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Critiques de Marcel Aymé (598)
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Les contes du chat perché

Delphine et Marinnette sont deux sœurs qui habitent dans une ferme. Leurs parents sont assez sévères. Elles n'arrêtent pas de faire des bêtises avec les animaux de la ferme.



Un livre très drôle, avec plusieurs petites histoires qui se suivent, toutes plus drôles l'une que l'autre.

Les deux fillettes nous font bien rire avec leurs animaux !!
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Les contes rouges du chat perché

Ah, Delphine, Marinette, les parents ronchons, et tous ces animaux qui parlent et n'ont pas leur langue dans leur poche !

J'ai lu ces contes lorsque j’étais petite, et les ai relus avec chacun de mes enfants : la magie opère toujours.

J'ai retrouvé les différentes histoires avec grand bonheur, et mes enfants ont adoré. Et quel plaisir de lire des textes si bien écrits !
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Gustalin

A Chesnevailles dans le Jura, Sylvestre Harmelin surnommé Gustalin néglige les travaux de sa terre car il n'a pour ambition que de devenir garagiste. Flavie, sa femme, s'échine et s'aigrit d'effectuer seule ces travaux pour lesquels elle éprouve pourtant une vraie passion. Hyacinthe Jouquier, qui a laissé choir les mathématiques, pour retourner vers la terre est, lui, en opposition avec sa femme Marthe qui ne rêve que de vie citadine. De la vie et des espérances de ces deux couples il s'ensuit un drame, que nous raconte Marcel Aymé avec son immense talent fait de bon sens et de philosophie rustique, pimenté d'humour et de traits satiriques. A mon sens, ce roman, très féministe est le meilleur qu'il ait écrit.
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Le Confort intellectuel

Je me rends compte à quel point il m'est délectable d'entre une voix qui casse certaines unanimités, comme Beaudelair (remettez ses lettres dans l'ordre s'il vous chante). Parce que, oui, la poésie, bof quoi. Voire nulle, même. Même Beaudelair.

Ah ah ah.

Cette voix, celle de M. Delage avec qui converse Marcel Aymé, est celle d'un "bourgeois revendiquant un confort intellectuel". Tout ces mots a priori me répugnent. Et pourtant, la façon dont il argumente est tout à fait recevable et intéressante. J'aime beaucoup. Et j'adhère en partie. En tout cas, je le comprend. Et ça a tout son intérêt.

Tout comme je comprends, et comprendrai toujours les "révolutionnaires", ceux qui cherchent à casser (eux aussi) les normes et codes en cours, qui cherchent à se sentir et à sentir autre chose, plus vivant et vivable que les normes dans lesquelles ils baignent, corps et coeur souffrant. Oui, évidemment, je les comprendrai toujours.

Toutefois, "casser" n'a de sens qui si vous êtes et avez du construit. Quelque chose de substantiel et de valeur. Sans quoi, vous feriez mieux de vous taire, d'attendre, de travailler, de ne pas dévaloriser non plus la structure, l'échafaudage humain (certes souvent inhumain) qui est là, présent.

Aucune honte à être un artisan, bien mieux qu'un pseudo artiste falot, vide, ridicule et limite malsain et malséant pour nothing. Rien de constructif.

Ces débats sont des débats permanents depuis que l'humain est né. Et ça continuera.

En voici une version 1949, brève et plutôt bien faite, intelligente et amusante aussi.

Fuck Beaudelair, pour ma part.

Vive les petites-mains, sans qui on n'est rien du tout.

Merci aux artisans des mots, et aux artistes fous qui nous augmentent la vie, la réalité par leurs créations, inventions, recyclages, etc etc.

Et vive le silence, quand on n'a pas grand chose à dire.

C'est d'ailleurs ce que je vais vous "offrir" maintenant :

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Traversée de Paris

J'ai relu la version Marcel Aymé , cette courte nouvelle suite à la rediffusion du film culte mené de main de maître par Claude Autan-Lara avec Jean Gabin, Bourvil et Jambier en la personne de Louis de Funès qui reste comme d'autres de cette époque un bonheur à relire et revoir.

