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Critiques de Georges Duhamel (88)
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Chronique des Pasquiers

J'ai eu la chance de retrouver, dans un Emmaüs, l' intégrale de la Chronique des Pasquier dans une fort belle édition.

J'ai dégusté la vie, les tourments et les joie de cette attachante famille entre 1970 et 1979... Dans les volumes du Livre de Poche que détenait un de mes grand frères.

Souvenir d'une saga, dont je ne me prive pas de relire quelques morceaux à l'occasion.

J' essaierai, aussi, de voir l'intégrale de la série télévisée adaptée.
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Le notaire du Havre

Le notaire du Havre, c’est le premier tome de la saga La chronique de Pasquier. Le roman en nous plongeant à la fin du XIXè siècle place le décor pour la suite. L’atmosphère parisienne n’est pas sans rappeler celle des Rougon-Macquart d’Émile Zola, avec une touche peut-être un peu plus intimiste. On y trouve cependant la même misère des laissés pour compte de la société, le sort injuste qui s’acharne sur eux et leur difficulté à joindre les deux bouts malgré un travail acharné, … La société peinte avec talent par Duhamel me semble très caractéristique de cette époque: l’ordre familial patriarcal, la place des femmes toujours en retrait, les progrès technologiques (le chemin de fer, l’éclairage au gaz..) qui n’apportent pas le bien-être escompté… Tout ceci a été probablement vécu par Georges Duhamel dont l’écriture très classique et légèrement surannée n’est jamais ennuyeuse. Ce premier tome nous laisse anticiper la réussite de la génération suivante et donne le goût de s’engager dans la lecture de toute la chronique. À suivre…
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La nuit de la Saint-Jean : Chronique des Pa..

J’aime beaucoup la façon dont Duhamel nous fait entrer dans l’intimité de ses personnages, les peignant par couches successives, chacune laissant transparaître l’ébauche qu’il en avait faite dans l’épisode précédent. Ce tome est essentiellement consacré à la réussite financière de Joseph le frère aîné de la famille et à l’orgueil démesuré que ce succès lui apporte. La nuit de la Saint-Jean est celle que toute la famille passe dans la nouvelle maison de maître que Joseph vient d’acquérir: c’est à cette occasion qu’ils se retrouvent et que que l’on constate l’évolution des travers des uns et des autres. Au grand dam de ses fils, le père est resté un incorrigible séducteur, ce dont s’accommode encore tant bien que mal son épouse confinée dans son rôle de mère de famille irréprochable. Laurent est encore un être tourmenté, écartelé plus que jamais entre ses idéaux et des sentiments qui le troublent et qu’il assume difficilement. Les caractères, les situations, les relations sont à la fois universelles et très ancrées dans l’époque (le début du XXè siècle avant la première guerre mondiale) et dans la société petite-bourgeoise française d’alors. L’écriture est merveilleusement fluide et je m’explique mal que Duhamel soit aujourd’hui tombé en désuétude plutôt que consacré au panthéon des grands auteurs classiques.
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Le notaire du Havre

En 1889, la famille Pasquier (Raymond, Lucie et leurs quatre premiers enfants, Joseph, Ferdinand, Laurent et Cécile) tire le diable par la queue dans son petit appartement de la rue Vandamme, quartier Montparnasse à Paris. Raymond poursuit d'interminables et fort tardives études et Lucie fait des travaux de couture et s'occupe de ses enfants. Mais un jour, la famille apprend que Lucie pourrait bénéficier d'un héritage suite au décès de ses deux soeurs au Pérou. L'ennui c'est qu'elle n'en a encore que l'usufruit car le décès de l'une des soeurs n'est pas confirmé. L'argent est donc bloqué. La famille ne récupère que quelques meubles et vit dans l'attente de l'arrivée d'une lettre du « Notaire du Havre » leur annonçant enfin la bonne nouvelle... Mais elle tarde à venir et chaque jour la famille s'enfonce un peu plus dans la misère.

