et sans prendre de risque excessif. Cette apocalypse qui sépara définitivement tant de proches fut aussi pour de nombreux soldats l'occasion de connaître la fraternité des armes et l'amitié indéfectible qui découle des épreuves passées ensemble. Jules Matrat rencontrait Louis Agnin et tout de suite dans le chaos des combats ils devenaient indispensables l'un pour l'autre. Toujours ensemble dans la tranchée, au coude à coude lors de l'assaut, serré dans le trou qui les accueillait pour dormir la nuit les deux hommes pour ne pas devenir fou se mettront à faire des projets commun pour quand cette guerre absurde sera finie. Malheureusement le sort est cruel et quelques semaines avant la fin du conflit Louis est tué presque furtivement lors d’une attaque sans un cri, sans un mouvement et sans un sanglot. Le chagrin et le désespoir sera pour celui qui reste, tant d’envie, tant d’attentes détruites d'une balle tirée peut être en direction du hasard ou du destin pour ceux qui y croient encore. Jules Matrat démobilisé va tenter de faire vivre les projets si souvent évoqués au fond des tranchées. D’abord en rendant visite à l'épouse de son ami si souvent décrite dans leurs conversations comme une femme de haute moralité et qui ne s’avérera être en fait qu’une matrone avide d’argent et déjà en couple avec un autre homme alors que le corps de son mari est encore chaud. Plus encore le retour à la vie et à la réalité va être une douloureuse déception pour l’ancien soldat. Sa fiancée, ses parents, ses amis ne sont plus pour lui que des êtres sans reflet comme s’il était lui-même un fantôme inconsistant échappé des carnages qu'il a connu sur les collines de Verdun ou du Chemin des Dames. Le traumatisme qui est évoqué ici a frappé tant de soldat, il est décrit avec un tel réalisme qu’il évoque dans sa forme épurée et poignante Maupassant quand celui-ci évoquait la dépression de Jeanne l'héroïne d"une vie". Exbrayat avec ce livre tragique aborde la grande guerre sous un angle rarement usité par les auteurs y compris par ceux qui furent des combattants avant d'être des écrivains. Ainsi lorsque dans les premières pages le maire du village doit passer dans les fermes annoncer aux parents que leur fils a disparu au combat, le cœur du lecteur se serre devant l’immense douleur de ces femmes et de ces hommes accablés par la nouvelle alors qu’il y a peu ces jeunes martyres étaient encore des enfants qui remplissaient leur maison de rires et de bonheur. Les ravages psychiques de la grande guerre sont restés ignorés pendant très longtemps comme s’ils étaient dans l’imaginaire collectif l’apanage des lâches et des faibles. Ce livre est indispensable pour se rendre compte du contraire et pour compléter les grands classiques du genre (A l'ouest rien de nouveau, Les croix de bois...) qui se penchaient eux sur l'horreur des combats et sur la vie éprouvante dans les tranchées. Il donne une idée concrète des dégâts occasionnés par la guerre dans les âmes innocentes d’une humanité menée trop souvent à l’abattoir par des chefs à l’humeur fébrile et belliqueuse… bouleversant
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« Imaginez un homme ennemi du tracas qui trouve un charmant pays pour y attendre paisiblement sa retraite. Imaginez maintenant que dans cette petite ville sans histoire débarque un soir une Écossaise aux cheveux rouges… »
Notre farouche Écossaise se nomme Imogène. Elle vit à Londres et gagne sa pitance comme secrétaire à l’Intelligence Service. Ombrageuse, colérique, tempétueuse, rebelle, intraitable dès qu’il s’agit de l’honneur et de la gloire de l’Écosse, sa mère patrie, elle fait le désespoir de son responsable de service, et le bonheur de ses collègues qui savent asticoter cette âme naïve et emportée de vieille fille.
Cette existence simple et ordinaire aurait pu continuer si un haut gradé de l’Intelligence Service n’avait eu l’idée saugrenue de confier à cette virago homérique biberonnée au whisky une mission hautement confidentielle : celle de remettre un pli « secret d’état » à un correspondant de l’Intelligence Service à Callander, ville natale d’Imogène et cœur battant de l’Écosse éternelle.
Dès lors, l’imagination d’Imogène s’enflamme. Notre apprentie espionne croit emporter dans sa valise le sort du monde, se prend tour à tour pour la petite sœur du héros écossais Robert Bruce ou pour la réincarnation de Marie Stuart… et se rend à Callander avec la discrétion et l’élégance d’un éléphant dans un magasin de porcelaines. Quelle aubaine pour les ennemis du royaume de sa Gracieuse Majesté qui n’en demandaient pas tant !
