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Critiques de Jim Harrison (1059)
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Une odyssée américaine

En quête de grands espaces, je me suis lancé dans cette première lecture de Jim Harrison, et suis heureux de cette découverte. Sous couvert de road trip, l'occasion nous est offerte d'accompagner le narrateur dans un périple emblématique de la nature nord et ouest américaine. Cliff, notre compagnon de voyage, lettré, professeur puis fermier par goût de la liberté, se cherche un nouveau chemin de vie à l'aube de la soixantaine, dans un contexte de divorce et de perte de l'essentiel de ses biens. L'écriture est simple, très libre dans son propos, à l'image des écrivains issus des seventies. Tout au long du livre, route faisant, nous partageons une vision de la nature, méfiante à l'encontre de la course effrénée au rendement et à la modernité, ainsi qu'une interrogation sur l'authenticité humaine dans le jeu du paraître et de la course à l'argent. Enfin, le rapport aux femmes et le socle familial sont deux tiraillements continus d'un homme vieillissant en quête de solitude et de création. Un personnage attachant, authentique, que l'on aime accompagner sur cette longue route.
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Faux soleil

Jim Harrison (1937-2016), de son vrai nom James Harrison, est un écrivain américain. Il a publié plus de 25 livres, dont les renommés Légendes d'automne, Dalva, La Route du retour, De Marquette à Vera Cruz… Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, Jim Harrison a remporté la bourse Guggenheim. Son roman, Faux soleil sous-titré l'histoire d'un chef d'équipe américain, Robert Corvus Strang, date de 1984.

Le narrateur, jamais nommé, est un écrivain dans la fleur de l’âge pas mal usé par les excès de nourriture et d’alcools, atteint de goutte. Ici, je me permets de glisser cet extrait d’un entretien donné par Jim Harrison au magazine Lire en octobre 2015 : « Si on pouvait arrêter de dire que je suis tous mes personnages dès qu’ils picolent, mangent et pensent au cul, ça m’arrangerait… », pour couper court à toute surinterprétation… Fin de la parenthèse. Notre narrateur, donc, en panne sèche à la recherche d’un sujet pour un nouveau livre, va se lancer dans la biographie d’un chef d'équipe américain, Robert Corvus Strang. Un homme singulier au parcours exceptionnel.

L’homme vit retiré dans un chalet du Nord Michigan, près du Lac Supérieur. Il a voué sa vie à la construction de barrages à travers le monde entier mais aujourd’hui, souffrant d’épilepsie bénigne et les jambes en loques, se déplaçant avec un déambulateur, il tente de se reconstruire pour repartir vers de nouvelles aventures. Il partage son home avec Eulia, une très jeune Sud-américaine bien roulée dont on ne sait pas (au début du récit) si c’est sa femme ou sa fille… Strang accepte de raconter sa vie à notre écrivain, lequel s’installe à proximité et enregistre jour après jour ses propos.

Enfance de Strang avec son frère aîné Karl, chasse et cueillettes dans les bois, premier amour, expérience de missionnaire en Afrique et voyages à l’étranger pour ses barrages etc. Le récit est vivant, personnages et situations cocasses parfois, l’homme a roulé sa bosse autant qu’il l’a cabossée et de le voir aujourd’hui réduit à l’état de larve rend l’histoire dramatique. Pourtant, il a l’envie de vivre chevillée au corps et il s’escrime chaque jour à ramper dans la forêt et le marais pour remuscler ses jambes, un effort surhumain de volonté, quoi qu’il en coûte.

Au fil des confidences recueillies par l’écrivain, celui-ci d’abord lointain va s’impliquer d’avantage, ressentant comme un vague écho avec sa propre vie.

Harrison est Harrison, on retrouve dans ce beau roman ce qui nous rend l’écrivain si sympathique, les basiques de la vie qu’il sait rendre ludiques et naturels : la nature omniprésente, ici l’eau est en majesté ; la chaire source de plaisirs, que ce soit celle qui remplit les assiettes ou bien celle qui laisse le corps épuisé dans les draps.

La fin du livre est très belle, ouverte à toutes les interprétations, drame assumé ou résurrection ?

