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EAN : 9782070128655
154 pages
Gallimard (11/03/2010)
3.92/5   18 notes
Résumé :
Ces nouvelles ont été choisies à dessein pour dévoiler un aspect Inconnu de Pirandello, un Pirandello régionaliste, tout nourri du folklore de son île, hanté par les récits entendus dans son enfance - légendes garibaldiennes, évocations de brigands. La Sicile de Pirandello se réduit d'ailleurs à un coin bien localisé, son pays natal, le pays d'Agrigente, son port, ses soufrières, sa campagne semi-tropicale, ses populations croupissant dans la misère, la superstition... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Luigi Pirandello (1867-1936) est en France, comme Tchekhov, plus reconnu pour son théâtre que pour ses nouvelles. Or parmi ces dernières, très nombreuses, se trouvent des chefs d'oeuvre.

Voici comme il se présentait à son traducteur français, Benjamin Crémieux en 1927 :
« Vous désirez quelques notes biographiques sur moi et je me trouve extrêmement embarrassé pour vous les fournir ; cela, mon cher ami, pour la simple raison que j'ai oublié de vivre, oublié au point de ne pouvoir rien dire, mais exactement rien, si ce n'est peut-être que je ne la vis pas, mais que je l'écris. de sorte que si vous voulez savoir quelque chose de moi, je pourrais vous répondre : attendez un peu, mon cher Crémieux, que je pose la question à mes personnages. Peut-être seront-ils en mesure de me donner à moi-même quelques informations à mon sujet. Mais il n'y a pas grand-chose à attendre d'eux. Ce sont presque tous des gens insociables, qui n'ont eu que peu ou point à se louer de la vie. »

Le recueil Vieille Sicile contient cinq nouvelles très variées mais qui sont toutes hantées par le doute ou la folie. Elles sont surprenantes, originales et les meilleures sont très inconfortables. La Sicile représentée est dure, cruelle, impitoyable et drôle tout à la fois .

1. Chante l'Epître (1911) *****
Une nouvelle tragique qui commence par un éclat de rire. le pauvre Tommassino qui était destiné à la prêtrise a perdu la foi. il est raillé, exclu, battu. On le prend pour un fou. Il parle à la Nature, comme Saint François d'Assise...

2. In corpore vili (1895) ***
Une nouvelle drôle, anti-cléricale, qui fait beaucoup penser aux contes de Boccace ou à nos petits fabliaux. Dom Ravana a une façon bien à lui de contourner les prescriptions médicales et de lutter contre le péché de gourmandise.

3. L'autre fils (1905)*****
Une nouvelle dramatique forte, surprenante, inconfortable. Une mère pauvre et analphabète s'obstine à faire envoyer des lettres à ses deux fils partis en Amérique qui semblent l'avoir oubliée.

4. L'étranger (1902) ** Une nouvelle assez misogyne qui ne m'a pas enchantée.

5. Une invitation à dîner (1902) ****
Une petite nouvelle pittoresque et drôle avec un grain de folie que je verrais bien jouée par les Inconnus ou les Deschiens, version sicilienne.



Toutes les nouvelles sont disponibles gratuitement sur internet.
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Cinq nouvelles qui fleurent bon la Sicile
Chante-l'Épître...un prêtre défroqué amoureux de la création divine meurt en duel pour avoir traiter une jeune femme « d'idiote » La vie en dehors des ordres ne lui a pas été bénéfique
Il y a un peu de Saint François d'assise dans ce personnage
Un conte agréable et mystique

In corpore vili...Un grand malade du foie le curé qui fait prendre à son sacristain son propre remède le regarde vomir et dégoûté s'abstient de manger en somme la pratique avec l'exemple Un conte comique de situation à la Don Camillo mais un peu aigrelet

L'autre fils...Une vieille qui se languit de ses fils expatriés aux États-Unis Une histoire terrible, sorte de « noces barbares » en Sicile et les conséquences pour la mère et le fils
Un conte assez cruel surtout pour le fils