Des personnages attachant dans leur travers, une Ville éternelle comme décore et une histoire peu recommandable mais il faut bien se débrouiller en temps de guerre, hélas bien mal acquis ne profite jamais et l'un deux va l'apprendre à ses dépends, pour un temps.

une petite histoire dans la grande bien écrite et facile à lire.
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Le passe-muraille

MARCEL AYME - 1943



Cet ouvrage est un recueil de 10 nouvelles humoristiques et/ou relevant du domaine fantastique.



L'auteur caricature l'occupation allemande (toujours en cours au moment de la parution du recueil) ainsi que la misère des français pendant cette guère qui dure.



La nouvelle qui donne le nom à l'ouvrage, le Passe-Muraille, est bien entendue la plus connue et dans mon top 3 avec La Carte et Les Bottes de sept lieues. Je n'ai par contre pas accroché à la nouvelle Les Sabines.



Petit plus personnel, les nouvelles se situent pour la plupart dans le quartier de Montmartre, où j'ai vécu quelques belles années, juste à côté de la sculpture réalisée par Jean Marais représentant Dutilleul traversant un mur sous les traits de Marcel Aymé.
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Uranus

Blémont ! Blémont outragé ! Blémont brisé ! Blémont martyrisé ! mais Blémont libéré !



En 1946, la commune de Blémont, meurtrie par de furieux bombardements, panse ses blessures. Le lycée détruit, les professeurs donnent leurs cours dans les bistrots, les appartements encore debout sont partagés et, les camps enfin libérés, la petite ville attend avec impatience le retour de ses fils.



Dans ce champ de ruines, l'ingénieur prudemment maréchaliste Archambaud cohabite avec l'ouvrier communiste Gagneux et le contemplatif professeur Wattrin. Il planque également le collabo Loin, médiocre folliculaire dans une feuille de chou collaborationniste, que désigné à la vindicte publique. Cet amalgame contre-nature se révèlera périlleux. Autour d'eux gravitent Léopold Lajeunesse, gargotier alcoolique et poète dont les accointances avec l'Occupant sont encore dans toutes les mémoires, l'ignoble Monglat qui dissimule sous les oripeaux de la neutralité l'avidité d'un sordide trafiquant ou le pleutre Rochard, Résistant de la dernière heure et mouchard professionnel.



Dans la nuit de l'Occupation, tous les chats étaient vert-de-grisés. Au grand jour de la Libération, les nuances sont manifestes. Les idéologies s'affrontent, les rancunes s'exacerbent et les règlements de compte partisans explosent.



Marcel Aymé, tout en sobriété, nous décrit l'effroyable pastis de la France d'Après-Guerre. Jamais manichéen, il fignole une flopée de personnages frileux qui ont subi plus qu'ils n'ont fait subir. Ce parti pris n'attiédit pas pour autant le roman qui, drôlatique, incisif et d'une froide cruauté, met en lumière de modestes crapoussins plutôt que de flamboyantes crapules.



"Rien n'est plus éloigné de moi que les sentiments forcenés de haine et d'idolâtrie, et cette modération, j'en souffre maintenant comme d'une infirmité."



Marie-Anne Archambaud -prometteuse jeune femme à la recherche de l'amour- résume, par ses atermoiements celui des Français durant l'occupation : être troussée par un sanguin et baraqué fils à papa, caressée par un homme marié intègre (?) ou adorée par un servile renégat...



Finalement on ne fait jamais que se comporter "comme une cellule saine dont la teneur en phosphore ou en calcium se modifie avec celle de l'organisme auquel elle appartient."



Alors... rêvons de libellules, d'éléphants ou d'Uranus comme Wattrin ou déclamons du Racine de comptoir comme cet hénaurme pochetron de Léopold... "Passez-moi Astyanax, on va filer en douce."



Un devoir d'Aymé !
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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La table-aux-crevés

« La Table-aux-crevés » est le quatrième roman écrit par Marcel Aymé, mais il a déjà marqué de son style un genre qui, après lui, ne sera plus tout à fait le même. Le drame paysan, la tragédie rustique, le crime à la campagne, chez Marcel Aymé, c’est carrément une « comédie humaine », à la fois profondément véridique et pathétique, et en même temps d’une rare corrosivité, d’un esprit satirique implacable qui met à jour aussi bien les beautés que les noirceurs de l’âme humaine.