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Un bon jour pour mourir

Je ne connaissais pas du tout Jim Harrison, mais une chose est sûre : je ne souhaite pas le connaître davantage. J’ai acheté Un bon jour pour mourir tout à fait au hasard, sans vraiment savoir à quoi m’attendre, j’ai commencé ma lecture sans a-priori, mais je l’ai terminée totalement déçue.



L’auteur nous raconte l’épopée aventureuse d’un trio improbable à travers l’Amérique des années 1960. La joyeuse bande est composée de trois personnages atypiques, un vétéran du Viet-nam, un pêcheur passionné et une femme pulpeuse, qui font route vers le Grand Canyon, dans l’idée de dynamiter un barrage pour permettre aux truites de remonter le courant.



Je me suis vraiment ennuyée. Je pense sincèrement que ce livre a eu un franc succès lors de sa sortie dans les années 1990, mais qu’il a très mal vieilli. Le trajet vers le but final est interminable, bien que l’auteur semble avoir tenté d’y ajouter quelques scènes de rebondissements… mais la mèche n’a pas pris avec moi.



Enfin, en plus d’une histoire bancale, j’ai trouvé les personnages sans réel grand intérêt, creux, vides et exaspérants au possible. Tim est accro à la drogue et à la boisson, il semble constamment éméché, désorienté, totalement à l’ouest et dénué d’intelligence et de bon sens, tant et si bien que ça en était agaçant. Le second, notre protagoniste, est amoureux de Sylvia, la seule femme du trio, qui le rejette, puisqu’elle-même est amoureuse de Tim, qui la délaisse totalement. Autant dire que le voyage est saupoudré d’une tension sexuelle constante, avec certaines scènes qui peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes ou des non avertis.



Sexe, alcool, drogue... un road-trip américain aux scènes vulgaires, aux personnages grossiers, que j'ai trouvé dénué d'intérêt. Je suis allé jusqu'au bout de ma lecture, bien que celle-ci fût interminable. Passez votre chemin !
Lien : https://analire.wordpress.co..
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La femme aux lucioles

La projection du film de François Busnel sur Jim Harrison au dernier festival America à Vincennes, a réactivé mon envie de parcourir l'oeuvre de "Big Jim"



Ces trois nouvelles m'ont impacté différemment : la dernière (La femme aux lucioles) m'a absolument séduit et m'a rappelé mes émotions de lecture de Dalva et Légendes d'automne. Une histoire pleine de poésie et d'énergie. La nature dans toute sa beauté, le courage d'une épouse qui avait "une belle vie", et décide d'abandonner son mari sur une autoroute en traversant un champ de mais.Un moment de lecture éblouissant qui vous rappelle pourquoi la littérature et la lecture sont sources de bonheur.



Chien Brun met en scène Jim à travers un vieil indien qui protège des lieux sacrés de la curiosité (malsaine?) de certaines de ses connaissances. Nouvelle où l'on retrouve l'amour de la nature et la culture des peuples amérindiens (les Natives) . Cette nouvelle de taille relativement modeste s'est transformée en ce mois d'octobre en un livre conséquent dont le titre est Chien Brun : l'Intégrale.

Une prochaine lecture !
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Grand Maître

C'est formidable de se croire dans un roman policier et d'être en vérité tout à fait ailleurs. Au fond du trou certainement. Tout est donné, on connaît la destination, ce qui compte c'est d'admirer le paysage magnifique et délirant qui défile par la fenêtre. Dommage que le roman soit un peu trop long à mon goût, mais cela correspond sûrement au cheminement de Sunderson.
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Dalva

Dalva a une bonne quarantaine d’années, elle vit en Californie. Son père s’est marié avec une métisse indienne, Naomi et est mort en Corée où il était pilote pendant la guerre. Suite à des problèmes de travail, Dalva va revenir dans le ranche familial, et retrouver le grand père John Wesley Northbridge, la figure emblématique et dominante de la famille. Dalva, personnage central est une femme déchirée par son passé, elle va devoir se construire et cela passera par ce retour au ranch du Nebraska.

