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Critiques de William Boyd (781)
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Le Romantique

Cela fait près de 40 ans que l'imagination fertile de William Boyd nous divertit, sans que sa verve et sa prédilection pour les personnages hors normes ne se tarisse. Cashel Greville Ross, le héros de Le Romantique, ne fait pas exception à la règle, arpentant 4 continents durant le XIXe siècle, goûtant à la gloire et à la déchéance, s'en remettant à son cœur plus qu'à sa raison, fidèle à ses amitiés comme à ses amours, même quand ces dernières sont empêchées et malheureuses. Le voici d'abord orphelin en Irlande puis combattant à Waterloo, avant d'être témoin des exactions de l'armée britannique aux Indes. Il séjourne en France et en Italie, s'éprend de la vie femme de sa vie, ce qui ne l'empêche pas de repartir sur les routes de l'aventure, vers les sources du Nil , puis en Amérique, avant d'occuper un poste de diplomate à Trieste. Parfois trahi et ruiné, sa capacité de rebond est prodigieuse, même si elle s'accompagne de regrets mélancoliques pour ce qu'il a raté dans sa longue existence. Comme à son habitude, Boyd n'a aucun mal à nous attacher au caractère de son intrépide protagoniste, qui côtoie aussi bien les salons mondains que la prison et rencontre Byron, Mary Shelley ou Richard Burton (l'explorateur, pas le mari de Liz), au gré de ses pérégrinations. Le style de l'auteur, enlevé mais qui ne cherche pas la flamboyance à tout prix, teinté d'humour, fait une fois encore merveille. Cashel prend place tout naturellement aux côtés de tous les personnages de fiction de William Boyd, de la trempe de ceux qui, en d'autres temps, auraient alimenté les feuilletons des journaux. Du nanan que cette vie romanesque, comme l'aurait certainement dit Bernard Pivot, en recevant l'écrivain dans Apostrophes (vous vous souvenez de Comme neige au soleil ?).
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Orages ordinaires

Un très bon moment de lecture qui donne envie de découvrir d'autres romans de cet auteur britannique.

Adam Kindred, climatologue d'une trentaine d'années, est de retour à Londres, sa ville natale, pour postuler pour un emploi de professeur à l'université.

Dans un café il fait la connaissance d' un spécialiste en pharmacologie qui travaille sur la création d'un médicament contre l'asthme. Lorsque Phlipp Wang est retrouvé assassiné chez lui, toit accuse Adam, le dernier à l'avoir vu. Adam n'a plus d'autre solution que de disparaître. Pour cela, il abandonne carte bancaire, logement et téléphone portable permettant de le localiser et va se fondre dans l'anonymat des marginaux londoniens. Il va devoir apprendre à survivre et éviter ceux qui le poursuivre pour l'éliminer.

Un roman très original et bien rythmé, aucun temps mort.

Je recommande.
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L'amour est aveugle

Et si on commençait par passer un savon à celui ou celle qui a validé ce titre (traduit de l'original) et choisi cette mièvre photographie pour la couverture ? Honnêtement, cela ne rend pas service à ce livre qui est tout sauf le pâle roman d'amour qu'évoquent ces deux attributs. Connaissant William Boyd que je lis depuis ses débuts, cela m'étonnait aussi. Mieux vaut s'intéresser au sous-titre (qui n'apparaît qu'en page de garde) : le ravissement de Brodie Moncur. Voilà qui donne déjà un peu mieux le ton et sonne plus "boydien". Rien que le nom de ce héros, écossais comme son auteur bien que d'un autre siècle met dans l'ambiance - et personnellement m'a immédiatement rappelé l'un de mes romans préférés de Boyd, A livre ouvert. Pour le reste, c'est à une véritable épopée que nous convie l'auteur, depuis Édimbourg jusqu'aux îles Andaman en passant par Paris, Vienne, Biarritz, Saint-Pétersbourg ou encore Trieste. Immersive, passionnée et addictive, comme d'habitude.



"J'ai toujours pensé qu'une vie sans complication n'est pas vraiment une vie, voyez-vous. Dans la vie, certaines choses tournent mal, rien n'est éternel, et nous n'en pouvons mais. Les amis vous trahissent, la famille vous tourmente, les maîtresses vous trompent. C'est la norme, oui ?"



