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Critiques de Nedim Gürsel (88)
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
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Balcon sur la Méditerranée

13 belles nouvelles de Nedim Gürsel où les femmes sont omniprésentes, magnifiées par l’auteur qui distille cet érotisme diffus dont il est spécialiste, déployant une sensualité sensible qui enveloppe chacune de ces histoires.



Le thème de l’exil est récurrent, au coeur de différents pays d’Europe. La vieillesse et la perspective de la mort sont également des sujets développés par la plume si riche de cet auteur.



La nature est également présente, observée par les yeux mi-clos de l’exilé qui entrevoit les montagnes les sent dévaler vers la mer, sous la chaleur du soleil qui taquine ses paupières.



Le lecteur est donc enserré dans une véritable atmosphère onirique et souvent érotique, délicate, depuis ce Balcon sur la Méditerranée que j’ai beaucoup aimé.

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Nâzim Hikmet : Le chant des hommes

Romancier, essayiste, critique, Nedim Gürsel a publié plusieurs recueils de nouvelles et des romans.

Dans son roman L’Ange rouge (2012), il évoquait déjà, mais de façon romancée, la figure de Nâzim Hikmet lors de son exil à Berlin-Est et à Moscou. Dans Nâzim Hikmet- Le chant des hommes, il met son talent d’écrivain au service du grand poète, mort en exil en 1963.

Grand connaisseur de l’œuvre de Nâzim Hikmet, Nedim Gürsel déchiffre pour nous, lecteurs occidentaux, la pensée du poète turc à l’aune des mythes et de la culture de la Turquie.



Très jeune, Nâzim Hikmet se bat contre l’impérialisme pour l’indépendance de son pays. Il milite ensuite dans les rangs du parti communiste turc clandestin. Son engagement lui vaudra de nombreux emprisonnements durant lesquels il écrit la plupart de ses œuvres.

Poète du combat et de l’amour, Nazim Hikmet est aussi le chantre de la nostalgie. Il a beaucoup écrit sur sa ville, Istanbul et sur l’exil.

« Il y a des gens qui peuvent citer par cœur le nom des étoiles

Moi ceux des nostalgies. »



Un recueil regroupant les lettres de prison intitulé « De l’espoir à vous faire pleurer de rage » témoigne de l’engagement révolutionnaire du poète mais également un témoignage de ce monde en devenir.

Le poète a marqué la poésie turque contemporaine. Il a profondément aimé son pays, et la langue turque « comme le paysan aime sa terre et ses bœufs, le menuisier ses planches et son rabot »



La connaissance, le travail de recherche de Nedim Gürsel nous livrent une part de mystère de la vie du grand poète qui a marqué son siècle. C’est complexe, érudit mais les extraits de poèmes illustrent parfaitement les propos de l’auteur et on a plaisir à découvrir la genèse de l’œuvre de Nâzim Hikmet ainsi que ses sources d’inspiration. Avec cet essai, il nous donne les clés pour mieux comprendre l’œuvre de Nâzim Hikmet.



Le récit se termine par la rencontre de l’auteur avec la veuve du poète, dans sa maison d’exil à Moscou et c’est d’une douceur, d’une émotion contenue qui m’ont touchées.

« Le lendemain matin, quand je suis allé à la maison du poète, une femme blonde au visage rond m’a ouvert la porte. J’ai reconnu ses cils bleus, ses lèvres pulpeuses, ses blanches mains. Elle avait un peu vieilli. Une terrible solitude habitait son regard »



Une lecture exigeante mais passionnante pour laquelle je remercie les éditions empreintes et Babelio.

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Un long été à Istanbul

A travers des lettres , des souvenirs, plusieurs jeunes turcs évoquent le contexte de leur pays au début des années 70, alors que la répression bat son plein.

Ce recueil de nouvelles est centré autour du récit "un long été à Istanbul" où la vie, l'amitié de plusieurs étudiants est anéanti par la répression. Avec beaucoup de poésie , l’auteur montre la violence gratuite autour de jeunes dévastés.

L'un d'entre eux , sorti de prison , voit du sang partout, sur les ailes d'une mouette qui s'envole au dessus du Bosphore par exemple.

cela est amené poétiquement, un peu comme Rimbaud a pu le faire avec son dormeur du val.

C'est bien écrit, concentration nécessaire pour savoir à qui l'on a affaire.

La petite ballade le long de la corne d'or ou dans les plaines d'Anatolie voire les rues désertes de Poitiers vient renforcer ce sentiment de bivalence entre la quiétude dégagée et les horreurs des tortures et leurs conséquences.

