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EAN : 9782246786245
192 pages
Grasset (30/01/2013)
3.41/5   17 notes
Résumé :
Le mère de la narratrice, qui fut dans le Berlin de l'immédiat après-guerre une femme engagée, est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Elle oublie le passé proche, mais les images de la petite enfance reviennent. En parallèle, sa fille Evelyne décide enfin de vider l'appartement où sa mère n'habitera plus. Le départ de cet immeuble de la porte de Champerret, ce lieu des lisières, provoque en elle une montée de souvenirs.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Après avoir écrit les biographies des épouses de grands auteurs telles que Madame Zola ou Madame Proust, c'est sa propre histoire que nous livre Evelyne Bloch-Dano dans son récit autobiographique Porte de Champerret.
A la fois architecte et géographe de son quartier et de sa mémoire, elle s'impose glorieusement avec un style très fluide, rythmé, sans fioriture ni superflu.

Elle nous guide en effet à travers le quartier de son enfance et associe à chaque image un souvenir, plus ou moins net, plus ou moins précis. Elle nous raconte l'histoire de ses parents, leur rencontre, juste après la guerre, leur silence sur leur religion, sur les nombreux proches disparus dans les camps.

Elle nous décrit aussi la maladie de sa mère, sa mémoire qui s'efface, sa santé qui diminue. Elle explique clairement que l'écriture de ce livre est une thérapie de deuil, qu'elle entend faire entrer l'appartement dans un livre pour le faire sortir de sa vie. Mais ce deuil matériel masque très grossièrement un autre deuil, bien plus fort, et bien plus dur. D'un côté, celui de son enfance, mais aussi celui de sa mère, qui disparait peu à peu de ce monde à mesure que sa mémoire s'efface…

C'est un livre très sombre, presque noir, et pourtant on ne peut s'empêcher de garder, au fil de la lecture, un sourire. Un sourire d'enfant quand l'auteur nous décrit ses peurs enfantines, ce loup qui, de toute façon, ne pourrait pas entrer dans l'appartement car « il n'atteindrait jamais la sonnette ». Oui bien cette hantise des bras plâtrés qui sont vides à l'intérieur. Un sourire plus nostalgique quand elle se rappelle des histoires que lui racontaient son père avant d'aller dormir.

Lorsque l'auteur évoque la difficulté de l'écriture, c'est pour terminer un chapitre sur l'impossibilité d'apposer le mot ‘fin'. Et nous ne sommes finalement pas surpris de trouver en suivant deux autres chapitres, qui semblent être en fait une ultime embellie, semblable à celle qui redonne de l'éclat au regard de sa mère.
Tenant la main de l'auteur, tantôt petite fille, tantôt adolescente, tantôt femme en deuil, nous visitons le quartier de la porte de Champerret, ses halls d'immeubles, ses commerces, ses ruelles, ses squares. Et à chaque emplacement se trouve un souvenir. Et comme dans une chasse au trésor, nous courons, hors d'haleine, d'un indice à l'autre, pour revenir, évidemment, à notre point de départ. Mais cette fois ci, si nous sommes bien dans ce même appartement de la rue Jean Moréas, nous y sommes dans le futur. L'appartement se vide sous nos yeux, les meubles sont vendus, les lettres classées, intactes.

C'est un récit très visuel que nous livre Evelyne Bloch-Dano. La lecture nous procure l'agréable sentiment de parcourir un album photo. Elle en commente certaines, passe très vite sur d'autres, elle peine à voiler son émotion lorsqu'elle tombe sur des photos qui s'étaient perdues ou que l'on avait voulu oublier, puis elle prend soin de les recoller au bon endroit.

Elle décrit avec entrain le Paris d'après-guerre, sous le prisme du couple de ses parents, deux jeunes juifs qui se rencontrent au cours d'un bal de société. L'auteur semble vouer à ses parents une grande admiration qu'elle rend, encore une fois, avec brio. Et si elle se trouve dépourvue devant l'image de sa mère malade et celles qu'elle retrouve dans ses souvenirs, si parfois elle peut sembler un peu violente dans ses descriptions, le lecteur comprend très vite que cette violence n'est en rien dirigée contre sa mère, mais seulement contre l'injustice, et l'impuissance face à la maladie.