L’histoire se passe juste après la guerre de 14, à Cantagrel, petit village du Jura. Le personnage principal du roman s’appelle Urbain Coindet, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas de veine : il rentre du marché, qu’est-ce qu’il trouve ? Sa femme Aurélie pendue dans la cuisine. C’est déjà un choc. Choc doublé quand il se voit pointé du doigt comme assassin. Choc triplé quand son beau-frère, Frédéric Brégard, qui sort de prison pour contrebande, l’accuse de l’avoir dénoncé. Comme dans tous les villages, il y a de multiples dissensions entre les habitants : entre les cléricaux (les calotins) et les républicains (Urbain, élu au conseil municipal en fait partie), et surtout entre les gens de Cantagrel et ceux du village d’à-côté, Cessigney, entre ceux de la plaine, et ceux des bois (comme qui dirait les Longeverne et les Velrans, dans « La guerre des boutons »). Urbain doit ses débattre dans tout ça, d’autant plus qu’une fille de Cessigney, Jeanne Brégard, la sœur de Frédéric et d’Aurélie, s’est amourachée de lui, et le sachant veuf, veut profiter de l’occasion…

Depuis Balzac et Zola, jusqu’à Giono et Pagnol, on sait que la campagne n’a rien à envier à la ville en fait de mœurs inavouables, de crimes, de turpitudes et de situations plus ou moins sordides. Le Jura ne fait pas exception à la règle : la galerie de portraits que dresse Marcel Aymé est tout sauf monotone : vous y trouverez des villageois chafouins et rusés, un curé qui cherche à rameuter ses ouailles, un garde-champêtre ivrogne, un beau-père et un beau-frère à la gâchette facile, comme le soupirant éconduit de la Jeanne, des commères à chaque coin de rue… C’est avec une ironie mordante et une grande jubilation que Marcel Aymé met tous ces gens dans un chaudron et qu’il remue joyeusement avec une grande louche.

L’exercice n’est pas facile : à naviguer ainsi entre roman de mœurs et roman satirique, il est facile de tomber dans l’excès dans un sens ou dans l’autre. Tout l’art de Marcel Aymé consiste à maintenir un équilibre entre l’étude de mœurs sans complaisance, la description au scalpel des petites faiblesses humaines, et une verve à la bonne humeur communicative, même quand l’histoire n’est pas drôle.

Marcel Aymé n’a pas de mal à trouver cet équilibre, parce qu’il est un peintre de la vie : fin observateur de ses contemporains, il sait retenir les grandes lignes et aussi souligner les détails : les personnages qu’il décrit sont criants de vérité. Et comme ils nous sont montrés dans toute leur humanité, bonne ou mauvaise, ils nous touchent, nous émeuvent, deviennent à nos yeux aimables ou haïssables, parce que finalement, ils nous ressemblent.

« La Table-aux-crevés » a fait l’objet d’une adaptation au cinéma en 1951 : le réalisateur Henri Verneuil et son co-scénariste André Tabet (qui signera les dialogues du « Corniaud » et de « La Grande vadrouille ») ont pris le parti de mettre ne place une distribution toute provençale (Fernandel, Andrex, Fernand Sardou, Henri Vilbert…) qui tire le film plutôt du côté de Pagnol, mais ça marche quand même.

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La Vouivre

On pourrait lire un roman rural, avec les travaux des heures et des jours, une vie de labeur qui ne s'arrête jamais. On pourrait être dans un passé plus lointain, une société qui n'est pas encore mecanisée. Seuls l'évocation de frères morts à la guerre permet de donner des repères chronologiques. Il faut semer, faucher, acheter des outils, vendre des animaux... Dans ce monde, la société est hierarchisée, patriarcale, violente, où la richesse est la terre. La famille, ce sont ceux qui travaillent le même champs, peu de place pour les sentiments ni pour la faiblesse. Arsène apparaît ainsi comme froid, calculateur, l'important est la productivité, pas le sentimentalisme envers le vieil ouvrier fatigué, même s'il l'a elevé. Cependant, la misère et la violence des rapports humains ne sont pas celles de la terre de Zola. Les familles présentées sont relativement aisées, si elles sont âpres au gain, c'est pour augmenter leur capital.

On pourrait aussi lire un conte fantastique dans un cadre champêtre. Ce est pas le Berry de George Sand, mais on retrouve des contes de veillées avec des monstres, ainsi que des descriptions assez poétiques du paysage jurassien - même si, une nouvelle fois, le personnage principal n'est pas sensible à l'esthétique pure, ne voyant que les rendements possibles.

