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EAN : 9782262021122
468 pages
Perrin (23/03/2006)
3.91/5   27 notes
Résumé :
Vienne, 1908. Isaac Rabinovitch, étudiant en médecine, croise le chemin de Sigmund Freud. Le grand professeur, déjà célèbre, s'attache à ce jeune Candide et lui parle librement : ses amours, ses rancœurs, ses jalousies, autant de confidences qu'Isaac consigne dans un journal.
Jour après jour, il y raconte les faits et gestes du maître, mais aussi la vie dans la Vienne finissante de Igoo. S'y dévoilent tout ce qui n'a pas été dit sur la psychanalyse, la vie pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Avec ce roman de Tobie Nathan , l'on voyage dans le temps et l'espace, entre l'Afrique contemporaine, engluée dans ses guerres fratricides et son administration corrompue loin des clichés de la musique de percussions et des cris d'animaux sauvages, et la Vienne du début du vingtième siècle, au temps où le professeur Sigmund Freud régnait sur la société savante locale, échafaudant sa théorie de l'inconscient.

Le narrateur, Léopold Caro, professeur de psychologie, en mission au Burundi, fait la connaissance, lors d'un transit à l'aéroport de Kigali, de Jack Bean, qui tente de se rendre en Israël pour l'enterrement de sa mère. Celui-ci lui remet le journal rédigé par son père Zack Bean, de son vrai nom Isaak Rabinovitch, journal qui relate les relations proches qu'il entretenait avec Sigmund Freud.

Les choses se compliquent lorsque le narrateur apprend l'assassinat de Jack Bean. Que contiennent ces documents, mis à l'abri sur une clé USB, et qui vont également mettre en danger la vie de leur détenteur?

Le suspense est bien mené, et rend le roman très attractif. Intéressant cette incursion dans les domaines de prédilection de l'auteur : l'Afrique et la psychanalyse.
Il en devient difficile de faire la part de la fiction et de la réalité
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Voici un roman sous forme de double journal : celui de Léopold Caro, coopérant universitaire au Burundi qui dirige un centre de psychothérapie en 2003-2004, et celui d'Isaac Rabinovitch, alias Jack Bean, alias Dr. Heinrich Funk, jeune psychiatre ami et confident de Sigmund Freud, bientôt militant de premier plan du Komintern, dont les mémoires s'étendent entre 1908 et 1939, ayant toujours pour objet ses relations ambivalentes avec le père de la psychanalyse. de la rencontre entre le premier personnage-narrateur (qui peut ressembler à l'auteur) et les descendants du second (sans doute un personnages fictionnel), du croisement entre ces deux textes diaristes, surgit une intrigue à suspense haletant, au rythme accéléré, où les attentats, les menaces, la corruption et violence ordinaires et l'espionnage dans l'Afrique post-génocide rwandais font ricochet avec la vie d'un Juif, dandy anarchiste d'avant la Grande guerre converti au communisme et à la clandestinité dans l'Europe hitlérienne.

Néanmoins, par-delà le suspense et la description des deux environnements politico-historiques, je m'attendait à un règlement de comptes avec la psychanalyse, comme c'est souvent l'intention de ceux qui s'attellent aux biographies confidentielles ou « non-autorisées » (fussent-elles fictionnelles) de Freud, et sachant aussi que Nathan a pris ses distances de cette thérapeutique il y a longtemps. Or, distanciation par rapport à l'histoire officielle de la psychanalyse, il y a, indubitablement, mise en perspective du mythe qui entoure le fondateur de la discipline aussi, avec de justes, nombreux et instructifs apports informatifs sur le contexte de cette immense découverte, mais aucune animosité personnelle : le personnage de Freud en ressort même grandi, à mon sens, car humanisé, avec tous ses doutes, ses manies, ses transgressions et même ses petitesses...

