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Critiques de Marcel Aymé (598)
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Le passe-muraille

Quelle superbe découverte que Marcel Aymé!

Un nom connu qui flottait au milieu des innombrables auteurs dont j'entendais parler mais que je n'avais jamais lus. Il y a tout d'abord eu cette visite à Dole, où le chemin de visite reprend les Contes du Chat Perché. Puis ce reportage sur Jean Marais et sa statue du Passe-Muraille rue Norvins. Et enfin, cette visite de Montmartre le mois dernier, et cette p**** de photo que je n'ai jamais pu faire parce que deux touristes chinois qui trouvaient la statue très drôle se la sont accaparée pendant une bonne dizaine de minutes (et voilà, rien que d'y repenser, je m'énerve!).



Bref... c'est seulement en rentrant de ce merveilleux séjour parisien (au passage un grand merci à Isa. J'ai pas pu tout tester, mais tes adresses, c'est du tonnerre!) que je me suis plongée dans ce recueil de nouvelles... plaisir prolongé pendant plus d'un mois car je ne voulais pas en sortir, tellement son monde me parait proche de la façon dont je le perçois!

L'écriture est sublime, l'orthographe parfois bizarre, les histoires proches de l'absurde, mais qui nous décrivent tellement bien notre monde et son fonctionnement bancal.



Je ne connaissais que son nom, je suis ravie de ne pas avoir attendu plus longtemps pour en découvrir l'oeuvre. Un véritable coup de cœur littéraire, en tout point. J'ai la Jument Verte qui se cache quelque part dans un coffre, je pense bien la dépoussiérer d'ici peu.



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Les contes du chat perché

Bon pour résumer la situation et pour gagner du temps je vais la faire simple :

Les contes du chat perché, on pourrait intégralement les recopier dans la rubrique « citations ».

C’est TELLEMENT drôle, adorable, fin, délicieux, que chaque ligne est un petit bonbon ( celui que vous aimiez tant quand vous étiez petits).

Ce sont les statues de Delphine et de Marinette qui devraient être dans nos rue à la place du Général Machin ou de l’Amiral … c’est quoi son nom déjà ?



J’ai beaucoup aimé Les Contes de chat perché, BEAUCOUP ! Mes enfants aussi.

À qui le tour ?
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Traversée de Paris

Voilà Une traversée qui ne laisse pas indemne, habitués des courses nocturnes et autres diagonale du fou, sachez qu'on sort de cette virée nocturne avec quelques ribambelles d'étoiles dans la tête et une belle cicatrice sur la face. Mais une cicatrice qui ne laisse que de bonnes traces, car il s'agit d'un sourire, tant le cheminement fut bon. Court, mais bon.



Pendant l'occupation, l'ami Grandgil cherche à s'occuper, et il va faire marcher ce bon Martin, qui a mis les deux pieds dans le marché noir, quitte à le faire voir rouge. Le fieffé Jamblier, qui vit comme un coq en pâte sur le malheur des gens, sera le gros dindon de la farce...



« Je veux deux mille francs Jamblier, nom de Dieu !  Jamblier ! Jamblier ! »



Eh bien il crachera au bassinet le père Jamblier, et plutôt deux fois qu'une ! Grandgil se contentera, lui, de cracher son mépris sur les petites vies éteintes de quelques vulgus pecum, qui ont pour lui le tort d'être ce qu'ils sont, devant un Martin déridé, qui n'en croit pas ses yeux ni ses esgourdes, mais qui se retrouve gonflé à bloc pour suivre son compagnon de virée, à face « de bélier ».



« Regardez-moi ces gueules d'abrutis, ces anatomies de catastrophe. »



Ces deux là se trouveront copains comme cochon, le temps d'en transporter un dans le paname endormi mais qui reste un peu traître, la trajectoire comportant quelques risques du genre fatal.



La bidoche empaquetée quartier par quartier traverse les quartiers, transbahutée par deux drôles de quidam, qui effilochent souvenirs et morceaux de bravoure dans la nuit qui file.



Chronique de la France ordinaire à une époque qui ne l'était pas, écrite de façon extraordinaire par un auteur qui l'est tout autant.



