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EAN : 9782253122814
90 pages
Le Livre de Poche (14/03/2008)
3.55/5   319 notes
Résumé :
En 1903 à Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois, la fille du juge de paix meurt à vingt ans d'une méningite. Un matin, on trouve le couvercle du cercueil soulevé, le corps de la virginale Rosa profané, les membres en partie dévorés. Horreur. Stupéfaction des villages alentour, retour des superstitions, hantise du vampirisme, chacun épiant l'autre au cœur de l'hiver. Puis, à Carrouge et à Ferlens, deux autres profanations sont commises. Il faut désormais un coupable. Ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (77) Voir plus Ajouter une critique
3,55

sur 319 notes
Si je n'avais pas lu des critiques intéressantes sur Babelio, je n'aurais jamais découvert ce roman. Oui, amis Babeliotes, c'est à vous que je dois cette lecture !

Ce roman, l'ayant cherché, je fus un peu dépité, lorsque je l'eus trouvé...
Quoi ? C'est c'est petit machin là qui vous mettait en émoi ?

Malgré tout, je l'ajoutai sur ma pile à lire, la taille n'ayant rien à voir dans le plaisir,

Je signale aux obsédés du fond que je parle bien de plaisir littéraire ! Ne voyez pas du double sens sexuel dans tout ce que j'écris (oh, sale menteuse que je suis).

Alors, comment ce petit machin m'a-t-il fait vibrer ?

De par sa narration, tout d'abord, qui est inhabituelle dans un roman, étant donné qu'il n'y a pas de narrateur et que nous avons l'impression de lire la gazette qui nous raconterait un fais divers.

Fait divers qui a bel et bien existé. L'histoire débute à Ropraz, un petit village près de Lausanne, en Suisse (paradis d'exil fiscal) en 1903.

On sent bien que les mentalités sont encore obscures et que les gens croient vite au Malin et aux esprits ou toutes autres créatures maléfiques.

C'est qui arriva lorsqu'on retrouva une tombe profanée d'une jeune fille morte la veille. Et quelle profanation !

Estomacs sensibles, accrochez-vous, les descriptions sont un peu... heu... peu digestes pour vous.

Les autres - ceux comme moi - continuez de déguster votre pain au chocolat tout en lisant que la poitrine a été cisaillée à coups de couteau et qu'elle est profondément charcutée. Ah oui, les intestins pendent hors du cercueil et le coeur a disparu.

Sans omettre de lire aussi que les seins ont été découpés, mangés, mâchés, et recrachés dans le ventre ouvert. Ils y en a qui gâchent la nourriture !

Le roman nous raconte ce qui se passa dans la région après les deux profanations de tombe et de corps (oui, une seconde au cas où votre estomac aurait résisté à la première *rire sadique*).

C'est la Suisse profonde !

Au menu de ces gens un peu "simples" (le mot n'est pas à prendre au sens péjoratif), nous avons toutes les vieilles et sombres histoires de famille, les incestes (courantes), les commérages qui vont bon train et l'imagination au pouvoir.

Ils diabolisent tout et pour eux, les vampires rodent la nuit. Et pas qu'eux, quelques loups-garous aussi, sûrement (Twilight en version gore ?).

Une belle plongée dans le terreau de leurs vies où poussent les vieilles croyances ancestrales, les peurs de ce qu'ils ne connaissent pas. Là, j'ai adoré.

Ce qui m'a plus gênée, c'est l'arrestation... Coupable or not coupable ?

Ils leur en fallait un, n'importe qui aurait sans doute fait l'affaire et c'est là que le bât blesse...

La fin, en tout cas, est inattendue et à prendre au second degré, je pense.

C'est court, c'est bref, c'est intense, on rentre dedans tout de suite et on arrive au bout alors qu'on a pas vu le temps passer.

Comme quoi, on peut être peu épais et faire de l'effet...

Oui, je parle toujours de littérature !


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Si vous voulez découvrir une Suisse romande profonde, vous êtes sur le bon bouquin et vous en aurez pour votre argent. le début de l'action se passe à Ropraz, en 1903.
Vous allez vivre du "Hard-Chessex", qui se déguste à pleines dents!
Ropraz est un village d'aspect tranquille à l'écart des grandes routes du canton de Vaud, ses habitants vivent un peu en autarcie alimentaire et intellectuelle. Mais, les histoires de famille, les incestes, les jalousies, font ici le bonheur des commérages, l'imagination et la diabolisation font bon ménage. Les vampires rodent la nuit. Les superstitions persistent dans ses parages et bien que protestants, les gens se signent devant certaines maisons et sur certains lieux!