Les complications, Brodie Moncur les a plutôt bien gérées jusqu'à présent. Il a réussi à s'éloigner du presbytère familial et d'un père tyrannique dans le sud de l’Écosse pour entrer au service d'une entreprise de vente de pianos à Édimbourg. Son oreille absolue lui a permis de devenir un fantastique accordeur de pianos et son patron lui propose d'aller assister son fils à qui il a confié la direction d'une toute nouvelle boutique à Paris. Nous sommes dans la dernière décennie du 19ème siècle, à l'aube d'un tout nouveau et Brodie saisit sa chance, travaille à l'excellente réputation des pianos Channon, devient l'un des accordeurs que l'on s'arrache dans la capitale française. Pourtant, deux "complications" plus pernicieuses que les autres vont infléchir encore une fois son destin : la rencontre coup de foudre avec Lika Blum une jeune cantatrice russe qui tente de percer, maîtresse d'un pianiste célèbre pour lequel il travaille, et les premiers symptômes de la tuberculose qui jettent une ombre sur son avenir. La nature humaine n'étant pas non plus réputée exempte de complications, on se doute que ce qui attend notre héros n'a rien d'un long fleuve tranquille et heureusement, sinon il n'y aurait pas de livre (ou un mauvais)...



Le talent de William Boyd est de nous immerger à chaque roman dans une époque et un environnement très différents, de façon à la fois documentée et totalement naturelle (et ça, c'est un sacré boulot !). Il se glisse ici dans la peau d'un accordeur virtuose et nous balade au milieu des notes et des partitions dans les lieux les plus beaux et les plus influents en matière de musique, nous plongeant dans les circuits de l'époque, riches mécènes et commanditaires à l'appui, sur les plus grandes scènes d'Europe. Roman très cosmopolite, à la fois reflet d'une époque et inscrit dans la modernité grâce à des personnages forts, riches, sortes d'aventuriers discrets et curieux. L'histoire d'amour qui sert de fil rouge à l'intrigue en est l'exact reflet, jamais linéaire, souvent inattendue, traitée avec une pointe d'humour qui fait toute la différence. L'auteur donne à son héros un panache singulier, très écossais comme il le souligne souvent, au cœur d'un Empire britannique à son apogée mais déjà menacé, et signe autour de la destinée de Brodie Moncur un de ces romans uniques dont il a le secret. Qui mérite mieux que cette couverture trompeuse, croyez-moi.
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Comme neige au soleil

Un livre de guerre, un document de guerre tant l'auteur excelle dans les détails et dans les sentiments que vivent les personnages, sur les champs de bataille, comme en famille. La famille, justement. On y décrit un mariage en Angleterre, où deux frères sont vite en désaccord. Ils se retrouveront, plus tard, en Afrique orientale où une guerre éclate entre Allemands et Anglais.



Les faits coïncident avec la première guerre mondiale mais le terrain se situe en colonies africaines. Cependant, ce théâtre d'opérations violentes et sanglantes reste un décor, certes superbement restitué mais désincarné de ses "locaux". En effet, les personnages africains sont vite tués ou relégués aux fonctions subalternes. Dommage. Sans doute que l'auteur voulait respecter l'esprit de l'époque et la nature des rapports entre colons et colonisés sur le continent.



Le rythme du roman est néanmoins soutenu. On "lit" la guerre comme si on y était ; ravitaillements, effectifs, chaîne de décisions, moral des troupes, stratégies de combat… Tout ceci entrecoupé de scènes décalées comme les jeux de cartes dont use et abuse l'un des soldats pour tromper son ennui. Toutefois moins dramatique que d'être porté disparu comme le soulignera un autre à la fin : "La vie ne marche pas sur des rails. Elle ne va pas toujours dans le sens qu'on croit".
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Les vies multiples d'Amory Clay

Depuis 1984, William Boyd, écrivain britannique, nous a livré une vingtaine de romans.



La plupart racontent la vie entière et donc l’itinéraire, d’un personnage, souvent de modeste origine, mais dont les circonstances font un véritable héros, tels qu’un petit cinéaste, une espionne « sans grade », un cadre d’assurance, un chirurgien, un chercheur en climatologie, une scientifique.



Amory Clay, photographe et photo-journaliste, ne fait pas exception : elle n’a pas froid aux yeux, quand, sur les conseils de son oncle et formateur Greville, elle organise un scandale photographique dans l’Angleterre coincée et répressive de l’entre-deux guerres, ou quand elle se glisse en première ligne dans les cols des Vosges durant les combats de l’hiver 44-45. Et que dire de sa décision d’aller photographier le Vietnam en guerre, à plus de soixante ans ?



Elle n’est pas plus timide dans sa vie privée, où elle séduit des hommes qui en valent la peine, mais les deux guerres mondiales détruiront à petit feu son père et son mari, figure de Chef écossais qui fait penser à Lord Lovat, héros du Débarquement.