« Brillant de lune et d'étoiles, le ciel était d'un bleu glacé ».



Brillant, lumineux, que ceux qui ont les yeux clairs se protègent, on sort de ce livre ébloui.
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Aller retour

Et soudain Justin Galuchey prit conscience de la médiocrité de son existence. Qu'y a-t-il de pire que ces moments de lucidité où nous posons sur nous-même un regard froid et détaché, crevant le voile de semi-conscience qui entoure nos vies. Galuchey se voit tel qu'il est : un employé laborieux qui subit avec abnégation les ires de son responsable et le mépris de ses collègues. Ses maigres revenus lui servent à entretenir une femme laide, souffreteuse et stupide. Il faut veiller toujours à ne pas trop dépenser. Alors « tonnerre de Dieu ! », il décide de changer, de s'affranchir de sa médiocrité. Il commence par mentir à sa femme, s'achète un complet à carreaux et une casquette de sport et lui le lâche, il s'interpose dans une bagarre... Sa nouvelle résolution va d'abord lui réussir. Il prend une assurance qui déconcerte tant son chef de service que ce dernier démissionne et Galuchey est amené à prendre sa place. Son coeur aussi est en fête, il rencontre la belle Raymonde chez son oncle et décide de la courtiser. Après tout, puisque rien ne lui résiste. Pauvre Galuchey, il vient de se lancer dans une véritable fuite en avant.



Parenthèse enchantée ou véritable métamorphose ? A vous de le découvrir. Marcel Aymé nous offre une superbe leçon de sagesse. le bonheur, oui, mais pas à n'importe quelles conditions ; il est vain de poursuivre l'inaccessible. le texte est plein d'intelligence, mais je n'y ai pas retrouvé la saveur qui fait la singularité des romans de Marcel Aymé. J'ai parfois eu l'impression de lire un roman à thèse. L'ironie et la grivoiserie sont moins présentes dans ce récit même si deux personnages nous réchauffent le coeur avec leur argot du peuple de Paris.
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Uranus

Troisième volet d'une trilogie de l'avant du pendant et de l'après guerre 39/45 avec "Travelingue" et "Le chemin des écoliers", "Uranus" est une critique féroce de la période dite d'épuration...



Inconscience ou provocation... On peu se poser la question tant la sortie de l'ouvrage(1948) est proche de la période traitée.



A moins qu'il ne s'agisse tout simplement que de la chronique d'un village français comme il y en eut tant, dans cet immédiat après guerre, avec ses joies ses peines ; bref, quelque chose comme un instantané de la France de 1946... qui n’était pas si différente de celle de nos jours, me semble-t-il.



C’est souvent féroce, c’est parfois gênant, c’est toujours drôle ; même si on rit jaune…

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Les contes rouges du chat perché

J'ai adoré. J'ai étudié ces histoires en 6ème en cours de français. Je me souviens de ma prof de français qui avait un fort accent nîmois (je suis moi-même nîmoise) qui posait toujours la question pour ouvrir le débat : "Delphine et Marinette (en appuyant sur le "nette") qu'est ce qu'elles font ?" J'aimais bien ces deux gamines qui habitaient une ferme où les animaux parlaient... Je les enviais... Quelle chance !
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Le boeuf clandestin

Le boeuf clandestin est une histoire d'un directeur de banque dont la manie de séduire les gens de son monde professionnel, qui sont tantôt juifs, tantôt franc-maçon, l'induit à ne plus aller à l'église pour ne pas proclamer haut et fort sa foi chrétienne, il y laisse aller que sa femme et sa fille Il va même jusqu'à adopter un régime végétarien pour se donner une forme de spiritualité mais sans profondeur! Mais voilà qu'un jour sa fille le surprend en train de manger un steak dans la cuisine profitant de la sortie de sa femme et de sa fille...le poids d'une certaine culpabilité va planer entre ces deux personnages....