Imogène s’abat comme la foudre sur la paisible bourgade de Callender où il ne se passe jamais rien. Un passage tonitruant, tintamarresque où la foldinguo aux cheveux rouges massacre à tour de bras dans des aventures rocambolesques, hautement improbables. Le coroner chargé d’élucider tous ces crimes entre vite en dépression, les gens raisonnables crient au scandale, tandis que les piliers des pubs opinent du chef, vaguement admiratifs, et comptent les points.
Tous les personnages, qu’ils soient ridicules, héroïques ou fourbes (essentiellement des dégénérés d’anglais) sont hauts en couleurs. Le whisky coule à flot et les répliques sont assassines.
J’ai beaucoup ri. C’est très bien écrit. Ce n’est pas sérieux du tout. C’est gentiment désuet. En bref, j’ai adoré.
Longue vie à Imogène !
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Callander avec ses maisons proprettes, et le « Fier Highlander » où quelques bons amateurs de Whisky refont le monde ; Callander avec son unique hôtel où viennent s’égarer quelques rares pensionnaires et son lac aux eaux noirs auréolé de terribles légendes ; Callander avec ses inoffensifs commérages de quartier et ses inflexibles paroissiennes ; Callander et la morne et rassurante régularité de ses journées où jamais rien ne se passe…
Seul le souvenir d’Imogène vient troubler cette atmosphère paisible et pantouflarde. Sorcière aux cheveux rouge pour les uns, héroïne d’un autre temps pour les autres, elle n’a pas fini de susciter admiration, effroi, et dépit parmi les habitants de la bourgade. Il est vrai qu’à elle seule, Imogène vaut bien les cinq chevaliers de l’apocalypse réunis. La flopée de cadavres mitraillés, noyés, éventrés, pendus qu’elle a trainé derrière elle lors de sa dernière visite, a de quoi alimenter les discussions au « Fier Highlander » pendant au moins dix générations.
Mais comme le violent orage qui s’éloigne, Imogène s’en est allée, à la satisfaction de beaucoup, et au premier chef du sergent Archibald McClostaugh, chargé de veiller à la sécurité des citoyens de la petite ville.
Seulement voilà ! trois années après ses exploits légendaires, Imogène est de retour en même temps qu’un fantôme. Certes, un fantôme écossais, mais un fantôme quand même. Intriguée, notre virago écossaise décide de s’en mêler… et les portes claquent, les injures fusent, les poings se ferment, les cadavres s’enchainent les uns après les autres… Les partisans et les ennemis d’Imogène se font face. Tout est hors de contrôle. Le Whisky coule à flot (encore plus que d’habitude), soigne les plaies, ravive les conflits… Quant à notre pauvre Archibald McClostaugh, il n’a rien d’autre à faire que de s’arracher de désespoir un par un les poils de sa longue barbe rousse.
C’est drôle, c’est enlevé, c’est d’une abyssale mauvaise foi, et ces damnés anglais sont toujours de fieffés imbéciles. On se doute bien que sans l’aide désintéressée des fiers écossais, ils n’auraient jamais été capables de fonder leur grand empire, celui où le soleil ne se couche jamais…
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Une retraite tranquille, sans émotion forte, ni cadavres autour d’elle : voilà ce que se jure Imogène McCarthery au moment de rejoindre définitivement Callander, sa ville natale et cœur du « vieux pays ».
Le sergent McClostaugh, sceptique, voudrait bien y croire et retrouver une Imogène assagie, vieillie même, recroquevillée, ratatinée sur son siège… Que son cauchemar vivant s’évanouisse à jamais. Il y crut le pauvre… quelques minutes… le temps d’un match de rugby qui opposait l’équipe de Callander à celle d’une ville voisine. Un champ de foire, une sorte de bataille des Thermopyles, avec la mauvaise foi, la bouffonnerie et le whiskey en plus… Imogène y joue un rôle primordial qui donne la victoire à Callander.
C’est là aussi, au milieu d’une mêlée indescriptible, que l’on ramasse le premier mort de mort violente. La victime, professeur au très select collège Pemberton, avait eu le malheur de s’adresser quelques minutes auparavant à Imogène…
Cette dernière qui a toujours un ange gardien farceur sur l’épaule parvient à le remplacer au très chic collège… Son but : confondre l’assassin dans les plus brefs délais et retourner à Callender pour vivre une retraite bien méritée.
