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EAN : 9782916136677
48 pages
Les éditions du Sonneur (21/10/2013)
4.09/5   11 notes
Résumé :
Joseph Kessel, dans ce court texte, entreprend un tour du monde de la notion de paresse, invoquant les souvenirs de ses nombreux voyages. D’est en ouest, de la Russie à la Chine, en passant par la France et les États-Unis, il dresse le portrait de ce qui n’est pas à ses yeux un défaut mais bien un instrument de la volupté.
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UNE GROSSE FATIGUE !

Nombreux sont les auteurs, romanciers, essayistes, poètes, artistes s'étant penchés sur le délicat - mais passionnant - sujet de la paresse, supposément septième péché capital si l'on en croit l'église catholique et bien souvent accusé d'être la mère de tous les autres vices. On y trouve ainsi, sans aucun doute le plus célèbre texte écrit sur le sujet, le Droit à la paresse du socialiste Paul Lafargue, mais bien d'autres auteurs plus inattendus tels le britannique Robert Louis Stevenson, l'italien Italo Svevo, le peintre russe Kasimir Malevitch ou encore le surréaliste belge Clément Pansaers.

Cette fois, c'est l'aventurier, aviateur, écrivain, journaliste et romancier qui s'y est collé. C'est en effet à l'occasion d'un ouvrage de commande voulu par les éditions Kra à l'initiative de Paul et Simon Kra que cette nouvelle très autobiographique vit le jour (à noter que cette belle édition illustrée de quinze eaux-fortes de Marc Chagall regroupait par ailleurs des textes de Jean Giraudoux, de Paul Morand ou Max Jacob, entre autres, chacun se voyant attribuer un péché capital).

En quelques pages, Kessel nous dresse une manière de tour du monde de la paresse, prenant comme point de départ une oeuvre en plein dans son sujet : le sulfureux Oblomov du russe Ivan Gontcharov, permettant par ailleurs à Joseph Kessel d'aborder la question de la paresse dans ce pays qu'il connaissait si bien.
Traversant l'Atlantique sur l'un de ces paquebots glorieux de l'entre-deux guerres, lui et ses amis prennent une énorme dose de farniente. La parenthèse ne dure malheureusement que trop peu, nous détaillant ensuite la vie des oisifs étasuniens chez lesquels ce n'est qu' «effroyable [...] horrible énergie», les américains ayant une vision du plaisir «de nature à faire prendre l'oisiveté en horreur» !

Il redécouvre le plaisir de ne rien faire - et y croise quelque notable spécimen de paresseux fantastique - à Honolulu mais devinant qu'on pourrait l'accuser de trouver des images du farniente plus aisément sous un soleil généreux qu'ailleurs, Joseph Kessel nous démontre que cette manière-là d'être à l'existence se retrouve sous toutes les latitudes, donnant l'exemple de coolies chinois perdus dans la toundra sibérienne aux alentours de la glaciale Vladivostok, et leur faculté de ne pas faire plus que le strict nécessaire y est porté au rang d'art ; puis, descendant de quelques latitudes, ils nous donne un exemple parfaitement assumé et d'une élaboration baroque de paresse - à laquelle se joint un goût d'un grand raffinement pour une certaine volupté lente, calme, mesurée et infinie - en la personne d'un mandarin chinois.

Là s'achève ce petit tour du monde, qu'il conclut par quelques réflexions générales sur ce soi-disant péché qui demande, pour être accompli avec art et distinction, bien plus que des connaissances ou de la pratique : un véritable don !

Un petit opuscule des très originales et bienvenues Editions du Sonneur qui permettra au paresseux de découvrir ce petit texte agréable, élégant et méconnu de l'auteur de le lion, de Belle de jour ou de Les cavaliers, qui n'est sans doute pas le texte le plus indispensable sur cette thématique gentiment subversive (quoi que beaucoup plus profonde qu'il n'y parait).

Cette réédition très à propos en ces temps de révisions ordonnancées du code du travail permettra à l'oisif qui demeure en chacun de nous de profiter sans vergogne de cette nouvelle charmante sans avoir à courir après toute une théorie de libraires spécialisé en livres d'art, anciens, chers et rares... L'oisiveté à portée de la main !
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«Paressons en toute chose, hormis en aimant et en buvant, hormis en paressant.» (Lessing)

Tandis que nos sociétés sont envahies d’une activité frénétique qui ne s’interrompt jamais, que la performance, le travail et une vie sans pause sont présentés comme des valeurs estimables ou des idéaux, que chaque minute de notre temps devrait être utilisée à produire et surtout à consommer, comme le souligne Jonathan Crary dans son essai foisonnant «24/7 Le capitalisme à l’assaut du sommeil», tandis que le travail est de plus en plus inégalement réparti et surtout rétribué, faire l’éloge de l’inactivité et de l’abandon à la paresse semble chose nécessaire.