Pour avoir mal commencé avec Marcel Aymé en lisant le passe-muraille dont je garde un mauvais souvenir, mais là avec jLe boeuf clandestin, 'ai été conquise par l'écriture de l'auteur où se mêlent humour et le ton naturel ou simpliste des personnages, car il nous décrit la nature très complexée du monde des bourgeois....
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Joyeux Noël !

Petit catalogue de Nouvelles et Poèmes de Noël. La structure se détaille en trois parties, « c’est le soir de Noël », « C’est Noël, tout de même », et « Un souvenir de Noël ».Il est question d’Arbre de Noël, de fées en Bretagne, de miracles. De l’écriture d’auteurs de qualité, chaque nouvelle peut se lire indépendamment des autres et agrémente joliment cette belle période.
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Le passe-muraille

Marcel Aymé est un écrivain, nouvelliste, dramaturge et scénariste français, né en 1902 et décédé en 1967.



Le passe-muraille est un recueil de 10 nouvelles, les unes plus loufoques que les autres ! Parmi ces 10 nouvelles, voici mes préférées :

- le passe-muraille : Dutilleul, quadragénaire, s'aperçoit qu'il peut passer à travers les murs.

- Les Sabines : Sabine peut se multuplier en autant de femmes qu'elle le souhaite et mener autant de vies qu'elle le désire.

- La carte : le gouvernement a décidé de créer des « tickets de vie ». Les personnes jugées inutiles n'ont plus la possibilité de vivre chaque jour du mois (les prostituées ont droit à 7 jours, les riches également, les écrivains à 15 jours, etc.). Une fois les tickets de vie épuisés, les personnages sont temporairement morts et se réveillent le 1er du mois prochain.



J'ai pu remarquer que les thèmes de la guerre, la pauvreté et la mort sont omniprésents et apparaissent dans presque chacune des nouvelles. Les personnages sont des plus ordinaires, mais les événements auxquels ils sont confrontés relèvent de l'hors du commun, du surnaturel. Tout est possible, voilà peut-être un message de l'auteur :) ?



Je me suis laissée porter par ces nouvelles fantastiques et je vous invite à le faire également...

Laissez aller votre imagination ! Rêvez ! Fantasmez ! Voilà selon moi l'autre message de l'auteur !

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Joyeux Noël !

Et voilà j'ai acheté ce livre parce que j'adore les contes et puis je ne suis pas arrivée à le lire , le premier Un arbre de Noel de Dickens est long , lugubre , le deuxième est un texte de Sylvain Tesson qui raconte la mésaventure arrivée à quelqu'un qui ne croit pas aux fées , un peu mieux mais je l'avais lu dans un livre de Sylvain Tesson , enfin oui c'est une histoire de Noel classique , j'arrive à la troisième et je m'excuse , impossible de terminer ma lecture et pas envie de me forcer , c'est ça aussi Noel , faire une pause dans notre quotidien soumis à trop de pressions , d'informations diverses . Quand j’ai acheté ce livre je me suis dit Oh voilà une bonne idée pour souhaiter UN JOYEUX NOEL sur Babelio .

Ce que je l'empresse de faire .

Je souhaite à tous ceux qui me lisent à cet instant une fête remplie de partage .
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Le passe-muraille

Pour être honnête, j'avais complétement oublié que "Le passe-muraille" n'était qu'une nouvelle dans un recueil en comptant dix.

Mais tout comme "la valeur n'attend pas le nombre des années", la qualité n'attend pas le nombre de pages. Toutes ces nouvelles ne m'ont pas plues de la même manière, mais toutes sont intéressantes et agréables à lire. L'imagination de Marcel Aymé est étonnante et les thèmes abordés sont variés.

"Le passe-muraille"

Ou la révolte du petit employé de bureau. Sans un tyrannique sous-chef, monsieur Dutilleul aurait probablement poursuivi sa vie tranquille, entre son journal et son album de timbres. Heureusement pour nous, "Dutilleul était modeste, mais fier." Commence alors un harcèlement dans les règles suivie d'une belle carrière de cambrioleur. Une nouvelle amusante et rondement menée.