Pour avoir presque tout lu d’Harrison, nul doute que Dalva est son meilleur roman avec La Route du retour qui complète l’histoire de Dalva. Descriptions de paysages sublimes, analyses au scalpel des hommes et des femmes, mise en perspective des éléments constitutifs des États Unis avec les minorités indiennes et noires, tout y est pour faire un livre majuscule. Harrison est un des quelques très grands auteurs du 20 ème siècle.
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Chien Brun - Intégrale

Ce jugement est 100 % subjectif mais Chien Brun c'est le chef d'oeuvre du grand Jim. Attachant, surprenant, original, J'ai eu un coup de coeur pour cet indien, amateur de loufoqueries, de grands espaces, de jolies filles, observateur critique mais jamais méprisant. Je n'ai pas pu laisser le livre un jour seul. Les frères Coen, s'ils n'ont pas copié le personnage de Jeff Lebowski sur Chien Brun, lui ont fabriqué un jumeau. Quant au style, c'est absolument jouissif, Jim Harrison soupoudre les éléments de son intrigue, et on comprend plutôt tardivement ce qui se passe. Dans l'une des histoires Chien Brun passe des journées à rechercher la peau d'un ours que lui a volé un camarade pour la revendre. Il traverse Los Angeles, candide, en fin observateur de la folie de son époque. Foncez si vous aimez voir un amérindiens obsédé par le sexe déguster la contemplation de notre monde !
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Dalva

Une femme de 45 ans , Dalva, revient dans le Nebraska au sein de la ferme familiale pour faire le point sur son existence. Ce roman fait partie de ceux dont on se souvient longtemps après en avoir lu les derniers mots. Jim Harrison signe un livre magistral sur l'histoire de l'Amérique et de la disparition de la civilisation indienne à travers le portrait d'une femme hors norme et de l'histoire, elle aussi hors du commun, de sa famille. Pour raconter tout cela, Jim Harrison nous parle d'amour et de sexe , de la splendeur de la Nature , de plats délicieux et d'alcool et de rires et de larmes mais aussi de chiens, d'oies, de chevaux, de serpents...C'est un livre qui fait comprendre toute la force d'évocation que peut contenir la littérature. Jim Harrison nous raconte une histoire singulière et universelle avec une grande humanité. Il nous fait aussi réfléchir sur les mythes sur lesquels se sont fondés l'identité américaine.
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Wolf. Mémoires fictifs

Jim Harrison (1937-2016), de son vrai nom James Harrison, est un écrivain américain. Il a publié plus de 25 livres, dont les renommés Légendes d'automne, Dalva, La Route du retour, De Marquette à Vera Cruz… Membre de l'Académie américaine des Arts et des Lettres, Jim Harrison a remporté la bourse Guggenheim et a déjà été traduit dans 25 langues.

Quelle surprise en consultant la liste des œuvres (romans et nouvelles) de l’écrivain, deux romans m’avaient échappé, ce Wolf (1971) le tout premier paru, et un autre que je me réserve pour plus tard. Quand on interrogeait Harrison sur ce livre, il le résumait succinctement ainsi « C’est l’histoire d’un jeune homme qui a fait pas mal de bêtises dans sa vie et s’enfonce dans les bois avec l’idée de s’y enraciner pour de bon et, surtout, de rencontrer un loup. » Et si je vous dis que le bouquin est sous-titré Mémoires fictifs, vous aurez une assez proche idée de son contenu.

Nous avons donc Swanson notre héros, un jeune gars qui part en forêt, loin du monde pour être au plus près de la nature et de sa faune, plus ou moins bien équipé pour ce genre d’aventure mais assez expérimenté pour ne pas faire d’âneries dommageables et en profiter pour ne pas boire d’alcool. Il crapahute de-ci, delà, rampe dans le marais pour épier un balbuzard devenu oiseau rare etc.

Ça pourrait être un peu bateau à lire ce texte aujourd’hui mais Jim Harrison a déjà la fibre du grand écrivain qu’il deviendra car cette randonnée est ponctuée de digressions multiples et de natures diverses qui rompent le prévisible, surtout pour ceux qui ont déjà lu l’auteur. A cette errance se mêlent des rêveries poétiques, des fantasmes et des souvenirs autobiographiques avérés (décès tragique de son père et sa sœur, perte de son œil, ses origines suédoises…) et d’autres très plausibles ou très proches de la réalité vécue : il sillonne le pays en autostop, Boston, New York, la Californie…, il boit des coups, il connait de jolies filles (Laurie, Barbara…), il fait des rencontres, une jeune vie de marginal sans le sou. Et déjà à cette époque ce triste constat sur ce que devient l’Amérique où la nature peine à résister à l’envahissement humain et industriel.