L'étranger... Un marin Viking moribond débarqué est hébergé et soigné chez un sicilien qui était interprète Une ébauche de liens amoureux entre ce viking et la nièce de l'hébergeur contrarié par le gouffre qui sépare leurs cultures D'abord la langue l'oncle servant d'interprète entre les deux : gênant un peu quand même et surtout les valeurs extrêmement codifiées chez la sicilienne qui n'envisage pour seul avenir que la maternité mais plutôt sans le père dont la place est dans la rue
L'expatrié qui étouffe se sent définitivement coincé dans ce pays qu'il ne comprend pas . Conte tristounet

Une invitation à dîner... le banquet en fait a des similitudes avec la « la grande bouffe »La grande abbuffata d'abord parce-qu'il y a des italiens Marcello Mastroianni Ugo Tognazzi Michel Piccoli (bon d'accord ...mais son père est du Tessin donc pratiquement italien) ensuite c'est vraiment un repas pantagruélique que partage une famille sicilienne de huit frères et soeurs de stature ogresse avec un invité petit avorton qui ne sait pas ce que manger veut dire
Un certain concept de la « teuf » pour laquelle il faut être taillé Un conte un peu moins morose et même plutôt sympathique... sauf pour l'avorton

Dans tous ces contes on note la grande pauvreté des personnages soit par un réel manque d'argent du a un travail peu rémunéré voire inexistant soit par avarice ou frugalité , un carcan social très archaïque et figé dans les temps très hiérarchisé les hommes sur les femmes et les forts sur les faibles les personnages n'ont pas d'échappatoires et on comprend mieux l'immigration massive des italiens et surtout siciliens vers les Amériques et leur pugnacité de gagner coûte que coûte leur place au soleil
Enfin la terre de Sicile est un pays de contrastes extravagants et de grande violence
On a l'impression que chaque geste doit être empreint de fermeté et que la douleur soit inévitable avec des excès épouvantable La Sicile est une terre de douleur
Pirandello a su très bien la cerner et la rendre toutefois émouvante
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Où un jeune prêtre défroqué regarde l'herbe pousser ;

Où Dom Ravana cherche à contourner les prescriptions de son médecin mais son sacristain veille à ce qu'il consomme du bouillon (ou du moins essaye) ;

Où les fils partis au loin sont parfois ingrats ;

Où un marin norvégien échoue dans un petit port sicilien ;

Où les invitations à dîner de la fratrie Borgianni sont pour le moins redoutables.


L'incipit

« - Et vous aviez pris tous les ordres ?

- Non, pas tous. Je n'étais arrivé qu'au sous-diaconat.

- Ah, ah ! Vous étiez sous-diacre … Et que fait un sous-diacre ? »


Comment en suis-je arrivée là ?


Je connaissais Six personnages en quête d'auteur (du théâtre), mais j'ignorais que Pirandello avait écrit beaucoup de nouvelles … et celle-ci sont publiées chez Gallimard, dans la collection « L'imaginaire » dont j'aime beaucoup les choix éditoriaux.


De quoi s'agit-il ?


Difficile de résumer l'intrigue d'un recueil de nouvelles ; on peut néanmoins dire que celles-ci concernent toutes la Sicile au début du XXe siècle, ses fatalismes, ses tempéraments entiers et impulsifs, ses superstitions, le poids encore prégnant de l'Eglise, ses brigands qui battent la campagne, son émigration, ses paysages et sa pauvreté enracinée.


