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sur 1538 notes
Un roman qui s'écoute...

"Une chose n'a pas besoin d'exister pour rendre les gens heureux, pas vrai?"

La vieille tante Rosamond est décédée. A Gil, sa nièce, revient la charge de nettoyer la maison. Elle y découvre des cassettes et, dans l'une d'elle un bout de papier qui lui indique que ces dernières sont pour Imogen (sa petite cousine aveugle "disparue"). Si elle ne la retrouve pas, elle devra les écouter elle-même. Les recherches de Gil n'aboutissant à rien, elle décidera un soir, accompagnée de ses 2 filles, d'écouter les dites cassettes qui viennent commenter 20 photographies.

Ces 20 photographies soigneusement choisies par Rosamond retracent l'histoire de 3 femmes qui l'ont marquée au fer rouge. 3 destins intimement liés à elle, 3 générations : Beatrix, sa fille Théa et sa petite-fille Imogen (vous suivez ?). 3 descendances qui traînent le même désamour familial de mère en fille, ce même rendez-vous manqué entre mères et filles que Rosamond avait déjà constaté entre Béatrix et sa mère Ivy. A l'époque du Blitz ses parents l'avaient confié à cette tante "distante et inaccessible" habitant Warden Farm. Rosamond soulignera l'importance de cette non-relation par ces mots :

"Il me paraît essentiel de ne pas sous-estimer ce qu'on doit ressentir quand on se sait mal-aimé par sa mère. Par sa mère, celle qui vous a donné le jour ! C'est un sentiment qui ronge toute estime de soi et détruit les fondements mêmes d'un être. Après ça, il est difficile de devenir une personne à part entière."

Si Rosamond s'est évertuée dans ses dernières heures à retracer cette saga, l'histoire de ces femmes qu'elle a jalonné de la sienne, c'est pour léguer - elle l'espère - à Imogen son histoire, l'histoire de ses origines, de sa famille. Pour qu'elle comprenne que son existence était "profondément juste" dans ce chaos maternel.

De Coe, c'est le premier roman que je lis (jusqu'au bout devrais-je dire puisque j'ai mis en pause depuis un certain temps Testament à l'anglaise). Ce monsieur a un vrai talent pour rendre les sentiments, pour nous faire vivre l'histoire de ces femmes. C'est une écriture grave, un récit emprunt de mélancolie, de nostalgie, emprunt de regrets (ceux de Rosamond bien souvent qui porte en elle la culpabilité de ne pas s'être suffisamment battue pour garder Théa et la sauver de la relation destructrice avec sa mère). le procédé de la narration par le commentaire détaillé de photographies est très prenant, addictif. Il rend l'histoire vivante, bouleversante. On "écoute" et on voit.

Mais retenez bien ces mots de Rosamond : "Comme c'est trompeur, une photo. On dit que la mémoire nous joue des tours. Mais pas autant qu'une photo, selon moi."

Je repense à la fin et mon coeur se serre... J'aurais voulu encore, encore plus de photos, encore plus de cette voix de Rosamond mêlant sa propre histoire à celle de Beatrix, Théa et Imogen, j'aurais voulu que ça ne s'arrête pas comme ça.

C'est un coup de coeur... il s'en ressent d'ailleurs encore.
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L'air est pesant dès les premières pages. Les confessions de Rosamond sont oppressantes.Comme l'air saturé d'humidité avant qu'il ne pleuve....effectivement !
Sauf que ce n'est pas vraiment cette signification là si on s'en réfère au texte.
J'ai beaucoup aimé ce livre sans vouloir comprendre tout.
Car il est question de secrets terriblement lourds, de blessures d'enfance qui ne se referment pas, qui ne peuvent pas guérir.
Je n'avais qu'une hâte chaque soir :connaitre la suite , savoir s'il y aurait enfin à un moment donné une quelconque rédemption, un répit..
Je ne vous en dis pas plus .
Je suis heureuse d'avoir fermé la dernière page de ce livre et de me plonger dans quelque chose de plus léger.


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Jonathan COE. La pluie, avant qu'elle tombe.