Ce livre vaut particulièrement par l'exposé des conséquences d'une torture ignoble qui dévaste à jamais ceux qui la subissent.

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Les turbans de Venise

Ma critique sera à contre-courant. Les onze personnes qui ont lu Les turbans de Venise ont donné à ce bouquin une note assez terrible puisque la moyenne est d’à peine 2,5. Pourtant, je n’ai pas détesté. Il y a un certain nombre d’éléments qui m’ont agacé mais, dans l’ensemble, j’ai apprécié ce voyage dans le temps et dans l’espace que nous propose Nedim Gürsel. Peut-être que le problème avec ce livre vient des attentes que l’on entretient à son endroit. L’intrigue elle-même est un peu brumeuse, un homme d’origine turque, Kâmil Uzman, se rend à Venise pour… voir des œuvres d’art qui ont créé des ponts entre l’Orient et l’Occident. Et je ne parle pas de sa «relation» avec Lucia et de la finale obscure. Je conviens que ça peut en détourner plus d’un. Mais l’intérêt de ce roman, Les turbans de Venise, réside ailleurs. Moi, je l’ai trouvé dans ce voyage sur lequel j’écrivais plus tôt. Nedim Gürsel nous transporte en pleine Renaissance, nous fait revivre l’histoire de la Sérénissime à son apogée, ses peintres, sa culture. Le lien avec Istanbul-Constantinople ? Les frères Bellini, et le périple de l’un d’eux pour faire le portrait du conquérant ottoman Mehmet. Par la suite, le roman s’étire un peu, bien sur, et prend des airs de documentaire. Mais ma passion pour l’art et l’histoire l’emporte et je me laisse bercer par la prose de l’auteur. J’en ai retiré que ce qui m’intéressait. Je vous encourage à faire de même.
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Le Dernier Tramway

Ce recueil de nouvelles est une petite déception mais je dois admettre d’emlée que les histoires courtes ne sont pas le genre d’œuvres qui me conviennent le plus. Donc, mes attentes y sont pour beaucoup dans ma déception, je n’arrête de rechercher une intrigue quand, bien souvent, il n’y en a pas. Et sans actions, j’ai de la difficulté à me rattacher à quoi que ce soit qui les rendent mémorables, si ce n’est un vague souvenir évanescent. Pourtant, dans les nouvelles, et justement dans Le dernier tramway, l’essentiel ne réside-t-il pas ailleurs que dans les actions ? C’est ce que je me répète, surtout que l’écriture de Nedim Gürsel n’est pas sans qualités. Grâce à son style et à ses thèmes de l’exil et de la nostalgie, il réussit à créer une atmosphère parfaite. C’est tellement crédible. Et la description appuie, contribue à ajouter ce petit je-ne-sais-quoi à l’atmosphère de ses nouvelles. L’évocation des rues de Paris et même de Barcelone, Rome et Marrakech. Et surtout Istanbul, avec le Bosphore, les deux rives, les arbres, les édifices, les minarets, toute cette agitation et cette fébrilité dans l’air, les bruits et les odeurs, etc. Chaque page tournée fait apparaître des images devant mes yeux.



C’est un peu dommage, selon moi, que Gürsel se soit limité à des nouvelles. Certaines des trames qu’il propose ont le germe d’une bonne histoire. Un personnage intrigant, à la recherche de réponses ou simplement de bien-être, en tous cas détaché du présent, dans des lieux où résident des fantômes (disont plutôt des démons du passé). Mais jamais de malaise, seulement un vague souvenir d’une époque meilleure, révolue, à laquelle il essaie de se rattacher. Je suis habituellement assez sensible aux atmotsphère (par exemple, j’adore le style de Modiano même si ses histoires me laissent parfois indifférent) mais, avec Le dernier tramway, quelque chose n’a pas opéré. Peut-être est-ce parce que, au moment où je commence à m’intéresser à l’intrigue et que j’en veux plus, elle s’achève et cède sa place à une autre. À la blague, je dis parfois que je souffre d’un problème d’attachement littéraire. Je m’en remettrai avec un bon pavé !
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Les écrivains et leurs villes

Voyages littéraires.



Nedim Gürsel nous raconte, à l'occasion de ses voyages, plusieurs villes marquantes pour de grands écrivains.