Le contexte intellectuel de la naissance de la psychanalyse est sans doute le thème principal du livre, et le plus approfondi en nombre de pages. J'ai appris la proximité de celle-ci avec des drogues trop accessibles et pas assez redoutées (Freud n'était pas le seul cocaïnomane, désintoxiqué ou non...), et avec des mouvements à caractère nettement plus politique et donc plus « révolutionnaires » qu'elle, science aux principes subversifs mais aux procédés bien bourgeois ; des mouvements fondés sur la critique de l'ordre sexuel des premières décennies du XXe siècle, qui gravitaient en particulier autour de la figure historique d'Otto Gross et des intellectuels et artistes qui fréquentaient la colonie Monte Verità à Ascona, en Suisse. La centralité de la sexualité dans la psychanalyse ne sortit donc pas du néant, ni son attention à la mythologie et au théâtre grecs, ni sa mise en perspective historique et anthropologique des monothéismes et du patriarcat réciproquement... de plus, du point de vue des réalisations concrètes et de la conscientisation politique du sexuel, Mai 68 n'a donc rien inventé non plus !
À ce propos, je me suis laissé prendre au jeu de vérifier l'existence des noms de toute cette pléthore de personnages, penseurs qui évoluaient à différents titres (souvent comme disciples bientôt dissidents) autour du professeur Freud et du docteur Gross : à ma surprise ils sont réels, à la seule et notable exception de Carl Gustav Jung, nommé, de manière entièrement transparente et significative, C. G. Alt (Ancien donc, pas Jeune...!).
J'ai émis des hypothèses sur l'identité éventuelle de deux des personnages féminins les plus importants dans l'intrigue : la comtesse Hanna von Kessler, Hanna qui « je le comprenais enfin, avait été immolée sur l'autel de la psychanalyse » (p. 326), et la comtesse Isabella de Montmaurin, dont Freud s'enthousiasme : « […] je peux vous affirmer sans forfanterie : succès total ! Et sur toute la ligne... Autrement dit : victoire complète sur l'ennemi ! Elle ne présente plus aucun symptôme » (p. 411). Mais je n'en dirai pas plus, n'étant pas parvenu à des réponses certaines...

Mon seul petit regret : que Léopold Caro ne se soit pas attardé un peu davantage sur l'Afrique et ce qui l'y attirait. Mais je comprends que c'eût été au détriment du rythme du récit d'espionnage.
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Léopold Caro, psychanalyste de renom, vit au Burundi, où l'insécurité et la violence règnent en maître. Là-bas, qui dit blanc dit nécessairement riche, et la corruption fait loi. Par une étrange coïncidence, il fait la rencontre de Jack Bean, un trafiquant d'armes, qui lui remet un document inédit et d'une valeur inestimable : les carnets intimes de son grand-père, Isaac Rabinovitch, membre de la société psychanalytique de Vienne dans les années 1910-20, et ami intime de Sigmund Freud. Il ne faut pas longtemps à Léopold Caro pour se plonger dans le journal personnel de cet homme oublié et dont le rôle dans la vie du célèbre professeur n'a pourtant pas été des moindres. Ainsi, plus le récit avance et plus l'on bascule dans l'intimité d'une société bourgeoise et bien-pensante, dans laquelle se côtoient les hommes de lettres, hommes de sciences et politiciens. On découvre un monde faste, aux moeurs libérées et dans lequel la psychanalyse fait ses débuts avec succès. Sigmund Freud est un maître à penser tantôt idolâtré, respecté, tantôt envié et critiqué par ses pairs. Homme sévère, mais sensible à la critique, il trouve en Isaac Rabinovitch un confident, mais aussi un adversaire. Les carnets permettent de dévoiler une intimité méconnue et néanmoins passionnante !
C'est avec beaucoup d'habileté que Tobie Nathan met en relation deux périodes qui, a priori, n'ont rien en commun. La plus récente se passe sur 2003-2004, au Burundi, et se consacre à déjouer le complot visant à récupérer les carnets entrés en possession de Léopold Caro. En revanche, la plus antérieure s'étale sur une période de 30 ans, allant de 1908 à 1938 et se déroule sur plusieurs lieux : Vienne, Ascona, Munich, Weimar, Zurich, Berlin, Paris, pour finir à Bukavu, dans la République Démocratique du Congo. On y découvre un milieu riche et intellectuel, avide de nouvelles expériences et de plaisirs. La drogue et le sexe y tiennent une place centrale et pervertissent les esprits les plus affutés. Pour autant, cette période faste sera fortement marquée par la première guerre mondiale et ne résistera pas à la seconde… L'auteur nous offre un ouvrage passionnant sur l'apogée du monde psychanalytique. Il y fait vivre les plus grands intellectuels du début du XXème siècle et nous ouvre les portes de l'intimité de l'un des grands maîtres de la psychanalyse. Que l'on ait des notions dans le domaine ou non, le texte est tout à fait abordable et se lit avec le plus grand plaisir. Une très bonne découverte !
Merci aux éditions Points et à Libfly de s'être associés et de m'avoir permis de découvrir cet excellent auteur !
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Tobie Nathan sait écrire, sait décrire, sait inventer, sait conter, sait raconter. Mais, j'ai un problème. Ce n'est pas un livre historique, or il emprunte beaucoup de faits réels et, évidemment, de noms et personnes qui ont réellement existé. (Excepté pour Jung, qu'il transforme en Alt, les noms sont conservés.) Et il fait parler les personnages, autour d'une intrigue et d'une histoire qu'il invente. Au risque du flou. Au risque de confusion. Certes, Tolstoï a fait pareil dans Guerre et Paix : des personnages inventés cotôyent des personnages réels, ce n'est pas nécessairement un problème quand on sait l'aspect fictionnel et que ça ne modifie pas profondément L Histoire ou n'en propose pas des explications alternatives. Avec Freud, tout est tellement caché, tordu, que L Histoire on ne la connais pas si bien... Bref. Passons. le plus important, c'est que j'ai trouvé ce livre "trop". Tobie Nathan donne trop, trop de détails, le livre est trop long, et un peu trop de passions aussi. En tout cas trop pour moi. J'en suis un rien é-coeur-é. Il y a blindé de détours, toute cette histoire africaine,de conflits ethniques, colonisation, puis le lien avec Vienne, les aspects du communisme et du capitalisme, la montée du nazisme, Israël, la question juive, c'est énormément énormément de sujets... Même si entendons-nous bien, chaque thème a son intérêt et est bien traité et bien écrit.
Cet ouvrage reste un livre bien torché, pas inintéressant (au contraire), et qui se lit avec un certain plaisir. Et comme je le disais Tobie Nathan sait faire, et quand il écrit "ce type était brillant", il arrive à le dé-montrer avec des mots ! Et ça c'est pas donné à tout le monde. Cela nécessite d'être soi-même de cette haute qualité.