Elle ne se sortira que difficilement d’une mauvaise rencontre dans les rues de Londres avec les Chemises noires fascistes de Mosley, le Hitler de poche des Anglais.



Boyd cumule les deux talents qui font un grand romancier : l’imagination, qui produit un récit haletant, et le cœur, qui confère à ses œuvres un grand potentiel d’émotion. Les dernières pages sont à cet égard pleines de sens.



Au total, c’est un nouveau chef d’œuvre que nous offre l’auteur : laissez vous tenter.


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Un Anglais sous les tropiques

« A good man in Africa » est le premier roman (sorti en 1981) d’un de mes auteurs préférés, William Boyd, dont je relis cet été toute l’œuvre. Disons tout de suite que ce n’est pas mon favori.



Certes, le grand Boyd perce déjà, dans l’art de décrire les êtres, les situations et les décors. C’est un maître de la technique du roman, exercice pratiqué et enseigné dans les pays anglo-saxons. D’où vient alors un certain malaise ? De la complexité du scénario d’abord. Boyd a certes voulu écrire un roman picaresque, mais le lecteur se perd un peu inutilement, et se trouve frustré au dénouement. Un peu de maladresse donc.



Surtout, comparé aux œuvres qui l’ont suivi, ce roman donne l’impression d’être « écrit au lance-flammes » : les personnages sont tous uniformément mauvais, lâches, alcooliques, pervers, cupides, violents et imbéciles. Sauf bien sûr l’excellent Dr Murray, médecin écossais dont le profil est peut-être inspiré par le père de Boyd, médecin au Ghana.



Aucune nuance ne vient donner un peu d’épaisseur et de complexité aux personnages. La société africaine n’est pas mieux traitée que le service colonial anglais. C’est dommage, quand on pense aux trésors de finesse et d’ambigüité que Boyd déploiera pour dessiner situations et personnages de ses Nouvelles Confessions (1988) ou de l’Après Midi Bleue (1994).



Une question : Boyd, élevé au lait (amer) de l’Université française, a-t-il pris son inspiration dans la littérature germanopratine (quartier parisien à l’époque littéraire) où le lance-flamme était un outil plus important que le stylo ? Mais peut être à Oxford aussi se fournissait-on chez Kalachnikov ?



Conclusion : lisez plutôt le dernier, paru en 2012 en France, l’attente de l’aube : c’est un régal.

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La vie aux aguets

Franchement, ça vous dirait de devenir espionne ?

Avant de répondre, prenez conscience de la dangerosité de la chose. Ce n'est évidemment pas de tout repos et vous risquez assez souvent votre vie. Eva Delectorskaya, alias Eve Dalton vous le dira. Elle le dira d'abord à sa fille à qui elle se confesse au bout de trente ans de silence.

Le bon côté de l'affaire, c'est que les spécialistes chargés de vous former, vont faire de vous une espionne de haut vol en appliquant une méthode imparable : l'espionnage pour les nuls, qui va vous apprendre une foule de choses, toutes plus utiles les unes que les autres, et faire de vous une personne pleine de ressources, apte à faire face à n'importe quelle situation, même les plus désespérées !

N'oubliez pas tout de même qu'il vous faudra de la chance et surtout la capacité de vous transcender à tout moment. Eve Dalton, elle l'a !



Intelligemment orchestré par William Boyd, qui, comme il l'indique dans la post-face de cet ouvrage s'est basé sur des faits réels pour concocter cette brillante mise en scène, vous serez pris dans les filets de cette intrigue basée sur la désinformation, l'invention de "nouvelles" suffisamment crédibles pour déstabiliser les certitudes des dirigeants, pour influer sur le cours des événements et tenter, rien que ça, de faire entrer les Etats-Unis dans le conflit mondial en 1940 et briser leur isolationnisme forcené.



Un pur régal de lecture. Intelligemment construit, oscillant des années 40 à l'année76, celle de la canicule, le lecteur solidement appâté, va déguster cette friandise et apprendre qu'il ne faut faire confiance à personne, personne m'entendez-vous ?

Les incursions dans l'année 76, outre qu'elles permettent de respirer entre deux chapitres des aventures survoltées d'Eve Dalton, sont là pour prouver que même, en période de paix et de prospérité, les dangers sont à notre porte : manifestations contre le shah d'Iran, évocation de la "Fraction Armée Rouge", du terrorisme et du procès d'Andreas Baader .... et la fille d'Eve Dalton, alias Eva Delectorskaya, alias Sally Gilmartin, aura un rôle non négligeable à jouer dans l'imbroglio où se débat sa mère, ce qui permet d'établir le lien entre les deux époques, sans que ce changement n'apparaisse artificiel.