Un jour , une jeune fille de vingt ans meurt de méningite. le lendemain de son enterrement, on découvre sa tombe ouverte avec son cercueil en partie dégagé. Un médecin arrive, on soulève le couvercle à moitié refermé, et là, l'indescriptible se dévoile devant les témoins de cette exhumation dont voici le compte rendu (accrochez-vous bien!):
« Cadavre violé. Traces de sperme, de salive, sur les cuisses dénudées de la victime. Et la mutilation la plus sanglante apparaît dans toute son horreur.
La main gauche coupée net, gît à côté de cadavres.
La poitrine, cisaillée à coups de couteau, est profondément charcutée. Les seins ont été découpés, mangés, mâchés, et recraché dans le ventre ouvert.
La tête aux trois quarts séparée de tronc, y a été enfoncée après que des morsures très repérables et visible ont été pratiquées en plusieurs endroits : le cou, les joues, l'attache de l'oreille.
Une jambe, la droite, et la cuisse droite elle aussi, sont hachées jusqu'au pli du sexe.
Le sexe a été découpé prélevé, mastiqué, mangé, on en retrouvera des restes recrachés, poils pubiens et cartilage, dans la haie dite du Crochet, à deux cents mètres au-dessus de la forge.
Les intestins pendent hors de la bière. le coeur a disparu.[…] »

Difficile de savoir si cette description sort de son imagination,cependant lorsqu'on ouvre un livre de Chessex, il est permis de s'attendre à tout.
Mais revenons à nos moutons car ce genre d'actes se répètera encore à deux reprises. Cette fois, toute la région est chamboulée. Et Chessex s'en donne à coeur joie, ne serais que cette scène où des enfants jouent au football avec un étrange ballon, en fait avec une tête de décapitée, et ce cris qui fuse soudain: "c'est Nadine!". Bref, je vous laisse découvrir une succession d'événements de plus en plus décalés. Pour preuve, cette rencontre improbable entre le présumé criminel, alors engagé à la légion étrangère, et le caporal suisse Frédéric Sauser, alias Blaise Cendrars, et qui serait ici, prétendument à l'origine du texte de "Moravagine": Chessex, le manipulateur, en plus du reste.
Et, sapristi, qu'il écrit bien, le bougre! Sournoisement le texte tourne au récit surréaliste, pour aboutir à une énorme farce au détriment d'un des monuments des plus chers aux français, tout ça avec le plus grand sérieux!.
Bref, et en quelques mots: Gore, iconoclaste, génial, avec un zeste d'humour, le tout badigeonné d'encre à l'acide sulfurique et de giclures de sperme…

Récit à lire d'un trait (à peine plus de cent pages), en choisissant un soir d'orage, avec, si possible des hululements de chouette, un volet qui grince au vent, un parquet qui craque, un éclair et les fusibles qui sautent juste à la fin de la page 110, histoire de traverser la maison dans le noir le plus total pour y retrouver son lit.

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Ropraz, c'est une petite commune Suisse du canton de Vaud.
En 1903, il n'y fait pas trop bon y vivre et encore moins y mourir.
Malheureusement, comme partout à cette époque on y trépasse beaucoup de méningite ou de tuberculose. Des filles, des jeunes, des belles…

Ames sensibles s'abstenir ou bien se tenir surtout si vous avez l'imagination fertile.
Cet auteur Suisse, Goncourt 73 pour l'Ogre a toutes les qualités pour insérer entre deux points rapprochés l'horreur d'une profanation, l'effroi d'une violation de cadavres avec mutilation.
Des filles, des jeunes, des belles…

Jacques Chessex a aussi le talent d'exprimer sans hypocrisies ni simagrées la rudesse d'une région, la raideur des calvinistes, la souffrance des êtres mal-nés et la violence des moeurs dans les fermes isolées.

C'est une lecture courte mais dense, abrupte où les mots sont choisis pour frapper et finalement m'avaler le peu d'oxygène qui subsiste à la fin de chaque phrase ou dominent l'austérité, l'âpreté et la cruauté.

Bien sûr, il y aura un présumé coupable, un certain Charles-Augustin Favez, à la vie cabossée dès qu'il est né, le docteur Albert Mahaim éminent psychiatre tentera de le disculper.
Les preuves manquent et le doute persiste mais que peut-on contre la vindicte populaire qui réclame une vengeance ?