Ce n’est bien entendu pas le meilleur roman de Jim Harrison mais pour un premier essai, il est prometteur et bien dans le sillon de ce qu’il tracera par la suite.

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Sorcier



Dès les premières pages, on rit comme on grince ; c’est un livre de 1981, mais la date n’en explique pas toute la jubilatoire incorrection ; Harrison est un humaniste échevelé et à gros doigts.



«Sorcier» est le nom secret que s’est donné le personnage principal (qui ressemble beaucoup au Michael qui est une des voix de la polyphonie de «Dalva»). Dans la première moitié du livre c’est un ogre qui déprime, alors il mange, il boit, il baise et dispute son rang de chef de meute avec son bien incontrôlable Airedale.



C’est aussi l’occasion en creux d’un portrait d’une femme intelligente, libertaire, forte : Diana, sa compagne, est l’épicentre de ses errements et de ses écarts obsessionnels.



C’est elle qui lui dégote, pour le tirer de sa vase neuronale, un emploi d’homme de confiance, de détective. Alors le livre bascule. Sorcier enquête, entourloupe, se perd en forêt, s’en remet au jeûne et au sport, triomphe facilement, pour au final se vautrer à Palm Beach, entourloupé en retour ; dévoré tout cru.



Lu en trois jours, trois jours de régal.

Extrait



Diana s’approcha de lui par derrière :



« Puisque tu es un grand détective, essaye de deviner où j’ai caché l’argent.



– Facile, fillette ! » Il fit semblant d’examiner les oreilles, les aisselles, puis, d’un geste précis, il descendit le slip de sa femme et les billets de cent dollars se répandirent sur le sol. « Eurêka !



– T’es vraiment le plus fort », dit-elle d’une voix faussement émue.



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Une odyssée américaine

Jim Harrison écrit pour lui et pour son lectorat américain. Une récurrence à connaître pour appréhender une oeuvre géocentrée. Tour à tour tendre, acerbe, mélancolique, ironique, phallocrate, critique d'une société qu'il a contribué à façonner, utiliser, avant de la vilipender plus ou moins gentiment, poétiquement, son écriture est simple à défaut d'être simpliste, féroce mais jamais vraiment violente.

Dans ce livre florilège vanté comme un de ses meilleurs, nombre de clichés nord-américains passent au mixer sans jamais être développés : grandes routes et macadam versus fleuves et rivières ; urbanisme & villes sans intérêt vs paysages & forêts ; humains superficiels sans relief vs bestiaires bovin, ornithologique, reptilien ; sexualité fantasmée vs puritanisme de façade ; cupidité vs renoncement ; société de consommation vs ascétisme ; gentils indiens vs méchants blancs, ou comment assumer une histoire commune génocidaire ; vilains politiques de tous bords, guerres coloniales maquillées, Hollywood machine à fric et à toc, alcoolisme endémique, violence sous jacente prête à éclore, LGBT, gros 4x4, pêche à la mouche, etc... Bref beaucoup de thèmes US habituels et de clichés impossibles à effeuiller en 300 pages, tout cela au prétexte d'un voyage et d'un road book initiatique et salvateur.

Ce n'est pas mon premier Jim Harrison et je sors mitigé de cette lecture flamboyante et foutraque, sur ma faim, bien qu'elle fût la meilleure que j'ai lu de cet auteur peut-être prisonnier d'un style éditorialement et commercialement porteur, à moins qu'il ne soit pas capable d'écrire autrement sur d'autres sujets que la cause indienne (quid des afro-américains par ex ?), le lucre, les bouleaux, la pleine lune et les paradoxes d'une société que Paul Auster, Russell Banks, Paul Roth, Brett Easton Ellis et tant d'autres, portent avec -amha- plus d'hyper-réalisme, de variété, de brio.