Ce livre compile les souvenirs de voyage de Nedim Gürsel. Chaque voyage est l'occasion de découvrir une ville et l'impact qu'elle a eu sur un grand écrivain. Nous découvrons ainsi Venise au travers de Proust, Hemingway et Thomas Mann, nous nous promenons dans Moscou avec les grands auteurs russes, quand nous ne sommes pas tout simplement en train de traverser l'Allemagne avec Goethe, Kafka et tant d'autres. Enfin l'auteur achève son livre avec l'évocation de quelques villes du Magreb.



J'ai bien aimé ce livre. La Venise de Proust a été particulièrement fascinante à visiter. Obsession du narrateur de la Recherche durant son enfance, à l'âge adulte elle devient réalité. le chapitre consacré à la Venise de Thomas Mann m'a donné envie de lire La Mort à Venise. de plus, je me suis remémorée avec plaisir la lecture de L'étranger et de la Peste lors de l'évocation de l'Oran d'Albert Camus. Il existe toujours une cité avec ce nom en Algérie, mais celle-ci n'a plus rien à voir avec l'Oran occidentalisé des années 40-50.



Toutefois, n'ayant pas lu tous les auteurs cités, j'ai été perdue dans d'autres chapitres. Ainsi, la Moscou des écrivains ne m'a pas particulièrement accrochée, ma connaissance de la littérature russe étant quasi-inexistante. Idem pour les chapitres allemands. Malgré cela, j'ai appris beaucoup de choses, l'auteur ayant fait un immense travail de recherche pour chaque chapitre.



En conclusion, un livre intéressant pour approfondir ses connaissances sur certains grands auteurs et leurs oeuvres.
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Livres secrets : 18 écrivains racontent

Vous arrive-t-il, quand vous cherchez une nouvelle lecture qu'un livre vous "fasse signe" ?

Cela m'arrive souvent quand je vais à la bibliothèque, certains livres semblent envoyer des signaux pour que je les emprunte...



Celui-ci en a été : je l'ai vu, pris dans les mains, touché, caressé - c'est un très bel objet-livre comme habituellement chez cet éditeur - lu la quatrième de couverture, reposé, suis allée vers d'autres travées de la bibliothèque pour d'autres recherches...puis revenue comme aimantée par ce livre.





Pourtant, Amis de Babélio, si la raison, seule, est votre guide, un conseil : "Passez votre chemin" parce que ...



Ce livre invite dix-huit écrivains et poètes à expliquer ce qui les a fait entrer dans le monde de la lecture, celui des mots, ce qui les a fait inventer l'écriture : cela donne des pages de souvenirs d'enfance pour certains, de rencontres inattendues mais pleines d'avenir pour d'autres.

J'aime qu'on me parle des livres, ceux que l'on a lus, ceux que l'on aime, j'ai donc été comblée, et j'avais déjà rempli quelques feuillets d'idées de lectures éventuelles !...

Et c'est là où la poursuite de la lecture de ce livre devient dangereuse et même déraisonnable : chacun des écrivains a donné en dix livres choisis, sa" bibliothèque idéale : et voilà cent quatre vingt livres ( un peu moins, je vous l'accorde car certains livres se retrouvent dans plusieurs listes, ouf !! ) supplémentaires pour votre liste déjà immense , je le sais, nous en sommes tous là !



C'est complètement affolée que j'ai tourné la dernière page : quand aurai-je le temps de lire tous ces livres cités et qui me tentent et j'étais tout autant désolée de quitter cette lecture que j'ai vécue comme une conversation partagée...

A quand une suite pour poursuivre ces paroles ?



Merci au "Castor Astral" d'avoir édité cette pépite qui a enchanté les premiers jours de l'année.





Amis de Babélio,vous voilà donc prévenus, mais si vous ne craignez pas l'adversité, précipitez-vous pour découvrir ce livre, il est un beau compagnon et vous fera entrevoir de belles rencontres !



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Nâzim Hikmet : Le chant des hommes

De nombreux écrivains turcs ont inscrit leur nom dans la littérature mondiale. Si je fais le point sur ceux qui sont présents sur ce blog, le constat est édifiant : les ennuis en Turquie sont proportionnels à la reconnaissance littéraire des oeuvres, reflets des atteintes aux libertés récurrentes dans ce pays. Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature a été souvent menacé et mis en examen, il a un garde du corps en permanence ; Ahmet Altan a écrit Madame Hayat alors qu'il était en prison ; Mahir Ünsal Eris, l'auteur de L'été jaune, prix Sait Faik, vit actuellement au Royaume-Uni...