« Le notaire du Havre » est le premier des dix tomes que comporte le grand oeuvre de G.Duhamel, « La chronique des Pasquier ». Racontée par la bouche de Laurent, le benjamin des garçons, celui qui deviendra biologiste et est en quelque sorte l'avatar de l'auteur, cette histoire simple et savoureuse d'une famille modeste de la fin de XIXème siècle est intéressante à bien des points de vue. Pour le lecteur d'aujourd'hui, c'est une véritable plongée dans un monde disparu (calèches, allumeurs de réverbères, chanteurs de rue et autres lavandières ayant depuis longtemps quitté nos rues), un témoignage touchant de sincérité sur la vie des petites gens de ce temps-là et une galerie de personnages hauts en couleur : le père étudiant, fort caractère et plutôt grande gueule, la mère courage toute dévouée à sa nichée, la soeur pianiste surdouée déjà promise à une belle carrière et les garçons plus ou moins intéressés par les études, sans parler d'une quantité de personnages secondaires (voisins, connaissances, etc...) comme on n'en rencontre plus. Un début de saga magnifiquement écrit, qui a très peu vieilli, si l'on fait abstraction de quelques envolées lyriques, et qui annonce une suite prometteuse pour cette saga.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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La possession du monde

Écrit en 1917, en plein conflit mondial dont rien n'annonçait la fin, cet ouvrage est d'abord une œuvre de paix.

Georges Duhamel, écrivain prolifique et talentueux, à qui l'on doit, entre autres livres magnifiques : "Scènes de la vie future" où à l'occasion d'un voyage aux Amériques, il disserte sur l'idée de civilisation, est un humaniste, médecin qui se consacre aux lettres.

Élu à l'académie française en 1935, il en devient en 1942 secrétaire perpétuel dans le but d'emmener la vénérable institution vers une résistance acharnée contre l'occupant en ne distinguant que des écrivains engagés.

Publiée en 1919, pour ne pas paraître profiter du conflit, "La possession du monde" est la recherche d'une lueur d'espoir dans ce monde en guerre, la tentative de faire retrouver aux hommes la dignité que la guerre leur a ôtée. C'est le cri pacifiste d'un homme qui, réformé du fait de sa mauvaise vue, s'est engagé sur le front à soulager la misère et est devenu pour cela médecin militaire dans les unités mobiles de chirurgie.

Il écrira, à ce moment, "Civilisation" qui paraîtra en 1918 et raconte les ravages de la guerre.

Toute l’œuvre, ou presque, de Georges Duhamel est passionnante car elle témoigne brillamment de la vie intellectuelle du vingtième siècle, mais ce livre s'en extrait par le ton, presque religieux, employé pour tenter de retrouver espoir.
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Les maîtres

J’ai beaucoup aimé Les maîtres. D’abord, j’ai apprécié la technique narrative utilisée par Duhamel. Ce tome se démarque en effet des précédents par le fait qu’il s, agit d’un roman épistolaire bien que nous n’ayons que les lettres de Laurent à son ami Justin. On ne connaît la teneur des réponses de ce dernier qu’à travers les commentaires que Laurent en fait. Ce procédé pourrait avoir quelque chose de fastidieux mais il m’a beaucoup plu car ça permet de vivre les émotions et le cheminement intellectuel de Laurent, en quelque sorte, de l’intérieur et ainsi d’approfondir le caractère du personnage et par conséquent de l’auteur puisque Laurent Pasquier en est le faux-jumeau. De plus, le roman donne une image des recherches en biologie et médecine en France au début du XXè siècle, sur les traces Pasteur, à un moment où la médecine prenait un tournant très rationnel pour devenir une discipline scientifique à part entière. J’ai été aussi très intéressée par la peinture du système de mandarinat que fait Duhamel de cette micro-société où les intelligences rationnelles ne coïncident pas toujours avec l’intelligence des relations humaines et où les égos mènent à des guerres intestines délétères. J’ai trouvé le personnage de Sénac, qu’on a connu dans Le désert de Bièvres, particulièrement intéressant et bien campé dans ses contradictions et ses souffrances. Joseph, Cécile et Suzanne apparaissent aussi par quelques touches éparses qui nous permettent de les voir évoluer.