Ensuite, on pourrait y voire un roman politique présentant les tensions religieuses de la Troisième République entre cléricaux superstitieux et anti-cléricaux rationnalistes. Le personnage du maire est ainsi intéressant dans ses contradictions.

Mais j'ai choisi d'y lire une galerie de portraits de femmes souhaitant assumer leurs désirs. Il y la Dévorante, géante insatiable qui dévore les hommes. Il y a Juliette, jeune fille qui reste sage mais regarde émue l'ennemi de la famille. Il y a la toute jeune Belette qui demande à la Vierge de lui offrir une paire de gros nichons pour attirer les hommes, ou Louise, la matriarche, qui a refoulé ses désirs. Et il y a la Vouivre, créature surnaturelle ou jeune bourgeoise provocante ? On n'aura pas de réponse tranchée, mais elle représente la liberté sexuelle et érotique, libre de son corps et de ses mouvements. Mais cette figure de tentatrice reste inquiétante et dangereuse, ceux qui meurent sont ceux qui ont transgressé la norme.

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La Vouivre

Excellent petit roman dont la fin aussi tragique qu'inattendue m'a serré le cœur. J'aime beaucoup Marcel Aymé, car mon père me lisait chaque soir avant de m'endormir les Contes du Chat Perché. Cet ouvrage m'a séduit à la fois par son style truculent et juste, mais aussi par l'histoire qu'il raconte, mélange d'un réalisme très terrien et d'un surnaturel très implanté dans le quotidien. Du réalisme magique, peut-être?
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Le passe-muraille

Les challenges nous permettent de lire des livres qui nous sortent de nos habitudes. D’une part, je lis très peu de classiques, même si j’ai le désir d’en lire plus. Et d’autre part, les recueils de nouvelles ne sont pas le format que je préfère. Ici, avec Le Passe-Muraille, j’ai la combinaison des deux. Mais malheureusement, je ne suis pas du tout enchantée par cette lecture. J’ai trouvé l’écriture très mal vieillie. On dit que les classiques sont indémodables… c’est leur propre. Là, je ne peux pas dire que ce recueil est indémodable. Et puis, comme c’est souvent le cas dans avec les recueils de nouvelles, toutes ne sont pas égales. J’ai pris plaisir avec la première, qui donne son titre au livre, mais pour les autres, je n’y suis un peu ennuyée. Outre le côté fantastique des nouvelles, il n’en demeure pas moins qu’elles sont sans surprises. Bref, une lecture que j’oublierai bien assez vite. Dommage.
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La Jument verte

Ce récit narré en partie à travers le regard et les pensées d’une jument verte figurant sur un tableau de famille est totalement original dans le paysage littéraire français.


Il faut dire que les yeux et la bouche de cette jument peinte ont été baptisés du sperme de l’artiste appliqué au bout de son pinceau. Baptême blasphématoire qui conduira cet animal fictif à scruter les moeurs amoureuses de ses propriétaires successifs. Observatrice immobile, elle ne peut être mieux placée pour nous rapporter toutes les turpitudes, roueries et perversions d’un monde rural qui n’a rien à envier en matières d’abjections à celui de la ville.

Cette jument verte, c’est bien sûr l’écrivain, Marcel Aymé, lui même, scrutateur et commentateur de la vie de ses contemporains, sujet d’un décalage nécessaire, d’une sortie paradoxale du cadre de nos vies pour mieux en discerner les contours invisibles au commun.

Bien évidemment suivront les « chevaux de bataille » de l’auteur du « Passe-muraille » : anti-cléricalisme, combat contre l’hypocrisie sociale et sexuelle, critique acide contre la petite bourgeoisie et les regroupements sociaux en général mais aussi édénisme d’un monde voué à disparaitre. Tout cela s’éternise un peu, frise parfois avec la caricature dont Marcel Aymé était si friand jeune. Le film qu'Autant-Lara adapta du roman en le condensant à l'essentiel a su en tirer toute la substance iconoclaste et reste une belle et décapante réussite.
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Le passe-muraille

Fonctionnaire un peu fâlot et sans histoires, monsieur Dutilleul se découvre à l'âge de 43 ans le don de pouvoir passer à travers les murs sans être incommodé. Il en use d'abord pour tourmenter son tyrannique chef de service puis se met à cambrioler banques et bijouteries et défie une police décontenancée. Mais le curieux don de monsieur Dutilleul va-t-il durer éternellement?

