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EAN : 9782864326670
116 pages
Verdier (16/02/2012)
3.83/5   15 notes
Résumé :
Invitée à donner trois leçons de poétique à l’université de Hambourg, Yoko Tawada prononce sa première conférence le 4 mai 2011, moins de deux mois après la catastrophe qui marque d’ores et déjà un tournant décisif de l’histoire du Japon moderne. Son propos s’en trouve, dès lors, transformé. Le nom de Fukushima s’inscrit désormais à côté de celui de Hiroshima comme un emblème de la relation problématique que le Japon entretient avec sa propre insularité et avec l’al... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Le titre de cet ouvrage est assez trompeur car je ne m'attendais pas du tout à cela en entamant la lecture de cet ouvrage, réservé à la médiathèque de ma ville et n'ayant par conséquent, pas lu la quatrième de couverture avant. Toujours est-il que je ne regrette absolument pas de l'avoir lu, même si ce n'est pas du tout ce que je pensais y découvrir. le «Journal des jours tremblants» n'occupe en réalité qu'une courte place dans ce livre alors que les trois premiers quarts de ce dernier sont consacrés à des leçons de poétique (trois exactement) que l'auteure a donné à l'université de Hamburg en 2011, très peu de temps après la triple catastrophe qui s'est déroulé au Japon cette même année.

Dans sa première leçon, intitulée «Les croyants traduisent», Yoko Tawada s'interroge sur la complexité de la traduction des langues européennes en japonais ou encore en chinois et inversement car étant donné que chaque langue est liée à une vison du monde particulière du monde et une croyance propre au peuple qui les parlent, certains mots ou expressions sont forcément intraduisibles. Elle en profite pour nous faire un petit cous d'histoire en remontant le temps plus de six siècles en arrière avec l'arrivée des premiers européens, les portugais et les espagnols sur l'île de Tanegashima, restant ainsi confinés sur cette dernière, les japonais refusant tout échange avec ces derniers.

Dans sa deuxième leçon «Les marchands traduisent», il est toujours question du problème des langues mais la conférencière met cette fois-ci en avant le refus des japonais de s'ouvrir aux relations commerciales avec l'étranger si ce l'est avec la Chine et les Pays-Bas, de peur d'être envahis par une culture qui n'est pas la leur, et ce, jusqu'au XIXe siècle, comme nous le verrons dans la troisième et dernière leçon.

En effet, dans cette dernière, «La modernité traduit», l'on voit apparaître les premiers échanges commerciaux avec l'Amérique. Un Japon replié sur lui-même, beaucoup moins ouvert au monde que la Corée par exemple, sa voisine, et qui a mis longtemps avant d'accepter d'être «envahi» par les autres cultures.
Pour l'auteure, cette historique du Japon était nécessaire afin de pouvoir mieux comprendre le Japon d'aujourd'hui.

Enfin, dans la dernière partie de cette ouvrage, elle nous raconte comment elle a vécu ce 11 mars 2011, vivant elle-même en Allemagne mais ayant toute sa famille dans la région de Tokyo. Ces quelques pages ont, pour moi, étaient les plus émouvant à lire car l'on comprend mieux certaines choses que les médias nous ont tus.

Un livre à la fois très émouvant et très instructif également ! Une écriture soignée et relativement facile d'accès même si parfois, j'avoue m'être sentie un peu perdue lorsque l'auteure fait référence à des pièces de théâtre japonais qu'elle compare avec les mêmes adaptées par des auteurs allemands ou encore italiens mais cela n'est qu'un détail qui n'entrave en rien la compréhension globale de l'ouvrage. A découvrir !
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Dans les trois leçons qui précèdent le journal, Yoko Tawada fait une magnifique analyse des problèmes de compréhension qui ont pu, et qui peuvent se poser entre les différents pays européens et le Japon, du fait d'une histoire et de cultures si différentes. C'est également le portait de son pays natal, du XVIème siècle à nos jours, qui est sporadiquement esquissé.

Le Journal des jours tremblants évoque quant à lui Fukushima et ses conséquences, du 11 mars au mois de juillet, depuis l'Allemagne, où se trouvait l'auteur. le regard des occidentaux est encore une fois bien différent de la réaction des japonais, même ceux habitant loin. Yoko Tawada conclut sur le manque de débat, au Japon, entourant la question du nucléaire.

