Des pièces de théâtre et aussi des
sonnets, destinés à être, pour beaucoup d'entre eux, le théorème de Fermat de l'interprétation et de la traduction;
Des
sonnets qui parlent d'amour - l'un d'eux le 40 (ils n'ont pas de titre) répète le mot love dix fois en quatorze vers, et la tentation pour beaucoup est grande de substituer -lors des traductions - d'autres mots qu‘amour, mais ce garçon qui possédait le langage le plus étendu que nous offre la littérature était-il à cours de synonymes, vraiment ? Ou bien….
L'amour, il le connait aussi bien que Tirésias; il partage sentiments et peut être davantage avec son master-mistress of my passion (20)
Ils évoquent le Temps, toujours avec une majuscule, ennemi de la jeunesse et de la beauté qu'il transforme en âge et en mort;
Ils ont du rythme, des allitérations - souvent multiples :
If I lose thee, my loss is my love's gain,
And losing her, my friend hath found that loss; (42)
Ils parlent des gens que l'on aime, de ceux que l'on aime pas
For I must ne'er love him whom thou dost hate. (89)
On dit même la jalousie
Tell me thou lovest elsewhere, but in my sight,
Dear heart, forbear to glance thine eye aside (139)
Et puis toujours des questions d'identité, être soi, être un autre, être les autres, ne pas être du tout,
Make thee another self (10)
Tout cela, et bien d'autres choses dans environ 17 000 mots - ce qui correspond à une cinquantaine de pages du roman de l'été ou de l'automne primé.
l'humour n'est jamais absent
These poor rude lines of thy deceased lover,
Compare them with the bettering of the time, (32)
Il m'arrive de me demander si à côté de la sincérité, il n'y a pas un défi à lui-même, à nous, lecteurs effarés….et tellement admiratifs.
Will, I will fill the will of your will
and my wills will fullfill the will of my Billie
Ces deux lignes - pardon, William - c'est moi.
On s'installe confortablement par ce que l'on va essayer encore de traduire la sonnet 135 et il y faudra beaucoup d'alcools très forts, des single malt en écoutant les babillements des mégères apprivoisées, à moins que l'on choisisse comme
Vasile Voiculescu de proposer une traduction des derniers
sonnets imaginaires de
Shakespeare, en ombres j'ai traduit ta céleste lumière*.
Je n'ai traduit aucun des vers, je garde mes grotesques propositions à l'abri de son regard; on peut trouver des milliers de traductions, et que chacun choisisse…
*
Vasile Voiculescu les derniers
sonnets de
Shakespeare traduction imaginaire tr. Paul Miclau éd. Paralela 45
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