Né en 1902 et célèbre notamment pour ses "Contes du chat perché", devenus des incontournables de la littérature jeunesse, Marcel Aymé a été un auteur qu'on peut qualifier de prolifique, publiant nombre de romans, nouvelles ou pièces de théatre. J'avais gardé un vague souvenir du film adapté du "passe muraille" avec Bourvil dans le rôle titre, un film assez niais, bien loin de rendre justice au texte de Marcel Aymé. Car si l'humour est omniprésent, il est plutôt noir voire amer. Aymé nous conte avec finesse la métamorphose de son personnage qui se découvre soudain le pouvoir de martyriser celui qui l'a toujours tourmenté mais l'on sent rapidement que la farce va tourner court et le final, bien qu'empreint d'une grande poésie, laisse le lecteur presque mélancolique. C'est que Marcel Aymé, sous couvert d'humour, décrit les travers de ses contemporains de façon impitoyable, ce que confirme les neuf autres nouvelles du recueil. L'atmosphère troublée de l'Occupation imprègne le tout ( ces nouvelles ont été écrites entre 1941 et 1943) et "En attendant" y fait même directement référence avec ses quatorze personnages évoquant leurs difficultés (plus ou moins grandes) à subsister en temps de guerre. La lecture du "Passe-muraille et autres nouvelles" est donc passionnante et multiple car derrière le plaisir immédiat procuré par la lecture d'un texte brillant se niche un sévère portrait de l'être humain et de ses petitesses. Marcel Aymé est décidément un auteur à redécouvrir.

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Le passe-muraille

Ces nouvelles sont dans l'ensemble régies par la logique du merveilleux (des phénomènes invraisemblables acceptés de tous) et ancrées dans le quotidien de la France des années 40. Elles s'avèrent parfois si acides que j'ai envie de les qualifier de « règlements de contes ». L'auteur met en scène des personnages médiocres, souvent mesquins et étroits d'esprit, qui auront parfois la chance de voir le merveilleux les émanciper et les rapprocher paradoxalement de l'humanité : ils cessent alors de se comporter comme des êtres veules et se prennent même à rêver et à faire preuve d'héroïsme. Une métamorphose dans le sens inverse de celle de Kafka. Derrière son cynisme, Aymé est un optimiste qui ose espérer des jours meilleurs pour l'humanité, libérée des ravages de la bêtise en général et de la guerre en particulier : la réalité de l'occupation allemande imprègne des nouvelles comme « La carte » et « Le décret », qui distordent la temporalité pour la faire échapper à la sombre époque des rationnement et des privations, vers un espace où l'on retrouve l'espoir d'une vie heureuse. Il s'agit sans doute aussi d'une réponse humoristique à l'ébullition intellectuelle provoquée dans la première moitié du XXème siècle par les théories sur la relativité du temps.



De mon point de vue, la meilleure nouvelle est incontestablement « Les Sabines », où Aymé pousse jusqu'aux dernières extrémités son idée folle d'une femme dotée du don d'ubiquité, capable de vivre sa vie à travers une infinité de copies d'elle-même, et de conquérir tant d'amants qu'elle pourrait s'écrier : « Je suis partout ! ». De quoi faire les gros titres, à n'en point douter.



Toute l'humanité en prend ici pour son grade, réunie par une universelle idiotie, que les nouvelles « Le proverbe » et « En attendant » révèlent dans ce qu'elle a de plus pathétique, au point que j'ai trouvé leur lecture assez désagréable.



Séchez vos larmes : la nullité n'est pas une fatalité. Car la mort en délivre bien vite, comme ce soldat débauché et cette vielle bigote de la « Légende poldève », qui entrent ensemble au paradis dans une scène préfigurant un peu l'esprit Hara-Kiri / Charlie Hebdo. de l'humour corrosif et irrespectueux bien de chez nous. Malgré son patronyme charmant, Aymé donne volontiers dans le cynisme, tout en apportant à ce registre une élégance glacée et sophistiquée, où la tendresse n'est pas si loin : c'est dans un quotidien misérable où les rêves subsistent que Aymé manifeste le plus de sympathie pour ses héros boiteux, comme achève de le prouver sa variation sur les « Bottes de sept lieux ». Un recueil qui fait voyager, tout en donnant une image de son temps.
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Le passe-muraille

Une expérience plaisante que cette lecture au style qui date un peu, soixante dix ans sauf erreur, des tournures de phrase un peu désuètes, qui m'ont évoqué mes grands parents parfois par certains termes employés.