L'auteur de cet essai, Nedim Gürsel, est né en Turquie en 1951, il a fait ses études à Paris. Son  roman Les filles d'Allah, paru en 2008, a fait l'objet d'un procès. Il vit actuellement à Paris mais effectue de fréquents séjours dans son pays natal et dans d'autres pays européens. Il est directeur de recherche au CNRS et chargé de cours à l'Institut national des langues et civilisations orientales. Il a écrit une quarantaine d'ouvrages dont des romans, des nouvelles et récits, traduits dans de nombreuses langues. Nâzim Hikmet, le Chant des hommes est paru en 2002 aux éditions le Temps des Cerises et a été republié dans cette édition augmentée en 2022.



Nâzim Hikmet dont il est question dans cet essai est celui qui a eu à subir le plus d'arrestations, de condamnations et de peines de prison. Son plus long séjour en cellule d'isolement a duré une douzaine d'années, entre 1938 et 1950. Il a finalement été libéré après avoir effectué une grève de la faim, mais a dû s'exiler de nouveau ensuite. Sa notoriété lui permet alors un certain non-conformisme. Il a été toute sa vie aux côtés des mouvements révolutionnaires mais en intellectuel, en poète, pas en idéologue. Il est mort à Moscou en 1963.



« Après une longue période d'interdiction ses livres sont de nouveau publiés en Turquie, mais la démarche qui a été faite par sa famille pour rapatrier sa dépouille n'a toujours pas abouti. »



Cette édition est intéressante pour découvrir la démarche et analyser l'oeuvre de Nâzim Hikmet qui a su intégrer dans les lettres contemporaines les traditions culturelles héritées de sociétés disparues ou transformées. Il est celui qui brise les cadres, allant de l'individu au collectif, du présent au passé, dans une poésie en vers libres, l'histoire vue dans sa dynamique, à travers les rapports sociaux et économiques. Il s'est notamment intéressé aux paysans pauvres d'Anatolie, aux femmes (dans Paysages Humains), aux expérimentations du passé et à l'analyse historique à travers la poésie turque (dans l'Épopée du cheikh Bedreddin). Qu'un tel homme ait été jugé si dangereux pour le pouvoir renseigne sur l'influence qu'a pu exercer la poésie sur le peuple. Première expression littéraire de l'humanité, elle utilise le rythme des mots, la transmission orale marquant les esprits durablement sans qu'il soit nécessaire de savoir lire.



Tout est sujet à poésie chez cet auteur. Son poème intitulé Autobiographie en atteste. Il donne la dimension de l'homme qui au Panthéon des poètes – le mien – serait aux côtés d'Aragon et de Neruda, des poètes ayant chanté l'amour de la vie et des hommes, ayant espéré et lutté pour un avenir meilleur.



Je conseille de lire en parallèle le recueil de Nâzim Hikmet, publié en 1999 aux éditions NRF Poésie Gallimard, intitulé Il neige dans la nuit et autres poèmes. La préface de Claude Roy et la postface de Guzine Dino (la traductrice) sont passionnantes. Bien équilibré, il présente des poèmes lyriques et aussi des poèmes épiques. Il permet d'apprécier le génie de cet immense poète, capable de susciter des sentiments très forts, des sentiments universels dans une poésie accessible. Même ses poèmes écrits en prison sont poignants, jamais tristes, exprimant l'amour et la foi dans l'avenir. Il est de ces hommes qui font honneur au genre humain. A lire absolument.
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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Voyage en Iran

Il faut un instant oublier les images que nous avons actuellement de l'Iran et se rappeler l'histoire millénaire de ce pays. L'Iran regorge de richesses architecturales ayant traversé le temps et les différentes périodes historiques qui ont jalonné le pays.

Nedim Gürsel, écrivain turc, passe un séjour dans son pays voisin en touriste et nous emmène ainsi de ville en ville. Son voyage est avant tout culturel, et nous découvrons grâce à lui l'ambiance littéraire de Téhéran qui a vu émerger de grands poètes comme Hedayat ou la jeune Forough Farrokhzad que j'ai eu la chance de lire il y a quelques semaines, ainsi que de nombreux autres poètes classiques et contemporains qui ont dû pour certains défier un régime autoritaire par leur modernité.

