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Bernard Turle (Traducteur)
EAN : 9782757805565
768 pages
Points (28/08/2008)
3.75/5   22 notes
Résumé :
Peter Ackroyd se penche sur la vie et l'œuvre du plus célèbre des auteurs anglais. La proximité de Shakespeare avec les comédiens, son amour du théâtre, son rapport au Londres violent et sordide du XVIe siècle, à la religion et à la hiérarchie sociale, donnent naissance à une œuvre somptueuse. Une biographie passionnante qui est à la fois le portrait d'un pays, d'une époque et d'un écrivain de génie.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Il était temps que je lise cette biographie de Shakespeare qui fait référence. Et ce fut un grand plaisir pour moi de me plonger dans ce livre, autant pour ce qu'on découvre sur Shakespeare que sur le monde du théâtre sous le règne d'Elizabeth Ière et du roi James (je n'arrive pas à l'appeler Jacques), les deux souverains pour lesquels Shakespeare et sa troupe jouèrent. Peter Ackroyd ne fait pas semblant de savoir quand il n'a pas de certitude. Il nous explique ce qui est probable, en démontrant pourquoi ça l'est. J'ai donc appris que Shakespeare fut probablement clerc de notaire, qu'Anne Hathaway, sa femme, avait huit ans de plus que lui, ce qui était rare à l'époque et qu'il quitta femme et enfants pour se plonger corps et âme dans le théâtre, à Londres. Il revînt tout de même régulièrement les voir dans sa ville natale de Stratford. Huit années semblent particulièrement difficiles à combler pour ses biographes, celles entre sa vingtième et sa vingt-huitième année. Et si Shakespeare reste un mystère, c'est parce que ses contemporains ne se sont pas intéressés à sa vie et ne nous renseignent donc pas.
A lire cette biographie, on se rend compte que si Shakespeare doit sa notoriété à son talent, il a sans doute aussi bénéficié de naître au bon moment au bon endroit. le théâtre se développait à Londres comme nulle part ailleurs en cette fin de seizième et début de dix-septième siècle.
Il y avait deux hommes en Shakespeare, l'homme d'affaire de Straford, usurier à ses heures, et le dramaturge, acteur et propriétaire de théâtre de Londres. Il mourut d'ailleurs à l'abri du besoin. L'homme de Stratford tenait beaucoup aux apparences et se battit pour obtenir un blason, comme son père l'avait fait avant lui. C'était apparemment une obsession à l'époque.

Chaque oeuvre de Shakespeare est mentionnée et éclairée en mettant en relation le texte et le contexte lorsqu'il y a un lien. J'ai trouvé les passages concernant les oeuvres que j'avais lues passionnants. Je vais prendre un exemple en me penchant sur ce qu'Ackroyd dit concernant Peines d'amours perdues, que j'allais lire juste après cette biographie, et qui reste une énigme. Cette pièce est écrite dans un style artificiel, proche de celui de sa poésie. C'est celle qui comporte le plus de rimes. Ackroyd dit que c'est un opéra-bouffe avant la lettre, extravagant, riche et inventif. Pour Ackroyd, c'est l'une des pièces les plus brillantes jamais écrites qui repose sur la symétrie et qui est très structurée. Cette pièce comporte des références aux campagnes militaires du comte d'Essex. Comme La Tempête et Songe d'une nuit d'été, elle ne provient d'aucune autre source alors que Shakespeare trouvait souvent son inspiration chez d'autres auteurs. Ackroyd fait remarquer que la plupart des pièces Shakespeariennes commencent in media res, c'est-à-dire comme si la conversation était déjà commencée avant le lever de rideau.
J'ai aimé qu'Ackroyd cite les vers extraits de Roméo et Juliette que je fais apprendre à mes élèves et qui sont pour moi le summum de l'art (mais vraiment en français, ça perd de son charme). Mais Ackroyd rappelle que c'est aussi le plus salace des auteurs élizabéthains.
Je ne savais pas que la division des pièces en actes et en scènes datait de 1609, quand on passa du théâtre d'extérieur à celui d'intérieur, les interludes musicaux gagnant alors en importance.