Bref, c’est probablement l’épisode que je préfère jusqu’à présent. Sorti de son contexte, il peut paraître aride mais je l’ai lu avec beaucoup d’enthousiasme, avide de connaître les développements de la querelle des maîtres de Laurent et j’aborde la suite avec la même motivation.
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Vue de la terre promise

C'est avec le vingtième siècle que commence ce tome. La famille Pasquier habite maintenant en banlieue. Les personnages gagnent en épaisseur. Laurent, toujours épris de vertu et de pureté, se rend compte que la frivolité de son père est incorrigible. Il perd aussi un peu de sa naïveté à l'occasion de l'annonce du mariage de son frère Joseph, l'homme d'affaires. Le caractère et la fonction de chacun des membres de la famille se dessine de façon claire, sauf celui de la petite dernière Suzanne qui n'est encore qu'une enfant. En dépit de l'affection qu'il porte à sa mère et à sa soeur Cécile qui commence une carrière international de pianiste, Laurent, dès lors étudiant à l'université, quitte la maison familiale dont l'ambiance l'étouffe. On ressent avec lui cette libération comme une « Vue de la Terre promise ».

Cette lecture devient pour moi addictive. Jaime beaucoup le style et l'ambiance surannée de cette chronique. J'ai bien hâte de connaître la suite et comment, dans les tomes qui suivent, Duhamel redonne sa cohésion au clan Pasquier dont Laurent s'est, pour l'instant, volontairement exclu.

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Le combat contre les ombres

C’est essentiellement de Laurent qu’il s’agit dans ce tome et du pétrin dans lequel il s’est maladroitement mis en voulant défendre publiquement les intérêts de la science contre les décisions iniques que sa hiérarchie lui impose. Mais — il l’appendra à ses dépens—on ne s’oppose pas impunément au pouvoir en place et aux médias (qui à l’époque ne comportaient que des journaux). Le lecteur assiste donc, aussi impuissant que Laurent lui-même, à sa descente aux enfers… Seul rayon de soleil au tableau: son amour naissant pour Jacqueline et l’espoir d’un mariage que la déclaration de guerre remet sine die; guerre dont on sait depuis La Nuit de la Saint-Jean que le malheureux Justin ne reviendra pas.

J’ai apprécié ce roman dont le sujet (l’intervention du politique dans la conduite de la recherche scientifique) m’a paru particulièrement actuel. Comme dans les tomes précédents, j’ai pu apprécier le talent d’écrivain de Georges Duhamel. Ce roman peut être lu indépendamment de la saga mais il s’y rattache par de nombreux détails. Même si Laurent est ici le protagoniste, les personnages secondaires (son père, sa soeur Cécile, son frère Joseph, ses parents… sans oublier son ami d’enfance Justin) gagnent en épaisseur et gardent un rôle essentiel dans le déroulement des événements.
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Le jardin des bêtes sauvages

Le jardin de bêtes sauvages, c'est le Jardin des plantes (et sa ménagerie) près duquel sont maintenant installés les Pasquier. C'est essentiellement de la crise d'adolescence de Laurent dont il est question dans ce tome. Il est déchiré entre son idéal de pureté et la réalité que lui met sous les yeux son père, bien loin d'être le héros qu'enfant il vénérait. Les caractères de ses frères et soeurs se précisent aussi et Duhamel sait les rendre vivants. Au-delà de cette peinture intime de la famille, c'est un aperçu de la petite bourgeoisie parisienne de la fin du XIXe siècle que Duhamel donne à voir et de ses valeurs qui, plus de cent ans plus tard, ne manquent pas de nous scandaliser…

L'écriture est toujours aussi agréable alternant descriptions des lieux et des caractères avec des dialogues très vivants.

J'ai bien hâte de poursuivre la lecture de cette chronique.
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Le désert de Bièvres