Cet éloge de la paresse semblera un retournement surprenant pour certains, tant elle est décriée et depuis si longtemps. Il suffit pour s’en convaincre de consulter les synonymes du mot paresseux dans le dictionnaire : apathique, cossard, tire-au-flanc, mou, fainéant, inerte, etc.

Les éditions du Sonneur ont donc eu l’excellente idée de rééditer en 2013 «La paresse», un court texte de Joseph Kessel, initialement publié en 1929 dans les Sept péchés capitaux, qui réunissait les contributions de sept auteurs.
Joseph Kessel souligne avec humour que c’est un supplice comique et raffiné que de devoir s’asseoir à sa table de travail et noircir du papier pour «dénombrer avec conviction les charmes, les bienfaits et la grandeur de ne rien faire».

Dès 1890, Paul Lafargue s’insurgeait contre l’épuisement des ouvriers et la sacralisation du travail, et plaidait pour le droit à la paresse, un texte beaucoup plus politique, dans lequel il faut également se replonger. Au moment de l’armistice de 1918, Joseph Kessel, l’aventurier, nous entraîne, lui, dans un bref tour du monde de la paresse, ou de l’incapacité de certains à s’y abandonner, entre Vladivostok, Hawaï, Pékin et San Francisco, la définissant poétiquement ainsi «le véritable et seul loisir où tout l’être se condense et se diffuse à la fois.»

A la pointe de la nuit et de la mélancolie, je dois m’arrêter ici, pour m’abandonner à mon tour aux délices de l’oisiveté.

Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/11/18/note-de-lecture-la-paresse-joseph-kessel/

Pour acheter ce livre chez Charybde, sur place ou par correspondance, c'est par là :
http://www.charybde.fr/
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Impression très mitigée à cette - très courte - lecture.
C'est bien écrit, certes. Mais bon... rien d'étonnant à cela de la part de Joseph Kessel.

Pourtant, comment formuler le peu de réactions que m'inspire cet essai ?
Ah, si ! un petit extrait va m'aider :
"Il faut savoir se borner à son sujet. C'est une règle littéraire, et puis le charmant éditeur qui me force à travailler sur la paresse ne serait pas content.
C'est d'ailleurs un supplice comique et raffiné que de se voir assis à une table, devant un encrier, sous le soleil, et de noircir, noircir, noircir du papier à tour de bras pour dénombrer avec conviction les charmes, les bienfaits et la grandeur de ne rien faire."

Voila. Il s'agit d'une commande.
(La Paresse est extrait des Sept Péchés Capitaux, recueil paru en 1929 aux Editions Kra à l'initiative de Simon et Paul Kra, leurs directeurs.)

Très modestement, je conclurai donc en disant que Joseph Kessel a bien travaillé mais qu'il ne m'a pas convaincue.
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Très court texte de Joseph Kessel qui, à travers ses expériences tout autour du monde, invoque la paresse qui, à ses yeux est l'une des plus grandes vertus si ce n'est la mère de toutes les vertus.

Ce texte est extrait d'un livre publié en 1929 aux éditions Kra qui s'intitule Les sept péchés capitaux.

Je n'aime pas beaucoup les livres de Joseph Kessel -on risque de me crier dessus-, mais après plusieurs tentatives, je dois me résoudre à cette négation. Oui mais, l'autre jour en cherchant des petits livres dans les rayons de ma librairie préférée, je tombe sur ce titre : La paresse. Inévitable, forcément. Après Paul Lafargue et le droit à la paresse, je ne peux que me laisser tenter à la paresse de m'allonger ou m'asseoir pour déguster ce petit livre. Et là, je vois le nom de l'auteur et me dis tout de go que c'est un moyen de me faire mentir. Et j'ai raison, car j'ai aimé. Comment n'aurais-je point pu ? "Un mot a raison par lui-même sans que le sens intervienne. Or, quoi de plus séduisant et de plus loyal à la fois que celui de "paresse". Ne le voyez-vous point qui s'étire, avec langueur, mais aussi avec franchise. Comme ses deux syllabes se fondent miraculeusement -la première claire, sonore, la seconde, étouffée, chantante et moelleuse- dans une harmonie où la vigueur et la nonchalance sont aussi précieuses l'une que l'autre !" (p. 9)