Ces histoires sont résolument teintées de fantastique et c'est ce qui m'a le plus agréablement surpris, car je ne savais pas vraiment ce que j'allais lire, une fois de plus c'est en me promenant sur Babelio que je me suis laissé tenté par certains avis.

Ces dix nouvelles sont assez inégales mais toutes captivantes, elles nous parlent de la nature humaine en général et de ses travers en particuliers, c'est souvent drôle et surtout juste, car si les temps ont changé, l'homme lui est resté le même (ou presque).

Je ne sais pas si l'on peut parler de morale, car l'auteur n'est assurément pas un moraliste, mais chacune de ces petites histoires donne à réfléchir sur ce que nous sommes en réalité, et sur ce qu'est la société.

En soit et pour ces raisons, même si le style "date un peu", le message lui, reste désespérément d'actualité.
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La Vouivre

Dans la Vouivre, Marcel Aymé nous plonge dans l'univers paysan de l'entre-deux-guerres avec toute la verve dont il est capable. Nous faisons connaissance avec des personnages savoureux comme le maire du village écartelé entre son radicalisme anti-clérical et sa peur de l'Enfer, le fossoyeur ivrogne qui rêve d'une princesse, la jeune Germaine érotomane dévoreuse d'homme qui dépucelle les ados à la chaîne ou le curé qui rêve de miracle dans sa paroisse.

Mêlant le fantastique avec le réel, il nous montre aussi des personnages plus sérieux comme Arsène dont la Vouivre, créature diabolique et éternelle, tombe amoureuse. Nous découvrons des personnages pris dans leurs contradictions où deux familles se détestent sans savoir pourquoi, tandis que leurs enfants s'aiment, des gens âpres au gain tout en restant généreux, etc..

Tout cela est écrit dans un style superbe, un français simple et direct sans fioritures inutiles et qui nous immerge dans le monde rural de l'époque. Il y a quelque chose de mythologique dans ce roman. Magnifique !
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Uranus

Des personnages ciselés dans une atmosphère pesante. La crasse qui remonte comme une vinasse mal digérée et des gens, braves, fous, faibles ou dégueulasses qui s’efforcent de traverser le cataclysme de la libération.

On s’arrange comme on peut avec ses désirs et sa conscience.

Un roman sur l’humain dans toute sa splendeur… À lire, même si l’on est pas féru d’histoire.
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Le Nain

Si le Père Noël, les cloches de Pâques et la petite souris n’ont pas réussi à vous donner le cadeau que vous espériez, rassurez-vous, je connais un truc épatant, susceptible de combler tous vos vœux : ça s’appelle un bouquin. Oui je sais, il y a plus moderne, c’est lourd dans la main, et c’est plein de mots écrits dans un français tout à fait incorrect, en tous cas rien de commun avec la belle langue qu’on entend à la télé (Cyril, si tu nous écoutes…remarquez que je ne donne pas de nom !) ! Et vous allez me dire, petits futés, vous allez vous recrier, petites mutines : « mais comment ces généreux donateurs sauraient-ils ce que j’aime ? » Voici la réponse : il y a des auteurs « infaillibles » qui ne peuvent que vous séduire. Tous les goûts sont dans la nature, tous les dégoûts aussi, et malheureusement tous les égouts y vont. Mais prenez un auteur comme Marcel Aymé, dans ce qu’il fait de mieux, les nouvelles. Vous ne pouvez pas être déçu : dans « Le Nain », ce recueil paru en 1934, il aborde avec une facilité déconcertante, tous les genres : du fantastique (le fantastique à la Marcel Aymé, soyons clairs, ce n’est pas Stephen King) au policier en passant par le drame bourgeois, la grosse farce et même la nouvelle historique !

Treize nouvelles au total qui ont fait la renommée de l’auteur, et l’ont hissé au panthéon des spécialistes du récit court. En voici quelques-unes

La première nouvelle « Le Nain » donne son nom au recueil. « Dans sa trente-cinquième année, le nain du cirque Barnaboum se mit à grandir ». Plutôt embêtant, quand « être petit », c’est votre métier !