À lire néanmoins car Une Odyssée Américaine ne laisse pas indifférent.
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Un bon jour pour mourir

Il est des livres qui vous marquent un peu plus que d'autres. Sans être un chef d'œuvre, celui-ci en fait partie.



Mais avant de vous dire ce que j'ai retenu de ce roman, un mot sur l'histoire et les personnages.



"Un bon jour pour mourir", c'est l'histoire d'un road-trip à travers l'Amérique des années soixante, au cours duquel un féru de pêche dépressif accro aux somnifères et au whisky -le narrateur-, un ancien vétéran du Vietnam impulsif qui carbure aux amphétamines et une belle blonde, un peu perdue, aux courbes pulpeuses et aux jambes interminables, décident lors d'une beuverie de faire sauter un barrage du Grand Canyon. Ainsi l'étrange équipée sauvage, unis par cette mission folle, absurde et dérisoire, balance au fil du récit entre euphorie chimique et déprime corsée avant de se terminer fatalement en une sévère gueule de bois !

Mais ne nous trompons pas, cette mission et ce voyage ne sont en fait qu'un prétexte, qui permet à Jim Harrisson de traiter, notamment travers ses 3 personnages sans repères et désenchantés, les thèmes du mal-être et de la fuite en avant d'une génération.



Alors, pourquoi ai-je apprécié ce livre ?



D'abord, c'est le livre c'est le reflet d'une époque avec des personnages et une histoire qui pointent du doigts les questionnements du moment et les spécificités de la société (Guerre du Vietnam, libération sexuelle, consumérisme, découverte des drogues, prise de drogue, refus du travail régulier, refus de la famille…). Ainsi, les voyages, l'exploration de religions orientales ou les paradis artificiels étaient autant de manières de refuser la société établie.

Bref, à travers ces 224 pages de cuites, de sexe, de drogue et de dynamite, mais aussi de vitesse, de découverte de nouveaux horizons et d'évocation des peuples opprimés (les indiens !), j'ai apprécié pouvoir me plonger dans ce concentré des années 60.



Ensuite, il y a un une écriture formidable qui rappelle que Jim Harrisson est un grand écrivain. A l'image des 3 personnages du livre noyés par les vapeurs d'alcool, le brouillard de la drogue et la fatigue, le style se révèle parfois, fiévreux, haché, tonique et à d'autres moments décousu, à la limite de l'incohérence. Mais dans tous les cas, l'écriture colle à l'état dans lesquels les personnages du roman apparaissent : ivres, défoncés, lunaires ou ensuqués.



Notons également le ton (désabusé pour ne pas dire pessimiste, mais non dénoué d'humour) qui s'inscrit dans le courant d'une partie des écrivains de cette époque : Henry Miller, Charles Bukowski, John Fante ou Jack Kerouac. Si vous les aimez, vous apprécierez Jim Harrisson.



Il y a tout de même un bémol, c'est le sort réservé aux femmes qui dans ce roman ne sortent pas vraiment grandies. Incarnée par Sylvia, l'un des trois protagonistes de l'œuvre, les femmes apparaissent telles des objets sexuels plutôt décérébrées. Je ne crois pas qu'il y avait là une volonté délibérée de rabaisser les femmes, mais sans doute le reflet d'une société fortement patriarcale et misogyne.



Mais en définitive, ce que je retiens avant tout, à travers ce livre mais aussi à travers son œuvre, c'est, au-delà du ton savoureux et d'un style marqué, cette capacité à restituer, y compris dans les petits détails, les marqueurs forts d'une époque. C'est ce qui en fait pour moi un grand écrivain.

Bref, laissez-vous enivrer par ce roman stupéfiant !
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Retour en Terre

Donald n’a que quarante-cinq ans mais, atteint d’une forme très agressive de sclérose en plaques, la mort qui est pour tous une finalité va le prendre, lui, très prochainement.

Pour que ses enfants, faisant actuellement leurs études en Californie, connaissent leurs lointaines origines, il dicte à sa femme Cynthia l’histoire des siens.

Donald est un sang mêlé, en partie finnois, en partie chippewa.