Un roman très original, par son thème, par son écriture. Gill, épouse de Stephan, mère de Elisabeth et Catharine, apprend le décès de sa tante, Rosamond, à l'âge de soixante treize ans. Elle était malade et c'est le médecin traitant de Rosamond qui l'informe de cette mort. Les obsèques célébrées, l'ouverture du testament a lieu. Rosamond, célibataire, sans enfant, a divisé ses biens en trois parts égales, un tiers à Gill, sa nièce, un tiers à David, son neveu et le frère de Gill et le dernier tiers est pour Imogen. Qui est Imogen? Une lointaine cousine, plus jeune que les neveu et nièce de la légataire. Cette dernière a laissé quatre cassettes audio afin de permettre de retrouver cette jeune femme, vue pour la dernière fois, il y a vingt-trois ans , à l'anniversaire de Rosamond, pour ses cinquante ans. Qu'est devenue cette fillette, qui avait alors cinq, six ans et qui est aveugle ?

Gill et ses deux filles vont faire des recherches sur internet. Aucun résultat. Afin de nous conter sa vie, et les circonstances de sa rencontre avec Imogen, Rosamond a choisi vingt photographies, retraçant les principales étapes de son existence, mêlant sa vie familiale et les êtres qui ont gravité dans son univers. Elles vont donc écouter les confidences laissées par la tante et grand-tante pour retrouver leur lointaine cousine. Notre héroïne va dévoiler les secrets de sa rencontre avec la jeune femme recherchée. Mais que d'émotions, de sensibilité, d'amour…. Les photographies sont toutes décrites avec une précision minutieuse, l'attitude des personnages présents, la tenue vestimentaire revêtue pour l'occasion et le paysage, en arrière-plan, rien ne manque…. Les couleurs, en particulier les premières photos sont en noir et blanc, puis les couleurs apparaissent, plus ou moins délavées, déteintes. La première image date de 1938 ou 1939, ce n'est pas très clair dans l'esprit de Rosamond, elle n'a que six ans lorsque la deuxième guerre mondiale éclate et lors de l'enregistrement de ses mémoires, elle a plus de soixante-dix ans. Elle est décédée, âgée de soixante-treize ans…..

Petit à petit, nous avançons dans la narration et la description des étapes de la vie de Rosamond. Les couleurs apparaissent, plus ou moins vives, en fonction de la prise de vue, de l'angle, de la luminosité, de la saison, hiver , été, automne…. de plus, avec elle, nous sentons même l'odeur dégagée par la personne décrite, le feu de bois d'une tante, les odeurs de la campagne qui entourent l'oncle. Même le vent glisse sur nous, le soleil darde un rayon sur notre visage, la pluie nous atteint…. Des souvenirs visuels, olfactifs, gustatifs, tactiles, sonores nous frappent. Les images décrites s'animent sous notre regard et nous suivons la vie de cette famille, à la recherche du temps passé et perdu. A la lecture , nous pouvons composer la photographie. Un très bon roman que je recommande. Plongez avec délices dans cette univers suranné des années 1935 à 1983.
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Aujourd'hui je suis allée visiter le stade de la Beaujoire avec des apprentis. C'était génial!!! Non, je déconne. Juste avant de tomber dans le coma, j'ai pensé à Jonathan Coe. du coup, quand je me suis surprise à penser à lui, je me suis demandée pourquoi je pensais à lui (je pense beaucoup, hein?); j'ai donc fait ce petit jeu que j'adore et qui consiste à remonter le fil de ses pensées pour voir d'où ça vient qu'on pense à une flammekueche à 7h30 du mat' alors qu'on roule vers une visite d'entreprise... (votre défi, si vous l'acceptez sera de construire une phrase avec encore plus d'occurences du mot "penser").

Aujourd'hui, ça a donné : Beaujoire = foot = gradins = Heysel = Angleterre = Jonathan Coe. Voilà, simple cette fois-ci (je précise "cette fois-ci" parce que d'habitude, mes libres-associations pourraient réconcilier le père Onfray avec la psychanalyse.)

Je pensais donc à mon petit Jojo et à sa dette envers moi... Il me doit un roman tant son dernier m'a déçue. Oui, je sais, c'est comme pour le Cusset, "la pluie, avant qu'elle tombe" est LE chef-d'oeuvre de Coe, le "roman de la maturité" (ahahaha qu'elle est conne cette expression) mais moi... Moi je dis non...