Si vous aimez Irvin Yalom, que vous êtes un peu intéressé par Freud (même si le titre est trompeur, car on parle plus d'un personnage fictif dont on peut lire le journal) et la psychanalyse.
- Ah oui, je n'ai pas trouvé ce livre "palpitant" comme il est indiqué en couverture de la version poche (faut pas exagérer) - vous aimerez ce livre. Sinon lisez un polar classique ou tout autre chose.
Salut.
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Voici un roman étrange qui explore à la fois les premières années du mouvement psychanalytique à Vienne au début du 20ème siècle et les conflits contemporains de l'Afrique équatoriale avec ses guerres tribales, sa violence omniprésente et sa corruption.
L'auteur parait avoir fait le grand écart entre deux domaines qu'il connait bien puisque Tobie Nathan en sa qualité d'ethnopsychiatre écrit depuis de longues années sur les troubles psychiques liés à la culture et l'adaptation nécessaire des soins à un contexte historique personnel.
Psychanalyste, il connait également bien la naissance du mouvement et à travers ce roman qui parait bien documenté il nous présente les personnages qui l'ont animé et en premier lieu bien sûr Sigmund Freud. Son disciple puis rival Jung est bien présent et joue un rôle important dans l'intrigue mais pourquoi diable l'avoir affublé du nom de "Alt" ce qui ne trompe personne ?
Le roman est bâti sur une intrigue policière : Léopold Caro membre d'une organisation internationale se voit remettre en secret à la faveur d'une rencontre dans un aéroport, une clé USB contenant les mémoires d'un certain Jack Bean qui s'appelle en fait Isaac Rabinovitch et qui s'est formé à la psychologie à Vienne et a rencontré tout le gratin psychanalytique avec lequel il a entretenu des rapports étroits.
Mis à part l'intérêt historique de ces mémoires, que contiennent elles donc pour avoir provoqué la mort de leur dépositaire, assassiné par des barbouzes et le harcèlement du malheureux Caro qui ne comprend pas ce qui lui arrive car il est séduit par une espionne, menacé par les services secrets, cambriolé, terrorisé... Bref cela lui parait bien étrange et il faudra qu'il parvienne à lire la totalité des mémoires de Rabinovitch pour saisir les implications du secret qui s'est trouvé déposé entre ses mains. le lecteur lui-même n'en saura plus qu'à la fin du livre...
Fondé sur une documentation précise et érudite, l'intrigue romanesque a toutefois bien du mal à naviguer entre les deux pôles de la narration.
Un roman à découvrir car il s'agit d'un texte vraiment atypique porté par une écriture intelligente mais pour y trouver un intérêt soutenu, il faut disposer d'un bagage préalable tant au niveau historique que politique.