C'est dans les pas de Pierre Loti qu'il visite ensuite les deux grandes villes historiques que sont Ispahan et Chiraz, et par son regard qu'il les étudie. le regard de Nedim Gürsel fait sans cesse des allers-retours dans le temps, de ce qu'il voit de son taxi climatisé et silencieux à L Histoire des shahs qui se sont succédé dans des luttes violentes. Histoire et légendes se confondent parfois dans ces récits qui marquent encore profondément le peuple d'aujourd'hui. Preuve en est ce tout ce que m'ont raconté mes étudiants iraniens de leur histoire, désireux de protéger par la même la culture persane de l'invasion arabe que le pays a subi dans le passé.

Le plus émouvant est sans doute la disparition de Persépolis dans une incendie orchestrée par Alexandre le Grand, et dont il ne reste que des ruines et des pans de fresques murales magnifiques.

Par son regard humaniste, c'est un beau voyage que Nedim Gürsel nous propose ici dans ce pays fascinant, aujourd'hui bousculé par des révoltes violentes malheureusement, fruit de son passé mouvementé.

J'oubliais: la couverture du livre est magnifique, merci Actes Sud.

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La première femme

" "Deux choses ne s'oublient qu'avec la mort : le visage de notre mère et celui de notre ville", a dit un grand poète d'Istanbul à qui échurent en abondance séparations et nostalgies."



C'est sur cette double douleur que l'écrivain, Nedim Gürsel - exilé à l'époque où il rédige La première femme - livre son récit.



Ce court roman s'ouvre sur des images d'Istanbul, une ville bruyante où sont superposées plusieurs couches de beaucoup de choses : des époques historiques, des ethnies, des couleurs et des plats. Ces motifs sont d'ailleurs répétés plusieurs fois dans le roman.

Le personnage mis en scène est un adolescent de 16 ans, originaire d'un petit village d'Anatolie qui vient de perdre sa mère alors qu'il était loin d'elle. Pour se consoler il erre aux hasards des rues du quartier des bordels. Mais il est pris d'une forte fièvre, et ses visions se troublent, se mêlant ainsi à ses souvenirs, ses regrets et ses fantasmes.



J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce livre à cause du changement constant de point de vue : de celui du personnage on passe à celui de l'écrivain exilé qui, de sa chambre d'hôtel parisienne, se souvient de sa ville.

Plusieurs figures féminines apparaissent dans ce roman : la mère du personnage, Nilufer la fille du Roi des Pirates dans une légende et la ville d'Istanbul. En réalité, ce livre est un hommage brûlant à cette ville, ce qui donne parfois lieu à des pages magnifiques, voir même assez virtuoses parfois.

La ville d'Istanbul est d'abord le point de départ d'une réflexion sur le temps qui passe : l'auteur/narrateur se désole de voir que les vieux quartiers qui sont les témoins de l'histoire très riche de cette cille soient détruits pour laisser place à la modernité matérialiste impersonnelle avec des hôtels de luxe et des tours de grandes entreprises. Puis Istanbul est vue à travers les mots des poètes classiques et contemporains qui en ont fait l'éloge.

La première femme c'est donc ni plus ni moins qu'une déclaration d'amour de Nedim Gürsel à la ville qu'il a dû fuir après que son oeuvre ait été censurée. Istanbul est le corps de l'amante perdue dont il explore les moindres recoins à travers l'errance de son personnage dans ses rues.



Malgré ces très belles descriptions qui feraient honte aux meilleurs publicistes des agences de voyages (raison pour laquelle j'ai mis la 2ème étoile), j'ai été soulagée de refermer ce livre pourtant très court qui ne mène nulle part et traine en longueur.
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Les filles d'Allah

C'est l'histoire, sans doute pour une part autobiographique, d'un petit garçon turc élevé par ses grands-parents.

Mais dans son histoire, est incluse celle de son grand-père, avocat enrôlé dans l'armée ottomane en 14-18, affrontant les troupes anglaises en Arabie.

Et puis à l'intérieur de cette histoire, il y a la biographie de Mahomet sur les lieux qu'il a parcourus.

Et pour finir, enchâssée dans cette biographie il y a le monologue des filles d'Allah, les déesses auxquelles on sacrifiait avant l'Islam.

Ou alors c'est par elles qu'il faut commencer.

Nedim Gürsel ne choisit pas, il passe allègrement d'une histoire à l'autre en un flux de pensée continu ; lorsqu'on tourne la page, on se demande sur qui on va tomber cette fois-ci.

J'ai beaucoup aimé son écriture ample et poétique, malgré quelques longueurs.



Traduction de Jean Descat.