Bien écrit et solidement documenté, ce roman, entre autres qualités, déconstruit totalement le mythe de l'espionnage, souvent pressenti comme romanesque, (pas de James Bond à l'horizon), et le ramène à ce qu'il est : de sales combines destinées à enfumer l'adversaire et où tous les moyens sont bons, l'être humain n'étant réduit qu'à la fonction de pion sur l'échiquier des manigances politiques.
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Le Romantique

William Boyd a le don d'écrire des biographie romancées dans lesquelles les personnages vivent de multiples vies. Cette fois, il ne s'agit pas de celle d'Amory Clay, mais de celle de Cashel Greville Ross.



Ce dernier, tout au long de son existence aura été à la fois l'enfant illégitime d'un baronnet anglo-irlandais, soldat à Waterloo, romancier et courtisan en Italie, officier de la compagnie des Indes orientales, Bagnard à Londres, fermier et brasseur aux USA, explorateur en Afrique, diplomate en Autriche-Hongrie et enfin fugitif à Venise.



Un fil rouge dans ces aventures : l'amour pour une femme. Un amour inconditionnel fait de rendez-vous manqués mais avec l'image d'une rencontre que notre héros recherche dans toutes les femmes qu'il rencontre et dans tous les lieux où il passe.



C'est finalement le grand amour d'un vie avec en contre-point une question fondamentale : ce grand amour s'il avait pu se concrétiser dès le premier rendez-vous n'aurait-il pas vidé de sa substance cette existence bien remplie qui fut celle de Cashel ?



C'est en tout cas un roman passionnant et très bien écrit.
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La vie aux aguets

Brillantissime.

Je me suis passionné pour ce roman de William Boyd. le livre est habilement construit mêlant présent et passé à travers un manuscrit que lit la fille d'une certaine Eva Delectorskaya.

Le livre est remarquable comme presque toujours chez Boyd, par son incroyable maitrise du roman. Je ne sais pas comment il fait mais il y a un réalisme facile qui tient à de petits détails et qui confèrent une forte authenticité à ses romans et dans le même temps c'est un écrivain virtuose pour qui chaque phrase contient un détail piquant, une remarque profonde...Et qui n'hésite pas à écrire une superbe et longue phrase à l'occasion. Et une scène de filature m'a sidéré par sa virtuosité. La fausse simplicité de Boyd me parait vraiment être du grand art.

L'histoire d'espionnage est ici relativement complexe mais à la différence de le Carré on comprend bien plus facilement, et la fin éclaire tout.

Pourtant Boyd cache derrière ce roman des éléments passionnants. Ainsi lorsqu'il écrit " les mensonges doivent être fabriqués avec toute la minutie de la vérité" parle-t-il seulement de son héroïne ou aussi de l'art du romancier ?

Et lorsqu'il évoque "les voiles de l'ignorance et de l'inconnu (qui) existent même entre les êtres les plus proches" on comprend que ces espions dont il est question ici sont une sorte d'incarnation au carré (sans jeu de mot) de notre condition humaine.

La citation de Proust en exergue du livre sur la mort montre bien que le projet de William Boyd est aussi de montrer que tous nous passons dans une certaine mesure, une vie aux aguets.

Moins que son héroïne toutefois, fort heureusement pour nous...
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L'amour est aveugle

Eh bien , finalement beaucoup mais vraiment beaucoup mieux que ce que lle si mauvais titre pouvait laisser penser. C'est bien construit , tout en rebondissements mais dans une ligne directrice que l'on sent se dessiner puis se dévoiler.

Et ce personnage central est bien sympathique ! mais pas bien chanceux !

Vive l'Ecosse!
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L'amour est aveugle

Je l ai dégusté car il faut dire que je n avais pas emmené assez de livres en vacances et j avais peur de manquer. La deuxième raison est que j aimais tellement et l'écriture et le sujet que c'était une véritable délectation.

Voilà c est dit!

William Boyd fait partie de mes auteurs préférés même si je ne connais pas toute son œuvre ni aimé tout ce que j ai lu. Néanmoins, il a pour atout de vraiment varier ses sujets.

Pourtant, l histoire nous fait voyager dans un climat plutôt morose, terne, angoissant parfois mais on a envie d' aider le pauvre Brodie en lisant son histoire. Il nous fait voyager et à chaque étape, on lui espère un peu de sérénité. C'est un personnage vraiment attachant.