Je n'ai rien révélé d'essentiel, dans ce roman c'est l'atmosphère sordide et l'ambiance glaçante qui sont importants et surtout, un final génial surgi du diable vauvert qui m'a scotché.

C'est une histoire Suisse mais c'est en France qu'elle trouve un dénouement vraiment étonnant et quasiment risible si ce n'était pas si délicat.


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Il me fallait un roman avec un vampire pour le challenge multi-défis… Je ne suis pas déçue : Jacques Chessex met en scène un vampire bien réel, qui a existé et qui a terrorisé le village de Ropraz et ses environs, là où habitait l'écrivain, justement. Si vous voulez des détails sur le fait divers, suivez ce lien : https://www.le-courrier.ch/sur-le-vampire-de-ropraz-et-environs/. Oui, mais bien qu'inspiré d'un fait divers réel, il s'agit vraiment d'un roman comme c'est mentionné sur la couverture. C'est dans la volontaire confusion entretenue entre roman et réalité que réside en partie la force de ce petit livre.
***
En 1903, Rosa Gilliéron, 20 ans, belle comme un coeur et vertueuse, forcément vertueuse, meurt d'une méningite foudroyante. Comme en plus elle appartient à une famille riche, c'est l'émoi, et tout le canton de Vaud ou presque se précipite à son enterrement. Deux jours plus tard, on retrouve la tombe profanée. On exhume le corps et on découvre horreur après horreur : le cadavre a été violé, la main gauche coupée, la tête mordue, mâchouillée à différents endroits, quasi détachée du corps et enfoncée dans le tronc, quant aux seins et au sexe, les outrages qu'ils sont subis vaudront au coupable son surnom dans les journaux dès le lendemain de l'horrible découverte. Ajoutons que le coeur a disparu. Les mêmes abominations se reproduiront sur les cadavres de deux autres femmes le mois suivant, dans cette même région du Haut-Joraz. On soupçonnera plusieurs hommes, souvent pour des motifs plus fallacieux les uns que les autres, et voilà qu'on surprend Charles-Augustin Favez, garçon de ferme, colosse alcoolique et simplet, « en train de s'exécuter sur une génisse entravée »… Son compte est bon malgré les doutes du psychiatre qui l'a rencontré…
***
Le vampire de Ropraz raconte d‘horribles événements et Jacques Chessex, avec son grand talent de conteur, nous fait partager la suspicion qui s'installe entre les villageois, la peur du lendemain, et même une certaine empathie envers « ce malheureux » vampire ou donné comme tel. le narrateur réveille les superstitions, fait revivre des pratiques catholiques disparues de ces contrées depuis des siècles, et réussit à nous entraîner encore plus loin dans les croyances populaires. Parce qu'enfin, cette dame blanche, visiteuse du vampire, est-elle bien réelle ou est-elle l'annonciatrice de la mort telle qu'on la rencontre dans les légendes ? En plus d'être magnifiquement écrit et malgré les sordides événements racontés, ce roman m'a parfois fait sourire : le regard que porte le narrateur sur les différents intervenants est plein d'un humour contenu auquel l'auteur laissera enfin libre cours ; le clin d'oeil à Cendrars et à Moravagine ainsi que la pirouette finale sont de vrais petits bijoux. Il y a des années que je ne m'étais pas replongée dans cet auteur (1934-2009). Un plaisir à redécouvrir…
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Pour son roman « le vampire de Ropraz » Jacques Chessex s'inspire d'un véritable fait divers. Au début du 20ème siècle, un maniaque a terrorisé une région rurale de Suisse en profanant des tombes de jeunes femmes fraîchement décédées, profanations particulièrement sordides puisque nécrophilie, mutilations et nécrophagies sont au rendez-vous. Très vite, les soupçons se portent sur un garçon de ferme surpris dans une étable en train de se livrer à des actes contre-nature.