« La canne » : La famille Sorbier est de sortie : le père, la mère et les deux enfants vont en promenade, emmènent avec eux la canne fraîchement héritée de l’oncle Emile. La balade risque d’être… animée…

« La liste » : l’une des nouvelles les plus hilarantes du recueil : le sous-titre « Histoire d’une fille qui ne pouvait pas entrer dans un conte fantastique ». Le thème : « Noël Tournebise avait tant de filles à marier et si peu de mémoire qu'il ne pouvait pas se rappeler tous leurs noms et qu'il était obligé d'en avoir toujours la liste dans sa poche... »

« L’Affaire Touffard » : O’Dubois et Joubin, ou comme qui dirait Holmes et Watson, ou plus vraisemblablement Bougret et Charolles (dans l’inénarrable Rubrique-à-brac » de Gotlib) enquête sur le meurtre de douze personnes dont un milliardaire.

« Le mariage de César » César est un bougnat honnête et chaste. Son mariage avec Roseline, en faisant de lui un tenancier de maison close, lui forge une autre personnalité.

« Trois faits divers » : ou le Club des assassins : quand un assassin rencontre un assassin, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires d’assassins ! Et quand en arrive un troisième ?

« L’Armure » : histoire médiévale : un chevalier, revêtant l’armure du roi et imitant sa voix, courtise, lutine et finalement présente à la Reine des hommages… appuyés. Il finit par avouer son crime au royal cocu.

« Sporting » : comment les conflits politiques se résolvent au travers d’un match de foot pas comme les autres : Un vrai dessin de Dubout ! (comme aurait dit Fernand Raynaud)

Au total treize nouvelles pleine de rire, d’ironie, de malice, tout ce que nous aimons chez Marcel Aymé. Sans le mordant féroce qui caractérise ses écrits de guerre et d’après-guerre.

Un vrai régal !

A consommer sans modération !





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La Tête des autres

J'ai passé un bon moment avec cette lecture à l'humour satirique voire un peu cynique ! Tout est permis du moment qu'on tient un coupable ... Est ce le bon ? On s'en fout ... La populace sera contente que la justice soit rendue ! Quelle Justice ??? Vous l'aurez compris, il s'agit bel et bien d'une critique contre la peine de mort ! A la fois drôle et cocasse, on ne s'ennuie pas. Toutefois, c'est très caricaturale !
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Un conte du Chat perché : Le mauvais jars

Le mauvais jars fait partie du recueil des contes bleus qui comportent :

Le loup

Le cerf et le chien

L’éléphant

Le canard et la panthère

Le mauvais jars

L’âne et le cheval

Le mouton

Les cygnes



A l'opposé vous avez dans le livre 1 : les contes rouges.



Delphine et Marinette sont les deux fillettes qu'on retrouve dans chaque conte, et à chaque fois un animal ou deux en personnages principaux.

Ici, nous avons le Jars avec son mauvais caractère et sa petite famille. Qui a vécu ou fréquenté une ferme sait qu'il vaut mieux ne pas approcher le jars, il vous course, siffle, déploie ses ailes et finit par vous pincer les mollets. Ce sont de très bons gardiens et fidèles compagnons, le couple d'oies reste lié à la vie à la mort.



Le mauvais jars met en scène également l'âne qui fait les frais de l'orgueil du jars et le traite de bourrique avec toutes les caricatures propres à l'âne. Ce dernier s'en trouve bien blessé et l'incident qui se produit avec les fillettes et leur balle sera une belle occasion de prouver qu'il y en a sous les oreilles, pas si bête !



Ce conte est à l'image des fables de la Fontaine, mettant en scène un animal mais en plus l'humain. La morale est forcément de rigueur, et ici, on met en avant l'orgueil du jars qui a bien des limites quand il se trouve confronté à plus fin que lui.



Les dessins sont agréables, bien que je pense qu'ils sont plus trop dans l'air du temps, il est toujours bon de lire aux enfants des contes, et faire lire, car le livre est abordable et en plus comporte un supplément avec : un test pour jauger son caractère (je m'y suis prêtée avec plaisir) , des informations sur le comportement des animaux, et des jeux.



Donc livre bien complet et ludique pour passer un après-midi agréable pour un enfant qui s'intéresse au conte, animaux et aime aller au-delà de la lecture par les jeux.







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