En 1871, un premier ancêtre, Clarence, une poignée de dollars en poche et chevauchant un cheval de trait, a rejoint le Michigan. Il est arrivé dans la ville de Marquette plus de trente ans après, de longues haltes pour travailler l’ayant retenu en chemin.

Comme tous les récits, des digressions viennent s’immiscer dans son déroulé ; l’internement de sa mère et les pleurs qui ont suivi, ses deux mois passés chez sa tante, puis Donald reprend le fil de son histoire. Clarence a trimé sur la construction des quais destinés aux minéraliers, a goûté aux veuves de la guerre de Sécession avant de contempler l’immensité du lac Supérieur.



Cette première partie, à écouter la voix de Donald, est pleine d’émotion, de tristesse aussi de comprendre que ses muscles le quittent rapidement, lui si costaud dès son plus jeune âge. Sa dernière marche, un bosquet de bouleaux, une branche basse pour s’allonger et atteindre la paix. Juste avant le noir diagnostique de sa maladie, son jeûne, à la belle étoile sur le versant d’une montagne de l’Ontario, loin du monde, pour faire corps avec la nature va déterminer sa fin qu’il désire choisir. Les histoires se mélangent, la sienne, celle de ses parents, de ses grands-parents, de la famille de sa femme… C’est également toute sa personnalité tournée vers le profond sentiment d’être un élément comme un autre dans cette nature que j’ai trouvée sublime. D’où son désir de retourner à la terre puisqu’il la ressent en lui.



Par quelques interruptions, les mots de Cynthia montrent son angoisse face à l’inévitable issue et sa voix clôturera ensuite ce roman sur le deuil. Entre-temps, deux autres membres de la famille vont intervenir, K, le neveu, et David, le frère de Cynthia.



La plume vagabonde activement sur les préoccupations, cogitations, émotions et souvenirs de chaque narrateur d’une manière un peu décousue. Tous ces éléments sont denses et partent un peu dans tous les sens pour revenir sur l’acceptation de la mort et le sens que l’on donne à l’existence.

Non loin, les ours et les corbeaux, dans la réalité, dans les rêves, dans l’esprit, ressortent de croyances indiennes qui sont juste esquissées mais ouvrent sur une question que l’auteur fait couler tout du long de ces quatre monologues : Y a-t-il une attitude à adopter face à la mort ? Comme ce qu’il advient après échappe à toute réalité, chacun n’a t-il pas droit d’imaginer et de sentir la présence du disparu dans le cours d’une rivière, dans un ours dont le souffle est perçu du fond de son hibernation ? Ou bien faut-il accepter que la mort prenne, sans laisser dans son sillage un fantôme de celui qui est parti ?



D’une manière un peu surprenante, avec un fil qui se rompt régulièrement, Jim Harrison nous fait emboîter les pas de ceux qui restent, qui se tournent sur leur passé tout en avançant avec l’idée que Donald n’est plus là. Mais est-il réellement absent ou bien continue-t-il son bonhomme de chemin dans l’ours trottinant en contrebas d’une crête de dunes jouxtant le lac Supérieur ?

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La Route du retour

LA ROUTE DU RETOUR de JIM HARRISON

Dix ans après Dalva, Jim reprend son héroïne et peut-être son meilleur livre, pour nous faire pénétrer dans les arcanes de cette famille à travers cinq générations. Le premier à s’exprimer, c’est le vieux John Wesley Northbridge, patriarche tyran, grand père de Dalva, qui s’occupera d’elle à la mort de son père. Homme complexe, aimant les femmes l’alcool et amateur de peinture, il laissera de l’amour chez certains de la haine chez d’autres. Puis c’est Nelse qui intervient, le fils de Dalva, adopté par une famille new-yorkaise quand elle l’abandonnera à sa naissance. Paul, l’oncle de Dalva, nous donnera son sentiment dans la foulée avant que les deux personnes principales de cette saga interviennent. Naomi, la mère de Dalva, femme lumineuse, généreuse qui porte cette famille et finalement Dalva qui terminera ce récit emprunt d’humanité par ses retrouvailles avec Nelse son fils 30 ans plus tard.