Par contre je trouve le titre pas adapté mais bon.
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L'amour est aveugle

Depuis 1984 - Un Anglais sous les tropiques - William BOYD, enfant de l'Ecosse installé en Dordogne, a publié plus de 20 ouvrages : romans, pièces de théâtre et recueils de nouvelles.

Il est passé maître dans l'humour, (évidemment britannique) et il a très vite accru ses ambitions d'auteur : il a opté pour le portrait évoluant sur une vie entière dans le cadre propice offert par l'Empire britannique - le Front des Flandres en 1914-18 dans Les nouvelles confessions, le Front d'Afrique centrale - Comme neige au soleil - sans compter le Front de Londres, où les agents spéciaux sont en guerre quasi permanente - La vie aux aguets - en 2007.

Les personnages de BOYD ont de quoi faire dans leurs métiers (Armadillo, jeune expert en assurances), ce qui ne les prive pas de mener des amours passionnées.

Le jeune Brodie Moncur est dans ce cas. En cette toute fin du XIXème siècle, ce fils d'un colérique pasteur de l'Eglise d'Ecosse, il a reçu de la nature un don très rare : l'oreille absolue ; il lui suffit d'une seule écoute d'une phrase musicale pour en déterminer la tonalité. Autant dire qu'il pratique de façon excellente l'accordage des pianos, ainsi que leurs opérations d'entretien et de réparation.

Son patron d'Edinbourg veut lui confier la direction de la grande succursale de Paris mais le fils du patron, déjà dans la place, manoeuvrera avec succès contre cette promotion. C'est à Paris que Brodie rencontrera une jeune cantatrice russe, maitresse d'un grand pianiste, interprète et compositeur. Entre eux, le conflit professionnel et le conflit amoureux vont s'envenimer mutuellement, au point que Brodie devra organiser une fuite souvent dramatique, marqué par une grave maladie.

Tous les éléments nécessaires à un "page turner" sont ici rassemblés. Je vous souhaite d'en profiter autant que moi !
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Tous ces chemins que nous n'avons pas pris

Les héros de ces nouvelles pensent : "Voilà, c'était ça la vie, il fallait la vivre à plein quoiqu'il arrive. Au petit bonheur. Un coup de dés"

Dans l'homme qui aimait embrasser les femmes, Ludo Abernathy un marchand de tableau, se fait prendre à son propre piège de la plus cruelle des façons, par une cliente Riley Spacks, qu'il espère gruger sans imaginer qu'elle n'est pas dupe.

Dans Les rêves de Bethany Melmoth, l'héroïne veut ou se prétend être, actrice, chanteuse, romancière et va de déconvenues en déconvenues.

Yves Hill, lui, est romancier mais sa notoriété après un premier roman est compromise par des critiques assez dures, "Un bourbeux océan d'ennui infini et sans horizon" écrit Gerald Laing-Turner.

Hill en est réduit à écrire pour un guide touristique, The English Motorist. Il est en Dordogne quand le hasard met sur sa route un autre critique honni, Raleigh Maltravers en compagnie de Parker Fitzgerald, sa maîtresse. Il imagine une vengeance la plus drôle et la plus humiliante qui soit.



Yves Hilll croisera le chemin de Bethany dans le rôle de l'écrivain à succès qui conseille la jeune romancière débutante.

C'est ce genre de chassés croisés dont Boyd est familier qui rend la lecture attrayante.

Ces textes sont intéressants pour l'aficionado de Boyd, ils peuvent être assimilés à des gammes d'écriture dans lesquelles il multiplie les références musicales (Dylan - Like a rolling stone, Pink Floyd - another brick on the wall, Steve Reich Phil Glass,) et les clins d'oeil dans les noms des héros : Guy Start, Fraser Niven et Callum Strang par exemple.



Le clou du recueil est la dernière nouvelle, Jeu d'esquive en Ecosse, presqu'un court roman, dans laquelle le héros Alec Dunbar, 35 ans, se retrouve chargé d'une mission étrange alors qu'il se présente au casting de la nuit transfigurée, où on le prend pour Alexandra Dunbar, pseudo de Agatha Duguid, et où Ron Suitcase le réalisateur est en réalité Ronaldo Sudkäsz.

Boyd fait dire à Alec "J'éprouvais cette sensation de léger décalage par rapport à la vie quotidienne, et je me demandais si c'était dû à mon métier."