Challenge Solidaire 2023

LC thématique novembre 2023 : "Videz vos PAL"
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Mirages du Sud

Lu dans le cadre du club-lecture organisé par la médiathèque de ma ville et consacré pour ce mois de février à La Turquie, j'ai pris un réel plaisir à lire cet ouvrage. Composé de sept nouvelles aussi diverses que variées, elles ont cependant toutes un point en commun : La Turquie. Que l'auteur y parle de son histoire, nous narre l'une de ses légendes ou encore décrit la Turquie telle qu'elle était vue dans toute sa gloire, peu importe car le lecteur se laisse emporté et voyager par la même occasion. Au fil de ces pages, j'ai découvert une Turquie que je ne connaissais pas jusqu'alors et grâce à l'auteur, j'ai appris quantité de choses -historiques, politiques et mythologiques à son sujet, ce qui m'a amené, sans n'y avoir jamais mis les pieds, à l'apprécier. Certes, certains passages m'ont légèrement dérangés car je trouvais parfois l'auteur un peu trop extrémiste dans ses propos mais peut-être est-ce tout simplement moi qui les ai mal interprétés ! Une lecture rempli de poésie, d'ailleurs les poètes ne sont jamais bien loin puisque l'auteur aime à citer de temps à autres des vers de poètes turques ou même d'autres nationalité mais qui se sont tous rendus sur le territoire pour voir et décrire ce qu'il a sous les yeux.



Certaines nouvelles m'ont été plus faciles d'accès car j'avoue mon manque de connaissances sur ce pays et sur les habitants, pour une grande partie venus des pays avoisinnants. J'ignore tout de leur histoire mais ai eu l'impression de les comprendre au travers de ce recueil. Un ouvrage que je ne peux donc que vous recommander !
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Belle et rebelle, ma France

Belle et rebelle, ma France - Récits de voyages (1992 - 2010)



"Ma France à moi est géographiquement provinciale et foncièrement rebelle" Julian Barnes



Comme Julian Barnes, Nedim Gürsel est un écrivain francophile. Né à Istanbul, il vit en exil à Paris depuis 1980 suite à un coup d'état militaire.



La France, Nedim Gürsel l'a découverte très tôt, car son père, puis sa mère, ont été traducteurs de romans français. Lors de ses études, il a pu rêver de Brest après avoir appris Barbara, le poème de Prévert.



Nedim Gürsel est un guide érudit qui nous promène aussi bien dans l'histoire que la géographie, la littérature que l'architecture ou la peinture. Besançon lui évoque plus Nazim Hikmet que Victor Hugo. A Alençon, il marque dans les pas de Lucien de Rubenpré, le héros d'Illusions perdues de Balzac, ... Il porte un regard autre sur les paysages et le destin des peuples, tant de fois mêlés, depuis la bataille de Poitiers jusqu'aux kebabs qui fleurissent jusque dans les plus petites villes.



Nedim Gûrsel est souvent invité dans des librairies ou des Salons littéraires soit pour présenter un de ses livres, soit comme conférencier ou comme membre du jury. L'occasion de visiter, rencontrer, savourer la gastronomie locale, sans oublier les bons vins, de Bordeaux à l'Alsace en passant par la Champagne.



Sans connaître toutes les villes visitées et décrites par Nedim Gürsel, j'ai toutefois relevé deux erreurs, peut-être imputables à la traduction.



p. 196 "Bordeaux, comme Bruxelles, sans vraiment renoncer à son fleuve, s'en élogine et se referme sur lui-même." (La Senne, qui coule sous Bruxelles, n'est qu'un modeste sous-affluent de l'Escaut. le port de Bruxelles est situé sur un canal. Mais il est vrai que Bruxelles n'est pas en France...)



p. 211 "Au centre de Nancy se dresse la statue monumentale de Stanislaw Leczinski, roi de Pologne et duc de Lorraine. Nous connaissons grâce aux livres d'histoire ce grand personnage qui fut le gendre de Louis XV." (Stanislaw Leczinski fut le beau-père de Louis XV, qui avait épousé Marie Leczinska.)



Une belle découverte littéraire due au Challenge Solidaire 2023.





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Le fils du capitaine

Directeur de recherche au CNRS et enseignant à l'école des Langues Orientales, Nedim Gürsel écrivain turc qui vit entre Paris et Istanbul nous offre avec « le fils du capitaine » un texte sur la Turquie d'hier mais aussi en filigrane une critique sur celle d'aujourd'hui et son président qui veut devenir le pacha des pachas.