Un très grand roman que j’imagine en partie autobiographique tant les personnages, certains surtout, le patriarche notamment, ressemblent à Jim Harrison. Un hymne à la nature, une nature où l’on entend le chant des oiseaux où l’on sent les poissons griller sur un feu de bois où les indiens, les Lakotas sont omniprésents. Hymne à l’amour enfin, quelques soient les pires travers des héros, qui sillonne et irrigue ce monument, cette fresque.

A lire absolument.
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Julip

JULIP de JIM HARRISON

Trois nouvelles composent ce livre.

JULIP, la première, met en scène une jeune fille un peu naïve, aux formes séduisantes, délurée qui vit dans un break Subaru dans lequel elle entasse tout un tas d’affaires. Son univers tourne autour de Robert, son frère et de trois messieurs d’un âge certain, ses amants. Justement Robert a tiré au fusil sur ces trois hommes et JULIP, du haut de ses vingt ans et de son charme, va tenter d’arracher son frère aux griffes de la justice.

CHIEN BRUN est le héros de cette deuxième nouvelle, personnage récurrent d’ Harrison, métis indien, grand buveur et obsédé par le sexe. Il est tellement humain, tellement agaçant par ses problèmes qu’on finit par s’attacher à lui, on a envie d’entrer dans le livre pour lui dire » non, ne fais pas ça ! » mais peu importe, il va le faire et se mettre dans une situation une fois de plus inextricable.

Philip Caulkins, prof de fac, la cinquantaine piégée par une élève, est contraint de quitter l’enseignement et va se ressourcer dans la nature. Un thème cher à Philip Roth, le prof et l’étudiante…

Très émouvant ce retour aux sources mais on ne se refait pas si aisément, l’amour rôde même dans la forêt en écoutant les oiseaux.

Un très bon livre dans lequel on retrouve tout l’univers d’Harrison, le sexe, l’amour, les addictions, la bonne bouffe, la Vie avec un V majuscule.
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Retour en Terre

RETOUR EN TERRE de JIM HARRISON

Roman à quatre voix, celle de Donald d’abord, issu d’indiens Chippewas et de colons finlandais, atteint d’une sclérose en plaques phase terminale. Il a décidé de mourir dans la terre de ses ancêtres, au Canada, de l’autre côté de la péninsule du Michigan. Sépulture traditionnelle. Il raconte son histoire, sa famille. C’est la narration la plus empreinte d’animisme, de sensibilité et de spiritualité. Puis viennent K, le neveu de Donald, David, son beau frère puis Cynthia qui viendra clôturer ce récit.

C’est clairement pour moi du grand Harrison à l’œuvre, l’amoureux des grands espaces, l’écrivain passionné qui s’attaque à un thème difficile, le suicide choisi et imposé à sa famille qui va accompagner Donald pour sa dernière demeure. Dernière ? Pas sûr puisque chez les Annishinaabes le corps se transforme en ours. Alors en se promenant au nord de la péninsule si on croise un ours...laissons le passer et admirons la nature qu’Harrison rend si belle.
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Nageur de rivière

NAGEUR DE RIVIÈRE de JIM HARRISON

Un des derniers romans d’ Harrison alors qu’il vient de subir une Opération du dos, un roman en 2 parties qui reprend ses thèmes de prédilection. Au Pays Sans Pareil, il met en scène Clide, la soixantaine, un expert en art, qui aurait rêvé d’être peintre et qui vient aider sa vieille mère, fanatique d’ornithologie, au caractère bien trempé. Au fil de somptueuses descriptions d’oiseaux aux noms évocateurs et poétiques, Clide va retrouver dans la maison familiale sa passion pour la peinture tout en devisant sur ses aventures sexuelles vieillissantes.

Dans Nageur de Rivière, le héros, c’est Thad, la vingtaine idéaliste, homme poisson qui se déplace en nageant dans les lacs et les rivières. Amoureux indécis de deux jeunes filles riches sous l’influence de leurs pères respectifs, Thad va faire des rencontres aquatiques qui nous mèneront en bordure du fantastique. Les histoires de Clive et Thad se font écho sur l’amour et les femmes, l’un commençant ses expériences l’autre les finissant. C’est très beau, Harrison a rarement été aussi poétique et son amour de la nature transparaît à chaque page comme jamais.

