Un point de vue intéressant sur l'école de la part de ceux que l'on a peu l'habitude d'entendre : les intervenants. Qu'ils soient écrivains, musiciens ou artistes plasticiens, ils travaillent ponctuellement avec les élèves et les enseignants, sans que l'on sache vraiment ce qu'ils retirent de ces expériences. C'est pourquoi ce livre m'a beaucoup plu, puisqu'il laisse la parole à un auteur invité qui se retrouve confronté à un monde méconnu.
Pas d'angélisme ici, Danielle Sallenave sait que sa présence n'a rien révolutionné au sein de ce collège, mais qu'elle a peut-être apporté quelque chose qui a pu aider certains élèves.
Un livre sur l'école aujourd'hui, sur le travail effectué chaque jour par les enseignants, et sur ce que cette action a pu lui apporté, à elle, et à sa réflexion sur le collège et les ados.
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Ne peut pas être plus vrai. C'est une confusion générale que d'introduire nos enfants à lire. Pour quoi nous semble-t-il qu'il est plus difficile de le faire que jamais? Quelle le problème essentiel derrière ce désarroi? L'auteur a répondu franchement cette question. J'aime son insistance sur la lecture, le rôle de l'ecole et les professeurs.
On dit que les parents sont les premiers professeurs de leur enfants. Et si les parents fonctionnent mal, les professeurs les substituent. Et si les professeurs échouent, comment faire? L'espoir se trouve dans l'instinct de l'humain envers la lumière, car la plus grande douleur c'est de vivre dans le noir.
C'est étrange. Les uns qui aiment lire ne peuvent pas imaginer un mond sans livres, alors que les autres qui n'y tiennent pas peut vivre bien tout en ignorant l'existence des livres. Paradox de l'humain. Ou est la porte secrète de les faire y entrer ? Tout simplement pour eux-même, pour une vie qui ne retourne pas.
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L'accès au livre, plus que tout, réclame des passeurs: on vien au livre parce que quelqu'un vous y conduit. Et cela durant toute la vie. Combien de fois avons-nous lu, et souvent aimé, un livre parce qu'il nous venait de quelqu'un que nous aimions, en qui nous avions confiance ? Mieux: qui nous avait fais, dans tous les sens, le don de ce livre.
Un enfant qui lit, mais un adulte aussi, il n’est pas vraiment là ; mais il est quelque part, soyez-en sûr. Il est là où on ne peut ni l’atteindre ni le rejoindre : il est au plus profond de lui-même et au plus profond du monde. C’est peut-être pour cela qu’on se défie de celui qui lit ; il n’est pas seul, loin de là, mais ses compagnons sont invisibles. […] Le lecteur n’est pas aimé, il s’absente trop.
Le livre est un sanctuaire au cœur de ce sanctuaire, l’école. Non pour séparer l’enfant, l’adolescent, des autres enfants, des autres adolescents ; mais pour lui donner le moyen d’entrer dans le monde et de les y rejoindre par ce détour essentiel. Notre devoir est d’aider l’enfant, l’adolescent à prendre les chemins de cette absence au monde qui est une présence multipliée par le pouvoir de l’imaginaire. Tout enfant a droit à cette paix peuplée.
L’accès au livre, plus que tout, réclame des passeurs : on vient au livre parce que quelqu’un vous y conduit. Et cela durant toute la vie. Combien de fois avons-nous lu, et souvent aimé, un livre parce qu’il nous venait de quelqu’un que nous aimions, en qui nous avions confiance ? Mieux : qui nous avait fait, dans tous les sens, le don de ce livre. Mais on a trop tendance à oublier ou même à mépriser aujourd’hui tout ce qui relève des formes les plus anciennes de la transmission : échange, contact, passage de témoin, don. Les professeurs doivent être capables de ce don ; ils doivent être prêts à le faire. Prêts – et même préparés à ce don. On ne peut faire aimer les livres que si on en a soi-même une fréquentation régulière et profonde.
Je vois plutôt avec tristesse comment plus d’un siècle d’école obligatoire aura plutôt fait disparaître ce «bon sens», ce sens droit, que beaucoup possédaient, et possèdent encore, sans être passés par «les écoles». Mais qui ne vient pas de rien. Que la tradition, l’échange, l’expérience, le travail (en particulier celui des mains) avaient pendant des siècles contribué à former et à transmettre. Je comprends pourquoi Pasolini, dans un de ses derniers textes, les Lettres luthériennes, effondré de voir comment l’énorme effort de rénovation pédagogique (et il parlait il y a plus de trente ans) avait achevé de faire perdre la boule à la population ouvrière et paysanne, disait : fermons les écoles pendant vingt-cinq ans et après on verra…
Et puis il s’agit aussi de rêver, de s’ouvrir à des formes variées d’émotions inconnues, d’imaginer… Avec ce mot d’imagination, je l’ai constaté, je n’ai aucun succès dans ma classe de troisième. Si je dis que le bonheur de lire, c’est celui de connaître, en les imaginant, des scènes qu’on n’aurait jamais envisagé de vivre, je suscite de la défiance.
LES GILETS JAUNES, ET APRÈS ?
TABLE RONDE
Salle des États Généraux, Château royal de Blois
L'ampleur de ce mouvement social pose des questions centrales sur l'état et l'avenir du pays : qui sont-ils et pourquoi aucun « corps intermédiaire » ne peut les représenter ? La transition énergétique est-elle nécessairement injuste ? le niveau des prélèvements obligatoires est-il vraiment excessif ?
INTERVENANTS : Edwy PLÉNEL, Journaliste et fondateur de Médiapart, auteur de Gilets jaunes,la victoire des vaincus (Éd. La découverte), Danièle SALLENAVE, Écrivaine auteure de Jojo, le gilet jaune (Éd. Gallimard), membre de l'Académie Française et Alexis SPIRE, Chercheur à l'EHESS et auteur de Résistances à l'impôt, attachement à l'État (Éd. Seuil)
MODÉRATION ET COORDINATION Guillaume DUVAL, Éditorialiste à Alternatives Économiques
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