Un journaliste vieillissant raconte sa vie, mais surtout sa jeunesse dans les années 50/60. Tout en regardant le Bosphore de sa fenêtre le narrateur relate ses souvenirs en s'enregistrant au magnétophone. La mort de sa mère lorsqu'il était enfant, la vie avec son père, militaire de l'armée turque qui participera au coup d'État de 1960, sa grand-mère dont la vie fut bouleversée par la chute de l'Empire ottoman. Il raconte sa scolarité en internat au lycée Galatasaray d'Istanbul, seul loin de sa famille. La vie en groupe, la camaraderie et la découverte de la sexualité.



A travers son roman, Nedim Gürsel nous exprime avec nostalgie son attachement à la Turquie, mais surtout à Istanbul. Il fait une critique de l'autorité : l'autorité du père, l'autorité du pensionnat, l'autorité du pouvoir politique, d'abord celui du Premier ministre Adnan Menderes qui sera pendu lors du coup d'État de 1960, ensuite celui des militaires, enfin celui de « la moustache en amande », l'actuel président turc.



Un bon roman, une vision de la Turquie écrit par un auteur turc. Déjà inquiété par la justice pour « Les filles d'Allah » en 2008, on notera le courage de Gürsel et de tous les écrivains, professeurs, intellectuels qui malgré la situation politique en Turquie continuent à écrire et à se battre pour la liberté d'expression.

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Le fils du capitaine

Sur son magnétophone d'un autre temps, le narrateur, un ancien reporter vieillissant, enregistre ses souvenirs et relate les principaux épisodes de sa vie tout en égratignant le gouvernement actuel de son pays : la Turquie.



Orphelin de mère, fils d'un militaire tyrannique mais fêtard, son enfance solitaire se déroule dans des villes de garnison au gré des affectations de son père. C'est sa grand-mère paternelle qui se charge de son éducation sans aucune marque de tendresse ni d'affection. Vient ensuite l'adolescence. Elève « non payant » le garçon sera pendant huit ans pensionnaire au lycée de Galatasaray à Istanbul. Nedim Gürsel, qui a lui-même étudié dans cet établissement réputé, insiste particulièrement sur cette période de transition faite de réclusion, d'autorité mais aussi de camaraderie, blagues potaches, découverte de la sexualité et premières amours.



Le narrateur se raconte en tentant de suivre une certaine chronologie, mais pêle-mêle, au hasard de ses pensées et de ses états d'âme, il s'en écarte et se laisse aller à des digressions historiques et politiques. Il évoque le coup d'état militaire de mai 1960 qui renversa le gouvernement démocratique en place et condamna à mort le premier ministre Adnan Menderes ainsi que deux de ses ministres, il rappelle aussi celui de 1980 qui le contraint à l'exil. Mais surtout, et c'est plus fort que lui, il ne peut s'empêcher de critiquer ouvertement le chef actuel du gouvernement : cet homme à la « moustache en amande », celui qui est omniprésent à la télévision, qui s'occupe de tout, même de la vie intime de ses concitoyens et souhaite gouverner tel un pacha d'antan.



Voici un roman à la fois instructif et courageux, bien écrit dans un style sobre et riche, incisif avec de temps en temps une pointe d'humour. Mais je lui reproche quelques longueurs fastidieuses et répétitions inutiles générant un certain ennui. Je trouve aussi que l'auteur insiste un peu lourdement sur les désirs sexuels des jeunes pensionnaires, même si c'est de leur âge...



A cette peinture réaliste de la Turquie d'hier et d'aujourd'hui se mêle l'amour inconditionnel de Nedim Gürsel pour sa ville de coeur: Istanbul. Une ville qu'il a vu se transformer au fil des décennies, se moderniser et subir les méfaits de la mondialisation. le lecteur ressent tout son attachement et sa nostalgie.



Epris de liberté, luttant contre l'autoritarisme à tout niveau et défendant inlassablement le droit d'expression, l'auteur signe ici un livre pertinent avec un dénouement des plus audacieux.



#Challenge solidaire 2023

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Voyage en Iran

L'Iran est un pays de contraste. On en retient souvent une image archaïque à cause des interdits et d'une société sous contrôle mais Voyage en Iran nous montre aussi combien son héritage culturel et littéraire est riche.

Le voyage commence à Téhéran (15 millions d'habitants), avenue Vali-ye-Asr (19 km !) où l'auteur nous invite dans ses cafés comme Le Romance ou le Naderi .