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Citations et extraits (99) Voir plus Ajouter une citation
Or, on le sait maintenant, la cocaïne ne protège pas des autres drogues, mais elle les appelle, donnant l'envie de boire, de fumer, réclamant la morphine comme son alliée, sa compagne naturelle; de plus, la cocaïne rend fou. Le professeur Sigmund Freud, qui a écrit plusieurs articles vers 1885, la présentait à cette époque comme la panacée. Il disait qu'elle distribuait sans compter aux Indiens des Andes l'énergie leur permettant de traverser les montagnes à pied, sans dormir ni manger pendant des jours. il prétendait qu'elle guérissait de la neurasthénie et des pensées morbides. Il l'avait abondamment essayée sur lui même .
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Je savais pertinemment qu'il faut attacher la plus grande importance aux paroles des fous et des inconnus, à ces paroles qui surgissent de nulle part.Elles portent souvent les réponses aux questions que l'on ne se pose pas encore
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Depuis une vingtaine d'années, de nouveaux historiens, surtout américains, ont fouillé, interrogé, recoupé les informations et sont parvenus à rétablir une part de la vérité historique concernant Freud. Ils n'ont rien déterré de bien extraordinaire - pour ma part, malgré la publicité faite à ces travaux, j'ai toujours pensé que c'était "beaucoup de bruit pour rien". Freud aurait maquillé ses cas cliniques pour apparaître sous son meilleur jour. il aurait été une sorte de tyran, faisant régner l'ordre parmi ses disciples qu'il traitait comme des enfants n'acceptant aucune remise en cause de la théorie qu'il inventait pourtant, au jour le jour, devant leurs yeux ébahis. Il semblait détester toute tentative de démontrer empiriquement les propositions de la psychanalyse. Il aurait eu un comportement de gourou. Aujourd'hui, une telle personnalité, de tels agissements l'auraient identifié au maître charismatique d'une secte obscure. mais l'on oublie bien bite que c'était l'esprit tant du lieu que du temps. Vienne, en ce début de siècle, tout petit périmètre, à peine plus grand que la place de la Concorde, était un chaudron en ébullition d'où naissaient toutes les alchimies.
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Et pour la première fois, ce jour-là, j'ai senti que Freud doutait. Non de ce doute de circonstance qu'il exhibait parfois pour avoir l'air de cultiver quelque sagesse antique, non! Il doutait vraiment...Je l'ai vu! il s$doutait du bien fondé de la psychanalyse comme technique thérapeutique
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Je suis persuadé que vous vous masturbiez durant votre enfance. Je peux même vous affirmer que la période où vous le faisiez le plus, c'est entre votre septième et votre huitième année. Vous le faisiez tout le temps, le soir, au lit, bien sûr, mais aussi à l'école, en cachette, sous le pupitre. Et, lorsque vous ne pouviez pas vous adonner à votre vice, parce que votre mère vous surveillait, vous le faisiez encore en serrant vos cuisses l'une contre l'autre, le plus fortement que vous pouviez. - Je ne sais que vous répondre, professeur Freud, je n'en au gardé aucun souvenir. - Mais enfin, c'est certain ! Ne croyez pas que j'avance là une hypothèse, il s'agit d'une certitude ; c'est un fait que je peux parfaitement déduire de votre comportement actuel. Votre masturbation infantile était très exactement à l'image de votre attachement à la drogue ; c'est bien naturel puisqu'elle en a été pour ainsi dire le modèle.
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Vidéo de Tobie Nathan
Tobie Nathan vous présente son ouvrage "Et si c'était une nuit" aux éditions Stock. Rentrée littéraire 2023.
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