"Les Sabines"

Sabine est l'héroïne de cette étrange nouvelle. Elle est dotée du don d'ubiquité, mais plutôt que de l'utiliser pour assurer sur tous les fronts, famille, travail, tâches ménagères, lecture dans le canapé, etc, elle en profite pour multiplier les amants. Et elle ne fait pas les choses à moitié, arrivant au nombre honorable de soixante-sept mille corps, et autant d'amants. Certaines situations sont amusantes, mais j'aurais apprécié une héroïne un peu plus profonde et que la question de l'adultère soit un peu plus creusée.

"La carte"

En 1943 il fallait oser écrire une telle nouvelle. Imaginez, les "inutiles" voient leur temps d'existence réduit à quelques jours par mois. Le tout est évidemment de déterminer qui est inutile à la société. Et quand le narrateur s'aperçoit qu'en tant qu'auteur il est concerné, il trouve l'idée nettement moins attrayante. Pourtant, avec 15 jours par mois il est mieux loti que les prostituées (7 jours) ou les juifs (une demi-journée, quelque soit leur métier !). Mais les cartes de temps révéleront des possibilités tout à fait étonnantes.

"Le décret"

Un postulat intéressant ouvre cette nouvelle. En pleine guerre mondiale, les pays se mettent d'accord pour avancer le temps de dix-sept ans, à la manière de l'heure d'été. Dix-sept ans pour être sûr que la guerre soit terminée, et qu'une autre n'ait pas encore eu le temps d'éclater. Une proposition à étudier en cette période de confinement ? Seulement si l'on est prêt à faire face aux conséquences...

"Le proverbe"

Les relations familiales de cette nouvelle sont incroyablement bien rendues. Entre tensions, jeux de pouvoir et fierté mal placée, j'avoue avoir eu un sentiment de déjà vu. Mais un devoir de français va remettre en question l'équilibre de cette famille sous influence.

"Légende poldève"

Une réflexion sur le paradis et les manières d'y entrer au travers de l'histoire d'une vieille bigotte et son neveu hussard. Ce n'est pas ma nouvelle préférée même si sa morale laisse songeur.

"Le percepteur d'épouses"

Les percepteurs ont mauvaise presse, mais ce sont des hommes comme les autres. Parfois ils sont eux-mêmes en retard pour s'acquitter de leur dette. Et c'est alors qu'un malentendu a des effets pour le moins étonnants ! Une courte farce divertissante.

"Les bottes de sept lieues"

J'ai beaucoup pensé à "L'argent de poche" et aux "400 coups" de François Truffaut en lisant cette nouvelle. Le monde de l'enfance, ses préoccupations et ses rêveries sont rendues de manière assez similaires. Une histoire rafraîchissante.

"L'huissier"

Une autre réflexion sur les bonnes et les mauvaises actions susceptibles d'ouvrir les portes du paradis. Après le percepteur, c'est au tour de la figure de l'huissier d'être réhabilitée par Marcel Aymé.

Un peu dans l'idée du "Conte de Noël" de Dickens, en moins poétique et inspiré. Ce n'est pas le sujet qui m'intéresse le plus.

"En attendant"

Des personnages se racontent leurs malheurs dans la longue file d'attente d'une épicerie en temps de rationnement. Les dates de la guerre sont 1939-1972, c'est dire l'optimisme de l'auteur sur la fin de la guerre au moment de l'écriture. J'imagine que tous ces témoignages rendent bien compte de la situation en 1943. Les difficultés et les frustrations s'accumulent, et chacun se plaint, comme pour évacuer sa peine, sans vraiment écouter celle des autres. Réaliste et assez déprimant.
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La Vouivre

« La vouivre », en Franche-Comté, est un animal fabuleux, sorte de grand serpent -chauve- souris dont l’habitude est de déposer sur la berge, le rubis sui orne son front pour aller au bain. Gare à celui qui s’aventurerait à voler la pierre précieuse : il serait immédiatement assailli et mis à mort par une « armée » de vipères.



Natif du Jura et d’origine rurale, Marcel Aymé ne peut qu’être frappé par cette légende aux origines celtiques. Aussi nous fait-il entrevoir la vouivre, ou plutôt la fait-il apparaître au bain, à Arsène Muselier alors qu’il fauche près d’un étang. Résistera-t-il à la tentation malgré son intérêt pour Juliette Mindeur , qu’une querelle ancestrale lui interdira d’épouser ? Et Rose Voiturier, la fille de maire ? Et Belette, la servante « avenante » ?