J'ai découvert Coe en 1999, je suis passée à l'an 2000 dans les bras du "Testament à l'anglaise" et j'avais été sidérée alors par son inventivité narrative hors du commun, son talent inouï pour inscrire la petite histoire, l'intime dans la grande Histoire, dans la marche du monde. J'avais été emportée par ce souffle hors du commun. Cela s'était poursuivi avec "Bienvenue au Club" que j'avais A-DO-RE, et par le "Cercle Fermé" bien-sûr.

Un peu comme le Cusset, j'étais hystérique à la sortie en poche même si j'avoue que le foin fait autour du livre m'avait quelque peu agacée... Entendre parler de Coe comme la découverte de l'année alors qu'il pond des romans terribles depuis des années, j'ai du mal. Et puis, comme avec Kate Atkinson, quand un auteur trouve un large public, je suis heureuse pour lui mais je ressens un petite pointe de jalousie, j'ai l'impression qu'il m'échappe (c'est désespérant, je sais, mais depuis quand devons-nous être rationnels? )

Bref, "la Pluie", outre ce magnifique titre ben ... Ennui. Ennui. J'ai lu le texte de l'extérieur sans jamais être touchée par les personnages de cette histoire d'héritage. le mode de narration, ce commentaire photo par photo qui nous permet de construire le fil d'une histoire familiale habitée par la folie, m'a donné l'impression d'un étalage de savoir-faire : "t'as vu comme que j'suis original dans ma narration, t'as vu comment que je mérite mon titre de virtuose, hein?". Sauf que moi, j'ai trouvé que les départs de ces longs monologues étaient toujours artificiels et que chaque nouvelle lettre me demandait de RE-rentrer dans l'histoire après un nouveau départ poussif...

Le fait que je ne me sois attachée à aucun personnage n'a pas arrangé les choses, écouter la voix de Rosamond, dont je me fichais éperdument, parler à une Imogen d'une histoire familiale ultra répétitive dont on comprend vite le noeud, ça m'a vite lassée.

Alors oui, oui, c'est bien écrit et j'y ai trouvé de beaux moments (lorsque Rosamond recueille Théa la fille de Béatrix), mais bon l'héritage de la folie féminine, bof. Et puis la fin.. je dis au secours... Ah non, les histoires de filiation, les destins de femmes forgés par les héritages de l'histoire familiale, on a vu mieux ailleurs ("Quand tu es parti" de Maggie O'farrel par exemple...)

Bon Jonathan, les choses sont graves mais pas désespérées (on a déjà traversé une crise, souviens-toi : "la maison du sommeil", on s'en est sortis) : déjà t'arrêtes d'écrire pour les critiques et tu te remets à écrire pour moi, comme à la belle époque. Et puis tu vas me consulter pour le prénom de tes héroïnes parce que là, "IMOGEN", c'était juste pas possible. Je t'explique, Imogen pour moi c'est Dominique Lavanant qui se bourre la gueule au Chouchen... Là, tu comprends que, quoique tu fasses, ça ne pouvait pas marcher...


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'La pluie avant qu'elle tombe', je l'ai découvert grâce au club de lecture.
Il s'agit de l'histoire de trois générations de femmes, dans l'Angleterre des années 30 jusqu'aux années 80.
Rosamond vient de mourir. Elle a laissé à l'intention de sa nièce quelques enregistrements où elle demande avec insistance de trouver la trace d' Imogen. Qui est Imogen ? Pourquoi Rosamond tient beaucoup à elle ?
C'est ce que Gill va découvrir en écoutant les confessions de la vieille dame. A travers vingt photos analysées avec des détails, on apprend en même temps que Gill tous les secrets du passé de trois générations de femmes tourmentées.

L'histoire prend un peu de temps pour se mettre en place, mais dès que les révélations commencent à se faire, il est impossible d'arrêter la lecture.

Un roman psychologique sur la violence et ses conséquences, sur le hasard et le destin. Un récit très bien construit et réussi.
Une belle découverte.
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Juste avant de mourir, Rosamond a enregistré un témoignage, à l'attention d'une certaine Imogen. Elle y raconte, sur la base de 20 photos, sa vie, mais aussi celle de sa cousine Beatrix et sa descendance. Ce récit, Gill, la nièce de Rosamond, et ses filles, vont l'écouter...