En abordant le désert de Bièvres, on s’éloigne un peu de la famille Pasquier rapprochée pour entrer dans un phalanstère. On y retrouve bien sûr Laurent entouré ici de ses amis dont Justin qui tient une place clef dans cet épisode. Il est en effet l’instigateur principal du projet, son chef d’orchestre et aussi l’homme prêt à tout faire pour le faire vivre. J’ai abordé le roman avec un peu de réticence: il y avait d’un coup trop de nouveaux personnages et il m’était difficile de cerner chacun… Cependant, le savoir-faire de Duhamel a fini par opérer; et les traits et surtout les travers de chacun se sont dégagés du magma initial. Dès les premières pages, le peu d’expérience des protagonistes est flagrant et l’échec final de l’entreprise n’est certes pas une surprise. Tout l’intérêt vient de la façon dont Duhamel nous conduit page après page à la déliquescence de la communauté, décrivant d’abord la maladresse et la paresse des amis, puis leurs chamailleries, leur égocentrisme et leur vanité en contradiction complète avec leur idéal fondateur. On sent que Laurent adhère au projet de son ami sans le prendre toutefois très à coeur. Il est un observateur en train de perdre, au fil des tomes, sa naïveté, en train de se soumettre avec résignation aux choses telles qu’elles sont… Ainsi en est-il, par exemple, du caractère fantasque de son père qu’il finit par accepter mais non sans en souffrir.

J’ai moins aimé ce roman que les précédents sans doute à cause du fait qu’il nous éloigne un peu du clan Pasquier. Il est possible aussi que je me lasse de la belle prose de Duhamel ou simplement que la misère de la condition humaine qu’il décrit si bien me plombe le moral… Il n’est pas question cependant que j’abandonne la lecture de cette chronique dont il me reste une bonne moitié à découvrir.

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Suzanne et les jeunes hommes

Dans ce tome-ci, comme le titre l'indique, on s'intéresse à Suzanne, la dernière née de la famille Pasquier. Suzanne s'est dédiée au théâtre et y montre un talent qui n'a d'égal que sa beauté. Comme chacun de ses frères et soeurs — sauf peut-être Ferdinand qui, depuis le Notaire du Havre, est le plus terne de la fratrie— Suzanne vit pleinement sa passion jusqu'à ce que, pour des raisons financières, son metteur en scène la remplace dans le premier rôle qui lui revenait de droit. Suzanne se réfugie alors chez les Baudoin, une famille idyllique, ce qui lui permet de ne pas sombrer dans la colère et peut-être la dépression.

De tous les romans de la Chronique, c'est le premier qui m'a vraiment déçue. Duhamel décrit fort bien le milieu du théâtre parisien et complète le portrait de Suzanne qui est peu apparu jusque alors. Elle est jolie, intelligente mais si immature que ça frise la caricature pour être complètement convainquant. le milieu de vie campagnard des Baudoin, l'harmonie qui règne dans leur famille en dépit des rivalités de trois frères qui s'éprennent de Suzanne m'a aussi paru trop beau pour être vrai.

J'ai retrouvé, bien sûr, l'écriture perlée de Duhamel mais le propos m'a semblé beaucoup moins pertinent que celui des romans précédents. Il reste la peinture de moeurs. On comprend par exemple, que le milieu artistique, à l'image de la société, n'est pas exempt de corruption de bassesses et de manipulations mais, le personnage de Suzanne est moins réaliste que celui de Laurent ou de Cécile par exemple, moins attachant aussi et ses mésaventures ne m'ont pas émue avec la même intensité.

J'enchaîne sans tarder avec le portrait de Joseph et de sa passion qu'est l'argent (et la réussite sociale) avec néanmoins grand enthousiasme.
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Cécile parmi nous

Cécile est mal mariée. Son mari qui se prend pour un intellectuel n'est qu'un sot, suffisant et volage. Cécile s'est mariée non par amour mais pour avoir un enfant qui la console des vicissitudes que lui apporte son mariage jusqu'à ce que le petit Alexandre tombe malade…

Avec Cécile parmi nous, Duhamel se hisse à la hauteur des Zola et autres Balzac de ce monde. Il est, à mon avis, leur héritier direct et sa chronique n'est pas sans évoquer celle

des Rougon-Macquart écrits quelques décennies auparavant par son illustre prédécesseur. On a changé de siècle, mais pas les caractères humains et, même si on frôle un peu la caricature, ceux que peint Duhamel sont très véridiques. Ce qui l'est peut-être un peu moins c'est de trouver dans une seul et même famille un exemplaire de l'homme d'affaires cynique (Joseph), une concertiste de renommée internationale (Cécile), un scientifique de haut calibre (Laurent), une coquette (Suzanne). Ferdinand est le seul du clan à avoir un destin plus ordinaire et, de ce fait, il ne tient dans les romans qu'un rôle secondaire. Le père Raymond reste l'homme extravagant qu'on sait et on suit avec intérêt ses projets successifs qui conduisent irrémédiablement à l'échec.