Publié en 1943, « La vouivre », c’est avant tout et surtout pour Marcel Aymé, l’occasion de présenter au lecteur une galerie de portraits campagnards savoureux où l’on découvre le duo habituel maire-curé, mais aussi, et c’est moins habituel, le fossoyeur… et Rose, Juliette et Belette…

Un conte fantastique, certes, mais également une comédie de mœurs, bucolique et savoureuse.

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Le passe-muraille

Que feriez-vous si vous appreniez que vous êtes capable de passer à travers les murs ? Si, par décret, le temps était avancé de 17 ans ? Si vous n'aviez droit de vivre que 15 jours par mois ? Si vous pouviez acheter des bottes de 7 lieues ? Ou encore si vous aviez le don d'ubiquité ? Voici les situations dans lesquelles sont placés les héros de ce recueil.



Publié en 1943, Marcel Aymé vous propose des histoires fantastiques et poignantes. J'ai eu un petit coup de coeur pour "le passe-muraille" et "la carte de temps".

A lire
Lien : https://sites.google.com/sit..
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Le passe-muraille

"Le Passe-Murailles" est probablement la nouvelle la plus célèbre de Marcel Aymé. Ironique, tendre mais implacable, elle raconte l'histoire de Dutilleul, obscur petit fonctionnaire que l'arrivée d'un nouveau sous-chef réduit à la condition du martyr.


Continuellement humilié par ledit sous-chef, Dutilleul trouve le courage de se révolter et, pour ce faire, trouve l'utilité d'un potentiel que, jusqu'alors, il n'avait pas jugé utile d'employer : pouvoir passer sans problème d'une pièce à l'autre en traversant les murs.


Pour tout dire, jusqu'à ce que l'affreux sous-chef le reléguât dans un placard poussiéreux, Dutilleul jugeait son étrange qualité comme superflue et même peu reluisante. Il s'en était plaint à son médecin, lequel, diagnostiquant du surmenage, lui avait prescrit un certain médicament à prendre régulièrement. Dutilleul avait absorbé un seul sachet puis, après avoir rangé le médicament dans un tiroir, l'y avait oublié. Le point est d'importance : ne l'oublions pas.


Mais la trentaine d'apparitions que la tête de Dutilleul va faire, tout au long de ce mémorable après-midi, dans le bureau de son supérieur hiérarchique en s'affichant au mur de celui-ci, tel un menaçant et bavard trophée de chasse, va convaincre le petit fonctionnaire de l'importance de son "don."


Et aussi du plaisir qu'on peut goûter à traverser les murs et à démontrer ainsi, à l'univers tout entier, qu'on lui est supérieur ...


Bien sûr, Dutilleul va en abuser, de ce plaisir. Bien sûr, l'aventure tournera mal et, si vous voulez vous en convaincre, allez donc faire un tour place Marcel Aymé, à Montmartre.


A cette nouvelle que vous citeront même ceux qui n'ont pas lu Marcel Aymé, succèdent "Les Sabines" où, un peu à l'instar de Dutilleul, une malheureuse jeune femme se voit recevoir le don d'ubiquité ; "La Carte" et le "Décret", deux récits extrêmement grinçants qui traitent le premier du rationnement des "tickets de vie" pendant la guerre et le second, des solutions, pour le moins curieuses, apportées aux problèmes soulevés par l'heure d'été là aussi en temps de guerre ; "Le Proverbe", lui aussi très connu au sein de l'oeuvre de Marcel Aymé ; la malicieuse "Légende Poldève" et "L'Huissier" où le romancier nous livre sa version personnelle du Paradis ; "Le Percepteur d'Epouses", dont le titre se passe de tout commentaire ; "Les Bottes de Sept Lieues" et Antoine, son attachant petit héros et enfin "En Attendant", autre récit évoquant les files d'attente de l'Occupation.