Imogène, la sorcière aux cheveux rouge, professeur de littérature britannique au « so british » collège de Pemberton… Question dévastations, un éléphant de dix tonnes dans un magasin de porcelaine n’aurait pas fait mieux… Passons sur sa façon étrange d’aborder la pédagogie… D’ailleurs, Imogène, dans un de ses rares moments de lucidité, reconnait elle-même du bout des lèvres qu’elle mériterait d’être retravaillée…
À peine la version femelle de Jack l’éventreur a-t-elle mis un pied dans la vénérable institution qu’un vent de fureur et d’extravagance la traverse. Deux crimes supplémentaires, deux tentatives d’assassinat, des élèves, des parents et des professeurs au bord de la crise de nerf…
Je n’ai pas eu trop de difficultés à trouver l’auteurs des terribles méfaits. Il est un des rares rescapés au milieu d’un champ de ruines…
Une pensée émue pour les deux victimes collatérales de l’impayable Imogène. Le directeur du collège qui voit son monde policé et bien ordonné s’effondrer en quelques jours sous les désordonnés et furieux coups de boutoir de l’irrationnelle foldingo aux cheveux rouges. Archibald enfin, éternelle victime sacrificielle de cette créature assoiffée du sang de ses semblables. Il en vient à préférer, un comble, la pendaison à une bonne rasade de whiskey.
Comme d’habitude, l’aventure se termine au « Fier Highlander » où l’on fête outrageusement le triomphe d’Imogène. On trinque à tout et n’importe quoi, et c’est la mine grave et les larmes aux yeux qu’on exige de l’usurpatrice, la Reine Elisabeth II, la restitution immédiate de la couronne d’Ecosse à… à qui déjà ?
Exbrayat manie l’humour à la truelle. Mais que voulez-vous, les folles virées d’Imogène, sa naïveté et ses saillies ravageuses, j’adore…
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Ce premier Exbrayat, je le dois au film Chasse à la mafia (Rififí en la ciudad) de Jesús Franco (1963), avec Jean Servais et Fernando Fernández Gómez, adaptation franco-espagnole de Vous souvenez-vous de Paco ? On m’avait vanté l’humour des romans de cet auteur prolifique et adulé, cet ouvrage est peut-être l’un des seuls d’où il est absent.
Vous souvenez-vous de Paco? paru en 1958 est un polar de bonne facture qui nous offre une promenade dans le Barrio Chino des années 50, époque bénie où les quartiers les plus anciens de Barcelone n’étaient pas livrés en pâture au tourisme de masse, même si déjà des habitants faisaient frissonner quelques Hollandais ou Anglais en les promenant de nuit dans « un des lieux les plus mal famés d’Europe ». C’est dans le Barrio Chino que travaille l'inspecteur Miguel Lluji, un homme obsédé par le parrain local Ignacio Villar,qu’il tient pour responsable de la mort de son père. Tous les moyens sont bons pour faire tomber celui qui règne sur le trafic dans le quartier, quite à faire de Paco Voltz, un sympathique et inoffensif délinquant son indic. Mais un jour Paco se volatilise. Puis on retrouve son cadavre. La vengeance de l’inspecteur prend de l’ampleur. Et il n’est pas le seul dans le quartier à vouloir se souvenir de Paco.
Exbrayat dresse un portrait fidèle du Barrio Chino où les gens modestes et les laissé-pour-compte du franquisme tentent de survivre tant bien que mal entre boulots misérables et petites combines. L’intrigue est particulièrement habile et le dénouement laissera le lecteur comme deux ronds de flan catalan.
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Il y a bien longtemps que je voulais commencer la lecture de Charles Exbrayat... Il faut dire que l'oeuvre policière de cet auteur faisait monter les piles jaunes de mes Masques!
Alors, j'ai pris ce Petit fantôme de Canterbury qui est le petit dernier arrivé, donc plus facile à attraper. On évite l'écroulement ou le démontage toujours délicat d'un pilier soigneusement monté.
... Et je suis tombé pile (!) sur un bon volume de cet auteur fort disert. Une enquête so british avec un superintendant sagace, un inspecteur borné et... Huit meurtres! Lorsqu'on aime, on ne compte pas dit-on. Les autres personnages, revêches, sympathiques ou maladroits ne manquent pas non plus de relief. On sent le métier, chez Exbrayat!