Par contre Alec s'inspire pour sa mission, du rôle qu'il a joué dans "le cri du poilu" film dans lequel les officiers s'imposent la discipline du rasage quotidien parce que disent-ils n'imaginaient pas monter à l'assaut avec une barbe de trois jours...

Il pense comme le héros, "l'Espoir, c'est bon pour les mauviettes"

Allers retours entre fiction et réalité, analyse fantasmée de la réalité, Boyd livre via Alec Dunbar quelques recettes de la façon dont il conçoit ses personnages, leur vie, et la trame de ses romans.

Un livre gourmandise Pour ceux qui aiment Boyd.








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Les vies multiples d'Amory Clay

Après plusieurs livres exigeants et d'autres qui n'étaient pas mon genre (tel certain livre de femme !), j'ai aspiré à me ressourcer dans une littérature plus accessible, une fiction traditionnelle, romanesque et rondement menée. C'est dans cet esprit que je me suis engagé dans Les vies multiples d'Amory Clay, de William Boyd, un romancier dont je suis et apprécie la production depuis une trentaine d'années.



Je ne l'ai pas regretté. Allègre, mouvementé, tantôt palpitant tantôt divertissant, très plaisant à lire, le roman se présente comme l'autobiographie d'une femme, une photographe britannique. Amory Clay est une femme belle, sensible et intelligente, à laquelle on s'attache ; une femme libre, bonne vivante, buveuse de gin et de whisky, s'exprimant avec un peu de gouaille, ouverte à l'autodérision ; une aventurière, traçant son chemin dans le vingtième siècle avec détermination, curiosité et appétence ; une photographe exerçant son métier à Londres, à Berlin, à New York, accompagnant l'armée américaine en France à partir du débarquement de 1944 et au Vietnam à la fin des années soixante. Elle est aussi capable par amour de mener une vie de famille traditionnelle dans un manoir défraichi au fin fond de l'Ecosse.



L'architecture du livre est très finement pensée. Amory, à la fin de sa vie, s'est retirée dans un petit cottage sans confort, sur une minuscule île écossaise. C'est là qu'elle écrit ses mémoires. A ses aventures, développées dans une narration réaliste intégrant de larges dialogues, Amory superpose son journal où elle commente avec recul ses souvenirs, les bons comme les moins bons. L'épisode du Vietnam est rapporté différemment, sous forme d'un bloc-notes quotidien de correspondant de guerre. De façon inattendue, tous les chapitres sont entrecoupés de photos d'époque, en noir et blanc, représentant – ou censées représenter – des personnages rencontrés au fil des événements.



Pris de doute, à plusieurs reprises, je me suis interrogé : Amory Clay a-t-elle réellement existé ou l'ouvrage est-il une fiction ? L'auteur entretient l'ambiguïté, jusque dans les remerciements traditionnels en fin d'ouvrage. Une subtilité de William Boyd qui s'ajoute à la maestria dont il fait preuve en effaçant totalement sa personnalité derrière la femme à laquelle il prête sa plume.




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Armadillo

Encore une fois je n'aurais pas du lire la 4ème de couverture. Je m'attendais à une histoire et j'en ai eu une autre d'où ma note assez moyenne.

C'est un bon roman qui nous parle de l'Angleterre et de sa société, des relation complexes entre les êtres, de la poursuite de l'amour, des peurs, des faux semblants etc.

Une bonne lecture que je vous recommande. Pour ma part ce ne sera pas le dernier livre de Boyd que je lirais c'est sur!
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L'amour est aveugle

Ce roman se déroule de 1894 à 1906, aux quatre coins de l'Europe et dans les îles Andaman.

Le personnage principal, Brodie Moncur, est un jeune Écossais, fils de pasteur, accordeur de pianos, très doué, capable de rendre les touches d'un piano « légères comme des plumes, des bulles de savon, des flocons de neige… ». Employé à Edimbourg par la maison Channon, fabriquant des pianos, il est envoyé à Paris par Ainsley Channon, le Directeur pour seconder son frère, Calder.

Là-bas, Brodie aura du mal avec Calder, incapable et malhonnête. Pour développer l'affaire, Brodie a une idée : " Il faudrait qu'un pianiste célèbre joue sur un Channon pour tous ses concerts et récitals".

C'est ainsi que Brodie va rencontrer John Kilbarron, pianiste Irlandais, sa maîtresse, Lika, soprano russe, et le frère de John, Malachi. Brodie va devenir très proche d'eux et les suivre dans leurs tournées. Il va tomber amoureux de Lika puis va découvrir qu'il a la tuberculose. Après un séjour en convalescence à Nice, Brodie suivra les Kilbarron et Lika à Saint-Petersbourg. La liaison de Brodie et Lika va être découverte par Malachi. Après un duel qui finit mal, les amants vont s'enfuir un peu partout en Europe, poursuivis par Malachi.