La citation


« N'avoir plus conscience d'être, comme une pierre, comme une plante ; ne plus même se rappeler son nom ; vivre pour vivre sans savoir qu'on vit, comme les bêtes, sans passions, sans désirs, sans mémoire, sans idées, sans rien qui donne encore un sens, une valeur à la vie. Etendu sur l'herbe, les mains croisées derrière la nuque, regarder dans le bleu du ciel la blancheur aveuglante des nuages, gonflés de soleil ; écouter le vent comme un bruit de mer dans les châtaigniers, et dans la voix du vent, dans cette rumeur marine percevoir, comme venue d'une infinie distance, la vanité de tout, l'angoisse et le poids mortel de l'existence. » (p. 20)


Ce que j'en ai pensé :


Ce mois italien prend de plus en plus l'allure d'un mois sicilien ! Je n'avais jamais remarqué la densité ded grands auteurs issus de cette grande île …

Je redoutais en revanche les nouvelles, que je ne goûte d'ordinaire pas particulièrement – quoique j'idolâtre Buzzati. Mais en fait Pirandello a véritablement le sens de la nouvelle.


Ce qui est frappant et particulièrement intéressant, c'est la manière dont Pirandello multiplie les points de vue des différents personnages, en démontrant la relativité – très frappante dans « L'autre fils ».


Les personnages ont donc une véritable épaisseur, ainsi de l'oncle bourru qui est vice-consul de Suède, ou encore de Lars, support d'une belle réflexion sur l'étranger qui souligne encore un peu plus la fermeture de la société sicilienne. Un bien joli recueil, plein d'humanisme … et d'ironie.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Une poésie nostalgico-humoristique, et au final une poésie tendre. Belle écriture et belle lecture.
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« En même temps que quelques échantillons du vérisme si particulier de Pirandello – un vérisme qui s'évanouit dans un humour auquel il emprunte sa poésie –, ce qu'on trouvera dans ce recueil, à travers la variété des images et du ton, c'est l'atmosphère et comme la sensation charnelle de cette « Vieille Sicile », base solide et point de départ de toute l'oeuvre pirandellienne. »
Benjamin CREMIEUX (PREFACE)
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
O ambition des hommes ! Quels cris de victoire parce que l'homme s'est mis à voler comme un petit oiseau ! Mais regardez voler un oiseau : quelle facilité native, légère, que des trilles joyeux accompagnent spontanément... Comparez ce vol au monstrueux appareil qui vrombit, à l'anxiété, à l'angoisse mortelle de l'homme qui veut faire l'oiseau ! Ici, un envol et un chant ; là un moteur pétaradant et puant, et la mort aux aguets. Une panne, le moteur s'arrête ; adieu bel oiseau !