Magnifique ouvrage, à la fois pour découvrir le Japon, pour s'interroger sur les langues, les cultures et les problèmes constants dans la traduction, et pour voir d'une autre manière Fukushima.
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Dans une première partie, l'auteure nous apporte de nombreuses réponses sur l'image du Japon. On y apprend l'importance de la religion, de la langue, de la mort, de l'entraide... Ses explications nous prouvent à quel point notre regard sur ce pays est erroné, nous éclairent sur la différence de nos cultures.

Dans une seconde partie, elle nous livre ses interrogations sur le nucléaire, après le drame de Fukushima.

Si la culture japonaise vous est inconnue (je ne parle pas des stéréotypes : geisha, sushi, saké...), plongez dans ce livre et vous ferez connaissance avec un autre Japon.
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Trois leçons de poétique suivi du Journal des jours tremblants.
Les deux premiers tiers de ce livre sont composés de conférences données à l'université de Hambourg quelques semaines après Fukushima.
Yoko Tawada est une japonaise vivant en Allemagne depuis de nombreuses années, elle écrit d'ailleurs dans cette langue. Elle est bien placée pour faire des parallèles entre les cultures mettant en avant les difficultés de traduction, particulièrement en matière de religion, du XVI° siècle à nos jours, de l'Europe au Japon en passant par l'Afrique du Sud.
La fin du livre est faite de son journal des jours après la catastrophe, des réactions des insulaires, et des conclusions qu'elle tire de ce drame.
Au final ce livre m'a semblé un peu indigeste, trop décousu et faisant office de fourre tout. Certaines choses sont intéressantes quand à l'histoire du Japon et la linguistique, la fin du livre est d'ordre politique voire militante quand aux mesures à prendre face au nucléaire, elles sont rédigées à chaud et plus émotionnelles que basées sur des preuves objectives.
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critiques presse (3)
Lhumanite
19 mars 2012
Romancière à l’inventivité puissante et originale, Yoko Tawada se fait ici critique et pédagogue, pour notre édification et notre plaisir.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Liberation
19 mars 2012
S’interrogeant sur ce que fut le Japon, […] Tawada en vient à tout reconsidérer au gré d’une méditation à la fois allusive et incisive.
Lire la critique sur le site : Liberation
LeMonde
16 mars 2012
Ce sont néanmoins les anecdotes dont Yoko Tagawa émaille ses pages qui en font le vrai sel.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Dans les pays industriels, seuls les enfants ont droit à des vêtements très colorés. Les adultes, eux, doivent s'orienter vers des coleurs ternes. Même le temps de Hambourg est parfois plus coloré que les passants de la ville.
Renoncer aux couleurs fait partie intégrante de la fierté du Nord réformé. L'absence de couleurs lors des cultes à l'église Saint-Michel m'impressionnait toujours. L'esthétique des incolores a non seulement décoloré leurs propres cérémonies et rituels, elle a aussi lavé les statues antiques grecques pour les placer dans les musées, ou encore elle a découvert au Japon l'esthétisme sévère des maisons de thé. Sans Bruno Taut, l'architecture sans couleur du palais de Katsura ne se serait pas imposée comme la norme de la beauté japonaise. Aujourd'hui, quand on voyage avec les hôtes d'Europe du Nord, il faut taire son amour pour le temple coloré de Tôshôgû à Nikkô.
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Quand j'apprends une catastrophe, mon coeur se met automatiquement à battre plus lentement et je deviens calme comme sous l'effet d'un tranquillisant. Pour survivre à une catastrophe naturelle, il faut éviter d'être^pris de panique et d'imaginer un tableau dramatique. C'est au Japon, semble-t-il, que j'ai appris inconsciemment à adopter cette attitude comme technique de survie. Et en effet, au Japon, après un séisme, les gens se font calmes, patients, affables et serviables, excepté ceux qui ont à déplorer une perte.