Brodie est un personnage attachant, qui y voit mal, au propre comme au figuré, inventif, sensible, droit et naïf. Au cours de sa courte vie, il sera plusieurs fois trahi.

C'est bien écrit et prenant.

J'ai découvert avec intérêt le métier d'accordeur de pianos.
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La vie aux aguets

Une belle surprise que ce roman d'espionnage déployé sur deux époques. Une fille découvre le passé aventureux de sa mère, devenue espionne par loyauté familiale en 1939. Sal révèle ses tribulations par petits chapitres. Ruth n'en croit pas ses yeux. Elle pensait que sa mère était parano à guetter constamment un tueur lancé ses trousses. La fille découvre une mère jadis intrépide, imaginative et amoureuse.

L'alternance des périodes (39/76) rythme un récit épique avec des accents à la John Le Carré. L'écriture regorge de détails, que ce soit paysagers ou opérationnels. Une filature relève de l'anthologie de la parfaite espionne.

Eva, nom d'emprunt, est une véritable héroïne de guerre, forçant l'admiration de son créateur, tellement subjugué qu'il retarde inutilement l'échéance d'un fait d'arme incroyable.

L'intérêt provient aussi de l'éclairage sur une tranche d'histoire méconnue, lorsque la Grande-Bretagne s'évertuait à persuader l'Amérique de Roosevelt d'entrer en guerre à coups d'informations bidon. De grands moyens ont été déployés sur le sol même de l'oncle Sam, 3.000 agents du BSC ayant pignon sur rue à New York.

C'est écrit avec classe, distance british et tension, du début à la fin.

Well done !





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Trio

Ceux qui ont vu en direct l'émission Apostrophes en mars 1985 ne l'ont pas oubliée et William Boyd certainement pas non plus, devant l'enthousiasme communicatif de Bernard Pivot, proposant de rembourser les lecteurs déçus de Comme neige au soleil. On ignore s'il y eut beaucoup de demandes auprès de l'animateur car ce fut surtout le début d'une histoire d'amour entre l'auteur britannique et les lecteurs français. Après plus de 35 ans de compagnonnage fidèle et une vingtaine de romans ou recueils de nouvelles, Trio ravira encore les inconditionnels de l'écrivain, tant on y retrouve son sens inné de la narration, son style délié et cette ironie permanente mais bienveillante à l'égard de ses personnages. Trio est un titre un peu trompeur car les trois protagonistes principaux n'en forment pas vraiment un, ne se rencontrant presque jamais. Cependant, ils sont tous les trois plus ou moins concernés par le tournage d'un film, an août 1968, du côté de Brighton : son producteur, son actrice principale et une romancière qui n'est autre que l'épouse copieusement trompée du réalisateur. Trois personnages qui ont quelques problèmes majeurs : orientation sexuelle déniée, médicaments et mauvaises fréquentations, alcoolisme aggravé, selon les cas. A ce trio assez haut en couleurs s'ajoute une palanquée de seconds rôles, plutôt gratinés, eux aussi. Comme Jonathan Coe dans Billy Wilder et moi, Boyd utilise le monde du cinéma comme prétexte à une comédie de mœurs irrésistible et féroce, dans une veine tragi-comique dans laquelle il excelle. C'est brillant, caustique et passionnant. Eh bien oui, comme toujours depuis 35 ans avec cet écrivain qui ignore ce qu'est un rendez-vous manqué.
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L'amour est aveugle

Sous la plume de William Boyd, le lieu commun que constitue le titre, L'Amour est aveugle, porte à sourire et je me suis dit que je n'allais pas m'ennuyer. Gagné ! Boyd appuie le clin d'oeil à son lecteur avec le sous-titre, le Ravissement de Brodie Moncur, en faisant jouer la polysémie du mot, choix qui lui permet de faire allusion à la fois à la joie, au rapt amoureux, voire à l'extase religieuse… autant de thèmes que le lecteur retrouvera, souvent subvertis, au cours du texte.