A Téhéran les petits libraires et bouquinistes sont aussi très nombreux, le palais de Golestan est une merveille comme le tapis de Meched mesurant 145 m.

Mais dans ce pays, la censure est toujours d'actualité, les intellectuels objet de répression s'ils osent émettre certaines idées, les mots "danse" ou "alcool" par exemple sont interdits dans la littérature.Voyage en Iran poursuit son trajet dans d'autres régions du pays et à chaque étape, on découvre des grands noms de la poésie et littérature iranienne.

Connaissez vous Firdoussi, qui a mis 30 ans pour écrire Le livre des Rois ? Avez vous entendu parler d'Hafiz, grand poète persan et un des auteurs préférés de Victor Hugo et Goethe ?



A chaque étape de ce récit de voyage littéraire et politique, on est à la fois ébloui comme l'auteur par la richesse de la culture (la beauté architecturale d'Ispahan) et comme "rappelé à la réalité" par les plus sombres chapitres de l'histoire de ce pays.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les écrivains et leurs villes

Cet écrivain turc (que je ne connaissais pas malgré sa renommée) revisite certaines grandes villes d'Europe très diverses ou des bords de la Méditerranée à l'aune des grands écrivains qui y ont vécu.

Nous parcourons Venise avec Thomas Mann, l'Allemagne de Goethe, Moscou auprès de la statue de Gogol et Oran avec Camus et j'en passe ...

L'auteur ne manque pas de se mettre aussi en scène et de citer ses œuvres, ainsi que ses attirances féminines, à l'instar de la vie sexuelle des poètes dont il cite les noms.

Malgré son érudition, j'ai moyennement apprécié.
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L'ange rouge

C’est le livre de Nedim Gürsel que j’ai choisi de lire pour le challenge Solidaire. Je l’ai choisi parce que je pensais lire une biographie de Nazim Hikmet, ou tout au moins sur une partie de sa vie. Et en fait, c’est un ouvrage bien plus complexe que cela. Et une lecture difficile et exigeante. D’abord l’auteur a déjà écrit une biographie de Nazim Hikmet et ne donne pas dans la répétition. Tant pis pour moi qui n’en connais que quelques poésies. Ensuite la forme de ce récit est étonnante, une biographie polyphonique à trois voix. En premier, à la première personne, la voix du biographe, qui se rend à Berlin pour rencontrer un mystérieux interlocuteur et recueillir des documents sur la vie du poète en exil. Lui succèdent ces fameux documents, rapports rédigés par l’interlocuteur qui n’est autre qu’un réfugié turc comme le poète, mais ancien agent de la Stasi. Et pour finir le narrateur reprend la main, à la troisième personne et nous raconte quelques jours de la vie d’Ali Albayrak, l’agent de la Stasi, avant et après la remise des documents. Plus de notes auraient été les bienvenues, beaucoup d’événements turcs sont cités sans mention des dates, beaucoup de noms sont certainement plus parlant pour le lecteur qui connaît bien l’histoire de la Turquie. Bref, pour le lecteur moyen comme moi, beaucoup de choses sont restées nébuleuses. Mais ce n’est pas si grave car la plume de l’auteur est belle, sans compter les citations de poèmes. Nedim Gürsel est un merveilleux peintre d’atmosphères : la Turquie de la première moitié du XXème siècle, Moscou dans les années 20 et dans les années 50 et surtout Berlin à différentes époques (Berlin Est, Berlin Ouest, Berlin après la chute du mur). Ce roman permet de ressentir les difficultés de la situation d’exilé, tout le livre est empreint de nostalgie et malgré les difficultés est agréable à lire.
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Sortez de votre train-train et prenez avec moi, ce train de nouvelles, d'écrivains solidaires de cheminots en grève. Les droits du livre sont intégralement reversés en soutien aux grévistes.





Prévert écrivait : "Le train m'égare, la gare m'étreint." J'ai aimé le texte de Laurent Binet qui convoque le plus long générique de film, avec l'arrivée en gare, d'un train, d'où descend C.Bronson, dans "Il était une fois dans l'ouest." Tandis que H.Fonda essaie de prendre une locomotive, dans "Mon nom est personne". Cris Evans remonte des derniers wagons, avec des prolétaires révoltés ( les cheminots?) pour " Snowpiercer".



Vous rencontrerez peut être d'autres écrivains, dans les wagons suivants, pendant que "le train sifflera 3 fois". Lisez ce livre, et compostez votre billet " de soutien".
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