Exbrayat manie la langue, l'humour et le suspens avec classe et maestria. On ne s'ennuie pas, au cours de ces deux-cent cinquante et une pages imprimées petit... Bien penser à faire des pauses régulière en regardant le paysage, si vous savourez ce petit jaune lors d'un voyage en train.
Après avoir quitté Canterbury et l'atmosphère anglaise, je sais que cet Exbrayat-là n'est que ma première visite chez l'auteur. Foi d'Horusfonck!
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Cyrus A. William Leacok a trente ans , il vient d'une des plus anciennes familles de Boston. Juriste de formation , il fait le tour des villes européennes pour comparer les différentes méthodes policières. Il est sérieux ( trop) , et s'apprête à se marier avec une femme pour asseoir sa position sociale . Grâce à l'argent du père de sa fiancée , il pourrait devenir sénateur du Massachusets .
Et il mâche des chewing-gums ...
Le commissaire Tarchinini , vit à Vérone, la plus belle ville du monde, ou plus assurément : La ville de l'amour... Il s'appelle Roméo, et sa femme Giulietta, laquelle lui fait souvent des spaghettis...
"Chewing-gum et spaghetti:" difficile de faire plus opposé que ces deux personnages, qui vont devoir travailler ensemble , ( l'un devant observer l'autre...), se tolérer, à défaut de s'apprivoiser...
Et ce n'est pas évident au début parce que Leacok est campé sur ses positions, à savoir : la supériorité de l'Amérique, sa splendeur, son efficacité . Et il a bien du mal avec les méthodes "foutraques" de son collègue qui parle à l'oreille des cadavres et qui pense que l'amour ( on est à Vérone), explique tout, même les meurtres.
Mais le charme italien opérera et l'Américain, sera conquis, tout comme visiblement l 'a été l'auteur ! Nourriture, générosité, bella ragazza, alcool, folie douce, opposés à la froideur, la rigueur, l'ambition, le manque d'ouverture, de curiosité de l'américain...
Exbrayat forçant un peu le trait, caricaturant les deux pays, j'ai failli abandonner ma lecture au tout début, mais la plume , l'humour, le côté farfelu m' ont alpaguée.
Il est des romans policiers qui privilégient le fond, l'enquête, et d'autres la forme, ici, on est clairement dans la deuxième catégorie. On sent tout le plaisir qu'a eu l'auteur à faire des bons mots. Il est son premier spectateur. Il s'amuse et nous entraîne généreusement avec lui, loin d'ici , à Vérone, la ville de Roméo et Giulietta...
Challenge Mauvais genres.
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Exbrayat nous gratifie d'une petite comédie sans prétention aucune.
Certes l'auteur ne se refuse aucune facilité et donne tout pouvoir à ses personnages pour que ceux-ci mêlent et démêlent une affaire d'espionnage.
Et pourtant, en dépit de ce gros travers, ce roman offre une réjouissante lecture portée par la sympathie que ne manque pas d'inspirer ses protagonistes.
Plus encore, c'est la plume d'Exbrayat qui se régale et nous régale dans la confrontation de ces trois familles ouvrières, aristocratiques et parvenues.
S'appuyant sur des personnages forts d'être caricaturaux, l'auteur nous arrache des sourires à répétition. Et un peu d'émotion aussi.
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Sur ma lancee, apres le Paris d'antan de Simenon, j'ai prolonge le plaisir en deambulant dans le Saint-Etienne du debut du XXe siecle avec le petit Charles Exbrayat. Dans ses souvenirs plutot, vu qu'il a ecrit ce petit livre quand il etait deja bien vieux et que cela n'a ete publie qu'apres sa mort.
Avec beaucoup de tendresse, teintee de l'humour feutre qu'il a toujours diffuse dans ses ecrits, il nous decrit ses parents, “une maman jolie et tenue pour telle par la bonne societe stephanoise, […] elevee chez les religieuses, a la fin du siecle precedent et, de ce fait – les braves filles ne pouvant donner ce qu’elles ne possedaient pas –, etait de savoir court. Cependant, point sotte, maman sut parfaitement tenir sa place dans le milieu bourgeois qu’elle frequentait”; un pere conservateur et cocardier: “chaque annee, quand arrivait la belle saison, il s’en allait, seul, passer huit jours en Alsace et a ma mere qui l’interrogeait sur la raison de ses voyages annuels, il repondait : – Pour leur montrer qu’on ne les oublie pas”. Et nous faisons connaissance aussi avec ses grand-meres, la blanche et la noire, la bonne et la mechante. Et nous nous promenons avec eux dans la longue avenue de la ville, “la Grand-Rue", quand les promeneurs n'etaient genes que par des chevaux. Et nous visitons les petits artisans dans “le vieux Saint-Etienne – ou le travail bien fait constituait, traditionnellement, l’orgueil meme des plus desherites”. Et nous sourions aux mots du vieux patois stephanois, le “gaga".