Autant que dans les autres romans que j'ai lus de lui, William Boyd fait du lecteur son complice, me semble-t-il. Tout au long de l'histoire, il joue avec les clichés du roman sentimental. Cette aventure se déroule entre 1894 et 1906, et nous entraîne dans une sorte de voyage d'apprentissage, si j'ose dire, voyage « obligé » à cette époque pour tout jeune homme de la bonne société. Brodie n'en est pourtant pas issu et il ne voyage pas par choix. Son père est pasteur, prêcheur apprécié, alcoolique et violent, tyrannique, détestant ce fils qui ne ressemble pas à tous ses autres enfants. Un don rare et précieux va permettre à Brodie de quitter cet horrible bonhomme : il possède l'oreille absolue, autrement dit, il est capable d'identifier une note sans point de comparaison. Il se révèle pourtant un pianiste moyen, mais il deviendra un accordeur hors-pair, ce qui lui permet de voyager et de trouver du travail où qu'il soit. On suivra Brodie de lieu en lieu, en sept parties de longueur inégales, avec plusieurs retours et nouveaux départs : Écosse, France, Suisse, Russie, Autriche et les îles Andaman-et-Nicobar. Il va tomber amoureux fou de Lydia Blum, dite Lika, soprano très moyennement talentueuse, qui trouve des contrats grâce à son célèbre amant, le Listz irlandais, John Killbarron, dont Brodie va devenir l'accordeur attitré. Il manque à cette présentation un personnage important, Malachi, le bien-nommé, frère inquiétant du pianiste. Dans la Bible, le prophète Malachie dénonce « la répudiation et le comportement injuste des hommes par rapport à la femme qu'ils ont aimée dans leur jeunesse [...] important témoignage du passage progressif à la monogamie fidèle » dit Wikipédia… À bon entendeur !



Résumons en ajoutant quelques ingrédients : un musicien « manqué », orphelin de mère, doté d'un père détestable, vivant des amours contrariées et, de surcroît, atteint de tuberculose ; un virtuose sur le retour, tenant sous sa coupe une très belle jeune femme amoureuse de notre héros ; un personnage inquiétant et sans scrupule, frère du rival de notre héros, et qui dissimule bien des secrets ; un facteur de piano charmant et honnête, mais dont le fils est un aigrefin ; plein de Russes très russes, plein de musiciens amis et rivaux, et un adorable et fidèle Jack Russell nommé César. De plus, un prologue qui laisse présumer de la fin… Tout était réuni pour un roman bien sirupeux. Ce n'est heureusement pas le cas. Un narrateur à la troisième personne nous montre la vie telle que Brodie la conçoit et la traverse, mais le lecteur de William Boyd est bien moins naïf que le jeune héros. Même s'il n'en connaît pas avec certitude les détails, il sait voir ce que Brodie ne voit pas, aveuglé par l'amour, par l'honnêteté, par sa générosité naturelle ou… par sa très mauvaise vue ! J'ai bien aimé ce roman qui nous permet de passer du XIXe au XXe siècle, de la femme qui se laisse porter par son destin à celle qui le prend en main, de l'Europe encore sous influence romantique à des îles asiatiques où vivent des peuplades « primitives », en nous laissant conduire par un jeune homme très attachant. Et comme d'habitude, j'ai bien aimé l'humour de William Boyd, toujours fin, toujours discret, toujours présent.
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L'attente de l'aube

Belle découverte d’un auteur dont je ne connaissais que le nom. Le roman commence par une ambiance de drame psychologique dans la Vienne su début du XXè siècle avec la psychanalyse balbutiante en toile de fond. Puis il vire rapidement au roman d’espionnage, Lysander Rief, notre héros, devenant une sorte de James Bond mais façon guerre de 14-18 et dès lors on devine qu’il est l’objet d’une machination ou du moins une manipulation, les coïncidences se multipliant au fur et à mesure du récit. On se pense parfois dans le monde parallèle de l’hypnose dans laquelle Lysander a été plongé par le Dr Bensimon, son psychanalyste. Bref, on nage dans un univers fait d’un mélange de réalisme et d’outrances qui ne nous empêchent pas d’avancer pour connaître le fin mot de l’histoire (comme dans un film de James Bond). On sent le savoir-faire du romancier aguerri et on avale ce qu’il nous a concocté en savourant chaque bouchée. Un assez gros pavé qui est loin d’être indigeste. La fin est à la fois décevante, pas suffisamment convaincante à mon goût, et conforme à la littérature de l’époque — je pense notamment aux enquêtes de Rouletabille de Gaston Leroux. En conclusion, cette première approche m’a donné le goût d'aller explorer plus avant cet auteur.
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ARMADILLO, LE PETIT SOLDAT

Le héros de ce roman est ...........

William Boyd
James White
Lorimer Black
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