Chante-L'Épître
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N’avoir plus conscience d’être, comme une pierre, comme une plante ; ne plus même se rappeler son nom ; vivre pour vivre sans savoir qu’on vit, comme les bêtes, sans passions, sans désirs, sans mémoire, sans idées, sans rien qui donne encore un sens, une valeur à la vie. Etendu sur l’herbe, les mains croisées derrière la nuque, regarder dans le bleu du ciel la blancheur aveuglante des nuages, gonflés de soleil ; écouter le vent comme un bruit de mer dans les châtaigniers, et dans la voix du vent, dans cette rumeur marine percevoir, comme venue d’une infinie distance, la vanité de tout, l’angoisse et le poids mortel de l’existence.
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"Toutes les illusions, toutes les déceptions, les douleurs et les joies, les espoirs et les désirs des hommes lui paraissaient vains et transitoires comparés au sentiment qui s'exhalait des choses, - des choses qui ne changent pas et survivent aux sentiments, impassibles.
Les gestes humains au milieu de l'éternité de la nature lui semblaient pareils aux jeux des nuages. Pour s'en convaincre, il suffisait de regarder, au-delà, au loin, les montagnes s'effacer à l'horizon toutes légères dans les vapeurs roses du couchant.
ô ambition des hommes! Quels cris de victoire parce que l'homme s'est mis à voler comme un petit oiseau : quelle facilité native, légère, que des trilles joyeux accompagnent spontanément.... comparez ce vol au monstrueux appareil qui vrombit, à l'anxiété, à l'angoisse mortelle de l'homme qui veut faire l'oiseau! Ici un envol et un chant ; là un moteur pétaradant et puant, et la mort aux aguets. Une panne, le moteur s'arrête : adieu, bel oiseau ! " page 21
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Vous ne voyez pas ce qu’il y a de risible là-dedans ? Mais si vous aviez été, sur la place du village, toute bruissante de feuilles sèches, tandis que les nuages jouaient à cache-cache avec le soleil, si vous aviez assisté à ce dialogue entre le vieux docteur Fanti et Tommasino Unzio, revenu quelques jours plus tôt, sans soutane, du séminaire, ayant perdu la foi, si vous aviez vu le docteur plisser son visage de faune, vous auriez fait comme tous les désœuvrés du village, assis en cercle devant la pharmacie de l’hospice, vous auriez détourné la tête et pincé les lèvres pour ne pas éclater de rire.
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"Il y a cent mille façons de perdre la foi. En général, celui qui la perd est convaincu, pendant quelque temps tout au moins, qu'il a gagné quelque chose au change, ne fût-ce que la liberté de dire ou de faire certaines choses qui, jusque là, ne lui paraissaient pas compatibles avec la religion.
Mais quand on n'est pas détourné de sa croyance par la violence des appétits terrestres, mais parce le calice de l'autel et la fontaine d'eau bénite ne suffisent plus à désaltérer votre âme, ni à l'apaiser, on se persuade moins facilement qu'on a gagné quelque chose au change. C'est tout au plus si, pour ne pas regretter ce qu'on a perdu, on réussit à se persuader qu'en définitive on a renoncé à une chose sans aucune valeur." page 18
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Vidéo de Luigi Pirandello
Dans ce film, la romancière et critique littéraire italienne Daria Galateria et l'auteur et traducteur Jean-Luc Nardone, présentent le roman "Les Dix mille mulets" de Salvatore Maira à paraître le 2 juin 2021.
Sicile, 1949. le jeune éleveur de bétail Pepino Maiorana vient d'obtenir un marché mirifique : fournir dix mille mulets à la Grèce pour solder la dette de guerre de l'Italie. Il devra trouver les bêtes dans toute l'île, les conduire à Messine, les soumettre à une commission et les embarquer pour le Pirée, cent cinquante à la fois, en anticipant les dépenses avec de l'argent qu'il ne possède pas. Pepino doit faire face en outre à deux obstacles majeurs : sa famille et la mafia. Mais il continue obstinément, zigzaguant entre les doutes et les menaces, convaincu qu'il tient là l'occasion de sa vie. Il trouvera un allié inattendu dans un singulier commissaire de police, Giulio Saitta, l'autre personnage central du roman qui, marqué par l'assassinat de son épouse, nourrit son désir de vengeance. Son enquête fait apparaître les puissances politiques, religieuses et mafieuses qui, dans l'ombre, intriguent pour mettre la main sur l'Italie. L'aventure individuelle de Pepino se fond ainsi dans l'histoire générale d'une Italie qui s'efforce de renaître et ne s'est pas débarrassée des forces maléfiques de la Seconde Guerre mondiale. "Les dix mille mulets" est une épopée populaire tragi-comique qui mêle faits historiques réels et intrigue romanesque, dans laquelle on croise toute une foule de personnages désespérés, comiques, solitaires, qui essaient avec autant d'énergie que d'imagination, et sans trop de scrupules, de se réinventer une existence sur les décombres de la guerre. C'est aussi un roman choral qui recrée une Sicile disparue, à la fois séduisante et impitoyable, tragique et incroyablement vivante.
Salvatore Maira, né à San Cataldo en Sicile en 1947, a enseigné le cinéma à l'université La Sapienza à Rome. Il est l'auteur d'essais sur le théâtre baroque, sur la relation entre le cinéma et la littérature, sur Pirandello et Verga. Il a écrit et réalisé des longs métrages reconnus dans de nombreux festivals internationaux : "Valzer", par exemple, conçu avec un unique plan séquence a reçu le prix Pasinetti à la 64e Mostra de Venise. Il est également l'auteur d'un deuxième roman "Ero straniero" (2019).
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