L'écriture est toujours aussi agréable et c'est pour moi un vrai plaisir de retrouver cette famille que j'ai l'impression de côtoyer, en dépit du décalage temporel, comme si c'était la mienne…
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Confession de minuit

Un livre qui nous parle de l'oisiveté, de presque l'inutilité de la vie! On aurait pu dire quel étrange personnage! En même temps, on reconnait qu'il n'est pas aussi étrange que ça! On reconnait facilement dans ce personnage de Salavin qui nous livre tout cru ses pensées les plus débridées, ses peurs, ses doutes et ses fantasmes dans une proximité de langage très plaisant, un voisin ou un proche, peut-être soi-même dans les moments les plus sombres de la vie. Il est simplement attachant ce Salavin, c'est avec une intimité alléchante qu'on dévore son histoire, en un seul souffle bien sûr...
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Daumier, Le Peintre Graveur

Aussi loin que je me souvienne, il y toujours eu chez mes parents des bouquins sur Daumier, ses dessins rebutaient un peu la gamine que j’étais mais la fascinaient par un je ne sais quoi de palpitant, une je ne sais quelle vérité criante qui me troublaient et qui curieusement avaient la même justesse et évidence que les japonaiseries qui traînaient aussi ici et là…. Hélas pourtant, je l’associai alors trop promptement à de vieilles caricatures d’hier et je mis beaucoup de temps à le repêcher… Aujourd’hui je suis toujours saisi devant ses dessins qui témoignent d’une liberté totale d’expression. Et d’accord avec Claude Roger-Marx quand il dit :

« Baudelaire ne se trompait pas quand il discernait dans son époque trois grandes écritures, et situait celui qu’on ne considérait encore que comme un amuseur, à la même hauteur qu’Ingres et que Delacroix. »



Daumier, c’est pas tendance ? tant pis pour ceux qui le pensent.

Cette incompréhension d’ailleurs n’est pas nouvelle, car comme le mentionnait

Théodore Duret dans son ouvrage sur Manet qui en désaccord perpétuel avec Couture dont il fréquentait l’atelier et Couture voyant que son élève lui échappait lui aurait dit d’un ton méprisant « Allez, mon garçon ! vous ne serez jamais que le Daumier de votre temps. »…

Ce à quoi Duret remarque que « Prétendre ravaler quelqu’un parce qu’on en fait un Daumier, cause aujourd’hui de l’étonnement !».

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Scènes de la vie future

Ce livre, paru en 1930, est un puissant livre moderne et il place son auteur parmi les grands écrivains et penseurs de son temps.

A l'occasion d'un voyage aux Etats-Unis, le docteur Georges Duhamel, est persuadé de découvrir des "scènes de la vie future" que l'Amérique prépare à l'humanité entière, et il s'interroge sur le principe de civilisation, qu'il pense être encore défendu par la vieille Europe.

Ce livre est un ouvrage de rencontres, de réflexion, ambitieux et intelligent, où les hommes ne sont pas confondus avec leur société. Et lorsqu'il condamne l'Amérique industrieuse et impérialiste ce n'est jamais pour blesser l'ami américain qui la lui fait découvrir.

Paraissant parfois un peu réactionnaire, le propos est pourtant judicieux et lorsque l'auteur rejette, par exemple, le cinéma naissant comme art ou véritable élément de culture, on ne peut s'empêcher d'être interpellé par la maestria de la démonstration.

Son voyage, qu'il veut périple prophétique dans l'espace, l'est aussi dans le temps et certaines descriptions apocalyptiques comme celle des axes routiers géants ou des abattoirs de chicago prennent, aujourd'hui, à l'heure des grandes interrogations écologiques, un nouveau sens sinistre.