L'auteur nous transporte avec douceur à travers l'espace, à travers le temps. Les mots sont toujours bien trouvés, les sentiments toujours parfaitement décrits.

Le lecteur partage très aisément ses craintes d'enfants, autant que ses craintes d'adultes. On ne peut lui en vouloir de trouver sa pauvre mère injuste, de lui reprocher sans mot de ne pas se rappeler d'elle. Et même si l'idée de faire le deuil d'un être vivant peut parfois heurter notre bon sens, on comprend très vite que ce n'est qu'une façon de formuler, de préparer ce qui est inéluctable. Et tout est si doux, tout est si simple dans ce récit que l'écriture semble devenir la plus belle façon de faire deuil.
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De ce livre à l'écriture impersonnelle qui ne restera pas dans les annales de la mémoire littéraire je ne retiendrai que deux ou trois choses : le devoir de mémoire vis-à-vis des siens (et parfois à leur place quand la leur s'estompe peu à peu) et vis-à-vis de ses origines juives, les évocations des écrivains qui ont vécu dans le quartier (Proust, Colette), et la souffrance de voir sa mère disparaître peu à peu dans ce trou noir qu'est la maladie d'Alzheimer.
Ce texte quelquefois émouvant, avec des réflexions qui portent, est un peu lassant de par sa banalité stylistique, et heureusement très court. N'est pas Robert Sabatier qui veut, et les livres qui traitent des souvenirs d'enfance et de l'absence de parents encore vivants commencent à être légion.
Vite lu, vite oublié, ce livre ne me marquera pas plus que cela.
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Touche par touche, l'auteur retrouve ses origines dans l'appartement familial qu'elle doit vider. Des retrouvailles avec la petite fille qu'elle a été, avec son imaginaire, son statut de fille d'un père adoré et d'une mère moins aimante. Et rechercher dans le passé où la mort a emporté les siens dont on ne parle jamais et dont on ne parlera pas puisque la maladie force l'oubli. Un livre pour ne pas oublier, pour garder la mémoire, pour rendre hommage à des êtres chers connus ou inconnus. Un tout petit livre puissant et émouvant.
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Bouleversant ! Je pense que le moment était venu pour moi de lire ce témoignage consacré à ses parents... Que d'échos avec ce que je vis actuellement ! Je n'arrive même pas à trouver les mots pour dire ce que cette lecture m'évoque
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Ayant beaucoup arpenté les boulevards des Maréchaux, et y ayant même vécu, je ne pouvais qu'être attirée par ce titre. Et j'ai été touchée par la manière qu'a l'autrice de mêler souvenirs d'enfance, histoire urbaine, grande Histoire, passé familial... pour finalement parvenir à décrire la manière dont se tisse l'attachement à un lieu, équilibre subtil entre de multiples influences.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les scénarios compliqués que j'élaborais aboutissaient tous à la même conclusion: le loup ne pouvait pas pénétrer dans l'appartement. Exemple: il entre dans l'immeuble profitant incognito, de la porte ouverte par un locataire. Il passe à quatre pattes devant la loge de Madame Molinari, la concierge, qui ne le voit pas. Il ne sait pas prendre l'ascenseur. Il grimpe l'escalier. Premier, deuxième, troisième... il arrive au quatrième étage. Et là miracle il ne peut pas rentrer car 1)la porte est fermée 2) il n'est pas assez grand pour sonner. Ce dernier argument était le seul capable de me rassurer. Le loup, de la taille d'un chien, n'atteindrait jamais la sonnette.
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Dans l'appartement de Champerret, je me retrouve au coeur de mon quartier profond, ma boussole intérieure ne s'y trompe pas, mais je sais aussi que je dois apprendre à me séparer. J'ai commencé ce livre avec la pensée que tout coïnciderait: l'appartement, ma mère. J'écris lentement, effaçant des paragraphes, relisant sans cesse au lieu d'aller de l'avant. Un travail de Pénélope. Mais dans cette histoire je suis à la fois Ulysse et Pénélope. Il faudra bien finir par arriver au port, et achever la tapisserie, écrire le mot "fin"