coeursJ'ai donc beaucoup appris sans m'ennuyer et c'est un livre qui devient pour moi un incontournable de ma bibliothèque.
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Il n'est pas question, en quelques lignes, de résumer la vie de William Shakespeare (1564-1616), célèbre dramaturge anglais, homme énigmatique sur lequel circulent de nombreux récits, plus ou moins avérés, et que l'absence de documents historiques ne permet pas d'affirmer ou d'infirmer. Peter Ackroyd, né à Londres en 1949, ajoute sa pierre à un édifice déjà imposant. Il ne craint pas de la sous-titrer, sans modestie aucune, "LA biographie" et on serait bien en peine de vérifier cette allégation devant la masse impressionnante de textes ayant été consacré à cet auteur majeur du panthéon britannique. de même qu'il se qualifie d'amateur enthousiaste plutôt que spécialiste, nous n'hésiterons pas à nous définir un lecteur presque néophyte de Shakespeare. Si la biographie recèle des erreurs historiques ou littéraires, il nous est difficile de l'affirmer. Ce qui est par contre certain, c'est qu'elle offre un plaisir de lecture rarement atteint par ce genre d'ouvrages. Cela tient à la puissante faculté créatrice d'Ackroyd, qui n'est jamais si convaincant que lorsqu'il nous entraîne dans le tourbillon londonien, au coeur même de la capitale où se joue la réputation de Shakespeare. Auteur d'une "biographie" de référence sur Londres, Ackroyd connaît son sujet sur le bout des doigts et on le suit avec plaisir, sur les pas du dramaturge, dans les quartiers mal famés ou les théâtres en plein air, chez les imprimeurs et libraires ou dans le palais royal, tous lieux qui furent sources d'inspiration et de représentation.

Un autre point frappant de l'écriture d'Ackroyd, c'est une sorte de pragmatisme de bon aloi, qui fait pendant à celui de Shakespeare lui-même, constamment présenté comme un homme de théâtre dans la plus parfaite acception du terme, conscient des enjeux et des moyens de la scène, écrivant et retouchant sans cesse, en fonction des aléas de la représentation ou des acteurs présents autour de lui. Dans l'écheveau des nombreuses hypothèses courant sur la personne de Shakespeare, des plus intimes (était-il homosexuel, comme le laisseraient entendre certains des fameux sonnets qui lui conférèrent un statut enviable de poète? mourut-il papiste, défenseur de l'ancienne religion, dans laquelle il fut visiblement élevé?) aux plus professionnelles (était-il un regrettable plagiaire, comme l'accusait Ben Jonson? travailla-t-il en collaboration, au grand dam des fervents défenseurs du génie unique de Shakespeare? fut-il usurier, comble de l'infâmie pour notre société ultra mercantile et si scrupuleuse sur les questions d'argent?), Peter Ackroyd tranche intelligemment, écartant les solutions absurdes, en rupture avec les habitudes de l'époque, restituant ainsi à l'auteur une cohérence souvent mise à mal par les versions contradictoires ayant envahi les études shakespeariennes.

En quatre-vingt-onze chapitres, eux-mêmes répartis en neuf parties qui essaient d'articuler les grands moments de la vie de l'écrivain, Peter Ackroyd nous fait toucher du doigt l'énigme Shakespeare, sans la dénaturer, ni l'auréoler d'un voile de gloire opaque. Un homme, par-delà les siècles, continue de faire entendre sa voix, par l'écho amplifié et démultiplié de ses personnages, fragments brisés d'une pensée autrefois unie en un seul corps.
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Des pièces de théâtre et aussi des sonnets, destinés à être, pour beaucoup d'entre eux, le théorème de Fermat de l'interprétation et de la traduction;
Des sonnets qui parlent d'amour - l'un d'eux le 40 (ils n'ont pas de titre) répète le mot love dix fois en quatorze vers, et la tentation pour beaucoup est grande de substituer -lors des traductions - d'autres mots qu‘amour, mais ce garçon qui possédait le langage le plus étendu que nous offre la littérature était-il à cours de synonymes, vraiment ? Ou bien….
L'amour, il le connait aussi bien que Tirésias; il partage sentiments et peut être davantage avec son master-mistress of my passion (20)
Ils évoquent le Temps, toujours avec une majuscule, ennemi de la jeunesse et de la beauté qu'il transforme en âge et en mort;
Ils ont du rythme, des allitérations - souvent multiples :

If I lose thee, my loss is my love's gain,
And losing her, my friend hath found that loss; (42)

Ils parlent des gens que l'on aime, de ceux que l'on aime pas

For I must ne'er love him whom thou dost hate. (89)

On dit même la jalousie

Tell me thou lovest elsewhere, but in my sight,

Dear heart, forbear to glance thine eye aside (139)

Et puis toujours des questions d'identité, être soi, être un autre, être les autres, ne pas être du tout,

Make thee another self (10)

Tout cela, et bien d'autres choses dans environ 17 000 mots - ce qui correspond à une cinquantaine de pages du roman de l'été ou de l'automne primé.
l'humour n'est jamais absent

These poor rude lines of thy deceased lover,

Compare them with the bettering of the time, (32)

Il m'arrive de me demander si à côté de la sincérité, il n'y a pas un défi à lui-même, à nous, lecteurs effarés….et tellement admiratifs.

Will, I will fill the will of your will
and my wills will fullfill the will of my Billie

Ces deux lignes - pardon, William - c'est moi.

On s'installe confortablement par ce que l'on va essayer encore de traduire la sonnet 135 et il y faudra beaucoup d'alcools très forts, des single malt en écoutant les babillements des mégères apprivoisées, à moins que l'on choisisse comme Vasile Voiculescu de proposer une traduction des derniers sonnets imaginaires de Shakespeare, en ombres j'ai traduit ta céleste lumière*.