Mais Georges Duhamel n'est pas un triste prophète, il se dit "assez bien portant, d'humeur égale et gaie", il a l'orgueil de se croire heureux et les jugements qu'il veut porter sur la marche et les propos du monde ne portent la marque d'aucune passion, si ce n'est celle qu'il voue au triomphe de l'esprit.
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Le notaire du Havre

Je viens de trouver, très récemment, une intégrale de la Chronique des Pasquier en uns seul volume, relié cuir et imprimée sur "papier bible"... dans une vente Emmaüs et à un prix plus que raisonnable.

Ce sera l'occasion, pour moi, de relire quelques morceaux de cette attachante saga...

Ma lecture remontant à la décennie 1970.

Le premier épisode des Pasquier, dégusté en 1970 ou 71, m'avait passionné et donné l'envie de lire la suite. J'en avait fait un exposé de livre lorsque j'étais en quatrième.

Dans ce premier opus, les présentations sont faites du "noyau" Pasquier... Une famille qui va grandir et évoluer, et dont les caractères sont déjà dessinés.

Laurent sera le savant, Cécile la pianiste virtuose, Ferdinand le terne employé et Joseph l'affairiste... Et Suzanne n'est pas encore là.

Pour l'heure, la lettre du "Notaire de Havre" se fait attendre, et les Pasquier vivent assez chichement dans leur appartement parisien.

Et c'est Laurent qui raconte...

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Civilisation

Ce livre peut être considéré comme une oeuvre de circonstance, sauf que cette circonstance même est comme un phénix qui ressuscite de ses cendres; la guerre d'hier et la même que toujours.



Pour Duhamel, la Guerre mondiale est une occasion pour remettre en question la civilisation entière. Qu'est-ce que la civilisation? Duhamel y répond ainsi:



Je vous le dis, en vérité, la civilisation n'est pas dans cet objet, pas plus que dans les pinces brillantes dont se servait le chirurgien. La civilisation n'est pas dans toute cette pacotille terrible ; et, si elle n'est pas dans le coeur des hommes, eh bien ! elle n'est nulle part.



Le livre est divisé en histoires avec un même narrateur témoin. Une histoire, une destinée dans un style lumineux.

Un livre à lire en tout cas.
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Chronique des Pasquiers



Parmi les écrivains français, il y a ceux qu'on voit toujours, qui font la une des journaux, qui se déversent en déclarations fracassantes , dont la moindre parole a valeur d'oracle... et puis il y en a d'autres qui, quoique célèbres, restent dans l'ombre, ne recherchent pas la notoriété (bien que celle-ci leur soit acquise, souvent à cause même de cette humilité) et dont leur œuvre, souvent, parle pour eux. Ces écrivains-là s'appellent, entre autres, Maurice Genevoix ou Georges Duhamel.

Georges Duhamel (1884-1966) nous a laissé une œuvre importante d'où émergent "Civilisation" (1918), un roman-témoignage sur la Première Guerre Mondiale; "Vie et Aventures de Salavin", (1920-1932), un cycle romanesque autour d'un "antihéros", Louis Salavin, et enfin "La Chronique des Pasquier" (1933-1945).

"La Chronique des Pasquier" est également un cycle romanesque en dix romans pouvant se lire séparément : Le Notaire du Havre (1933), Le Jardin des bêtes sauvages (1934), Vue de la Terre promise (1934), La Nuit de la Saint-Jean (1935), Le Désert de Bièvres (1937), Les Maîtres (1937), Cécile parmi nous (1938), Le Combat contre les ombres (1939), Suzanne et les Jeunes Hommes (1941), La Passion de Joseph Pasquier (1945).

C'est l'histoire, de 1889 à 1931, d'une famille bourgeoise parisienne, les Pasquier; composée du père, de la mère et de cinq enfants : Raymond Pasquier, dit « Ram » : le père de famille, né en 1846, Lucie-Éléonor Delahaie épouse Pasquier : la mère, née en 1847, Joseph, né en 1875, Ferdinand, né en 1878, Laurent (le narrateur), né en 1881, Cécile, née en 1884, et enfin Suzanne, née en 1892.