J'ai beaucoup aimé ce roman de Jonathan Coe, déjà pour son superbe titre ("la pluie, avant qu'elle tombe"... très poétique, non ?). La construction du récit, sur la base des 20 photos scrupuleusement décrites, m'a également plu, nous faisant traverser l'Angleterre des années 40 à aujourd'hui. L'histoire progressivement dévoilée de ces trois générations de femmes, mais également l'histoire propre de Rosamond, est touchante, même si elle est pleine de moments difficiles, voire dramatiques. Mais c'est surtout l'écriture fluide de Jonathan Coe qui emporte définitivement mon adhésion, une plume sensible, délicate, associée à un vrai talent de conteur.

Déjà conquis par "le coeur de l'Angleterre", je vais poursuivre ma découverte des romans de Jonathan Coe, c'est certain ...
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Tout est là, sur les photos. La description est minutieuse, vivante. Nous voyons bien ce qui est décrit et puis nous nous attachons à ce qui est ravivé d'un temps figé. Je salue le talent de l'auteur, parvenant à remotiver l'attention à chaque cliché. J'avoue qu'il a fallu m'accrocher à cette histoire sans paroles, avec dialogues in texto serré.
Mais c'est trop statique pour moi. J'aime un minimum de mouvement, de relations entre des personnages auxquels je m'attache ou m'identifie.
J'ai souvent lu le soir ou tôt matin. C'est un livre d'ambiance qui nécessite une concentration soutenue. J'ai donc regardé les photos une à une, à petites doses. Ainsi, j'ai pu refermer l'album sonore.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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C'est un très beau roman. Mais il n'est pas facile à lire du fait de ses nombreuses et longues descriptions.
Je ne l'ai sans doute pas lu au bon moment. J'étais trop fatiguée. Et en avançant lentement dans la lecture, je trouve que j'ai perdu un peu de mon enthousiasme et sans doute le fil par rapport à certains personnages.
Cependant, j'ai trouvé le personnage principal, Rosamund, profondément attachant et admirable. le personnage de Thea a également retenu particulièrement mon attention.
Enfin, je dois admettre qu'il y a tout de même un avantage de la lenteur : j'ai sans doute pu m'imprégner davantage de cette histoire familiale et être plus alertée par la répétition de certains problèmes, que la psycho-généalogie expliquerait certainement.
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Oui, j'ai aimé être conviée à écouter ces cassettes : le témoignage de Rosamond. Elle raconte l'intime de l'histoire familiale à travers plusieurs générations de femmes. Comment l'horreur peut toucher une famille. Il s'agit de non-dit, d'amour, d'abandon dans un récit touchant.
Dans une description de photos choisies, la narratrice explique les tenants et les aboutissants de ce qui s'est joué afin qu'Imogen comprenne d'où elle vient et ce qui a pu la construire.
Comme Gill et ses filles, nous écoutons sans en avoir vraiment le droit, amenant le lecteur au voyeurisme. Cette particularité créé une lecture excitante par l'attrait que représente la curiosité afin de connaitre une vérité qui ne nous appartient pas. Une lecture émouvante et bouleversante …
Lien : http://metaphorebookaddict.w..
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Raconter sa vie par des photos, quelle bonne idée, Jonathan Coe a parfaitement réussi ce travail et de manière où l'on sent la sensibilité, les émotions, les souvenirs qui remontent progressivement au fil du récit de Rosamond à travers ses digressions, ses pauses, ses soupirs, on voit cette vieille femme se laisser envahir par les sensations liées à chaque photos.


A travers ses 20 photos, Rosamond nous raconte des époques différentes où les moeurs étaient plus secrètes que de nos jours. Par ce biais, elle cherche à expliquer comment le manque d'amour maternel d'une première génération a pu engendrer de telles conséquences dramatiques sur les suivantes.
Loin d'avoir des personnages foncièrement mauvais, Jonathan Coe les rend extrêmement vulnérables à leur environnement, chaque personnage est travaillé avec une grande finesse psychologique et se sont les évènements présents dans leurs vies qui les amèneront à faire un bon ou un mauvais choix.


La pluie, avant qu'elle tombe est un énorme coup de coeur et j'ai eu beaucoup de peine à quitter l'histoire et ses personnages. Jonathan Coe a écrit un roman plein d'émotions et de sensations. Une très belle histoire sur le manque d'amour maternel et ses conséquences sur les enfants.
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