Le Harrison en fin de vie vaut cette lecture emprunte d’un grand amour de la vie. Inconditionnel d’Harrison😁
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De Marquette à Veracruz

DE MARQUETTE à VERACRUZ de JIM HARRISON

Péninsule nord, chère à Harrison, David Burkett est issu de plusieurs générations de Burkett qui ont fait fortune en exploitant les richesses naturelles locales. Il est donc riche, honteux de l’être comme il a honte de son père, pervers sexuel et manipulateur avec lequel il ne veut rien avoir à faire. Sa mère jouit de la fortune et évite les discussions gênantes. Dans ce contexte David navigue à vue et veut écrire un mémoire, une thèse sur toutes les exactions économiques de sa famille. Au fil des années, car on est dans un genre de roman d’initiation, il va croiser des femmes, trois plus particulièrement, Véra, une jeune mexicaine, Vernice, la poétesse et Riva, la noire.

Pendant toutes ces années d’adolescence, David va tenter de se forger une identité, d’alléger le fardeau de la responsabilité familiale, il va tâtonner tant avec les femmes qu’avec le travail. Il va s’éveiller au monde, à la réalité, loin de ses rêves d’adolescent. Il va devoir endurer les frasques sexuelles de son père, ivrogne, voleur et prédateur.

C’est un des grands romans de Jim Harrison avec Dalva, celui dans lequel il met peut-être le plus de sa vision du monde, de ce côté très désenchanté tout en aimant la vie. Bien sûr la nature est toujours omniprésente mais il y a tellement de richesse dans ce roman qu’il faut tout simplement le lire, s’immerger.

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Faux soleil

FAUX SOLEIL de JIM HARRISON

Lors d’un dîner bien arrosé en Floride, Harrison entend parler d’un homme extraordinaire, Robert Carvus Strang. L’homme vit retiré dans le Nord Michigan suite à un accident. Jim va le contacter et passer trois mois avec lui, dans son intimité pour l’interviewer. L’homme s’avère être un baroudeur qui a construit des barrages un peu partout dans le monde et qui à cause d’une chute ne peut plus se servir de ses jambes. Jim va donc le trouver en pleine rééducation, il va le voir ramper pendant des heures et lui confier son histoire singulière. Pendant cette convalescence il vit avec Eulia, une costaricaine qui, évidemment, ne peut laisser notre macho narrateur insensible.

Roman inhabituel dans la production d’ Harrison puisqu’il est le narrateur d’un côté, il donne ses impressions sur Robert et d’autre part, il restitue ce que Robert lui raconte de sa vie, son enfance d’épileptique, ses divers mariages, ses relations familiales, ses espoirs de reconstruction et de nouveaux voyages.

Roman atypique, intéressant par certains côtés mais je n’ai pas trouvé Robert, le sujet du livre si extraordinaire que ça. Un Jim un peu faiblard comparé aux merveilles que j’ai lues de lui.
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La recherche de l'authentique

LA RECHERCHE DE L’AUTHENTIQUE de JIM HARRISON

Paru en 2021, c’est un ouvrage qui reprend des textes pour la plupart qui ont été déjà publiés dans des journaux ou des magazines. Ils s’étalent sur une période d’une quarantaine d’années et ont été classés ou regroupés dans cinq familles. L’amour, l’esprit et la littérature qui certainement est la plus touchante et qui en dit sûrement le plus sur Jim, ses goûts littéraires et ceux qui l’ont influencé. La pêche, section intéressante mais qui peut être un peu technique si la pêche à la truite ou au tarpon n’est pas votre passion. Même remarque pour la section chasse avec des détails sur les gélinottes ou les chiens de chasse qui peuvent lasser le béotien! LA quatrième famille concerne le sport et la dernière qui est ma préférée avec la première concerne le Montana, le Michigan, les lieux sacrés et la nature en général où Jim nous fait découvrir pourquoi il aime vivre dans ces endroits, où il se ressource et où naît souvent son imaginaire de romancier. 450 pages bien denses qui s’adressent, selon moi, plus aux amoureux de l’écrivain qu’à ceux qui voudraient le découvrir. Un livre qui, arrivant en même temps que le merveilleux documentaire de Busnel, clôt le Chapitre Jim Harrison en ce qui me concerne.
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