Un merveilleux petit recueil, drôle, émouvant, féroce, abominable même par moment mais qui ne donne qu'une envie : lire et relire Marcel Aymé. ;o)


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Le passe-muraille

Après avoir visionné « Garou-Garou, le passe-muraille » et lu les critiques dont il fut l’objet, plutôt désabusées il faut le dire, j’entrepris de me faire mon idée. Dans un rayon de la bibliothèque contenant ma PAL, je retrouvais un exemplaire datant des années 1970, jubilation…



Surprise, je m’attendais à un court roman et me voici à lire un recueil de nouvelles ! Ce n’est pas ce que je préfère en littérature mais la curiosité l’emporte... La première d’entre elles est la plus connue et donne son nom à l’ouvrage. Même si les tribulations du brave Dutilleul m’ont de nouveau fait sourire, d’autres nouvelles ont plus marqués mon esprit.

« Le décret » par exemple portant sur le rapport au temps, une nouvelle fantastique et existentielle.

« La carte », éminemment absurde et ironique, une de mes préférées.

La dernière, « En attendant », narrant les échanges de quatorze personnes faisant la file devant une épicerie, évoquant chacune les difficultés qu’elles rencontrent en temps de guerre, m’a beaucoup touchée.



Ce que j’ignorai en entamant cette lecture , c’est que ce recueil avait été écrit en temps de guerre et ce contexte se retrouve dans chacune des nouvelles ou presque. L’humour et le fantastique qui transpire à chaque page permet d’aborder avec subtilité les conditions de vie de l’époque et comment les dépasser.

Même si l’écriture de Marcel Aymé peut apparaître désuète, elle n’en est pas moins agréable et divertissante.

A lire avec parcimonie, et en s’attardant entre les lignes...
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La Tête des autres

Il s'agit d'une pièce créée en 1952, et qui provoqua à l'époque un véritable scandale, qui assura peut-être en partie son succès. La pièce s'attaque en effet d'une façon très frontale à la peine de mort, ce qui à l'époque n'allait vraiment pas de soi.



Le procureur Maillard rentre dans son foyer en annonçant une bonne nouvelle : il a réussi à obtenir la condamnation à mort de l'accusé, ce qui n'allait pas forcément de soi, vu le manque de preuves. Il est chaudement félicité, mais ses ennuis commencent : le condamné, Valorin s'est échappé et il est dans sa maison. Très vite la situation se complexifie : Valorin reconnaît en Roberte, la femme du procureur Bertollier, et maîtresse de Maillard, celle avec qui il a passé la nuit où il était censé commettre le meurtre. Il tient son alibi, et comme il peut donner des détails très intimes sur Roberte, la chose ne fait pas de doute pour Maillard et risque de ne pas en faire aux yeux de la justice. Mais Bertollier et Roberte sont complètement opposés à ce que Roberte témoigne, par peur du scandale. Bertollier va donc trouver un autre coupable, aussi innocent que le premier. Roberte quand à elle, va engager des tueurs pour tenter de se débarrasser de Valorin. Ce dernier arrive à les maîtriser, et ils ont pu lui apprendre le nom du véritable assassin, qu'ils connaissent très bien. Valorin veut à tout prix que le faux coupable trouvé par Bertollier soit libéré et remplacé en prison par le véritable meurtrier Mais nos deux procureurs ne veulent pas en entendre parler : l'assassin est le protégé d'un puissant mafieux avec qui nos deux procureurs ont des accords lucratifs. Valorin les oblige à aller le voir avec lui pour essayer de lui faire lâcher son homme.