La suite est tout aussi bien, avec un tour du monde d'exemples de paresse, bien sûr sur les rivages de l'océan Indien où cela semble aisé, mais aussi dans des zones moins évidentes comme par exemple la boue de Vladivostok. "Nous ne savons plus être paresseux. [...] Pouvoir demeurer étendu des heures sans que la satiété ne vous effleure. Goûter dans le repos du corps l'essentielle des joies. Par l'immobilité vaincre l'éphémère, les contingences, le désir toujours inefficace. Avoir le cerveau si vide ou si riche qu'il ne souffre point de l'inaction." (p.38/39)

En conclusion, soyons paresseux, mais attention, cela demande du travail, au moins celui de lire ce court texte !
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Quatrième de couverture
Joseph Kessel, dans ce court texte, entreprend un tour du monde de la notion de paresse, invoquant les souvenirs de ses nombreux voyages. D'est en ouest, de la Russie à la Chine, en passant par la France et les États-Unis, il dresse le portrait de ce qui n'est pas à ses yeux un défaut mais bien un instrument de la volupté.
Biographie :
Né en Argentine d'un père médecin lituanien et d'une mère russe, Joseph Kessel (1898-1979) entame une double carrière de grand reporter et de romancier à la fin de la Première Guerre mondiale. Élu à l'Académie française en 1962, il publie son chef-d'oeuvre romanesque, Les Cavaliers, en 1967.
Mon avis :
Un régal : un petit texte philosophique combiné à un récit d'aventure.

La paresse : vice ou vertu ?
Joseph Kessel, au travers de ses voyages aux Etats-Unis, en Russie et en Chine nous décrit sa vision de la paresse.
Avec dérision parfois et beaucoup d'humour, la paresse est encensée par l'auteur : ainsi, pourquoi travailler quand on a suffisamment ?
Sa description des américains m'a amusée : il nous dit que les américains ne connaissent pas la paresse, ils sont trop énergiques. C'est si vrai …
Après ces moments endiablés entre New York et San Francisco, l'auteur retrouve la quiétude à Hawaï grâce à un guitariste sur une plage : une belle description de la volupté de la musique, la douceur du soleil et des vagues. Une belle vie oisive au bord de l'océan : l'hymne de la paresse nous dit Kessel. Il faut du talent pour être paresseux.
La paresse peut nous rendre heureux : « goûter dans le repos du corps l'essentielle des joies ».

Un texte paru en 1929 dans un recueil intitulé « Sept pêchés capitaux ».
Un plaidoyer pour la paresse à déguster, à lire et à relire.

Merci Libfly avec La voix des Indés et les Editions du Sonneur
Lien : http://www.despagesetdesiles..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mère de tous les vices ! On osa la baptiser ainsi. Encore faudrait-il établir que ce surnom est un blâme et non le plus magnifique éloge. Car, enfin, que ferions-nous, malheureux, sans ces quelques misérables vices, en nombre si réduit, et de si maigre variété, dont notre imagination défaillante n'a jamais su élargir ni creuser les frontières ?
Mais la question n'est pas là. Même, en nous tenant au point de vue moral, comment ne pas s'indigner d'une fausseté si criante. Comment ne pas reconnaître dans la paresse la mère gigogne de toutes les vertus : de l'abstinence, du désintéressement, de la réflexion, de l'humilité ? N'est-ce pas l'activité au contraire, dévorante et superbe, qui, pour essayer de satisfaire ses appétits insatiables, risque d'entraîner aux pires extrémités ?
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C'est d'ailleurs un supplice comique et raffiné que de se voir assis à une table, devant un encrier, sous le soleil, et de noircir, noircir, noircir du papier à tour de bras pour dénombrer avec conviction les charmes, les bienfaits et la grandeur de ne rien faire.
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De là, un premier enseignement : il ne faut pas être paresseux à demi, composer avec les préjugés qui veulent que l'homme travaille, essayer de marier la torpeur à l'activité. Il faut être paresseux résolument, sans pudeur ni regret, être paresseux comme d'autres sont opiomanes ou énergiques, il faut avoir la foi.
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Voici la suprême leçon, celle qui montre comment approfondir par une heureuse paresse le bien sacré entre tous qu'est la volupté. Et je reconnais dans ce geste la langueur des traversées, le sanglot de la guitare hawaïenne sur le rivage d'Honolulu, et même la torpeur bestiale de mes coolies de Vladivostok.
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Comment ne pas reconnaître dans la paresse la mère gigogne de toutes les vertus : de l'abstinence, du désintéressement, de la réflexion, de l'humilité ?
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