Prendre comme point de départ ce fait divers aurait pu donner lieu à un roman vraiment intéressant, et ce d'autant plus que l'auteur semble vouloir adopter un point de vue assez compassionnel envers le jeune homme. Pourquoi pas en effet ?! Favez, le jeune homme en question, a vécu une enfance misérable et a subi d'abominables sévices, ce qui explique sans doute qu'il soit devenu un dégénéré. Voilà qui aurait pu aborder le thème de la responsabilité tout en s'inscrivant dans une peinture d'une époque et d'un lieu donnés. Mais pour ça, il aurait fallu que le roman adopte un point de vue narratif, ce qu'il ne fait jamais. Il s'agit pourtant bien d'un roman puisque Chessex invente certains faits. Mais le récit se contente d'une énumération chronologique assez clinique des faits. Il n'y a aucune ambiance dans le roman, aucune émotion ne le traverse et il semble inhabité, la faute à des personnages à la caractérisation quasi-inexistante.
Par ailleurs, j'ai été assez gênée par une vision assez méprisante, voire insultante, de la ruralité de l'époque lorsque l'auteur parle de Favez comme « victime d'une ruralité misérable » dans une région où « l'alcool, l'inceste et l'illettrisme sont des plaies ataviques ». Je ne dis pas que ce genre de choses n'a pas existé mais les présenter comme inhérentes à la société rurale de l'époque, je trouve ça réducteur et assez injurieux.

Bref, je n'ai pas aimé ce livre. Je voulais lire un roman, « le vampire de Ropraz » est présenté comme tel, et j'ai eu l'impression de lire un article de journal sans âme et un brin racoleur.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
..... Ancestralement tout est maléfique et dangereux dans ces campagnes perdues, l'orage qui gonfle les rivières, la foudre qui met le feu aux toits, la sécheresse qui tue les champs, grille l'herbe, rapetisse et racornit les fruits, la pluie qui pourrit la récolte et ravine les cultures .
.... On se méfie des vagabonds, des mendiants, des prédicateurs ambulants chapardeurs comme des romanichels. On chasse les gens du voyage, bohémiens, tsiganes, on fait fuir les colporteurs à coup de fourche.

.... Mais voilà le 20 février, voilà le règne du vampire qui résume toutes les craintes, les violences, la folie rentrée, et resserre sur l'insaisissable l'horrible secret du monde mauvais.
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23 février1903
La feuille de Lausanne

Cette triste affaire, écrit le journal, aura dans notre pays un douloureux retentissement. Jamais encore la chronique du crime n'avait eu à enregistrer en Suisse un acte aussi abominable. Il est vivement à désirer, pour la tranquillité de la conscience publique, que le coupable tombe entre les mains de la justice et reçoive le châtiment exemplaire qu'il mérite. Les hyènes ont l'excuse de la faim pour déterrer les cadavres. Pour lui, pour cet ignoble vampire, nous n'en trouvons pas.
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" Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois, 1903. C'est un pays de loups et d'abandon au début du vingtième siècle, mal desservi par les transports publics à deux heures de Lausanne, perché sur une haute côte au-dessus de la route de Berne bordée d'opaques forêts de sapin. Habitations souvent disséminées dans des déserts cernés d'arbres sombres, villages étroits aux maisons basses. Les idées ne circulent pas, la tradition pèse, l'hygiène moderne est inconnue. Avarice, cruauté, superstition, on est pas loin de la frontière de Fribourg où foisonne la sorcellerie. On se pend beaucoup, dans les fermes du Haut-Jorat. A la grange. "
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De récentes recherches ont laissé supposer que les restes du soldat inconnu, interprétés par l'analyse de leur ADN, appartiendraient au citoyen vaudois Charles-Augustin Favez, engagé volontaire dans l'armée française en guerre en février 1915. Tué devant la ferme Navarin le 18 septembre de la même année. Et que le soldat inconnu, héroïquement honoré par le chef d'Etat, la sonnerie aux morts et le salut au drapeau chaque 14 juillet que Dieu fait, ne serait autre qu'un fou et un effrayant repris de justice d'origine suisse.
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... Dans sa cellule, Favez a peur. Pourquoi le gardien ne lui a-t-il pas encore apporté sa soupe ? Pourquoi n'entend-on plus les chevaux de l'escadron de gendarmerie devant sa geôle ? C'est bien ça. Avec le soir les gendarmes se sont retirés dans leur poste, laissant le champ libre à la fureur des hommes et des garçons de Ropraz. Ils vont briser sa porte, ces durs, ils vont le rosser au bâton, lui casser les os et les dents, puis ils le traîneront dans la cour, ils lui planteront un pieu dans le coeur et ils le brûleront vif. Ou ils le ramèneront à Ropraz, un bûcher sera dressé à la chapelle et il grillera, lui, Favez, nu, hurlant, devant tout le village vengé. ...
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