La pièce est très théâtrale, dans le sens où il se passe toujours quelque chose, l'action continue à avancer sur les chapeaux de roue, et il est difficile de prévoir où tout cela va nous mener. C'est tout de même un tant soit peu au détriment de la vraisemblance : le condamné qui s'échappe si opportunément et se retrouve dans la maison du procureur qui l'a condamné, où il retrouve le témoin clé dans la personne de la maîtresse du dit procureur, la façon dont il arrive à maîtriser les tueurs etc. En réalité l'essentiel est sans doute dans la thématique de la peine de mort, Marcel Aymé démontre son absurdité (puisqu'un innocent est condamné) et met en question le fait que certains puissent condamner à mort. Les deux procureurs sont d'anciens collaborateurs, corrompus, prêts à tout, y compris à envoyer à mort un innocent pour préserver leur réputation ou intérêts, ils n'ont aucune légitimité à juger les autres. La justice est plutôt vue comme un pouvoir aux mains d'une certaine classe qui en profites pour promouvoir ses valeurs et intérêts. C'est grinçant, mais relativement univoque. Les personnages sont là pour démontrer plus que pour exister vraiment. Une vision de l'humain très négative, même le vertueux Valorin est au final fasciné et prêt à beaucoup pour Roberte, dont il connaît pourtant l'absolue noirceur.



Ma première rencontre avec Marcel Aymé me laisse un sentiment plutôt mitigé.
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Les contes du chat perché

Ca a beaucoup vieilli pas de doute, une série de scénettes d'un intérêt inégal, pas de morale (ben oui, ce n'est pas J. de la fontaine il est vrai), c'est un peu "sans queue ni tête" et pourtant ça se lit bien, sans passion ni déplaisir.

J'ai quand même bien aimé quelques histoires et notamment celle du cygne.

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Les contes du chat perché

Deux fillettes, Delphine et Mariette,  habitent une ferme avec leurs très rudes parents. Grâce à la . compagnie d'animaux qui parlent, qui rient, qui pleurent et font des projets, les filles ne sont plus seules ; les animaux deviennent  leurs amis.

Certains sont des personnages inoubliables : on se rappelle le chat se passant la patte derrière l'oreille pour qu'il pleuve, on se rappelle un personnage drôlissime, le cochon qui se déguise en détective chaque fois qu'il y a un mystère à résoudre et qui lance "Avec une fausse barbe, je passe inaperçu n'importe où."

On se rappelle le canard qui part en voyage et revient accompagné ...

Bref, on n'oublie rien de ces contes intemporels.



Mais si les animaux souhaitent devenir humains,  il arrive aussi aux filles de vouloir devenir animal.



La métamorphose est un thème fondamental dans l'oeuvre de Marcel Aymé, thème qu'il a magnifiquement traité dans le Passe-Muraille.



C'est le désir que nous avons tous de devenir autres.

Chez Marcel Aymé,  la métamorphose est un miracle éphémère qui fait rêver ses lecteurs, mais qu'il fait toujours retomber,  avec grâce. ..sur leurs quatre pattes !



Voici donc un ouvrage qui nous plonge au coeur de la basse - cour et de la paysannerie de la première  moitié du XXEME siècle pour des transformations étonnantes, très détonnantes.
Lien : http://justelire.fr/les-cont..
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La Tête des autres

Le procureur Maillard a obtenu la tête de Valorin, jeune chanteur de Jazz, celui-ci est condamné à mort pour un crime qu'il n'a pas commis. Le procureur est chaudement félicité par ses proches à la réception qu'il donne ensuite, mais Valorin fait irruption à cette réception avec en mains les preuves de son innocence. Et ses preuves sont compromettantes pour Le procureur et sa Maîtresse. Cette pièce, très moderne, a fait scandale en 1952, elle a fait l'unanimité des magistrats contre elle. Mais c'est une réflexion intelligente et ironique sur les rapports de la justice avec les pouvoirs et un solide réquisitoire contre la peine de mort.
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Les contes bleus du chat perché

Je poursuis ma redécouverte de l'univers de Marcel Aymé. Les contes gentillets, gais et enlevés de Delphine et Marinette fonctionnent toujours. On est davantage entre la nouvelle, le conte et le théâtre pour enfant tant les dialogues sont présents. J'ai particulièrement aimé le loup résilient, mais qui faute quand même, le jar au très sale caractère et l'invitation à la transgression avec les cygnes. Certes, l'ensemble a pris un coup de vieux et une certaine patine, mais cela peut correspondre à un certain retour à la terre et à l'éducation libre, qui préoccupe les uns et les autres. À bientôt, Mr Aymé !
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