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Le 5 mai 1951, interrogé sur la différence existant entre les Allemands et les Japonais, le commandant en chef des forces alliées Douglas MacArthur répondit que si l'on comparait la culture anglo-saxonne à un homme de quarante-cinq ans, alors que la culture allemande avait à peu près le même âge tandis que la culture japonaise avait douze ans. Selon lui, les Allemands avaient sciemment commis une erreur pendant la guerre et ils devraient la corriger d'eux-même à l'avenir, tandis que le Japon avait commis la même erreur, mais par ignorance. Une argumentation qui non seulement rendit MacArthur impopulaire au Japon, mais servit aussi à légitimer l'ingérence dans la politique japonaise.
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Avant d'aborder la traduction de la Bible, je voudrais faire un tour au cinéma. Le film "Lost in translation (2003) de Sofia Coppola a réactivé et propagé une nouvelle fois la cliché de l'intraduisibilité d'une langue non-européenne. A une époque où il existe des auteurs américains ou autres qui écrivent et publient des récits ou des poèmes en japonais, cette langue ne mérite même pas l'honneur d'être une langue exotique.
Le personnage féminin principal du film est, selon ses mots mêmes, dépassé par sa propre "médiocrité", et est incapable de comprendre quoi que ce soit qui ne confirme pas immédiatement sa valeur. Elle rencontre un autre non-Japonais, lui aussi est dépassé, en l’occurrence par une culture publicitaire d'une extrême brutalité, telle qu'on ne la trouve pas exclusivement au Japon. En Europe, ces deux personnages n'auraient eu aucune chance de se rapprocher l'un de l'autre. Mais dans une ville où ni l'un ni l'autre n'éprouve la nécessité de comprendre quoi que ce soit, ils se sentent soudain une proximité. Grâce à l'aide du "père de substitution", la fille apprend à s'accommoder de sa propre médiocrité. Ce film décrit une psychothérapie au de la langue exotisée, mais il ne produit aucune tentative de traduction et, par conséquent, rien on plus qui se perde par la traduction. Dommage que le roman homonyme d'Eva Hoffmann, Lost in Translation, soit moins connu que le film.
Les Jésuites au Japon portaient plus d'intérêt à la traduction que la cinéaste Sofia Coppola. Ils avaient beau être catholiques, ils voulurent non seulement dialoguer avec des païens, mais aussi traduire la Bible. Ils ont laissé un dictionnaire portugais-japonais. Sans les missionnaires portugais venus au Japon, nous n'en saurions pas tant aujourd'hui sur la langue parlée à cette époque. On écrivait beaucoup de livres à l'époque, certes, mais la culture écrite va son propre chemin et croise trop rarement celui de la langue courante.
Dans les première traductions de la Bible, on trouve juxtaposés des mots qui sont aujourd'hui catégoriquement séparés: cela tient de la nécessité où l'on était alors de traduire quelque chose de totalement étranger. Si maints passages des traductions semblent pleins de poésie, c'est que la langue écrite, devenue trop guindée, y rencontre la langue parlée.
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Quand j'écrivis mon livre 'Opium pour Ovide", je fus impressionnée par la politique commerciale britannique, qui avait discerné très tôt l'importance des "drogues" pour la réussite du commerce extérieur. Les Anglais ne pouvaient pas se passer de thé, mais ils n'avaient pas encore eux-même de "contre-drogues" en main, c'est-à-dire des drogues qu'ils auraient pu exporter vers la Chine. Ils eurent l'idée de vendre en Chine l'opium qu'ils faisaient produire en Inde. Dès 1796, le gouvernement chinois avait fait interdire les importations d'opium, mais les Anglais, grâce à des navires militaires là encore utilisés comme équipement de pouvoir, réussirent en 1839 à contraindre les Chinois à importer de l'opium.
Le thé aussi est une sorte de "drogue", car il fait partie des marchandises qui ne sont pas vitales mais donc on ne peut pas se passer dans la vie, ou qu'on peut présenter comme indispensables. De même, d'autres drogues parfumées tels le café ou les épices jouèrent un grand rôle dans l'histoire globale du commerce; En écrivant ce livre, je voulais reconduire les drogues vers la littérature. Si l'on veut ne pas être victime d'une nouvelle guerre de l'opium, il faut essayer de comprendre ce que l'extase procurée par les drogues a à voir avec la langue.
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