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Avec les années, la maison de retraite m'est devenue familière, et les résidents aussi. J'embrasse l'une, salue une autre, joue aux cartes avec un troisième. Je connais les noms, les pathologies, les habitudes de certains ; je vois s'ils ont bonne ou mauvaise mine. Quand l'un d'entre eux meurt, je remarque son absence, puis je l'oublie. On prend l'habitude du turnover du grand âge. On attend son tour. Maman est l'une des plus anciennes. Elle bat une sorte de record d'endurance, elle est la jeannie Longo de la maison. Elle les enterrera tous.
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La colère me submerge, une colère froide qui me rend muette, pèse sur mes épaules, une colère anesthésiante qui tue tout ce qui n'est pas cette culpabilité mêlée de ressentiment. Contre qui ? Contre quoi ? Je me connais assez pour savoir qu'elle incarne l'envers de mon chagrin, sa forme ultime. Une ruse de l'inconscient pour me masquer à moi-même le désespoir.
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Une angine m'apporta "Les Malheurs de Sophie". Ce fut le début de ma passion pour la Comtesse de Ségur. Persuadée que chaque livre n'existait qu'en un seul exemplaire, je décidai de le recopier au cas où il disparaîtrait. Bien entendu je ne menais pas mon entreprise à son terme mais ce fut la Comtesse de Ségur qui m'introduisit, des années plus tard, à la lecture des romans de Balzac et de Proust : le retour des personnages, la peinture sociale, l'analyse des entiments, l'art du récit, la justesse de la langue, on ne pouvait trouver meilleur apprentissage.
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Videos de Evelyne Bloch-Dano (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Evelyne Bloch-Dano
Retrouvez vos "Live Books" du seizième numéro saison 2 de Gérard Part En Live ici :
Les Bidochon T22 : Les Bidochon relancent leur couple de Binet aux éditions Dargaud https://www.lagriffenoire.com/1002032-achat-bd-les-bidochon---tome-22---les-bidochon-relancent-leur-couple.html
Où se cache Mickey aux éditions Hachette Jeunesse https://www.lagriffenoire.com/1002564-divers-jeunesse-mickey---ou-se-cache-mickey-.html
Les os des filles de Line Papin aux éditions Stock https://www.lagriffenoire.com/146805-divers-litterature-les-os-des-filles.html
Le fils de L?Usari de Xavier-Laurent Petit, Cyril Pommet et Isabelle Merlet aux éditions Rue de Sèvres https://www.lagriffenoire.com/147052-achat-bd-fils-de-l-ursari-bd-le.html
Mort par la France de Pat Perna, Nicolas Otéro aux éditions Les Arènes BD https://www.lagriffenoire.com/112865-achat-bd-morts-par-la-france.html
La tuerie de Nicolas Otéro, Laurent Galandon aux éditions Les Arènes BD https://www.lagriffenoire.com/1000376-achat-bd-la-tuerie.html
Bad Man de Dathan Auerbach aux éditions Belfond https://www.lagriffenoire.com/142091-nouveautes-polar-bad-man.html
Les délices de Tokyo de Durian Sukegawa aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/79237-divers-litterature-les-delices-de-tokyo.html
Le rêve de Ryôsuke de Durian Sukegawa aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/?fond=produit&id_produit=109362&id_rubrique=338
L?enfant et l?oiseau Durian Sukegawa aux éditions Albin Michel https://www.lagriffenoire.com/1001195-divers-litterature-l-enfant-et-l-oiseau.html
O Senseï de Edouard Cour aux éditions Akileos https://www.lagriffenoire.com/42701-bd-o-sensei.html
Madame Zola d?Evelyne Bloch-Dano aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/14853-poche-madame-zola.html
Madame Proust d?Evelyne Bloch-Dano aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/15018-poche-madame-proust.html
Le dernier amour de George Sand d?Evelyne Bloch-Dano aux éditions Livre de Poche https://www.lagriffenoire.com/7050-poche-le-dernier-amour-de-george-sand.html
Une jeunesse de Marcel Proust d?Evelyne Bloch-Dano aux éditions Livre de Poche 9782253091639
La fabuleuse histoire des légumes d?Evelyne Bloch-Dano aux éditions
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