C'est tres court, une ecriture-emotion . C'est tres court, une lecture-bonheur.
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Sympathique petite comédie d'espionnage mettant un honorable attaché de l'ambassade de France à Londres aux prises avec quelques espions internationaux patentés.
A son habitude Exbrayat enchaîne les actions cocasses à un rythme effréné, nous amuse de ses répliques, sème la mort parmi les méchants et le trouble parmi les fonctionnaires de police zélés, et toujours épargne à son humble lecteur de vaines angoisses quant au sort de son héros.
Et même si ce dernier n'a pas l'aura de ses plus fameux personnage, Exbrayat nous offre encore une fois une fort agréable fantaisie.
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Un petit roman noir bien serré.
Exbrayat nous gratifie d'un roman policier psychologique à l'intrigue aboutie.
On suit le taciturne inspecteur Mortlocke, rattrapé par la passion amoureuse envers une protagoniste d'une enquête pour meurtre. Un amour qui se traduit par un zèle et un aveuglement dont on pressent qu'ils conduisent Mortlocke à sa perte, n'eut été un raisonnement toujours plausible de la part de l'inspecteur.
Un roman de déchéance, de désespoir mais aussi de dualité entre rigueur et folie, amitié et devoir.
Un polar typique des années 60'.
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Ben Horderly est un timide employé d'une entreprise commerciale, il vit avec ses animaux de compagnie à Canterbury.
Cet homme banal se retrouve embarqué dans une affaire criminelle dans laquelle deux policiers s'opposent, l'un le croit coupable, l'autre innocent.
J'ai toujours pensé qu'Exbrayat était un auteur compatriote d'Agatha Christie, la seule lecture de ce roman ne m'aurait pas détrompé, puisque l'histoire se situe en Grande-Bretagne et que les personnages et l'humour sont "so british."
Mais non, Exbrayat était français !
Mon premier roman de cet auteur ne sera pas le dernier ; j'ai beaucoup apprécié les situations dialogues et humour du récit, l'intrigue ménage son suspense jusqu'aux dernières pages.
Une rencontre avec un auteur bien sympathique...
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Un petit fantôme dans de drôles de draps.
Dans son style unique, le trop délaissé Exbrayat nous offre un nouveau moment d'évasion dans le Canterbury de 1975.
L'occasion pour l'auteur de nous balader, mais aussi et surtout de nous apporter un nouveau témoignage de son incroyable talent comique.
Au centre de l'enquête un bestiaire domestique, des tueurs sans scrupules, des enquêteurs obstinés,... et beaucoup d'improbables situations comme ressorts comiques.
Exbrayat parvient à maintenir un fragile équilibre entre farce et tension dramatique. La recette fonctionne, le plaisir nous hante.
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Un château, non en Espagne, mais en Ardèche, une vieille comtesse autoritaire qui règne sur une famille qu'on pourrait qualifier de "dysfonctionnelle", une ambiance tendue, et bien entendu...un crime.
L'enquête ici échoit à un débonnaire brigadier de gendarmerie, le bienveillant Léon Bollène...
Je découvre l'oeuvre de Charles Exbrayat et c'est une bien sympathique découverte.
Son humour, parfois un peu caustique fait mouche, ses personnages sont souvent truculents, exbrayat c'est un peu le vaudeville criminel, et j'en redemande !
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Heureuse rencontre que celle du commissaire Tarchinini dont je viens faire la connaissance au détour d'une enquête que celui-ci menait dans un immeuble florentin.
Né sous la plume d'Exbrayat et donc frangin de notre chère Imogene, Roméo Tarchinini affiche une truculence et une sensibilité qui le rend immédiatement sympathique. Alors oui il a une haute opinion de ses talents d'enquêteur comme de l'émoi qu'il ne peut que susciter - selon lui - auprès de la gent féminine. Mais ce fier et bon véronnais est un homme heureusement marié. Heureusement pour lui et heureusement pour nous car quel exubérant personnage que celui de madame Tarchinini.