A travers le cheminement de Laurent, médecin et biologiste, nous suivons ses frères et sœurs : Joseph, arriviste sans scrupules, qui finira député, Ferdinand, humble fonctionnaire, Cécile, pianiste de talent et Suzanne, actrice adulée par le Tout-Paris. C'est l'occasion pour l'auteur de dépeindre avec précision des milieux aussi divers que la politique, la recherche scientifique ou les milieux artistiques. Entre drames familiaux et vicissitudes de l'Histoire, la famille reste unie, malgré de vives dissensions entre les membres.

Duhamel a une grande tendresse pour ses personnages. On le sent à travers l'attention qu'il leur porte, même pour ceux qui ont des défauts (le père, coureur de jupons, Joseph, politicien corrompu...), et aussi par l'humour omni présent. On a plaisir à côtoyer cette famille attachante autant pour la restitution d'une époque et d'un climat particulier, que pour l'empathie que crée l'auteur avec des personnages émouvants chacun à leur manière, et somme toute, inoubliables.

Un très agréable moment de lecture...

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La Passion de Joseph Pasquier

C’est avec La Passion de Joseph Pasquier que s’achève cette chronique d’une famille que je m’étais habituée à fréquenter quotidiennement.

On est ici dans la démesure du caractère de Joseph qui souffre manifestement des symptômes liés à l’exercice du pouvoir. Duhamel décrit par le détail la frénésie avec laquelle il occupe ses journées de travail, passant d’un interlocuteur à l’autre sans accorder le moindre intérêt à sa personne, considérant tout un chacun comme étant à son service. Joseph classifie essentiellement ses collaborateurs en deux catégories disjointes: les serviteurs dévoués et les canailles. Cette vision manichéiste n’est pas sans faille bien sûr et un jugement erroné sur les personnes l’amène à prendre des décisions à l’emporte-pièce aux conséquences financières fâcheuses. Le pire est que l’obsession des affaires et de sa propre image, et surtout la certitude d’avoir raison en toute chose l’aveuglent. Il ignore la déliquescence de ses rapports avec sa propre famille et les drames qui s’y jouent. On assiste à une chute en cascades de ce que Joseph avait construit par un travail acharné et finalement à l’effondrement de l’homme qui s’avère moins solide qu’il le croyait.

Ce tome est une apothéose de l’oeuvre dans laquelle Duhamel s’est appliqué à dégager une certaine morale. En passant en revue chacun des protagonistes auxquels Duhamel consacre un tome, on retrouve la même philosophie de la vie. On peut lire en filigrane la même recommandation de se défier d’adopter une image idéale de soi qui risque de se figer avec le temps et d’amener une rigidité contraire à la vie.

Pour conclure, La chronique des Pasquier est une oeuvre riche, servie par une écriture précise qui rend une peinture de société réaliste, même si l’accumulation des talents et des travers dans une même famille paraît difficilement vraisemblable. L’oeuvre m’a permis de me rattacher à mes propres ancêtres et au milieu dans lequel ils avaient vécu. C’est donc avec une certaine nostalgie que je tourne la dernière page de cette saga.
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Le bestiaire et l'herbier

C’est une coutume qui se perd de nos jours que celle du bestiaire, sorte d’exercice de style ou l’auteur décrit à sa façon, son entourage animalier… Ici, Georges Duhamel y adjoint son herbier.



Au Moyen Âge , le bestiaire regroupe des fables et des moralités sur les « bêtes », terme générique incluant sans distinction des animaux réels ou imaginaires. Plus récemment, le bestiaire, loin des fables, donne plutôt prétexte à l’auteur pour commenter le monde qui l’entoure. Nous sommes bien dans ce schéma avec ce « Le bestiaire et l’herbier » de Georges Duhamel, publié en 1948 : un recueil de cent-huit « chroniques » sur des thèmes divers et variés ou Georges Duhamel, prenant appui, tour à tour, sur son bestiaire ou sur son herbier, nous libre sa pensée et son état d’esprit en cet immédiat après-guerre…



Loi du genre oblige, le style est assez épuré, « ramassé » pourrait-on dire ; quelques fulgurances, belles tournures ; un ouvrage assez plaisant dans le cadre d’une lecture quotidienne, « avec modération », dirions-nous à notre époque infantilisante du « principe de précaution ». Vous voilà donc prévenus…En chœur : merci papa !!!

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