Je n'ai traduit aucun des vers, je garde mes grotesques propositions à l'abri de son regard; on peut trouver des milliers de traductions, et que chacun choisisse…

*Vasile Voiculescu les derniers sonnets de Shakespeare traduction imaginaire tr. Paul Miclau éd. Paralela 45
© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Un mot sur la couverture : Au dos de ce tableau connu sous le nom de Portrait Grafton figure l'inscription W+S. "Quant à la possibilité qu'il représente Shakespeare, on parlerait de voeu pieux... si l'on ne remarquait une ressemblance étonnante avec la gravure qui représente Shakespeare âgé dans le Premier Folio. La bouche et la mâchoire, l'arête du nez, les yeux en amande, tout y est. L'expression est identique, aussi. (...) On a prétendu que (...). Cependant (...) . En tout cas, l'hypothèse est enthousiasmante."


Après celle de Bill Bryson, voici (encore? ^_^) une biographie de Shakespeare, mais face à un tel homme, quantité ne nuit pas. Cette fois 700 pages écrites assez petit (mais agréables à lire, et découpées en multiples chapitres) apprennent (ou rappellent) quasiment tout au lecteur. le passage cité précédemment est un exemple parmi de nombreux du regard d'Ackroyd sur les sources et documents : les citer, les discuter, peser le pour et le contre, ne pas toujours conclure mais si oui, avec bon sens.
En effet des zones d'ombre demeurent parfois sur la localisation exacte de Shakespeare au cours de sa vie (Stratford? Londres?) , ses motivations, ses opinions religieuses (catholique caché ou pas?) et même ses oeuvres (écrites seul? en commun?)
Quoiqu'il en soit, Ackroyd fait montre d'une admiration sans bornes pour le génie de Shakespeare, tout en mettant l'accent sur son pragmatisme au cours de sa vie. Vie relativement longue pour l'époque (52 ans). Dans ce copieux volume (et pour 13,40€!) le lecteur sera plongé dans la vie quotidienne au tournant des 16ème et 17ème siècle, dans la campagne anglaise, et à Londres, où sévit régulièrement la peste. Il partagera le quotidien d'acteurs (Shakespeare était aussi acteur) de l'époque, attachés à un haut personnage, voire au roi. Shakespeare écrivait rapidement, souvent utilisant des sources qu'il transformait, et reprenait ses pièces au fil du temps; contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, elles n'étaient pas imprimées au fur et à mesure sous son nom, on les jouait, voilà. le physique ou le talent d'un comédien pouvait amener une mise en scène précise. Les théâtres n'étaient pas toujours couverts, les spectateurs s'y pressaient (ils pouvaient manger, ou être sur la scène même).

Bien évidemment cette biographie est un incontournable (celle de Dickens par Ackroyd était déjà assez monumentale) et comme je l'ai lue avant et après avoir assisté à une représentation de Henri VI (enfin, la moitié, mais ça faisait déjà 8 heures) elle a pris tout son sel. Oui, Shakespeare, c'est un mélange de comédie burlesque, de tragédie, on monologue pas mal ... Pour Henri VI, mon grand étonnement (et plaisir de me raccrocher enfin à du connu) fut de découvrir qu'une partie se déroule en France, avec du Jeanne d'Arc inside! (elle meurt pareil). Grâce au talent des comédiens et à la mise en scène, ne rien connaître de la royauté anglaise n'était pas gênant et les heures sont passées comme un rêve.

Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le caractère apparemment ordinaire des hommes et des femmes extraordinaires est l'un des derniers tabous de la littérature autobiographique. Il ne serait apparemment pas acceptable de reconnaitre que 90 pour cent d'une existence, quelque exceptionnelle ou merveilleuse la destinée, est en elle-même banale, sans grand intérêt, ne se distingue en rien de la vie de tout un chacun. Mais il faut accepter plus encore. Le comportement et la conversation de la plupart des écrivains, des hommes politiques, des philosophes, ne sont jamais plus qu'ordinaire et prévisibles. Rien ne les distingue vraiment du reste de l'humanité, à l'exception de quelque action ou production inhabituelles.
Page 179
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Nous savons ce que nous sommes mais nous ne savons pas ce que nous pouvons être.
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Videos de Peter Ackroyd (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Peter Ackroyd
Avec ce conte gothique de l?Angleterre victorienne, son réalisateur nous parle des monstres humains.
Adapté du roman Dan Leno and the Limehouse Golem de Peter Ackroyd (1994), présenté au Festival de Toronto et au festival du film policier de Beaune 2017 où il a remporté le Prix du Jury spécial police, The Limehouse Golem ou Golem, le tueur de Londres sort le 23 janvier 2018 en VOD. Nous avions rencontré son réalisateur, Juan Carlos Medina, en avril dernier.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Littérature dramatique anglaise (128)
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