Quant à l'enquête... et bien disons simplement qu'il s'agit d'une véritable comédie policière bien ficelée et qui a le grand mérite de servir parfaitement l'expression du commissaire.
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On ne s’attend pas à voir un clown faire des choses sérieuses. Mais même De Funès a joué dans ‘Le gentleman d’Epsom’. Si Charles Exbrayat est surtout connu pour ses innombrables romans policiers, notamment les hilarantes séries ‘Imogène’ et ‘Roméo Tarchinini’, pas si étonnant donc de découvrir qu’il a aussi fait quelques romans ‘’sérieux’’, mais je ne m’attendais absolument pas à ça.
Nous sommes vers 1920, quelque part dans les contreforts de l’Auvergne. Il y a un village dans le fond de la vallée, Rustande. Plus haut, trois hameaux. A mi-pente, Lavillerie est peuplée de bûcherons. Plus haut, Beauzère et Verdagne abritent un petit peuple d’éleveurs et de chevriers. La vie est rude dans la montagne. L’eau, on va la chercher à la source. Pour faire les commissions ou aller à la messe, il faut une ou deux heures de marche par les sentiers. Pas de bistrot, et d’ailleurs on n’aurait pas le temps d’aller y boire avec les amis. Les loisirs et le confort sont des notions qui n’existent pas. Pourtant, à sa façon, la vie y est belle.
Et voila qu’une usine ouvre dans la vallée. Cinq francs par jour, repos le dimanche. Pour César, chef respecté de Lavillerie, c’est une évidence : il faut y aller. Tout le monde le suit. Les montagnards s’établissent dans la vallée, découvrent une vie infiniment plus facile que la leur. Il y a bien un peu des tensions avec les ouvriers Piémontais venus compléter la main-d’œuvre, mais globalement tout se passe bien. Déserté, le village est peu à peu englouti par la forêt. L’herbe pousse dans la grand-rue, sur le pas des portes… Et sur les tombes des anciens. Mais une tombe justement, sacrifiée pour agrandir l’usine, va mettre le feu aux poudres. On ne dérange pas une tombe. Et pour venger cela, les bergers de Beauzère et Verdagne lancent une expédition punitive. Ils sont battus, mais un doute envahit soudain les anciens montagnards : qu’ont-ils abandonné, pour ce confort et ces cinq francs par jour ?
Entre une vie à la beauté austère et une grisaille confortable, peut-on vraiment choisir ? Les montagnes meurent, les anciens métiers sont oubliés. Parce que, quelque part, tout le monde préfère rester quelques heures de plus de dans le lit le matin, avoir une journée de repos par semaine, l’eau qui coule du robinet et pas mal au dos. On peut le déplorer, mais peut-on leur reprocher ? Oui, si l’on est resté fidèle à l’ancienne vie…
Une œuvre inattendue, étonnamment grande et forte. Dessus plane, à peine évoquée, le spectre de la grande guerre : il n’y a plus d’hommes jeunes dans les villages...
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Il est rare qu’un roman policier soit hilarant, mais c’est la spécialité d’Exbrayat. Mais autant son plus célèbre personnage, l’écossaise rousse Imogène, me laisse un peu de marbre, autant celui-ci m’a totalement conquis. Chauvinisme européen, peut-être.
Un jeune policier américain fait un tour d’Europe des services de police, afin d’observer les méthodes de ses confrères étrangers. Après avoir été enthousiasmé par la minutie allemande, déçue par le je-m’en foutisme français et terrifié par l’archaïsme des Espagnols, il débarque au pays de Dante et de Garibaldi… Et de Roméo et Juliette : on l’envoie à Vérone.
Le choc est brutal. D’un côté, un grand et élégant bostonien (légèrement snob) se croyant obligé à une certaine austérité de mœurs de par ses ancêtres puritains, nourri aux burgers et à la mayonnaise sucrée. De la glace dans mon vin rouge, please. De l’autre, un petit italien aussi large que haut, qui prétend résoudre les meurtres grâce au pouvoir de l’amour, et pour qui la gastronomie relève du sacré. Cela tombe bien, il y a un cadavre avec l’estomac rempli de mets fins. Et un militaire, en plus. Au travail !
Merci à Babelio qui m’a appris qu’il n’y avait non pas une, non pas deux, mais bien sept suites à ce premier roman. J’y cours.
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